Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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est bon second, il sauve bien la grille. On dit, au même Jeu, Sauver à quelqu'un la grille, le dedans, Lui faire l'avantage de ne pas compter ce que l'on gagne, quand on place la balle à la grille ou au dedans. Il est plus fort que vous, il peut vous sauver la grille. Dans une acception analogue à cette dernière, on dit au Jeu de billard, Sauver à quelqu'un une blouse, deux blouses, etc. Si vous voulez jouer contre moi, je vous sauverai les deux blouses du milieu.

Au Jeu de trictrac, Sauver la bredouille, Empêcher l'enfilade.

SAUVER signifie quelquefois, Excuser, justifier. On ne peut sauver sa conduite. Quelque excuse qu'on allègue, on ne peut sauver. cette action. Ce sens est peu usité.

Sauver une contradiction, Concilier deux passages, deux propositions contraires.

En termes de Musique, Sauver une dissonance, La faire suivre d'un accord convenable, c'est-à-dire, La faire descendre d'un degré, soit d'un ton plein, soit d'un demi-ton.

Sauver les défauts d'un ouvrage, Les pallier, empêcher qu'ils ne paraissent.

Sauver les défauts de la taille d'une personne, Déguiser, cacher quelque défaut, quelque difformité de sa taille, par la manière de l'habiller. On lui fera un corset qui sauvera ce petit défaut de sa taille.

SAUVER signifie aussi, Rendre éternellement heureux dans le ciel. Dieu a envoyé son Fils pour sauver tous les hommes, pour sauver tout le genre humain. Nous ne pouvons être sauvés que par les mérites de JÉSUS-CHRIST.

SAUVER s'emploie avec le pronom personnel, et signifie, S'échapper. Pendant que les geôliers dormaient, il se sauva de prison. Il s'est sauvé à toutes jambes.

Fig. et fam., Se sauver à travers les broussailles, se sauver par les vignes, par les marais, Se tirer d'embarras comme on peut.

Se sauver d'un péril, d'un danger, etc., S'en tirer, s'y dérober par la fuite ou autrement. On dit de même, Se sauver de l'oubli, de l'infamie, etc.

Fam. et par ellipse, Sauve qui peut, Se sauve qui pourra, se tire du péril qui pourra. Le cri de sauve qui peut se fit entendre.

SAUVER avec le pronom personnel, signifie aussi, Se retirer promptement. Il se fait tard, il va pleuvoir, je me sauve. Ce sens est familier.

Il signifie encore, Aller dans un lieu pour y chercher un asile, s'y réfugier. Après avoir commis ce meurtre, il se sauva dans les pays étrangers. Il se sauva dans une église. Il se sauva chez tel ambassadeur. L'épidémie s'étant déclarée dans la ville, nous nous sauvâmes à la campagne.

Il signifie quelquefois, Faire son salut éternel. Il faut travailler à se sauver.

Il signifie en outre, Se dédommager. Ce marchand vend à bas prix; mais il vend beaucoup, et il se sauve sur la quantité.

SAUVÉ, ÉE. participe

SAUVETAGE. s. m. T. de Marine militaire et marchande. Action de retirer des flots et de recueillir les débris d'un naufrage, les marchandises et les effets naufragés. Faire le sauvetage d'un navire à la côte. Aider, travailler au sauvetage. Magasins de sauvetage.

Bouée de sauvetage, Plateau de liége garni de bouts de corde, qu'on jette à la mer, lorsqu'un homme y est tombé, et qu'il est impossible de le secourir autrement.

SAUVETÉ. s. f. État d'une personne, d'une chose mise hors de péril. Il est vieux, et ne s'emploie guère que dans ces phrases: Il est en lieu de sauveté. Ses marchandises sont en sauveté.

SAUVEUR. s. m. Celui qui sauve, libérateur. Joseph fut appelé le sauveur de l'Égypte. Ce héros fut le sauveur de son pays. Ce médecin, ce remède a été mon sauveur. Cette femme s'est jetée aux pieds de son sauveur. Vous êtes mon sauveur.

Il se dit, par excellence, de Notre-Seigneur JÉSUS-CHRIST. La Madeleine se jeta aux pieds du Sauveur. Le Sauveur du monde. Le Sauveur de nos âmes. JÉSUS-CHRIST notre Sauveur. Notre Sauveur JÉSUS-CHRIST.

Il s'emploie quelquefois adjectivement. Un dieu sauveur.

SAUVE-VIE. s. f. Nom vulgaire d'une espèce de petite fougère qui croît à l'ombre, dans les fentes des vieux murs et des rochers, et qui a beaucoup de rapport avec les capillaires. On la nomme aussi Rue de muraille.

SAVAMMENT. adv. D'une manière savante. Il écrit, il parle savamment sur un grand nombre de sujets. Il traita cette matière savamment.

