ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"12"> avoient la garde des étalons: c'étoient eux aussi qui régloient les poids & mesures.

Du tems du Paganisme, les Romains les gardoient dans le temple de Jupiter au capitole, comme une chose sacrée & inviolable; c'est pourquoi la mesure originale étoit surnommée capitolina.

Les empereurs chrétiens ordonnerent que les étalons des poids & mesures seroient gardés par les gouverneurs ou premiers magistrats des provinces. Honorius chargea le préfet du prétoire de l'étalon des mesures, & confia celui des poids au magistrat appellé comes sacrarum largitionum, qui étoit alors ce qu'est aujourd'hui chez nous le contrôleur - général des finances.

Justinien rétablit l'usage de conserver les étalons dans les lieux saints; il ordonna que l'on vérifieroit tous les poids & toutes les mesures, & que les étalons en seroient gardés dans la principale église de Constantinople; il en envoya de semblables à Rome, & les adressa au sénat comme un dépôt digne de son attention. La novelle 118 dit aussi que l'on en gardoit dans chaque église; il y avoit des boisseaux d'airain ou de pierre, & autres mesures différentes.

En France, les étalons des poids & mesures étoient autrefois gardés dans le palais de nos rois. Charleslè - Chauve renouvella en 864 le réglement pour les étalons; il ordonna que toutes les villes & autres lieux de sa domination, rendroient leurs poids & mesures conformes aux étalons royaux qui étoient dans son palais, & enjoignit aux comtes & autres magistrats des provinces d'y tenir la main: ce qui fait juger qu'ils étoient aussi dépositaires d'étalons, conformes aux étalons originaux, que l'on conservoit dans le palais du roi. On en conservoit aussi dans quelques monasteres & autres lieux publics.

Le traité fait en 1222 entre Philippe - Auguste & l'évêque de Paris, fait mention des mesures de vin & blé comme un droit royal que le prince se réserve, & dont le prévôt de Paris avoit la garde. Le roi céda seulement à l'évêque les droits utiles qui se levoient dans les marchés, pour en joüir de trois semaines l'une, & ordonna au prevôt de Paris de faire livrer les mesures aux officiers de l'évêque: mais cela concerne plûtôt le droit de mesurage, que la garde des étalons.

Sous le regne de Louis VII. la garde des mesures de Paris fut confiée au prevôt des marchands. Les statuts donnés par S. Louis aux jurés - mesureurs font mention, qu'aucun mesureur ne pourroit se servir d'aucune mesure à grain qu'elle ne fût signée, c'est - à - dire marquée du seing du roi; qu'autrement il seroit en la merci du prevôt de Paris: que si sa mesure n'étoit pas signée, il devoit la porter au parloir aux bourgeois pour y être justifiée & signée.

Les auteurs du Gallia Christiana, tome VII. col. 253. rapportent qu'avant l'an 1684, tems auquel la chapelle S. Leufroy fut démolie pour aggrandir les prisons du grand châtelet, on y voyoit une pierre qui étoit taillée en forme de mitre, qui étoit le modele des mesures & des poids de Paris, & que de - là étoit venu l'usage de renvoyer à la mitre de la chapelle de S. Leufroy, quand il survenoit des contestations sur les poids & les mesures. M. l'abbé Leboeuf, dans sa description du diocèse de Paris, tom. I. pense que cette pierre, qui par sa forme devoit être antique, avoit apparemment été apportée du premier parloir aux bourgeois, qui étoit contigu à cette église de Saint Leufroy; il observe que ce parloir & un autre (situé ailleurs) ont été le berceau de l'hôtel - de - ville de Paris (où l'on a depuis transféré les étalons des poids & mesures). Il y a encore en quelques villes de provinces des étalons de pierre, pour la vérification des mesures.

Le roi Henri II. ordonna en 1557, que les étalons des gros poids & mesures seroient gardés dans l'hôtel - de - ville de Paris.

Lorsqu'on établit en titre à Paris des jurés - mesureurs pour le sel, qui faisoit alors l'objet le plus important du commerce par eau dans cette ville, on leur donna la garde des étalons de toutes les mesures des arides: c'est pour la garde de ce dépôt qu'ils ont une chambre dans l'hôtel - de - ville.

