Jean-François FÉRAUD: Dictionaire critique de la langue française. Marseille, Mossy,  1787-1788, 3 vol. Fol. 

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neû, neû-ze; 3e é fer. au 2d, lon. aux deux aûtres. = On a écrit aûtrefois soubçon, soubçoner, etc.] Soupçon, croyance désavantageuse, acompagnée de doute. "Avoir, prendre, doner du soupçon. "Il a toujours l'esprit rempli de soupçons, même contre ceux qui sont exemts de soupçon; au-dessus des soupçons. = C'est aussi une simple conjectûre. Il se dit alors en bien comme en mal. "J'ai quelque soupçon que c'est lui. Soupçon, suspicion (synon.) Le 1er est le terme vulgaire; le 2d est un terme de Palais. Le soupçon roule sur toutes sortes d'objets; la suspicion tombe proprement sur les délits. Le soupçon est souvent sans fondement: la suspicion doit avoir une raison aparente, etc. Extr. des Synon. Fr. de M. l'Abé Roubaud.
   Rem. On dit: concevoir des soupçons contre, et non pas sur, comme le dit l'Auteur de l'Esprit des Croisades. "L'Italien ne se fioit pas tellement aux caresses du Grec, qu'il n'eut conçu sur lui les plus odieux soupçons. = On dit bien: le soupçon tombe sur lui; mais dans cette phrase, c'est le verbe tomber, qui régit la préposition sur.
   SOUPÇONER a les deux sens de soupçon; le 1er, quand il est actif. Il régit alors de devant les verbes et les noms. "Vous me soupçonez de vous avoir trahi; d'une action, dont je ne suis pas capable. — Quelque--fois il n'a que le régime simple (l'acusatif.) "Celui qui ne fait et ne conoit que le bien, ne peut se résoudre à soupçoner le mal. Ainsi la bonté crédule est surprise par la méchanceté. Le Franc, Traduction de St. Grég. de Naz. = Dans le 2d sens, il est neutre; et il régit que avec l'indicatif dans la phrâse afirmative, et avec le subjonctif, quand le sens est négatif ou interrogatif. "Vous soupçonez que je veux vous tromper: il ne soupçonait pas, ou pouvait-il soupçoner qu'on voulût le tromper?
   REM. 1°. La Bruyère, dans le sens afirmatif, fait régir à soupçoner le subjonctif, précédé de la négative ne. "L'on me dit tant de mal de cet homme, et j'y en vois si peu, que je comence à soupçoner qu' il n' ait (qu'il a) un mérite importun, qui éteigne (éteint) celui des aûtres. = 2°. Plusieurs Auteurs ont fait régir à ce verbe l'infinitif sans préposition. "Il eut l'audace de déférer tous ceux qu'il soupçonoit avoir eu

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