Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

RECHERCHE Accueil Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page 2:742

Les siècles futurs, La postérité. Cet ouvrage excitera l'admiration des siècles futurs.

Les siècles les plus éloignés, les siècles les plus reculés, Les siècles qui ont précédé de beaucoup le nôtre, ou ceux qui viendront longtemps après. Il rapporte là-dessus des exemples des siècles les plus éloignés, les plus reculés. Sa réputation ira jusqu'aux siècles les plus reculés.

SIÈCLE se dit aussi Des quatre différents âges du monde, tels que les poëtes les supposent. Le siècle d'or. Le siècle d'argent. Le siècle d'airain. Le siècle de fer.

Fig., Siècle d'or, se dit d'Un temps heureux où règnent l'abondance et la paix. Ce temps-là était le siècle d'or. On appelle au contraire Siècle de fer, Un temps rempli de malheurs, de guerres, de misères, etc. On peut dire que c'était alors le siècle de fer.

SIÉCLE signifie aussi, Un grand espace de temps indéterminé. Les moeurs de notre siècle C'est un homme qui fait honneur à son siècle. On peut dire, à la honte du siècle, que...

Il se dit, particulièrement, d'Un temps célèbre par le règne de quelque grand prince, ou par les actions, les ouvrages de quelque grand homme. Le siècle de Périclès. Le siècle d'Alexandre. Le siècle d'Auguste. Le siècle des Médicis ou de Léon X. Le siècle de Louis XIV. Le siècle d'Homère. Le siècle de Virgile et d'Horace.

Il se dit également par rapport au degré de civilisation, aux bonnes ou mauvaises qualités des hommes qui vivent ou qui ont vécu dans le temps dont on parle. Charlemagne était au-dessus de son siècle. Son siècle n'était pas digne de lui. Il n'est pas de son siècle. Nous avons vu le siècle bien différent de ce qu'il est. Ce siècle était ignorant, barbare, grossier. Le siècle se polit, s'éclaire. Le siècle est corrompu. La corruption, les lumières du siècle. C'était un siècle de barbarie, un siècle d'ignorance. Depuis ce temps-là il est venu des siècles plus polis, plus éclairés. Le siècle des lumières. Le siècle de la philosophie. Le siècle de la belle latinité. Les beaux siècles de l'Église, de la Grèce, de Rome.

SIÈCLE se dit, par exagération et familièrement, de Quelque espace de temps que ce soit, lorsqu'on le trouve trop long. Il y a un siècle qu'on ne vous a vu. Il y a un siècle qu'on vous attend. Il a été un siècle à revenir. Un siècle de tourments, de douleur.

En termes de l'Écriture sainte, À tous les siècles, aux siècles des siècles, dans tous les siècles des siècles, Éternellement, dans toute l'éternité.

Le siècle futur, La vie future. Il ne faut pas sacrifier les espérances du siècle futur pour les plaisirs du siècle présent.

SIÈCLE signifie encore, L'état de la vie mondaine, en tant qu'il est opposé à L'état d'une vie chrétienne, de la vie religieuse. Les gens du siècle. Il est demeuré dans le siècle. Il se retira du siècle. Vivre suivant les maximes du siècle.

SIÉGE. s. m. Meuble fait pour s'asseoir. Un siége pliant. Donnez un siége. Donnez des siéges. Apportez, avancez un siége. Prenez un siége.

Siéges de paille, de jonc, de cannes, de tapisserie, etc., Siéges dont le fond est garni de paille, de jonc, de cannes, de tapisserie, etc. Il y a aussi des siéges qui ne sont que de bois.

Siéges de pierre, de marbre, de gazon, Bancs de pierre ou de marbre, petites élévations de gazon qu'on pratique quelquefois dans des jardins. On dit dans un sens analogue, Siége rustique.

Le siége d'un cocher, L'espèce de coussin sur lequel le cocher est assis pour conduire les chevaux et mener la voiture. La housse qui couvre le siége du cocher. Le cocher était sur son siége.

Le siége d'une selle, La partie de la selle sur laquelle le cavalier est assis.

SIÉGE signifie aussi, La place où le juge s'assied pour rendre la justice. Le juge étant dans son siége, sur son siége.

Il s'est dit également Du lieu où l'on rendait la justice, dans les juridictions subalternes. Allez au siége. Vous le trouverez au siége.

Il s'est dit de même, par extension, Du corps et de la juridiction des juges subalternes. Ce siége était composé de tant d'officiers. C'était l'usage de tel siége. Le ressort de ce siége était de telle étendue. Siége royal. Siége présidial. Le siége de la maréchaussée, de la sénéchaussée, etc.

SIÉGE signifie encore, Un évêché et sa juridiction. Siége patriarcal, Siége primatial. Siége épiscopal. Siége pontifical. En ce sens, on dit absolument: Cet évêque a tenu le siége tant d'années. Pendant la vacance du siége.

