LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798
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Page 207
s'effilent. Ourlet rond. Ourlet plat. Ourlet
large. Gros ourlet. Faire un ourlet.
OURS
OURS. s. m. Animal féroce et fort
velu, qui habite ordinairement les Pays
froids, et qui se retire dans les montagnes
et dans les forêts. Un grand ours.
Ours noir. Ours blanc. Peau d'ours. Il
fut dévoré par un ours. Les ours se soutiennent
et marchent sur leurs pieds de derrière.
Il est velu comme un ours. On dit
que les ours lèchent long -- temps leurs
petits.
On dit proverbialement d'Un enfant
qui n'a point de peur, qu'Il a monté sur
l'ours; d'Un enfant difforme et mal fait,
ou d'un homme rustre, brutal, mal
élevé, que C'est un ours mal léché; figurément,
d'Un homme qui est fort velu,
ou d'un homme qui fuit la société, que
C'est un ours; d'Un homme qui est mal
vêtu et mal bâti, qu'Il est fait comme
un meneur d'ours; et d'Un homme qui
se laisse gouverner entièrement par un
autre qui abuse de sa facilité, qu'Il se
laisse mener par le nez comme un ours.
On dit figurément et proverbialem.
qu'Il ne faut pas vendre la peau de l'ours
avant qu'il soit pris, pour dire, qu'Il
ne faut pas se flatter trop légèrement
d'un succès favorable dans une entreprise
difficile et hasardeuse.
OURSE
OURSE. subst. fém. La femelle de
l'ours.
On donne le nom d'Ourse à deux
constellations de l'hémisphère boréal
qui sont proches du pole arctique, et
dont l'une s'appelle La grande Ourse,
et l'autre La petite Ourse, dans la seconde
desquelles se trouve l'étoile polaire: et de là vient qu'en Poésie,
Ourse se prend quelquefois pour le Septentrion.
Du Midi jusqu'à l'Ourse.
OURSIN
OURSIN. s. m. Nom d'une classe de
coquillages de mer.
OURSON
OURSON. s. m. Le petit d'un ours.
On a pris deux oursons.
OURVARI
OURVARI. Terme de Vénerie. Cri
pour faire retourner les chiens, quand
le cerf a fait un retour.
On dit figurément et familièrement,
Un grand ourvari, pour dire, Un grand
bruit, un grand tapage.
OUT
OUTARDE
OUTARDE. s. f. Gros oiseau bon à
manger, qui vit ordinairement dans
les plaines. Manger une outarde, une
jeune outarde. Pâté d'outarde.
OUTIL
OUTIL. sub. mas. (On ne prononce
pas la finale L.) Tout instrument dont
les Artisans, les Laboureurs, les Jardiniers,
etc. se servent pour lenr travail.
Les outils d'un Menuisier, d'un
Charpentier. Outils de labourage. Le marteau
est un outil de grand usage. Apportez
vos outils.
On dit proverbialement, Méchant
ouvrier ne sauroit trouver de bons outils;
et, Un bon ouvrier se sert de toutes sortes
d'outils.
OUTILLER
OUTILLER. v. a. Garnir d'outils.
On ne s'en sert guère que dans ces
phrases: Il a fallu l'outiller. On l'a outillé
comme on a pu.
OUTILLÉ, ÉE
OUTILLÉ, ÉE. participe d'Outiller.
Qui à des outils. On ne l'emploie que
comme adjectif et avec les adverbes
bien ou mal. Outillé tant bien que mal.
Bien outillé, mal outillé. Cela se dit
figurément et familièrement d'Un homme
bien ou mal pourvu de ce qui lui
seroit nécessaire pour ce qu'il entreprend.
Vous n'êtes pas trop bien outillé
pour cela.
OUTRAGE
OUTRAGE. s. m. Injure atroce de
fait ou de parole. Grand outrage. Cruel
outrage. Sanglant outrage. Quel outrage!
Faire un outrage. Faire outrage à quelqu'un. On lui a fait outrage en sa personne,
en son honneur. Recevoir un outrage.
Souffrir un outrage. Se venger d'un
outrage.
OUTRAGEANT, ANTE
OUTRAGEANT, ANTE. adj. Qui
outrage. Il ne se dit que Des choses.
Paroles outrageantes. Procédé outrageant.
Cela est outrageant.
OUTRAGER
OUTRAGER. v. a. Offenser cruellement,
faire outrage. Il ne l'a pas
seulement offensé, il l'a outragé. Il est
dangereux d'outrager un homme de coeur.
On ne s'est pas contenté de maltraiter ses
domestiques, on l'a outragé dans sa personne.
Il a été outragé en son honneur.
Outragé, ée
Outragé, ée. participe.
OUTRAGEUSEMENT
OUTRAGEUSEMENT. adv. Avec
outrage, d'une manière outrageuse. Il
l'a traité outrageusement. Il signifie quelquefois,
Avec excès, à outrance. On
l'a battu outrageusement.
OUTRAGEUX, EUSE
OUTRAGEUX, EUSE. adj. Qui
fait outrage. Paroles outrageuses. Il est
outrageux en paroles. On l'a traité d'une
manière outrageuse.
OUTRANCE
OUTRANCE. s. f. Il n'est en usage
qu'en ces manières de parler adverbiales,
À outrance, à toute outrance, pour
dire, Jusqu'à l'excès. Brave à outrance.
