Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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Il signifie, par analogie, Qui a une qualité
corrosive. Un acide mordant.

Il signifie aussi, figurément, Qui censure,
qui critique avec malignité. C'est un esprit
mordant. Un satirique mordant. Il a l'humeur
mordante. Paroles mordantes.

Il s'emploie comme nom masculin pour
désigner le Vernis qui sert à fixer l'or en feuilles
que l'on applique sur du cuivre, du bronze, etc.

En termes de Teinture, il se dit des Substances
au moyen desquelles on parvient à
fixer les couleurs sur la laine, la soie, le
coton, etc. L'alun est le mordant le plus employé.

Fig., Une voix qui a du mordant, Une voix
dont le timbre est sonore et pénétrant.

Fig., Avoir du mordant dans l'esprit, Avoir
du piquant, de la causticité dans l'esprit.

Figurément, dans le langage militaire, Cette
troupe a du mordant,
Elle a de l'élan, de la
vivacité et de la vigueur dans l'attaque.

MORDICANT, ANTE. adj. Terme didactique.
Qui est âcre, picotant, corrosif. Sel, suc
mordicant. Humeurs mordicantes. Cette liqueur
a quelque chose d'âcre et de mordicant.
Il vieillit.

MORDICUS. (On prononce l'S.) adv. emprunté
du latin. Sans démordre, avec ténacité.
Il ne se dit qu'au figuré et dans cette phrase
familière : Soutenir son opinion mordicus, La
soutenir avec obstination.

MORDIEU. Interjection. Euphémisme du
juron Par la mort de Dieu. On dit quelquefois
MORDIENNE. Voyez MORBLEU.

MORDILLER. (ILL se prononce IY.) v. tr.
Mordre légèrement et à plusieurs reprises.
Cet enfant mordille tout ce qu'il a dans les
mains.
Absolument, Les jeunes chiens aiment
à mordiller.

MORDORÉ, ÉE. adj. Qui est d'un brun
rouge à reflets dorés. Cuir mordoré. Couleur
mordorée. Souliers mordorés.
Substantivement,
Le mordoré.

MORDRE. (Je mords, tu mords, il mord;
nous mordons. Je mordais. Je mordis. Je mordrai.
Mords. Que je morde. Que je mordisse.
Mordant. Mordu.
) v. tr. Serrer avec les dents
de manière à entamer. Un chien l'a mordu,
l'a mordu au bras. Ce chien mord les passants,
leur mord les jambes. Être mordu par un chien
enragé. Il s'est mordu la langue. Il l'a mordu
jusqu'au sang.
Absolument, Ce chien mord cruellement.
Mordre dans un morceau de pain.

Par extension, il se dit aussi des Oiseaux,
de quelques insectes et de la vermine. Le
perroquet mord. Cet enfant est tout mordu de
puces.

Fig. et fam., Mordre le sein de sa nourrice,
Se montrer ingrat.

Fig. et fam., Se mordre la langue, S'arrêter
au moment de dire ce qu'on ne doit ou qu'on
ne veut pas exprimer. J'allais en trop dire :
je me suis à propos mordu la langue.
On dit
aussi Se mordre la langue d'avoir parlé, S'en
repentir.

Fig. et fam., S'en mordre les doigts, s'en
mordre les pouces,
Se repentir d'une chose
qu'on a faite. J'ai eu trop de confiance en lui,
je m'en mords les doigts.

Prov. et fig., Chien qui aboie ne mord pas.
Voyez CHIEN.

Fig. et fam., Mordre à la grappe, Saisir avec
empressement une proposition, croire aveuglément
à une promesse.

Fig. et fam., Mordre à l'hameçon, se dit
d'une Personne qui se laisse séduire par une
proposition qui cachait un piège.

Fig., Mordre la terre, Être terrassé. Il a
fait mordre la terre à son adversaire.

Poétiquement, Mordre la poussière, Être
renversé, tué dans un combat.