Le saint-siége, le siége apostolique, Le siége de Rome. Pendant la vacance du saint-siége, du siége apostolique. Décisions du saint-siége.

SIÉGE se dit aussi de La ville capitale de certains empires. Rome était le siége de l'empire romain. Constantinople est le siége de l'empire ottoman.

Le saint-siége fut transféré à Avignon; le siége de l'empire a été quelque temps à Ravenne, Le pape alla résider à Avignon avec toute la cour romaine; l'empereur Honorius demeura quelque temps à Ravenne.

Le siége d'un tribunal, d'une cour, La ville où réside, où siége un tribunal, une cour de justice. On dit de même, Le siége du gouvernement.

SIÉGE se dit aussi, figurément, Du lieu où certaines choses résident principalement, où elles dominent. Athènes était le siége des sciences et des beaux-arts. Rome était le siége de l'idolâtrie. Le cerveau est le siége de la pensée. Le siége du mal est dans telle partie.

SIÉGE signifie quelquefois, Le fondement, ce que les médecins appellent L'anus. Il a vieilli, excepté dans cette phrase, Mettre des sangsues au siége, et dans cette locution, Bain de siége.

SIÉGE se dit en outre de L'établissement et des opérations d'une armée devant une place, pour l'attaquer, la prendre. Mettre le siége devant une place. Grand siége. Long siége. Siége dans les formes. Faire un siége. Presser, pousser le siége. Lever le siége. Traîner un siége en longueur. Le siége dura tant de jours, tant de mois. La ville de Troie soutint un siége de dix ans.

Fig. et fam., Lever le siége, S'en aller, se retirer d'une compagnie.

État de siége, L'état où se trouve une place de guerre, lorsque, par suite de son investissement, l'autorité supérieure est remise au chef militaire, qui peut, en ce cas, faire telles réquisitions et prendre telles mesures qu'il juge convenables pour la défense de la place. L'état de siége est une exception aux lois ordinaires. En temps de paix, on met quelquefois, par mesure de haute police, une ville, même une province, en état de siége, pour punir la révolte, pour réprimer l'esprit de sédition, c'est-à-dire qu'on y suspend l'action des lois, et qu'on la met sous le régime militaire.

SIÉGER. v. n. Tenir le siége pontifical ou épiscopal. Tel pape, tel évêque siégea tant d'années.

SIÉGER se dit aussi Des juges, des tribunaux. La cour de cassation siége à Paris. Ce juge doit siéger dans telle affaire.

Ce n'est pas là que siége le mal, Ce n'est pas là qu'il est établi.

SIEN, IENNE. adj. possessif et relatif de la troisième personne. Ce n'est pas mon livre, c'est le sien. Quand vous aurez dit votre avis, il dira le sien. Mes intérêts et les siens sont les mêmes. Ce sont vos affaires comme les siennes. Quand on voit le feu dans la maison de ses voisins, on peut craindre pour la sienne. Quiconque se charge des affaires d'autrui, est souvent obligé de négliger les siennes. Il croyait ne travailler que pour son profit, mais chacun y trouvera le sien. Il s'intéresse à votre gloire, comme à la sienne propre.

Fam., Un sien neveu, un sien ami, Son neveu, son ami, ou Un de ses neveux, de ses amis.

SIEN est quelquefois substantif, et signifie, Son bien. Il ne demande que le sien. Il y a mis du sien.

Prov., Chacun le sien n'est pas trop.

Fig., Mettre du sien dans quelque chose, Y contribuer de son travail, de sa peine. Il tire vanité de cet ouvrage comme s'il y avait mis beaucoup du sien. Il signifie quelquefois familièrement, Ajouter à un récit des faits, des détails imaginaires. Il a mis du sien dans cette histoire.

SIENS au pluriel, se dit substantivement Des parents, des héritiers, des descendants, des domestiques, des soldats de celui dont on parle, et en général de tous ceux qui lui appartiennent, à quelque titre que ce puisse être. C'est un bon parent, il a soin des siens. Il a stipulé pour lui et pour les siens. Ce général fut abandonné par les siens.

Prov., On n'est jamais trahi que par les siens, se dit Lorsqu'on éprouve quelque mauvais procédé de la part de ses parents, d'un de ses parents.

Dans le langage de l'Écriture, Dieu connaît, protége les siens, éprouve les siens, Ceux qui se consacrent, qui se dévouent à lui.

Fam., Faire des siennes, Faire des folies, des fredaines, des tours, soit de jeunesse, soit de friponnerie. Ce jeune homme a bien fait des siennes. Il va faire encore des siennes.

SIESTE. s. f. Mot emprunté de l'espagnol. Sommeil auquel on se livre après le dîner, pendant la chaleur du jour. Faire la sieste. Ma sieste a été interrompue. Vous avez fait une longue sieste.

SIEUR. s. m. (Il n'est que d'une syllabe.)

Next page


PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.