Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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dont le cercle est égal partout. Un jonc d'argent. Un jonc de diamants. Un jonc de rubis. Un jonc entouré de rubis ou de diamants.

JONCHÉE. s. f. Toutes sortes d'herbes, de fleurs et de branchages dont on jonche les rues, les églises, etc., un jour de cérémonie. Jeter de la jonchée. Faire une jonchée d'herbes et de fleurs.

JONCHÉE signifie aussi, Un petit fromage de crème ou de lait caillé, fait dans une espèce de panier ou de clisse de jonc. Une jonchée de crème. Vendre, acheter de la jonchée.

JONCHER. v. a. Parsemer de jonc, de feuillages, de fleurs, de branchages verts, pour une cérémonie. Les habitants jonchèrent les rues d'herbes odoriférantes. Toutes les églises étaient jonchées de fleurs.

Il se dit aussi, figurément, en parlant D'une grande quantité d'objets que l'on épand, ou qui sont épars çà et là. Les débris dont l'ouragan avait jonché le sol. Les ennemis jonchèrent de leurs morts le champ de bataille. Plus de vingt mille cadavres jonchèrent la place. La terre était jonchée de morts, de cadavres.

JONCHÉ, ÉE. participe

JONCHETS. s. m. pl. Certains petits bâtons fort menus, que l'on jette confusément les uns sur les autres pour jouer à qui en retirera le plus avec un crochet, sans en faire remuer d'autres que celui qu'on cherche à dégager. Des jonchets d'ivoire. Jouer aux jonchets. Les jonchets sont un jeu d'enfants. Quelques-uns disent, Honchets.

JONCTION. s. f. Action de joindre; union, réunion. Les deux armées opérèrent leur jonction. La jonction de deux armées. La jonction des deux mers. La jonction de deux rivières, de deux chemins, etc. Depuis la jonction de ces deux princes. La jonction d'un incident au principal. Jugement de jonction.

JONGLERIE. s. f. Charlatanerie, tour de passe-passe.

Il se dit, figurément et familièrement, de Toute fausse apparence par laquelle une personne cherche à en imposer. Je ne suis pas la dupe de ses jongleries.

JONGLEUR. s. m. Il se disait autrefois d'Une espèce de ménétrier qui allait, chantant des chansons, dans les cours des princes et dans les maisons des grands seigneurs. Il signifie maintenant, Joueur de tours de passe-passe, bateleur, charlatan. C'est un jongleur, un vendeur d'orviétan. Plusieurs peuples sauvages ont des jongleurs qui exercent la médecine et la magie. Les jongleurs indiens.

Il se dit, figurément et familièrement, de Tout homme qui cherche à en imposer par de fausses apparences. Il déjoua les ruses de ces jongleurs politiques.

JONQUE. s. f. Sorte de vaisseau fort en usage dans les Indes et à la Chine. Une jonque chinoise.

JONQUILLE. s. f. Plante du genre des Narcisses, que l'on cultive dans les jardins à cause de l'élégance de son port et du parfum que ses fleurs répandent. On le dit également de La fleur de cette plante. Jonquille simple. Jonquille double. Odeur de jonquille. Essence de jonquille. Des gants parfumés de jonquille.

JOSEPH. adj. T. de Papeterie. Nom que l'on donne à une sorte de papier mince et transparent. Une feuille de papier joseph.

JOUAIL. s. m. T. de Marine. Voyez JAS.

JOUAILLER. v. n. Jouer petit jeu, et seulement pour s'amuser. Il ne fait que jouailler. Il est familier.

JOUBARBE. s. f. T. de Botan. Plante grasse et toujours verte, dont l'espèce la plus commune croît ordinairement sur les toits et sur les murs. Le suc de joubarbe est calmant et rafraîchissant.

JOUE. s. f. La partie du visage de l'homme qui est au-dessous des tempes et des yeux, et qui s'étend jusqu'au menton. Joue droite. Joue gauche. Avoir les joues rouges, les joues vermeilles, les joues enflées, les joues creuses. Avoir une fluxion sur la joue. Baiser à la joue, sur la joue.

Fig. et fam., Avoir les joues cousues, Avoir les joues creuses, le visage extrêmement maigre.

Fam., Donner sur la joue, couvrir la joue à quelqu'un, Lui donner un soufflet.

Tendre la joue, Présenter la joue. Cet enfant vous tend la joue, pour que vous l'embrassiez.

Coucher, mettre en joue, Ajuster son fusil et viser, pour tirer sur quelqu'un, sur quelque chose. J'ai couché l'animal en joue. Il le tenait couché en joue. On dit elliptiquement, dans les commandements militaires, En joue, feu.

Fig. et fam., Coucher en joue, Observer, ne pas perdre de vue une personne ou une chose sur laquelle on a quelque dessein. Il était dans un coin, il la regardait, il la couchait en joue. Il aspire à cette charge, à cette place, il recherche cette fille en mariage, depuis longtemps il la couche en joue.

