ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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En ou Dans suivis d'un nom sans article, parce que le mot qui suit la préposition n'est pas pris dans un sens individuel, qu'il est pris dans un sens général d'espece ou de sorte.

En repos. En mouvement. En colere. En bon état. En belle humeur. En santé. En maladie. En réalité. En songe. En idée. En fantaisie. En goût. En gras. En maigre. En peinture. En blanc. En rouge. En émail. En or. En arlequin. En capitaine. En roi. En maison. En ville. En campagne. En province. En figure. En chair & en os. Et autres en grand nombre pris dans un sens de sorte, qui n'est pas le sens individuel. On dit aussi par imitation, en Europe & dans l'Europe, en France & dans la France, en Normandie & dans la Normandie, &c. Despreaux a dit:

Dans Florence jadis vivoit un medecin. Art poét. liv. IV. Peut être diroit - il aujourd'hui à Florence.

En ou Dans suivis d'un nom avec l'article, à cause du sens individuel.

Dans le royaume de Naples. Dans la France. Dans la Normandie. Dans le repos où je suis. Dans le mouvement, ou dans l'agitation, ou dans l'état où je me trouve; on dit aussi en l'état où je suis. Dans la misere ou en la misere où je suis. Dans la belle humeur ou en la belle humeur où vous êtes. Dans la fleur de l'âge ou en la fleur de l'âge. Il m'est venu dans l'esprit. Il est allé en l'autre monde, pour dire il est mort: en ce sens le P. Bouhours ne veut pas qu'on dise il est allé dans l'autre monde; car alors l'autre monde se prend, ditil, pour le nouveau monde ou l'Amérique. Dans l'extrémité ou en l'extrémité où je suis. Dans la bonne humeur ou en la bonne humeur où il est. Dans tous les lieux du monde ou en tous les lieux du monde. En tout tems, en tout pays. Dans tous les tems, dans tous les pays. J'ai lû cela en un bon livre ou dans un bon livre. En mille occasions ou dans mille occasions. En chaque âge ou dans chaque âge. En quelque pensée ou dans quelque pensée que vous soyez. En des livres ou dans des livres. En de si beaux lieux ou dans de si beaux lieux. (F)

ENALLAGE

ENALLAGE, s. f. (Gramm.) E)NALLAGH\, changement, permutation. R. E)NALLA/TTW, permuto; ainsi pour conserver l'ortographe & la prononciation des anciens, il faudroit prononcer énallague. C'est une prétendue figure de construction, que les grammairiens qui raisonnent ne connoissent point, mais que les grammatistes célebrent. Selon ceux - ci, l'énallage est une sorte d'échange qui se fait dans les accidens des mots; ce qui arrive, disent - ils, quand on met un tems pour un autre, ou un tel genre pour un genre différent; il en est de même à l'égard des modes des verbes, comme quand on employe l'infinitif au lieu de quelque mode fini: c'est ainsi que dans Térence lorsque le parasite revient de chez Thaïs, à laquelle il venoit de faire un beau présent de la part de Thrason, celui - ci vient au - devant de lui en disant:

Magnas verò agere gratias Thaïs mihi? Ter. eun. iij. 1.

Thaïs me fait de grands remercîmens sans doute? Quine voit que agere est là pour agit, disent les grammatistes?

Ceux au contraire qui tirent de l'analogie les regles de l'élocution, & qui croyent que chaque signe de rapport n'est le signe que du rapport particulier qu'il doit indiquer, selon l'institution de la langue; qu'ainsi l'infinitif n'est jamais que l'infinitif, le signe du tems passé n'indique que le tems passé, &c. ceuxlà, dis - je, soùtiennent qu'il n'y a rien de plus déraisonnable que ces sortes de figures. Qui ne voit que si ces changemens étoient aussi arbitraires, dit l'auteur de la méthode latine de Port - Royal (des fig. ch. vij. p. 562.) toutes les regles deviendroient inutiles, & il n'y auroit plus de fautes qu'on ne pût justifier en disant que c'est une énallage, ou quelqu'autre figure pareille? Que les jeunes écoliers perdent de connoître trop tard cette figure, & de n'avoir pas encore l'art d'en tirer tous les avantages qu'elle offre à leur paresse & à leur ignorance!

