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L'énarthrose se fait, dit - on, lorsqu'une grosse tête d'os est reçue dans une cavité profonde, comme la tête du fémur dans la cavité des os innominés; l'arthrodie a lieu lorsqu'une tête plate est reçue dans une cavité superficielle, comme la tête de l'os du bras dans la cavité glénoïde de l'omoplate; le ginglyme consiste dans la réception mutuelle de deux os, comme est celle de l'humerus & du cubitus. Voici maintenant l'origine de ces mots grecs, & de tous ceux des articulations.
Les anciens considérant que les os du corps humain sont joints ensemble de diverses manieres, les uns avec mouvement & les autres sans mouvement, ont inventé plusieurs termes pour spécifier la différence de ces assemblages; cependant malgré les soins qu'ils se sont donnés, & l'obligation qu'on leur doit d'avoir ouvert cette carriere épineuse, ils ont fait de vains efforts pour accommoder à leurs termes toutes les articulations qui se présentent dans le corps de l'homme, outre que les termes qu'ils ont employés expriment quelquefois assez mal les choses auxquelles ils ont voulu les consacrer. Les modernes s'en étant apperçus, ont ajoûté par supplément de nouvelles subdivisions aux anciennes; mais loin d'éclaircir cette matiere, ils l'ont rendue plus abstraite & plus inintelligible.
Ces reflexions ont engagé M. Lieutaud à abandonner l'ancienne méthode sur les noms des articulations, & à lui substituer une nouvelle théorie, qui nous paroît plus simple, plus naturelle que celle qu'on suit ordinairement, & qui du moins a l'avantage d'être proportionnée aux connoissances de ceux qui commencent. On trouvera dans son Aratomie l'exposition de sa méthode; car il ne s'agit pas ici d'entrer dans ce détail: il nous suffira de remarquer avec cet auteur, que c'est parler improprement, de donner le nom de connexion à l'énarthrose, à l'arthrodie, & au ginglyme.
En effet, qu'on coupe dans un squelete frais les
ligamens de l'articulation du fémur, comme le dit
M. Lieutaud, on ne détruit point l'énarthrose; cependant
les es se séparent, & on ne sauroit les rassembler,
si on ne les attache par des liens artificiels:
concluons que ce sont les ligamens dans le squelete
frais, & le fil de laiton dans le sec, qui font la connexion
du fémur avec les os innominés, & non pas
l'énarthrose, qui ne sert tout au plus qu'à marquer le
mouvement que doit avoir la partie, de même que
l'arthrodie & le ginglyme. Article de M. le Chevalier
L'encanthis est une excroissance charnue, ou si l'on veut un tubercule qui se forme dans l'angle interne de l'oeil.
Pour connoître positivement le lieu de cette excroissance, il faut rappeller 1°. à sa mémoire la petite masse rougeâtre, grenue, & oblongue, nommée caroncule lacrymale, qui est située entre l'angle interne des paupieres, & le globe de l'oeil. Cette espece de glande conglomerée, dont on doit la meilleure description à Morgagni, sépare une partie de l'humeur sébacée de Meibomius. 2°. Il faut encore se rappeller, que sur le globe de l'oeil, à côté de ce petit corps glanduleux, se trouve une cuticule rouge, ou plûtôt un pli sémi - lunaire, formé par la conjonctive en maniere de croissant, dont la cavité regarde l'uvée, & la convexité le nez. Or c'est précisément ou dans la caroncule lacrymale, ou dans la cuticule rouge qui lui est contiguë, que l'encanthis a son siége.
Ce tubercule, quelle qu'en soit la cause, vice interne des humeurs ou accident externe, grossit quelquefois jusqu'à couvrir les points lacrymaux, & la plus grande partie de la prunelle: alors la vûe s'affoiblit, les yeux s'enflamment, défigurent le visage, & larmoyent continuellement.
Les gens de l'art distinguent avec raison deux especes d'encanthïs; l'une douce, bénigne, fongueuse, rougeâtre, n'est accompagnée ni de douleur, ni de dureté; l'autre dure, blanchâtre ou plombée, cause une douleur piquante, & tient de la nature du cancer.
Pour guérir l'encanthis, on tâche de consumer
& dessécher cette excroissance fongueuse, en mettant
dessus trois ou quatre fois par jour une poudre
très - subtile, faite avec quinze grains de verdet brûlé,
dix grains d'alun calciné, un scrupule d'iris, &c
une dragme de sucre candi, lavant l'oeil une demi-heure
après avec quelqu'eau ophthalmique.
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