Jean-François FÉRAUD: Dictionaire critique de la langue française. Marseille, Mossy,  1787-1788, 3 vol. Fol. 

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pose, poser, mauvaise ortographe, sur-tout pour le verbe qu'elle confond avec poser; qui a un aûtre sens.] Pause, est 1°. Suspension, cessation d'une action, d'un moûvement pendant quelque-tems. Faire une paûse, plusieurs paûses. "Les Prédicateurs font ordinairement une paûse au milieu du Sermon. = 2°. Dans le plain-chant et la musique, on apèle paûses les intervalles pendant lesquels un ou plusieurs de ceux, qui chantent, ou tout le choeur même demeurent sans chanter. = Pauser ne se dit qu'en Musique. Apuyer sur une syllabe en chantant. "Pausez sur cette syllabe.

PAûVRE


PAûVRE, adj. et subst.~ PAûVREMENT, adv. PAûVRETÉ, s. f. PAUVRET, ETTE, adj. [Pôvre, vreman, vreté: povrè, vrète: première lon. aux 3 premiers, dout. aux deux dern. 2e e muet aux 3 premiers, è moy. aux 2 dern.] Paûvre, 1°. Dans le sens litéral; qui n'a pas de bien: un paûvre homme, une paûvre femme; un paûvre paysan, artisan, etc. = Subst. "Doner l'aumône à un paûvre, aux paûvres. Fig. Langue paûvre, qui n'a pas tous les termes et toutes les phrâses nécessaires pour bien exprimer les pensées. = 2°. Il se dit quelquefois par sentiment de compassion, et signifie malheureux. "Ce paûvre homme! il a bien soufert~. "Ce paûvre Prince! il a été bien malheureux; 3°. Par mépris, chétif, mauvais dans son genre. "C'est un paûvre orateur, poète, musicien, etc. ou, qui manque d'industrie, d'esprit, de coeur, dans ses afaires. "Ne cherchez pas à l'excuser: c'est un paûvre homme.
   Rem. 1°. Pâuvre placé avant homme ou femme, signifie souvent autre chôse que lorsqu' il est placé après. Paûvre homme, paûvre femme, veut dire qu'un homme, une femme est à plaindre. Pour dire un homme, une femme, qui est dans l'indigence, il faut souvent, pour ôter l'équivoque, dire un homme, une femme paûvre, fort paûvre. Cependant, souvent aussi, la matière qu' on traite détermine le sens; et quand paûvre est joint à un, une, il peut signifier la paûvreté; et on peut dire, en ce sens, un paûvre homme, une paûvre femme. — Quand il est précédé de l'article le, la, les: il ne signifie qu'une persone malheureûse ou sans mérite. Le paûvre homme! La paûvre femme! les pâuvres gens! = Rien ne fait mieux sentir la diférence de paûvre mis devant le substantif d'avec paûvre placé après, que le mot de Linière sur {C109a~} Chapelain et Patru. "L'un est un paûvre Auteur, et l'autre un Auteur paûvre. = On l'perçoit aussi dans un bon mot d'Henri IV. Sire, lui dit un jour un prétendu bel-esprit, avec une sote confiance. "Je fais des Anagrammes, mais je suis fort paûvre. Je le crois reprit Henri; car vous faites là un pauvre métier. = Fénélon fait dire à Télémaque: "Je suis content de ma paûvre Ithaque, quoiqu'elle soit petite et paûvre. — J'oserai le dire: c'est ou une négligence, ou un jeu de mots peu digne d'un Poême Héroïque.
   2°. Quelques-uns disent, mais mal, pauvresse au féminin. "Ce n'est pas un paûvre, c'est une pauvresse, qui demande. Cette pauvresse est bien importune. Ce mot est un barbarisme.
   3°. On dit quelquefois le paûvre au singulier, pour, les paûvres au pluriel: "Le paûvre est toujours paûvre, et faûte de pouvoir faire des avances et acheter en grôs, il paye tout plus cher que le riche.
   PAûVRETÉ, 1°. Indigence, manque des chôses nécessaires à la vie. Voy. BESOIN. "Tomber dans une extrême paûvreté. "Il y a bien de la paûvreté dans cette Province. = Fig. La paûvreté d'une Langue. Voy. PAûVRE, n°. 1°. = Paûvreté évangélique; la renonciation volontaire aux biens temporels, telle que les vrais religieux en font profession. = Paûvreté d'esprit, le détachement entier des biens de la terre. = 2°. Il se dit de certaines chôses bâsses et méprisables qu'on dit ou qu'on fait. "Il ne dit que des paûvretés. Quelle paûvreté! C'est une grande paûvreté; cela est d'une grande paûvreté. Il n'a de pluriel que dans cette acception.
   PAûVREMENT; dans la paûvreté: vivre paûvrement. = D'une manière, qui sent la misère: être logé, vétu, nourri paûvrement.
   PAUVRET, est un terme de commisération. Le pauvret! la pauvrette! = Il n'est que du style familier. Aûtrefois on l'employait dans le beau style.
   En cette extrémité la pauvrette s'écrie:
   Alcandre, mon Alcandre, ôte-moi, je te prie
   Du malheur où je suis.
       Malherbe.
Dès le tems de Ménage, il n'étoit plus reçu dans la belle Poésie. Il a toujours été plus propre pour le style badin, et il y est encore admis.
   Il se voit pris comme au lacet, {C109b~}
   Et souffre un étrange suplice:
   Mais le pauvret est sans malice.       Voiture.
  Pardonez-moi, dit La Pauvrette.
      La Font.
  Un Milan, qui dans l'air planoit, faisoit la ronde,
  Voit d'en haut le pauvret se débattant sur l'onde. Id.

