Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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Il se dit encore de La quantité d'individus de l'espèce humaine qui meurent annuellement sur un certain nombre de vivants. À Paris, la mortalité, si l'on en croit la plupart des calculs, est d'un individu sur trente.

Tables de mortalité, Listes qui, sur un nombre donné de naissances, indiquent le nombre des survivants à la fin de chaque année.

MORT-BOIS. s. m. Voyez BOIS.

MORTE-EAU. s. f. T. de Mar. Il se dit Des marées les plus faibles, qui ont lieu entre la nouvelle et la pleine lune; et de L'époque de ces marées. Nous sommes en morte-eau.

MORTEL, ELLE. adj. Qui cause la mort, ou qui paraît devoir la causer. Maladie, plaie, blessure mortelle. Coup, poison mortel. La coque du Levant est mortelle aux poissons, pour les poissons.

Péché mortel, Péché qui fait perdre la grâce de Dieu, et qui donne une espèce de mort à l'âme.

MORTEL signifie quelquefois, Extrême, excessif dans son genre; et il ne se dit jamais qu'en mal. Haine, inimitié mortelle. Déplaisir mortel. Douleur, inquiétude, crainte, tristesse, offense mortelle. Effroi mortel. Ennui mortel. Je suis dans des transes mortelles. Il fait un froid mortel.

Il y a dix mortelles lieues de cette ville à telle autre, Dix lieues longues et ennuyeuses. On dit en des sens analogues: J'ai attendu deux mortelles heures dans une antichambre. Fallait-il faire deux mortels volumes pour traiter un pareil sujet? Etc.

Être l'ennemi mortel de quelqu'un, Le haïr profondément.

MORTEL signifie aussi, Qui est sujet à la mort. Tous les hommes sont mortels. Le corps est mortel. Cette vie mortelle est pleine de misères. D'anciens philosophes ont cru l'âme mortelle.

Dans le style soutenu, Quitter sa dépouille mortelle, Mourir.

MORTEL est aussi substantif, et signifie, Homme. C'est un heureux mortel, un infortuné mortel. Il serait le plus vil des mortels, s'il avait fait cette perfidie.

Absol., Les mortels, L'espèce humaine. Les pauvres mortels. Les misérables mortels.

MORTELLE sustantif féminin est moins usité. Une simple mortelle.

MORTELLEMENT. adv. À mort. Il est blessé mortellement, malade mortellement.

Pécher mortellement, Commettre un péché mortel.

Il signifie aussi, Excessivement. Haïr mortellement. Cet homme est mortellement ennuyeux. Outrager quelqu'un mortellement.

MORTE-PAYE. s. f. Voyez PAYE.

MORTE-SAISON. s. f. Temps où, dans certaines professions, on a moins de travail, moins de débit qu'à l'ordinaire. L'été est la morte-saison des marchands fourreurs. Les mortes-saisons ruinent les pauvres ouvriers.

MORT-GAGE. s. m. T. de Jurispr. Gage dont on laisse jouir le créancier, sans que les fruits dont il profite soient imputés sur la dette.

MORTIER. s. m. Mélange de chaux et de sable, de ciment ou de pouzzolane, détrempé avec de l'eau, et servant à lier les pierres ou les moellons d'une construction. Faire du mortier. Mortier à chaux et à sable, à chaux et à ciment. Mortier de ciment.

Fig. et fam., Cette soupe est du mortier, n'est que du mortier, Elle est trop épaisse.

MORTIER se dit aussi d'Une sorte de vase qui est fait de métal, de pierre, de bois, etc., et dont on se sert pour y piler certaines choses. Un mortier de fonte, de marbre, de verre, de bois. Le pilon d'un mortier.

MORTIER en termes d'Artillerie, se dit d'Une bouche à feu, qui est faite à peu près comme un mortier à piler, et dont on se sert pour lancer des bombes, pour jeter des carcasses pleines de pierres ou de matières inflammables. Mettre la bombe dans le mortier. Charger le mortier. Mettre le feu au mortier. Une batterie de mortiers.

MORTIER se dit en outre d'Une espèce de bonnet rond de velours noir, bordé de galon d'or, que les présidents de parlement portaient dans l'exercice de leurs fonctions, et qui est encore aujourd'hui la coiffure des présidents des cours de justice. Président à mortier. Le mortier du premier président était bordé de deux galons d'or, l'un en haut, l'autre en bas. Une charge de président à mortier. Le chancelier de France avait un mortier qui était d'étoffe d'or avec un bord d'hermine.

MORTIFÈRE. adj.des deux genres Qui cause la mort. Un poison, un suc mortifère. Une plante mortifère. Il ne s'emploie guère que dans le langage médical.