MORDRE signifie familièrement Prendre du
goût pour une étude, y faire des progrès. Cet
enfant commence à mordre au latin.

Il se dit figurément de Plusieurs choses
inanimées qui rongent, qui creusent ou qui
percent. L'eau-forte mord sur les métaux. L'eau-
forte n'a pas assez mordu sur cette planche.
La lime ne mord point dans l'acier bien trempé.
Le burin a trop mordu en cet endroit. L'ancre
n'a pu mordre sur ce fond de rocher.

Cette vis n'a pas mordu dans le bois, Elle
n'a pas pénétré dans le bois.

Les dents de cette roue ne mordent pas assez
sur le pignon,
Elles n'engrènent pas assez.

En termes de Pêche, il signifie saisir l'appât.
Le poisson mord, ne mord pas.

En termes de Gravure, Mordre une planche,
ou Faire mordre une planche, Lui faire
subir l'action de l'eau-forte, après avoir découvert
en différents endroits, à l'aide d'une
pointe à graver, le vernis dont elle est enduite.

MORDRE, en termes de Typographie, signifie
Dépasser, déborder. La vignette mord sur
les lettres,
Elle avance sur les lettres.

En termes de Couture, Il faut mordre plus
avant dans l'étoffe,
Il faut faire la couture un
peu plus loin du bord de l'étoffe, pour qu'elle
ne se défasse pas.

MORDRE signifie, au figuré, Médire, reprendre,
critiquer, censurer avec âpreté. Il cherche
à mordre sur tout. Il n'y a point à mordre sur
sa conduite. Il ne donne point à mordre sur lui.

MORE. n. m. Nom de peuple, qu'on ne met
ici que parce qu'il entre dans diverses phrases
de la langue. On écrit aussi MAURE.

Fig., Traiter quelqu'un de Turc à More, en
user, avec lui de Turc à More,
Le traiter avec
une extrême dureté.

Prov. et fig., À laver la tête d'un More
on perd sa lessive,
Inutilement on se donne
beaucoup de soin et de peine pour faire comprendre
à un homme quelque chose qui passe
sa portée, ou pour corriger un homme incorrigible.

MORELLE. n. f. Plante vénéneuse de la
famille des Solanées.

MORESQUE. adj. des deux genres. Qui
a rapport aux coutumes, aux usages, au goût
des Mores. Danse moresque. Fête moresque.
Architecture moresque. Édifice moresque. Palais,
église dans le goût moresque.

Il est aussi nom féminin, et alors il désigne
une Sorte de danse à la manière des Mores.
Danser la moresque. On écrit aussi MAURESQUE.
Voyez ce mot.

MORFIL. n. m. Certaines petites parties
d'acier, presque imperceptibles, qui restent
au tranchant d'un couteau, d'un rasoir, etc.,
lorsqu'on les a passés sur la meule, et qu'il
faut achever d'enlever pour se servir utilement
de l'instrument. Ôter, faire tomber le
morfil d'un rasoir, d'un couteau.

MORFONDRE. v. tr. Refroidir, causer un
froid qui incommode, qui pénètre. Ce vent
vous morfondra.

Cheval morfondu se dit d'un Cheval qui,
saisi par le froid, est devenu catarrheux.

SE MORFONDRE signifie, figurément et familièrement,
Perdre du temps à la poursuite
d'une affaire, d'une entreprise qui ne réussit
pas, dans l'attente d'une personne qui n'arrive
pas, d'un succès qu'on n'obtient point. Je
me suis morfondu à vous attendre. Vous vous
morfondez dans ce jardin.

Fig., en termes de Boulangerie, La pâte se
morfond,
Elle perd la force de fermentation
qu'elle doit avoir pour faire de bon pain.

Le participe passé MORFONDU, UE, s'emploie
adjectivement et signifie Qui est ennuyé
par une longue attente, par une déception.
Il resta là tout morfondu.

