LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798
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Page 174
On dit, Prêter obéissance à un Prince,
pour dire, Se soumettre solenneliement
à l'obéissance d'un Prince.
On dit aussi, Étre sous l'obéissance
de père et de mère, pour dire, Être
soumis à l'autorité de son père et de
sa mère de la manière prescrite par les
Lois.
On dit prov. Obéissance vaut mieux
que sacrifice, pour dire, que Ce qu'on
fait par esprit de soumission, est ordinairement
plus méritoire que tout ce
qu'on fait de son propre mouvement.
Obéissance
Obéissance, signifie aussi, La disposition,
l'habitude à obéir, la soumission
d'esprit aux ordres des Supérieurs.
Obéissance aveugle. Obéissance
filiale. Obéissance servile. Obéissance
chrétienne. Faire voeu de pauvreté, de
chasteté et d'obéissance.
On disoit autrefois par civilité, Présenter
à quelqu'un ses obéissances, l'assurer
de ses obéissances.
OBÉISSANT, ANTE
OBÉISSANT, ANTE. adject. Qui
obéit. Un fils obéissant. Des sujets obéissans.
Il a toujours été très--obéissant à
son père, aux ordres du Prince. Une fille
bien obéissante.
On dit par formule de civilité, en
parlant ou en écrivant, Votre très--humble et très--obéissant serviteur.
Obéissant
Obéissant, se dit figurément dans
les choses morales, et signifie, Soumis.
Rendre ses passions obéissantes à la
raison.
Obéissant
Obéissant, se dit figurément en
parlant Des animaux. Un chien bien
obéissant.
Il se dit aussi figurément De plusieurs
choses inanimées, et signifie,
Souple, maniable, qui cède, qui se
plie facilement. Du cuir obéissant, de
la matière qui est obéissante.
OBÉLISQUE
OBÉLISQUE. sub. mas. Espèce de
pyramide étroite et longue, élevée
pour servir de monument public. Tous
les obélisques qui sont à Rome ont été
apportés d'Égypte. Dresser un obélisque.
Eriger un obélisque. Un obélisque de tant
de pieds de haut. Un obélisque chargé de
caractères hiéroglyfiques. Obélisque de pierre,
obélisque de marbre.
OBÉRER
OBÉRER. v. act. Endetter. Il a fort
obéré sa maison. Cet homme est fort obéré.
On l'emploie avec le pronom personnel.
S'obérer. Je crains de m'obérer.
Obéré, ée
Obéré, ée. participe. Une succession
obérée. Une famille obérée. Des gens obérés.
Un État obéré.
OBÉSITÉ
OBÉSITÉ, subst. en termes de Médecine,
signifie, Excès d'embonpoint.
OBJ
OBJECTER
OBJECTER. v. a. Opposer une difficulté
à une proposition, opposer quelque
chose à ce que quelqu'un dit ou
prétend. On peut objecter de bonnes raisons
à cette hypothèse. À cela j'objecte...
Je sais bien tout ce que vous pouvez y objecter.
Vous m'objecterez peut--être que....
On lui objecta sa jeunesse.
Objecté, ée
Objecté, ée. participe.
OBJECTIF, IVE
OBJECTIF, IVE. adjectif. Terme
d'Optique. Il n'a d'usage qu'en cette
phrase, Verre objectif, qui se dit Du
verre d'une lunette, destiné à être
>ourné du cêté de l'objet qu'on veut
voir; à la différence du verre qu'on
appelle Oculaire, parce qu'il est destiné
à être placé du côté de l'oeil.
Dans cette signincation, Objectif
s'emploie plus ordinairement au substantif.
L'objectif de cette lunette ne vaut
rien; l'objectif de l'autre est excellent.
On dit en termes de Théologie, que
Dieu est notre béatitude objective, pour
dire, que Dieu est le seul objet qui
puisse faire notre bonheur.
OBJECTION
OBJECTION. s. f. Difficulté qu'on
oppose à une proposition. Cette objection
est forte, est bien fondée, est sans
réplique, est nulle, est pressante, est
subtile, est spécieuse, est ingénieuse, est
insoluble. Faire une objection. Résoudre
une objection. Répondre à une objection.
Insister sur une objection. Il n'y a pas
d'objection à cela. Cette objection--là se
détruit d'elle même.
On appelle figurément une Objection
rebattue, Celle qui a été souvent proposée,
et à laquelle on a entièrement
répondu. Vous nous apportez--là des objections
rebattues, cent fois réfutées.
OBIER
OBIER, ou AUBIER. s. m. Arbre
fort dur, qui ressemble un peu au Cornouiller,
et qui porte de petites baies
rouges.
OBJET
OBJET. substant. mas. Tout ce qui
s'offre à la vue. Objet agréable. De cet
endroit on découvre les plus beaux objets
du monde. Je ne sais quel objet a frappé
mes yeux. Voilà un vilain objet. Un objet
horrible.
