Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

RECHERCHE Accueil Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page 2:645

RESTAUR. s. m. T. de Commerce maritime. Recours que les assureurs ont les uns contre les autres, suivant la date de leur assurance; ou contre le maître, si l'avarie provient de son fait. Il est vieux. Voyez RISTORNE.

RESTAURANT, ANTE. adj. Qui restaure, qui répare les forces. Remède restaurant. Potion restaurante. Aliment restaurant.

Il s'emploie plus ordinairement comme substantif. C'est un bon restaurant que le vin, le bouillon.

Il se dit particulièrement d'Un consommé fort succulent, d'un pressis de viande. On lui a donné un restaurant. De bons restaurants.

Il se dit, par extension, de L'établissement d'un restaurateur. On vient d'ouvrir un nouveau restaurant dans cette rue. Il tient un restaurant.

RESTAURATEUR, TRICE. s. Celui, celle qui répare, qui rétablit. Il ne se dit guère, au propre, qu'en parlant Des villes et des monuments publics. Cette ville avait été ruinée, ce prince l'a rétablie, il en a été le restaurateur.

Il s'emploie plus ordinairement au sens moral. Ce prince est le restaurateur des belles-lettres, des arts. Cet abbé fut le restaurateur de l'ancienne discipline dans son ordre. Restaurateur de la liberté, du commerce, des lois, etc. On la regarde comme la restauratrice, ou plutôt comme la seconde fondatrice de cette maison.

RESTAURATEUR se dit aussi d'Un traiteur chez lequel on trouve à toute heure des aliments dont l'espèce et le prix sont indiqués sur une sorte de pancarte, et qui se servent par portions. Aller dîner chez le restaurateur. La carte d'un restaurateur.

RESTAURATION. s. f. Réparation, rétablissement. La restauration d'un monument public. La restauration d'une statue.

Il s'emploie souvent au sens moral. La restauration de l'État, des belles-lettres, de la discipline, des lois, etc.

Il se dit particulièrement, en Architecture, d'Un travail fait d'après un édifice antique, pour en rétablir les parties qui n'existent plus. La restauration des principaux monuments antiques est le sujet d'un beau travail.

RESTAURATION se dit encore Du rétablissement d'une ancienne dynastie sur le trône. On l'emploie particulièrement en parlant des Stuarts au XVIIe siècle, et des Bourbons au XIXe. En Angleterre, Monk fut un des principaux auteurs de la restauration. Il n'était rentré en France que depuis la restauration. Sous la restauration. Pendant la restauration.

RESTAURER. v. a. Réparer, rétablir, remettre en bon état, en vigueur. Restaurer ses forces, sa santé. Ce remède est bon pour restaurer l'estomac. Ce bouillon m'a bien restauré.

Il s'emploie, familièrement, avec le pronom personnel, dans le sens de Rétablir ses forces en prenant de la nourriture. Il a besoin de se restaurer. Je viens de me restaurer un peu.

RESTAURER se dit, au sens moral, en parlant Des lettres, du commerce, des lois, de la discipline, du gouvernement. Ce prince a restauré l'État, les arts et les sciences, les lettres, le commerce, etc.

Il se dit aussi en parlant Des ouvrages de sculpture, d'architecture, de peinture. Restaurer une statue, un buste, un bas-relief. Cette figure était mutilée, on l'a bien restaurée. Cet architecte a bien restauré cette colonne, cette colonnade, ce mausolée. Ce peintre a restauré ce vieux tableau.

RESTAURÉ, ÉE. participe Pop. et par plaisanterie, Le voilà bien restauré, se dit D'un homme qui n'obtient qu'une faible récompense en dédommagement d'un grand sacrifice, d'une grande perte.

RESTE. s. m. Ce qui demeure d'un tout, d'une plus grande quantité. Il se dit tant au sens physique qu'au sens moral. Voilà le reste de son argent, de son bien, de sa fortune, de ses livres. Payez-moi une partie de la dette, je vous donnerai du temps pour le reste. Le reste du dîner. Les restes du festin. Emporter les restes. On ne leur servit que les restes. Il n'y a que cela de reste. Il y en a plus qu'il ne lui en faut, il y en a de reste. Restes d'un naufrage. Restes d'une famille, d'une nation. Ce sont de fâcheux restes de sa grande maladie. Cette femme a un reste de beauté, des restes de beauté. Elle avait encore un reste de pudeur. On ne trouve en lui aucun reste d'humanité, d'honnêteté. J'emploierai le reste de ma vie à vous prouver ma reconnaissance. Quand il a travaillé le matin, il emploie le reste de la journée à se divertir. J'ai fait ce matin une grande partie de ma tâche, ce soir je ferai le reste. Voilà tout ce que j'ai retenu de son discours, j'ai oublié le reste. On n'aperçoit plus dans cette ville que de faibles restes de sa grandeur passée. Voilà une pièce de cinq francs, payez-vous, et rendez-moi le reste, mon reste. Il a joué son reste sur une carte. Il y va de mon reste. Je n'ai pas le temps de vous en dire davantage, le porteur vous dira le reste.