PAYABLE


PAYABLE, adj. PAYANT, ANTE, subst. PAYE, s. f. PAYEMENT, s. m. PAYER, v. act. [Pé-ia-ble, ian, iante, pé-ie, pé-ie--man, pé-ié: 1re é fer. 2e dout. au 1er, lon. au 2d et au 3e, e muet au 4e et 5e, é fer. au 6e.] L'usage est partagé sur l'ortographe et la prononciation des deux substantifs, et sur les tems du verbe où se trouve un e muet aprês l'y: les uns écrivent paie, paiement, je paie, je paierai, qu'ils prononcent, , pêman, je , je pêré. L'Acad. et le plus grand nombre écrivent la paye, le payement, je paye, je payerai, et prononcent pé-ie, pé-ieman, je pé-ie, je pé-ieré. — L'Ab. Du Resnel fait paye de deux syllabes:
   Le style chez les uns tient toujours lieu d'esprit,
   Pourvu qu'on paye en mots, du reste ils font crédit.
   Voyez plus bâs un exemple de Rousseau. = M. l'Ab. Garnier (Hist. de Fr.) et d'aûtres Prosateurs écrivent paie, paiement. "La paie des gens de guerre; la paie des gens d'armes, etc. "Les paiemens s'en étoient faits régulièrement. M. l'Ab. De Lille, met le futur en deux syllabes seulement.
   Tels encor, si tu veux les ranger dans la plaine,
   Ces foibles rejetons paieront un jour ta peine.
Piron écrit même, paîrez, paîroit sans e.
   Oui, de sa liberté vous paîrez mes bienfaits.
       Gustave.
Son sang paîroit bientôt la comune allégresse.Ib.
Nous avons suivi l'Acad. et le torrent des Auteurs.
   PAYABLE, qui doit être payé en certains tems. "Lettre de change payable à vûe: ce billet n'est payable qu'à la foire de, etc.
   PAYANT, qui paye. "Nous étions six à ce diner, mais nous n'étions que quatre payans ou payantes. = L'usage de ce mot est fort borné.
   PAYE, est 1°. La solde qu'on done aux gens de guerre. Paye de Capitaine, de Lieutenant, de Soldat. Haute-paye, se dit et d'une solde plus forte que la solde ordinaire, et de celui qui reçoit la haute-paye. = 2°. Payeur, celui qui paye. "C'est une bone ou une mauvaise paye. "D'une mauvaise paye, il faut en tirer ce qu'on peut. Cela se dit au propre et au figuré.

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