MORFONDURE. n. f. T. d'Art vétérinaire.
Sorte de catarrhe nasal qui vient aux chevaux
lorsqu'ils ont été saisis du froid après avoir eu
chaud. Ce cheval jette des naseaux, mais ce
n'est qu'une morfondure.

MORGANATIQUE. adj. des deux genres.
Il s'emploie surtout dans cette locution : Mariage
morganatique,
Mariage qu'un prince contracte
avec une personne d'un rang inférieur
et qui n'a pas pour la femme et pour les
enfants tous les effets qu'aurait un mariage
avec une personne de haute naissance. On dit
dans le même sens Épouse morganatique.

MORGANATIQUEMENT. adv. D'une manière
morganatique. Marié morganatiquement.

MORGELINE. n. f. Plante de la famille des
Caryophyllées à petites fleurs et à feuilles
pointues. On l'appelle aussi Alsine et Mouron
des oiseaux.

Il désigne encore une plante de la famille des
Primulacées, appelée aussi Mouron bleu ou
Mouron rouge.

MORGUE. n. f. Contenance fière et orgueilleuse.
Avoir, montrer de la morgue. Être plein de
morgue. Sa morgue le rend insupportable, le
rend ridicule.

Par extension, Un langage plein de morgue.
Il s'emploie toujours en mauvaise part.

MORGUE. n. f. Endroit où l'on expose les
cadavres des personnes inconnues trouvées
mortes hors de leur domicile, afin qu'elles
puissent être identifiées. On a porté ce corps à
la morgue.
On dit aujourd'hui Institut médico-
légal.

MORIBOND, ONDE. adj. Qui va mourir.
Il était moribond. Elle est moribonde. Substantivement,
Un moribond.

MORICAUD, AUDE. adj. Qui a le visage
de couleur brune. On l'emploie plus ordinairement
comme nom. Un moricaud. Une
petite moricaude.
Il est familier.

MORIGÉNER. v. tr. Gronder en faisant
de vives remontrances. Il s'emploie surtout
dans un sens péjoratif pour signifier Réprimander
avec insistance et affectation, avec
une sorte de pédantisme. C'est un homme qui
passe son temps à morigéner tout le monde.

MORILLE. (ILLE se prononce IYE.) n. f.
Sorte de champignon comestible qui pousse
au printemps et dont le chapeau a de petites
cavités comme une éponge. Morille jaune. Morille
fraîche.

MORILLON. n. m. Sorte de raisin noir.

En termes de Joaillerie, il s'emploie surtout
au pluriel et désigne des Émeraudes brutes
qui se vendent au poids.

MORION. n. m. Anciennement, Sorte d'armure
de tête plus légère que le casque. Il
n'avait qu'un simple morion.

MORNE. adj. des deux genres. Qui est
d'une tristesse sombre, allant jusqu'à l'abattement.
Vous êtes bien morne aujourd'hui. Il
était morne et silencieux, morne et pensif.
Par
extension, Visage, air, attitude, oeil morne. Un
morne silence.

Fig., Temps morne, Temps obscur et couvert.

Fig., Couleur morne, Couleur sombre, obscure,
qui n'a ni vivacité ni éclat.

MORNE. n. m. Nom qu'on donne, dans les
anciennes colonies françaises, à une Petite
montagne.

MORNIFLE. n. f. Coup du revers de la main
sur le visage. Il lui a donné une mornifle. Il est
populaire.

MOROSE. adj. des deux genres. Qui est
d'une humeur chagrine. C'est un homme très
morose.
Par extension, Caractère, humeur morose.

MOROSITÉ. n. f. État de celui qui est
morose. C'est un homme d'une morosité insupportable.

MORPHÉE. n. m. T. de Mythologie. Le
dieu du sommeil. Ce nom s'emploie dans
quelques locutions figurées et en manière de
plaisanterie : Être dans les bras de Morphée,
Être endormi; Les pavots de Morphée, Le
sommeil, etc.

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