En effet, pourquoi un jeune écolier à qui l'on fait un crime d'avoir mis un tems ou un genre pour un autre, ne pourra - t - il pas représenter humblement avec Horace, que ses maîtres ne devroient pas lui refuser une liberté que le siecle même d'Auguste a approuvée dans Térence, dans Virgile, & dans tous les autres auteurs de la bonne latinité?

. . . . . . . . . . . . Quid autem, Coecilio, Plautoque dabit Romanus, ademtum Mî, socioque? Horat. ars poet. v. 55.

Ainsi la seule voie raisonnable est de réduire toutes ces façons de parler à la simplicité de la construction pleine, selon laquelle seule les mots font un tout qui présente un sens. Un mot qui n'occuperoit dans une phrase que la place d'un autre, sans en avoir ni le genre ni le cas, ni aucun des accidens qu'il devroit avoir selon l'analogie & la destination des signes; un tel mot, dis - je, seroit sans rapport, & ne feroit que troubler, sans aucun fruit, l'économie de la construction.

Mais expliquons l'exemple que nous avons donné ci - dessus de l'énallage, magnas verò agere gratias Thaïs mihi? l'ellipse suppléée va réduire cette phrase à la construction pleine. Thrason plus occupé de son présent que Thaïs même qui l'avoit reçu, s'imagine qu'elle en est transportée de joie, & qu'elle ne cesse de l'en remercier: Thaïs verò non cessat agere mihi magnas gratias, où vous voyez que non cessat est la raison de l'infinitif agere.

L'infinitif ne marque ce qu'il signifie que dans un sens abstrait; il ne fait qu'indiquer un sens qu'il n'affirme ni ne nie, qu'il n'applique à aucune personne déterminée: hominem esse solum, ne dit pas que l'homme soit seul, ou qu'il prenne une compagne; ainsi l'infinitif ne marquant point par lui - même un sens déterminé, il faut qu'il soit mis en rapport avec un autre verbe qui soit à un mode fini, & que ces deux verbes deviennent ainsi le complément l'un de l'autre.

Telle est sans doute la raison de la maxime jv. que la méthode latine de P. B. établit au chapitre de l'ellipse, en ces termes: « Toutes les fois que l'infinitif est seul dans l'oraison, on doit sous - entendre un verbe qui le gouverne comme coepit, solebat, ou autre: ego illud sedulò negare factum (Terent.), suppléez coepi: facilè omnes perferre ac pati (idem.), suppléez solebat. Ce qui est plus ordinaire aux Poetes & aux Historiens......ou l'on doit toûjours sous entendre un verbe sans prétendre que l'infinitif soit là pour un tems fini, par une figure qui ne peut avoir aucun fondement ». (F)

ENARBRER

ENARBRER, en Horlogerie, signifie faire tenir une roue sur son arbre ou sa tige, ce qui se fait de plusieurs façons; dans les montres & dans les pendules, c'est ordinairement en les rivant tous les deux ensemble.

On dit qu'une roue est bien enarbrée, lorsqu'elle tourne bien droit & bien rond sur son arbre. Voyez Roue, Pignon, &c. (T)

ENARRHEMENT ou ARRHEMENT

ENARRHEMENT ou ARRHEMENT, sub. m. (Comm.) convention d'acheter une marchandise à un certain prix, pour sûreté de quoi on donne par avance quelque chose sur le prix convenu. Il y a des enarrhemens permis par les lois, & d'autres qu'elles prohibent, tels que ceux qui vont à assûrer à un particulier une très - grande quantité, ou même

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