RECHERCHE | Accueil | Aide-Mémoire | GEHLF | ATILF | ARTFL | Courriel |
Page A675a
Next page
DÉCHIREMENT
DÉCHIREMENT, s. m. DÉCHIRER,
v. a. DÉCHIRûRE, s. f. [Déchireman,
déchiré, rûre; 1re é
fer. 3e e muet au 1er, é fer.
au 2d, longue au 3e.] Déchirement, est l'action
de déchirer, de rompre, de mettre en pièces, sans
user d'instrumens tranchans. Déchirûre, est l'éfet
de cette action. "Déchirement d'habits. "Déchirer
un habit, un manteau, une lettre. "Il y a une déchirûre
à votre habit.
Rem. 1°. DÉCHIREMENT,
n'est guère d'usage au propre, excepté dans cette phrâse:
"Il fit paroître son emportement, sa douleur, par le déchirement
de ses habits. "Le déchirement des habits, étoit
un signe de douleur et d'indignation, parmi les Juifs. — On dit au figuré,
déchirement d'entrailles, violente colique. Plus figurément
encôre, déchirement de coeur, douleur vive et amère.
— Raynal le dit des Empires, des États. "Les esprits hardis
demandoient qu'on se séparât entiérement de la Métropole:
les esprits timides... se décidèrent enfin pour ce
grand déchirement. "Le nouvel Hémisphère doit
se détacher un jour de l'ancien: ce grand déchirement
est préparé en Europe. — Ces deux phrâses figureraient
très-bien dans le Dictionaire Néologique. = M. MARIN
n'est pas de cet avis: il troûve l'expression très énergique.
2°. DÉCHIRER, se dit aussi
au figuré. "Douleurs qui déchirent l'estomac, les
entrâilles. "La triste situation de cette persone déchire
le coeur. "Est-il juste et généreux de déchirer
sans pitié un coeur, dont le seul crime est de vous aimer?
Marm. "Ne peut on pas lui reprocher (à Racine) de
n'avoir que touché le coeur, quand il pouvoit le déchirer.
Le Chev. des Sablons. — On abûse de cette expression aujourd'hui.
Tout est plein d'un enthousiasme factice. On veut que le style brûle
le papier. On ne se contente pas d'être touché, on veut être
déchiré. Ne serait-ce pas qu'on est blasé sur
les bones chôses, et qu'on a besoin d'être écorché
pour sentir? Non: mais c'est que c'est la mode; et tout est mode en France;
et par une conséquence naturelle, tout est mauvais goût.
On dit aussi, qu'une mère voyant soufrir son fils,
se sent déchirer les entrâilles; qu'un État
est déchiré par les factions; que l'Église
est déchirée par un schisme; que les passions oposées
déchirent le coeur, l'âme, etc. — Déchirer,
est aussi, au figuré, ofenser, outrager par des médisances.
Déchirer son prochain,
Copyright © 2003 GEHLF, École normale
supérieure de Paris
Direction scientifique du projet: Philippe Caron (Université
de Poitiers) et Louise Dagenais (Université de Montréal)
PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.