Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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qui sont à terre, ou pour demander du secours.

Fig. et fam., Baisser le pavillon, ou Baisser pavillon, ou Mettre pavillon bas, Céder et se reconnaître inférieur à la personne à qui l'on se trouve comparé, avec qui l'on est en concurrence, en contestation. Quant à cela, je baisse le pavillon, je baisse pavillon, et je reconnais que vous l'emportez sur moi. C'est un homme qui est au-dessus de tous les autres dans ce genre-là, il faut baisser pavillon devant lui, il faut mettre pavillon bas devant lui. Vos raisons sont meilleures que les miennes, je cède et je baisse pavillon.

Fig., Se ranger sous le pavillon de quelqu'un, Se mettre sous sa protection.

PAVILLON s'emploie quelquefois, figurément, pour désigner Les vaisseaux, l'armée navale, la puissance maritime d'une nation. On est protégé, dans les parages étrangers, par le pavillon de sa nation. Le pavillon anglais domine sur ces mers. Cet amiral, dans la dernière guerre, a soutenu l'honneur du pavillon français.

Le pavillon couvre la marchandise, Le commerce des neutres doit être respecté par les puissances belligérantes.

Trafiquer sous le pavillon neutre, sous pavillon neutre, Employer, en temps de guerre, des bâtiments neutres pour le transport de ses marchandises.

PAVILLON au Jeu de trictrac, Marque façonnée en étendard, qui annonce qu'on a la bredouille. Prendre le pavillon. À bas le pavillon.

PAVOIS. s. m. Sorte de grand bouclier. On n'emploie guère ce mot qu'en parlant De nos anciens usages, ou dans la poésie. Quand les Français élisaient un roi, ils l'élevaient sur un pavois, le portaient sur un pavois.

PAVOIS en termes de Marine, Tenture de toile ou de drap qu'on étend sur le bord d'un bâtiment, les jours de solennité ou de réjouissance.

PAVOISER. v. a. T. de Marine. Garnir un bâtiment de ses pavois et de ses pavillons. L'amiral fit pavoiser tous les vaisseaux de la flotte. Tous les bâtiments qui étaient dans le port furent à l'instant pavoisés.

PAVOISÉ, ÉE. participe

PAVOT. s. m. Plante qui porte de grandes fleurs à quatre pétales, et dont le suc a la vertu d'assoupir. Pavot sauvage. Pavot de jardin. Pavot noir, blanc, rouge. Pavot double. Pavot panaché. Tête, graine, jus de pavot. Le suc de pavot fait dormir. C'est avec le suc d'une espèce de pavot qu'on fait l'opium. Le coquelicot est une espèce de pavot.

Poétiq., Les pavots du sommeil, les pavots de Morphée, Le sommeil. Les pavots du sommeil avaient appesanti ses yeux. On dit de même, Morphée avait versé sur lui tous ses pavots, Il était profondément endormi.

PAYABLE. adj. des deux genres Qui doit être payé à certains termes ou à certaines personnes. Une lettre de change payable à vue, payable à jour préfix ou à jour nommé, payable à tant de jours de vue, payable à une ou à plusieurs usances, payable par corps. Ce billet n'est payable qu'à Noël. Il est convenu de lui donner telle somme, payable en quatre termes égaux. Un billet payable au porteur, payable à un tel ou à son ordre, payable à volonté, payable en lettres de change, en papier.

PAYANT, ANTE. adj. Qui paye. De dix que nous étions à ce dîner, il n'y en avait que quatre payants. Le nombre des payants était de six seulement. Dans cette dernière phrase, Payant est employé substantivement.

Billet payant, Billet que l'on achète pour voir un spectacle, pour aller à un bal, à un concert, etc.; par opposition à Billet gratis, Celui qu'on reçoit pour rien.

Chez les Restaurateurs, Carte payante, Le compte de la dépense que l'on y a faite; par opposition à la carte sur laquelle sont portés les noms des mets et leur prix.

PAYE. s. f. Ce qu'on donne aux gens de guerre pour leur solde. Donner la paye aux troupes. Paye de capitaine, de lieutenant, etc. On retient tant à chaque soldat sur sa paye pour sa chaussure. La paye de l'armée. Il a double paye.

Haute paye, Solde plus forte que la solde ordinaire. Il est à la haute paye. Il se dit aussi de Celui qui reçoit la haute paye; et, en ce sens, il s'emploie principalement au pluriel. Les hautes payes du régiment.

PAYE se dit quelquefois Du salaire des ouvriers. Cet ouvrier reçoit sa paye tous les huit jours.

Il se dit aussi de L'action de donner la paye. La paye des soldats se faisait tous les cinq jours. La paye de ces ouvriers se fait tous les samedis. C'est aujourd'hui jour de paye.