Parler savamment d'une chose, En parler avec connaissance. C'est une affaire dont il est bien instruit, il en pourrait parler savamment.

SAVANE. s. f. Nom que l'on donne, en Canada, aux forêts d'arbres résineux; et, dans la Guyane, à tous les endroits où il n'y a pas de grandes forêts, qu'ils soient secs ou marécageux.

Il désigne plus ordinairement, dans les diverses parties de l'Amérique, Une vaste prairie, cultivée ou sauvage. Une belle savane. Des savanes immenses. Une savane inondée.

SAVANT, ANTE. adj. Qui sait beaucoup en matière d'érudition ou de science. C'est un homme fort savant. Il est savant dans l'antiquité. Il est savant en mathématique, en théologie, en philosophie, dans l'histoire. Les sociétés savantes. Les corps savants.

Il se dit aussi Des ouvrages où il y a de la science, de l'érudition. Un livre savant. Une dissertation savante. Des recherches, des notes savantes.

Langues savantes, Les langues anciennes, et celles qui ne sont connues que d'un petit nombre de personnes. Le grec, le latin, l'hébreu, le sanscrit, l'arabe, sont des langues savantes.

SAVANT signifie aussi, Qui est bien instruit, bien informé de quelque chose, de quelque affaire. Où avez-vous appris cela? vous êtes bien savant. Après tout ce qu'il m'a dit, je n'en suis pas plus savant. Cet homme est trop savant dans l'art de feindre, pour être cru sur sa parole.

Cette jeune fille est trop savante, est bien savante, Elle sait des choses qu'elle devrait ignorer.

SAVANT se dit encore De certaines choses où il y a de l'art, de l'habileté. Ce général a fait une marche savante, une retraite savante. Il a fait de savantes combinaisons, de savantes dispositions. Une main savante.

SAVANT est aussi substantif, en parlant Des personnes. Les savants disent... Il fait le savant. Une femme qui fait la savante.

SAVANTASSE. s. m. (En poésie, on écrit quelquefois, Savantas.) T. de dénigrement. Il se dit d'Un homme qui affecte de paraître savant, mais qui n'a qu'un savoir confus. C'est un savantasse.

SAVATE. s. f. Vieux soulier fort usé. Il n'a-que des savates. Il ne porte que des savates.

Fam., Traîner la savate, Être dans l'indigence.

SAVATE en termes de Poste aux lettres, se disait autrefois de Celui qui va à pied porter les lettres dans les endroits éloignés des grandes routes. Les savates s'appellent aujourd'hui Piétons.

SAVATERIE. s. f. Lieu où l'on vend de vieux souliers. Se fournir de souliers à la savaterie.

SAVETER. v. a. Gâter un ouvrage en le faisant ou en le raccommodant malproprement. Voyez comme il a saveté cet habit! Voyez comme cela est saveté! Il est populaire.

SAVETÉ, ÉE. participe

SAVETIER. s. m. Ouvrier dont le métier est de raccommoder de vieux souliers. La boutique d'un savetier. Le savetier du coin de la rue.

Fig. et pop., C'est un savetier, ce n'est qu'un savetier, se dit D'un mauvais ouvrier en quelque métier que ce soit.

SAVEUR. s. f. Qualité qui est l'objet du goût, qui se fait sentir au goût. Bonne, agréable saveur. Saveur douce, amère, piquante, etc. La saveur des viandes. La saveur du pain, du vin. La bonne eau n'a point de saveur. Un mets sans saveur.

Prov., Cela n'a ni goût ni saveur, se dit D'une viande, d'une sauce insipide.

Fig., Il n'y a là ni goût ni saveur, se dit en parlant D'une composition littéraire où il n'y a rien d'agréable, rien de piquant.

SAVOIR. v. a. (Je sais, tu sais, il sait; nous savons, vous savez, ils savent. Je savais. Je sus. J'ai su. Je saurai. Je saurais. Sache, sachez. Que je sache. Que je susse. Sachant. Su.) Connaître, avoir connaissance de. Je sais bien cette affaire. Il ne savait rien de ce qui se passait. Je le sais à n'en pouvoir douter. Je sais qu'il n'est pas de vos amis, mais je sais aussi qu'il est homme de bien. Je sais que je me suis emporté. Il sait le chemin. Vous ne savez pas votre devoir. Je ne sais à quoi me décider. À quoi vous décidez-vous? Je ne sais. Je ne sais que faire. Je ne sais comment faire. Il ne sait pas ce que c'est, il ne sait ce que c'est que de mentir. Je ne sais où j'en suis. Je ne sais qu'en dire. Je ne sais qu'y faire. Je ne sais pourquoi son aspect me trouble. Je ne sais, mais son aspect me trouble. On lui a donné ce que vous savez. Il est venu qui vous savez bien. Je ne sais qui me l'a dit, quelle personne me l'a dit. Je sais tout cela, tout ce que vous dites.

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