Jean-François FÉRAUD: Dictionaire critique de la langue française. Marseille, Mossy,  1787-1788, 3 vol. Fol. 

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D'Avrigny. Cet Auteur dit mieux en un aûtre endroit. "Cet Arrêt du Conseil défendoit expressément (au Parlement de Bord.) de se méler d'aûtre chôse que de rendre la Justice. "Sa Majesté défend de ne rien écrire pour soutenir cette doctrine. Id. Retranchez ne, et dites, défend de rien écrire. "Il étoit défendu de ne poursuivre l'énemi qu'autant qu' il le falloit pour constater la victoire. Journ. de Litt. — Dites, il étoit ordonné de ne poursuivre qu'autant, etc. ou il étoit défendu de poursuivre, etc. au-delà de ce qu'il falloit, etc. — C'est encôre pis, quand on ajoûte pas ou point à ne; car, défendre de ne pas faire, c'est ordoner de faire.
   2°. * Quelques Auteurs ont aussi employé la conjonct. que avec la négative ne et le subjonctif. "Romulus défendit qu'on ne fît aucune élection... qu'on n'eût pris auparavant les auspices. Vertot. Là, cette négative paraît être comandée par le que qui suit, qu'on n'eût pris, etc. mais, en pareil câs, il faut prendre un aûtre tour et dire: "Il défendit qu'on fît aucune élection avant que d'avoir pris les auspices. "Schah Hussein défendit qu'on n'éteignît le feu. Hist. de Pers. "On dit que ce grand Homme (Scipion) défendit en mourant, que ses cendres ne fussent raportées dans son ingrate Patrie. Le Gendre. Retranchez ne dans ces phrâses.
   3°. Ces deux régimes de la prép. de et de la conjonction que, ne doivent pas s'employer indiféremment. Le premier doit avoir lieu quand défendre régit quelque nom au datif: il lui défendit de jouer; le second, quand il ne régit aucun nom. "Il défendit qu'on jouât, dans les endroits publics, les jours de Dimanches et de Fêtes, dans le temps des Ofices. Molière dit:
   Je vous défends que cela continue.
   Il devait dire: je vous défends de continuer.
   4°. Défendre (protéger) régit la prép. contre. "Défendez-moi contre la rage de mes ennemis. — Sans changer beaucoup le sens, et en lui donant celui de garantir, on peut employer la prép. de: "Défendez-moi de la rage, etc. "Cette compagnie, défendue de la pudeur, par sa propriété de n'opérer qu'en troupe. Linguet.
   Défendre, justifier (synon.) Voy. JUSTIFIER et PROTÉGER.

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