Prov., Le porteur vous dira le reste. Phrase dont on se sert ironiquement, et pour se moquer d'une lettre qui est beaucoup trop longue.

Et le reste. Mots qu'on ajoute en rapportant un passage qu'on abrége.

Dans le style soutenu, Les restes d'une personne, Ce qui reste d'une personne après sa mort; son cadavre, ses ossements, ses cendres. Voici le tombeau qui contient les restes de ce grand homme. Ses restes glacés, inanimés.

Ce n'est plus qu'un reste, un beau reste, se dit D'un homme ou d'une femme qui a eu de la beauté, mais qui a vieilli.

Un reste de cheval. Un cheval à qui le temps a ôté de sa beauté et de ses forces, mais qui en conserve encore.

Le reste des hommes, Les autres hommes, les hommes d'une autre nation, les hommes d'un autre caractère, par opposition à Ceux dont on parle. Les mauvais politiques croient devoir se gouverner par d'autres maximes que le reste des hommes. Quelques sages ont cette opinion, le reste des hommes est d'un autre avis.

Prov. et fig., Voici le reste de notre écu, de nos écus, se dit, en plaisantant, D'une personne qu'on voit arriver dans une compagnie.

Faire son reste, Mettre au jeu tout l'argent qu'on a encore devant soi.

Prov. et fig., Jouer de son reste, Hasarder tout ce qu'on a de reste, faire ses derniers efforts, employer ses dernières ressources. On dit aussi De quelqu'un qui remplit mal une place dans laquelle il n'a plus que peu de temps à demeurer, Il joue de son reste.

Aux Jeux de la paume, du volant, etc., Donner le reste à quelqu'un, Lui pousser la balle, le volant de telle sorte qu'il ne puisse le renvoyer. Je lui ai donné son reste.

Fig. et fam., Je lui ai donné son reste, Je l'ai corrigé, je l'ai battu. Il ne fera plus le tapageur, je lui ai donné son reste. Cette phrase signifie aussi, Je lui ai reparti de telle sorte qu'il a été réduit au silence. Après plusieurs plaisanteries de part et d'autre, je lui ai donné son reste.

Fig. et fam., Il ne demande pas son reste, il s'en va sans demander son reste, se dit D'un homme qui, ayant reçu ou craignant de recevoir quelque mauvais traitement de fait ou de paroles, se retire promptement sans rien dire. On dit dans le même sens, Il n'a pas attendu son reste.

Être en reste, Devoir encore une partie d'une plus grande somme. Il est encore en reste de tant. Il se dit aussi figurément. Je suis encore en reste avec vous des bons offices que vous m'avez rendus. C'est un homme prompt à la riposte, et qui n'est jamais en reste. Il ne voulut pas demeurer en reste de générosité.

RESTE se dit particulièrement, en Arithmétique, Du résultat que donne la soustraction, et qu'on nomme autrement Excès ou Différence.

Il se dit également de Ce qui reste d'une somme, quand on l'a divisée par une autre.

RESTE signifie aussi, Ce que quelqu'un a abandonné ou refusé. Il n'a eu que mon reste, que mes restes.

DE RESTE. loc. adv. Plus qu'il n'est nécessaire pour ce dont il s'agit. Il a de l'argent de reste pour fournir à cette dépense. Il a du crédit de reste. Je vous entends de reste. Ne vous mettez pas en peine, il fera cela de reste. Pour venir à bout de cette affaire, il a du courage, de l'esprit de reste. Vous avez bien de la bonté de reste. On dit aussi, familièrement, Que de reste. Avez-vous encore de la besogne? Que de reste.

AU RESTE, DU RESTE. loc. adverbiales Au surplus, d'ailleurs, cependant, malgré cela. Au reste, je vous dirai que... Il est capricieux, du reste il est honnête homme.

RESTER. v. n. Être de reste. Voilà ce qui reste du dîner. C'est là tout ce qui reste de son bien. C'est tout ce qui me reste. Voilà vingt francs qui restent de votre argent. Il est resté seul de son nom, de sa famille. Il est resté le seul de son parti.

Il s'emploie aussi impersonnellement. Il lui reste encore à payer trois mille francs de l'année dernière. Il ne resta de tout le bataillon que trente hommes. Il ne lui reste que l'espérance. Il me reste à vous dire que... Que me reste-t-il à faire? Il reste encore à prouver que... Dans un sac de trois cents francs, j'ai pris soixante-cinq francs; il reste deux cent trente-cinq francs. Ôtez quatre de sept, il reste trois, reste trois.

Next page


PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.