MORTIFIANT, ANTE. adj. Qui mortifie, qui humilie l'amour-propre, et cause de la confusion. C'est une chose bien mortifiante. Il est bien mortifiant d'essuyer publiquement des reproches mérités. Y a-t-il rien de plus mortifiant? Des humiliations mortifiantes. Un refus mortifiant.

MORTIFICATION. s. f. T. de Médec. et de Chirur. État du corps ou d'une partie du corps, dans lequel les fluides naturels, dont la circulation est arrêtée, s'altèrent et se corrompent de manière à détruire le tissu des chairs. Mortification des chairs. Dans la gangrène, il y a mortification imparfaite; dans le sphacèle, il y a mortification entière.

MORTIFICATION se dit, par extension, dans le style ascétique, de L'action par laquelle on mortifie son corps, ses passions. La mortification de la chair, des sens, des passions.

Il signifie figurément, Chagrin, affliction qu'on donne à une personne par quelque réprimande ou par quelque procédé dur et fâcheux. Il a reçu, il a essuyé, il s'est attiré une grande, une cruelle mortification. On lui a donné de grandes mortifications.

Il se dit également, dans le style de la Chaire, Des accidents fâcheux qui arrivent dans la vie. Ce sont des mortifications que Dieu nous envoie.

MORTIFIER. v. a. Faire que de la viande devienne plus tendre. Mettre de la viande à l'air, la battre pour la mortifier. Le grand air mortifie la viande. Ce faisan n'est pas encore assez mortifié.

MORTIFIER signifie figurément, Affliger son corps par des macérations, des jeûnes, des austérités. Mortifier sa chair.

Il s'emploie aussi avec le pronom personnel, dans l'un et dans l'autre sens. La viande se mortifie lentement dans un temps froid. Se mortifier pour l'amour de Dieu.

Mortifier ses sens, ses passions, Les réprimer dans la vue de plaire à Dieu.

MORTIFIER signifie encore, figurément, Humilier quelqu'un, lui faire de la peine par quelque réprimande ou par quelque procédé dur et fâcheux. Ce refus me mortifierait beaucoup. La disgrâce qui lui est arrivée l'a extrêmement mortifié.

MORTIFIÉ, ÉE. participe De la viande bien mortifiée.

Fig., Être mortifié d'une chose, En éprouver du chagrin. Je suis bien mortifié de vous dire que votre procès est perdu. Il avait l'air bien mortifié.

MORT-NÉ. adj. Voyez , au mot NAÚTRE.

MORTUAIRE. adj.des deux genres Appartenant au service, à la pompe funèbre. Un drap mortuaire.

Registre mortuaire, Registre où l'on inscrit les noms des personnes décédées.

Extrait mortuaire, Extrait qu'on tire de ce registre.

Droits mortuaires, Droits perçus pour les cérémonies funèbres.

MORUE. s. f. Poisson de mer du genre des Gades, dont la plus grande pêche se fait au banc de Terre-Neuve. Morue fraîche, ou Morue verte. Morue nouvelle. Vieille morue. Morue sèche, salée. Morue de Terre-Neuve. Morue jaune. Pêcher de la morue. Une queue de morue. Aller à la pêche des morues. Un navire chargé de morues.

Une poignée de morues, Deux morues jointes ensemble.

MORVE. s. f. Humeur visqueuse qui découle des narines. Il a toujours la morve au nez.

MORVE en termes d'Art vétérinaire, Maladie à laquelle les chevaux sont sujets, et qui est regardée par certains vétérinaires comme contagieuse. Quand on vend un cheval, on garantit la morve. Ce cheval a la morve.

MORVEAU. s. m. Morve épaisse et recuite. Jeter un gros morveau. C'est un mot désagréable dont on évite de se servir.

MORVEUX, EUSE. adj. Qui a la morve au bout du nez. Enfant morveux. Nez morveux. Il est toujours morveux.

En termes d'Art vétérinaire, Cheval morveux, Cheval qui a la maladie appelée Morve.

Prov. et fig., Il vaut mieux laisser son enfant morveux que de lui arracher le nez, Il est de la sagesse de tolérer un petit mal, lorsqu'on risque, en voulant y remédier, d'en causer un plus grand.

Prov. et fig., Qui se sent morveux se mouche, Que ceux qui reconnaissent en eux le défaut, le tort contre lequel on parle, s'appliquent ce qu'on en dit, si bon leur semble.

MORVEUX est quelquefois substantif, et se dit alors, familièrement et par mépris, d'Un enfant, garçon ou fille. C'est un petit morveux, une petite morveuse. C'est un jeune morveux. Voilà un beau morveux, un plaisant morveux pour faire l'entendu.

Traiter quelqu'un comme un morveux, Le traiter avec un mépris humiliant.

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