JOUE se dit aussi de Cette partie de la tête du cheval qui répond à la joue dans l'homme. Ce cheval a trop de joue.

JOUE en termes de Marine, signifie, Cette partie arrondie de la coque d'un navire, qui est comprise entre le mât de misaine et l'étrave. Ce vaisseau a la joue forte.

JOUÉE. s. f. T. d'Archit. Épaisseur du mur dans l'ouverture d'une porte, d'une fenêtre, d'un soupirail. Cette fenêtre a beaucoup de jouée. On dit dans un sens analogue, La jouée d'un abat-jour, d'une lucarne.

JOUER. v. n. Se récréer, se divertir, s'ébattre, folâtrer. Ces enfants jouent ensemble. Menez-les jouer Ils jouent l'un avec l'autre. Vous jouez un peu rudement, vous m'avez blessé. Ne sauriez-vous jouer sans vous fâcher? Un petit garçon qui joue avec un cheval de bois. Ne jouez pas avec ce pistolet, il est chargé.

Fig., Jouer avec sa vie, avec sa santé, etc., N'user d'aucun ménagement pour conserver sa vie, sa santé, etc. On dit aussi quelquefois, Jouer avec la vie, Ne point la regarder comme une chose sérieuse, et agir en conséquence.

Ce cheval joue avec son mors, se dit D'un cheval qui mâche son mors avec action.

Jouer sur le mot, sur les mots, Faire des allusions, des équivoques sur les mots. Il aime à jouer sur le mot. Ne jouons pas sur les mots, et parlons sérieusement.

JOUER s'emploie souvent avec le pronom personnel, dans le même sens. Cet enfant se joue avec tout ce qu'on lui donne. Les petits chats se jouent avec des balles, avec des boules de papier. Des oiseaux qui se jouent dans le feuillage. Il se dit quelquefois, poétiquement, Des choses. Un ruisseau qui semble se jouer, qui se joue dans la prairie.

Faire quelque chose en se jouant, Faire quelque chose en s'amusant, en badinant, sans application et sans peine. Cet ouvrage aurait paru difficile à tout autre, il l'a fait en se jouant.

Se jouer de quelque chose, Surmonter, braver sans peine, et comme en se jouant, ce qui, pour d'autres, semble difficile, dangereux, etc. Ces hommes robustes se jouent des travaux les plus rudes. Il se joue de toutes les difficultés.

Fig., Se jouer de quelque chose, S'en moquer, le traiter d'une manière frivole ou dérisoire, témoigner qu'on n'en fait point de cas. C'est un homme sans foi, il se joue de ses engagements. Il ne faut pas se jouer ainsi des lois. Il signifie aussi, Disposer de quelque chose arbitrairement et selon son caprice. Se jouer de la vie des hommes.

En Jurispr. féodale, on disait qu'Un seigneur pouvait se jouer de son fief, lorsqu'il lui était permis de le démembrer, et même d'en vendre une partie, sans qu'il fût rien dû au suzerain, pourvu qu'il retînt la foi entière et quelque droit seigneurial et domanial sur la partie aliénée. Ce seigneur n'avait pas le droit de se jouer de son fief.

Fig., Se jouer de quelqu'un, Se moquer de lui, le railler adroitement. Ne voyez-vous pas qu'on se joue de vous? Penserait-il se jouer de moi? On dit dans un sens analogue, Ce chat se joue de la souris qu'il a prise, ce tigre se joue de sa proie, etc., lorsqu'il feint à plusieurs reprises de la laisser échapper, pour la ressaisir aussitôt.

Se jouer de quelqu'un, signifie aussi, Le décevoir, tromper ses projets, ses conjectures, etc. La fortune se joue des hommes. La nature semble quelquefois se jouer de la science.

Se jouer de quelqu'un, signifie encore, Le tromper en lui donnant de belles paroles. Il m'a longtemps fait des promesses, donné des espérances, il se jouait de moi.

Fig. et fam., Se jouer à quelqu'un, L'attaquer inconsidérément. Ne vous jouez pas à lui, il n'entend pas raillerie. Quoi! il a osé se jouer à moi? Il s'est joué à son maître. On dit aussi, Ne vous jouez pas à cela, ne vous y jouez pas, Ne soyez pas assez fou, assez téméraire pour faire cela, vous vous en repentiriez.

JOUER signifie quelquefois, au figuré, Se mettre en danger de; et, dans cette acception, il est toujours suivi de la préposition à. Cet homme joue à se faire pendre. Il joue à tout perdre. Vous jouez à vous casser le cou, à vous noyer. Vous jouez à vous perdre.

JOUER signifie aussi, Se divertir, s'occuper à un jeu quelconque. Jouer à colin-maillard, à la main chaude, au roi dépouillé, au propos interrompu, etc. Jouer aux échecs, au trictrac, à la boule, aux cartes, aux dés.

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