Il se dit aussi généralement De tout
ce qui touche, de tout ce qui affecte
les sens; et dans cette acception, on
dit dans le style didactique: Les objets
des sens. Les couleurs sont les objets de la
vue. Le son est l'objet de l'ouïe. Les saveurs
sont l'objet du goût. Les odeurs sont
l'objet de l'odorat.
Objet
Objet, se dit aussi De tout ce qui
émeut les puissances, les facultés de
l'âme. Le vrai est l'objet de l'entendement.
Le bien est l'objet de la volonté. Dans
cette acception, on dit proverbialement,
L'objet émeut la puissance, pour
dire, que La présence de l'objet excite
le désir.
Objet
Objet, se dit aussi De tout ce qui
sert de matière à une science, à un
art. Le corps naturel est l'objet de la Physique.
La Logique a pour objet les opérations
de l'entendement. Chaque science a
son objet. L'objet qu'elle considère. Elle
se doit borner à son objet.
Il se dit aussi De tout ce qui est considéré,
comme la cause, le sujet, le
motif d'un sentiment, d'une passion,
d'une action. Être l'objet de la raillerie,
de la médisance, de la calomnie, du mépris.
Objet de pitié. L'objet de son amour,
de sa passion. Objet de tristesse, d'affliction,
de douleur, etc.
Objet
Objet, signifie aussi, Le but, la
fin qu'on se propose. Cet homme n'a
pour objet que la gloire, que sa fortune,
que son intérêt. La Poésie a pour objet
de plaire et d'instruire. L'objet de ma remarque.
L'objet que je me propose, que
j'ai en vue. Voilà mon objet. Remplir son
objet. Suivre son objet. Quel est l'objet
de cette démarche? Discours sans objet.
En style de Poésie et de galanterie,
les amans appellent leurs maîtresses,
L'objet de leurs désirs, l'objet de leurs
soupirs, l'objet de leur flamme, l'objet
de leurs voeux, l'objet de leur amour,
ou simplement sans aucuue addition,
Divin objet, charmant objet.
OBIT
OBIT. s. m. Service fondé pour le
repos de l'âme d'un mort, et qui doit
être célébré en certains temps marqués.
Fonder un obit. Dire un obit. Chanter
un obit. Les Prêtres ont tant pour
leur assistance à chaque obit.
OBITUAIRE
OBITUAIRE. adj. Qui n'a d'usage
qu'en cette phrase, Registre obituaire,
qui signifie, Le Règistre qu'on tient
dans une Église, des obits qui y sont
fondés. Dans cette acception, il s'emploie
pareillement au substantif: Toutes
les fondations qui sont sur l'Obituaire.
Obituaire
Obituaire, s'emploie aussi au substantif,
pour signifier, Celui qui est
pourvu en Cour de Rome, d'un Bénéfice
vacant par mort, ce qui s'appelle
Per obitum, en termes de Daterie. Ce
Bénéfice est poursuivi par trois prétendans,
l'un Obitu>re, l'autre Rés gnataire,
et l'autre Dévolutaire.
OBJURGATION
OBJURGATION. sub. fém. Reproche
violent, réprimande vive. C'est un
terme didactique, par lequel on désigne
les reproches animés qui entrent
dans un discours.
OBL
OBLAT
OBLAT. s. mas. On appeloit autrefois
ainsi un Soldat, qui ne pouvant
plus servir à cause de ses blessures ou
de sa vieillesse, étoit logé, nourri et
entretenu dans une Abbaye ou dans
un Prieuré de nomination Royale On
l'appeloit autrement Moine--Lai. Depuis
plusieurs années, on a appliqué
à une partie de l'entretien des Invalides,
ce qui se payoit pour chaque
oblat dans chaque Bénéfice. Il n y a
plus proprement d'Oblats.
OBLATION
OBLATION. s. f. Terme consacré
en Religion. Offrande, l'action par laquelle
on offre quelque chose à Dieu.
Jésus--Christ, étant sur la Croix, fit
une oblation de lui--méme à son Père.
L'oblation du pain et du vin.
Il se dit aussi Des choses qui sont
offertes à Dieu. Les Prêtres ne vivoient
autrefois que d'oblations. Le bien mal acquis
qu'on offre à Dieu, est une oblation
qu'il a en horreur.
OBLIGATION
OBLIGATION. s. f. L'engagement
où l'on est par rapport à différens devoirs,
qui regardent la Religion ou
les moeurs, ou la vie civile. S'acquitter
des obligations d'un bon Citoyen, d'un
bon Chrétien. Satisfaire aux obligations
de son état. Satisfaire à toutes ses obligations.
Remplir ses obligations. Les obligations
d'un père envers ses enfans. Les
obligations des enfans envers leur père.
C'est une obligation de droit naturel. Une
obligation de droit divin. Il n'y a pas d'obligation
de conscience, mais il y a une
espèce d'obligation d'honneur. L'Église
peut dispenser des obligations qu'elle impose.
Fête d'obligation. Précepte d'obligation.
Cela est d'obligation stricte.
Il se dit aussi De l'engagement qui
naît des services, des bons offices,
des plaisirs qu'on a reçus de quelqu'un.
Il vous a obligation de la vie. Il prétend
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