PAYE se dit aussi de Celui qui paye. C'est une bonne paye, une mauvaise paye, Il paye bien, il paye mal.

Prov., D'une mauvaise paye on tire ce qu'on peut, Quand un débiteur n'a pas la volonté ou le moyen de payer tout ce qu'il doit, il faut quelquefois se contenter du peu qu'il offre; et, figurément, Il ne faut pas exiger des gens plus qu'ils n'ont la volonté ou le pouvoir de faire.

Morte-paye. Nom que l'on donnait autrefois à un soldat entretenu à demeure dans une garnison, tant en paix qu'en guerre.

Morte-paye, se dit, par extension, d'Un vieux domestique, ou de quelque autre homme qu'on entretient dans une maison, sans qu'il y fasse aucune fonction, ni qu'il y rende aucun service. Il se dit également, surtout au pluriel, de Ceux qui ne peuvent pas payer la contribution à laquelle ils sont imposés.

PAYEMENT. s. m. (L'usage autorise aussi à écrire Paiement et Paîment.) Ce qui se donne pour acquitter une dette. Un payement en numéraire, en papier. Le payement de telle somme. Il a reçu son payement. Après le premier payement. Pour son payement. Pour compléter, pour achever le payement. Donner, prendre des effets en payement. Exiger le payement d'une dette. Cet ouvrier demande son payement.

Il se dit aussi de L'action de payer. Faire un payement. Le payement s'en fit en trois termes. Le jour du payement. Le payement du prix.

PAYEN, ENNE. adj. et s. Voyez PAÏEN, ENNE.

PAYER. v. a. (Je paye, tu payes, il paye, ou il paie; nous payons, vous payez, ils payent, ou ils paient. Je payais; nous payions, vous payiez, ils payaient. Je payai. J'ai payé. Je payerai, ou je paierai ou paîrai. Je payerais, ou je paierais ou paîrais. Paye, payez. Que je paye; que nous payions, que vous payiez, qu'ils payent. Que je payasse. Payant.) Acquitter une dette. Payer une somme d'argent. Payer le prix d'une chose. Payer mille écus. Payer ce qu'on doit à son créancier. Je lui ai payé une forte somme. Il me doit encore tout, il ne m'a pas payé un sou.

Il se dit aussi en parlant De celui à qui on doit. Payer ses créanciers. Payer un marchand. Payer ses domestiques. Payer des ouvriers. Il paye ses ouvriers à la semaine, au mois, à l'année. Il m'a payé avec des marchandises, en marchandises. Je l'ai payé en or, en argent, en espèces, en papier. Payer les troupes. Les bons ouvriers ne se peuvent trop payer. Il a été bien payé de sa peine. Enfin je me suis fait payer.

Se faire bien payer, Vendre cher ses services, son travail. Cet ouvrier travaille bien, mais il se fait bien payer.

Se faire payer, Vendre ses services, tirer un profit de fonctions qui doivent être gratuites. Il n'a pas eu cette place pour rien, son protecteur a eu la bassesse de se faire payer.

PAYER se dit encore en parlant De la chose pour laquelle on doit. Payer des marchandises. Payer une étoffe. Tout ce qu'il prend, il le paye argent comptant, il le paye comptant, il le paye à la minute. Payer les gages, les appointements. Payer les intérêts. les arrérages et le principal. Payer l'amende Payer la folle enchère. Payer une pension Payer les loyers d'une maison. Payer le dîner. Payer l'écot. Payer sa fête. Payer sa bienvenue. Payer sa part. Payer sa quote part. Payer le prix convenu.

Pop., Payer pinte, chopine, bouteille à quelqu'un, Mener quelqu'un boire au cabaret, et payer pour lui.

Payer une obligation, une promesse, un billet, une lettre de change, etc., Payer la somme portée dans une obligation, etc.

Fig., Payer le tribut à la nature, Mourir. Payer le tribut à la faiblesse humaine, Avoir quelqu'une des imperfections, commettre quelqu'une des fautes auxquelles l'espèce humaine est sujette.

Fig. et fam., Payer les violons, Faire les frais d'une affaire dont un autre tire tout le profit.

Prov. et fig., Il en payera les pots cassés, On fera retomber sur lui le dommage, la perte; on s'en vengera sur lui.

Prov., Les battus payent l'amende, Souvent ceux qui auraient droit à une réparation, sont réprimandés, condamnés, maltraités de nouveau.

Fig. et par menace, Il le payera, se dit Pour exprimer qu'on trouvera moyen de se venger du déplaisir, de l'injure qu'on a reçue de quelqu'un. Il m'a fait un mauvais tour, il m'a rendu un mauvais office, mais il

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