Plaideur, chicaneur à outrance. Disputer
à outrance. Persécuter, poursuivre à outrance.
Soutenir une opinion à toute outrance.
Il est Platonicien, Épiourien à
outrance. Ils se sont battus à outrance.
On appeloit autrefois Combat à outrance,
Un duel qui ne devoit se terminer que
par la mort d'un des combattans.
OUTRE
OUTRE. s. fém. Peau de bouc accommodée
pour y mettre des liqueurs,
comme du vin, de l'huile, etc. Une
outre de vin, une outre d'huile.
OUTRE
OUTRE. préposition de lieu. Audelà.
Il n'est en usage comme préposition
de lieu, que dans certains mots
composés, comme Outre--Meuse, Outremer.
Les Pays d'outre--Meuse. Les guerres
d'outre--mer. Les voyages d'outre--mer.
Il est aussi adverbial, et il s'emploie
tant au propre qu'au figuré. Il n'alla
pas plus outre. La nuit qui survint l'empêcha
de passer outre. Malgré les défenses
et les oppositions, ils n'ont pas laissé
de passer outre. Les Juges ont passé outre
à l'instruction de son procès.
D'outre en outre
D'outre en outre. adv. De part en
part. Un coup d'épée qui le perçoit d'outre
en outre.
Outre
Outre, préposition, signifie aussi,
Par--dessus. On lui donna cent écus, et
outre cela on lui promit... Outre la somme
de tant, il a reçu encore tant. Dans
ce partage, dans ce marché, il y a lésion
d'outre moitié du juste prix. Outre ce que
je viens de dire, il faut encore remarquer
que....
Il se joint avec la particule Que.
Outre qu'elle est riche, elle est belle et
sage. Outre que votre père vous le commande,
l'honneur vous y oblige.
Outre et par--dessus
Outre et par--dessus. Façon de
parler qui n'a d'usage qu'en matière de
Pratique, de Finance et de Négoce.
Outre et par--dessus ce qui lui avoit été
donné, on lui a encore donné tant. On
lui avoit promis cent pistoles, et on lui en
a encore donné dix outre et par--dessus.
En outre
En outre. adv. De plus, davantage.
Je lui ai donné tant, et en outre je l'ai
nourri.
OUTRECUIDANCE
OUTRECUIDANCE. s. f. Présomption,
témérité. Il est vieux.
OUTRECUIDANT, ANTE
OUTRECUIDANT, ANTE. adjec.
Présomptueux, téméraire. C'est un personnage
très--outrecuidant. Proposition outrecuidante.
Propos outrecuidans. Il est
vieux.
OUTRECUIDÉ, ÉE
OUTRECUIDÉ, ÉE. adj. Présomptueux,
téméraire. Vous êtes bienoutrecuidé.
Il est vieux.
OUTRÉMENT
OUTRÉMENT. adv. D'une manière
outrée. Il l'a battu outrément. Il s'est
fatigué outrément.
OUTREMER
OUTREMER. s. m. Couleur bleue
faite avec le lapis pulvérisé. Acheter de
l'outremer. Employer de l'outremer.
OUTRE MESURE
OUTRE MESURE. Voyez Mesure.
OUTRE--PASSE
OUTRE--PASSE. s. f. Terme d'eaux
et forêts. Abatis que fait l'Adjudicataire
d'une coupe de bois au--delà des
limites qui lui ont été marquées. L'Ordonnance porte des dispositions relatives
aux Outre--passes.
OUTRE--PASSER
OUTRE--PASSER. v. a. Aller au--delà
de.... Outre--passer les ordres qu'on a
reçus. Cet Ambassadeur a outre--passé ses
pouvoirs.
Outre--passé, ée
Outre--passé, ée. participe.
OUTRER
OUTRER. v. a. Accabler, surcharger
de travail. C'est outrer des ouvriers,
que de les faire travailler sans relâche. Il
s'est outré à courir la poste. Il faut travailler,
mais il ne se faut pas outrer.
On dit, Outrer un cheval, pour dire,
Le pousser au--delà de ses forces. Mener
un cheval si loin au galop, c'est l'outrer.
Outrer
Outrer, signifie aussi, Offenser
quelqu'un grièvement, avec excès, et
pousser sa patience à bout. Vous l'avez
outré. Vous l'avez tellement outré, qu'il
ne vous le pardonnera jamais.
Outrer
Outrer, signifie aussi, Porter les
choses au--delà de la juste raison. Les
Stoïciens ont outré la Morale. Ces maximes
sont bonnes, mais il ne faut pas les
outrer. Outrer une pensée, un sentiment,
une comparaison. C'est un homme qui outre
tout. Il ne faut rien outrer. Il se met aussi
absolument. Il ne faut jamais outrer.
Outré, ée
Outré, ée. participe. C'est un homme
outré de fatigue. Cheval outré, pour
dire, Excédé.
On dit aussi, qu'Un homme est outré,
qu'il est outré de douleur, de dépit, de
colère, etc. pour dire, qu'Il est pénétré,
transporté de douleur, de dépit, de
colère, etc.
On dit aussi, Une pensée outrée, des
sentimens outrés, sa morale est outrée, le
caractère de ce personnage est outré, pour
dire, qu'Ils passent les bornes, les limites
prescrites par la raison.
On dit encore, qu'Un homme est outré,
qu'il est outré en tout, pour dire,
qu'En toutes choses il passe les limites
de la raison.
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