Les Apoticaires & Epiciers de Paris ont conjointement la garde de l'étalon des poids de la ville, tant royal que medicinal; ils ont meme, par leurs statuts, le droit d'aller deux ou trois fois l'année, assistés d'un juré - balancier, visiter les poids & balances de tous les marchands & artisans de Paris; c'est de - là qu'ils prennent pour devise lances & pondera servant.

Il faut néanmoins excepter les Orfevres, qui ne sont sujets à cet égard qu'à la visite des officiers de la cour des monnoies, attendu que l'étalon du poids de l'or & de l'argent qui étoit anciennement gardé dans le palais du roi, est gardé à la cour des monnoies depuis l'ordonnance de 1540.

Les Merciers prétendent aussi n'y être pas sujets.

Pour ce qui est des provinces, la plus grande partie de nos coûtumes donnent aux seigneurs hautsjusticiers, & même aux moyens, le droit de garder les étalons des poids & mesures, & d'en étalonner tous les poids & mesures dont on se sert dans les justices de leur ressort.

Les coûtumes de Tours & de Poitou veulent que le Seigneur qui a droit de mesure en dépose l'étalon dans l'hôtel de la ville la plus proche, si elle a droit de mairie ou de communauté, sinon au siége royal supérieur d'où sa justice releve.

Dans l'hôtel - de - ville de Copenhague il y a à la porte deux mesures attachées avec de petites chaînes de fer; l'une est l'aulne du pays, qui ne fait que demi-aulne de Paris; l'autre est la mesure que doit avoir un homme, pour n'être pas convaincu d'impuissance. Cette mesure fut exposée en public sur les plaintes faites par une marchande, que son mari étoit incapable de génération. Voyage de l'Eur. t. VIII. p. 301.

Les étalons sont ordinairement d'airain, afin que la mesure soit moins sujette à s'altérer. Lorsqu'on en fait l'essai, pour voir s'ils sont justes, c'est avec du grain de millet qui est jetté dans une tremie, afin que le vase se remplisse toûjours également. Voyez Loiseau, des seigneuries, ch. jx. n. 20. & suiv. le traité de la police, tom. II. liv. V. ch. iij. le gloss. de Lauriere, au mot Etalon. (A)

Etalon (Page 6:12)

Etalon, en termes d'Eaux & Forêts, signifie un baliveau de l'âge que le bois avoit lors de la derniere coupe. L'ordonnance des eaux & forêts, tit. xxxij. art. 4. fixe à cinquanre livres l'amende encourue, pour avoir coupé un étalon. Voyez la coûtume de Boulenois, art. 32. (A)

Etalon (Page 6:12)

Etalon, (Manége & Maréchall.) Cheval entier, choisi & destiné à l'accouplement, & dont on veut tirer race. Voyez Haras.

ETALONNAGE ou ETALONNEMENT (Page 6:12)

ETALONNAGE ou ETALONNEMENT, s. m. action d'étalonner, c'est - à - dire de vérifier une mesure sur l'étalon. Voyez Etalon.

Ces deux mots sont aussi usités pour signifier le droit qu'on paye à l'officier qui étalonne.

L'ordonnance de 1567 pour l'étalonnement des poids, portoit qu'il seroit payé aux gardes pour chaque pile d'un ou plusieurs marcs, avec toutes les parties & diminutions, & aussi pour chaque garniture de trébuchet fourni de ses poids qu'ils auroient étalonnés, trois deniers tournois, qui leur seroient payés par l'ouvrier & marchand desdits poids, trébuchets, & balances.

Par une ordonnance de l'année 1641, ce droit a été supprimé; & il y est dit que les Balanciers, Marchands, Fondeurs, &c. pourront faire étalonner & [p. 13] marquer leurs poids gratuitement au greffe de la cour des monnoies. Dictionn. de Comm. de Trév. & Chamb. (G)

ETALONNER (Page 6:13)

ETALONNER, v. act. terme de Bâtiment, c'est réduire des mesures à pareilles distances, longueurs, & hauteurs, en y marquant des reperes. (P)

Etalonner (Page 6:13)

Etalonner, (Man. & Maréch.) couvrir une jument, expressions synonymes. Voyez Haras.

ETALONNEUR (Page 6:13)

ETALONNEUR, s. m. celui qui est commis pour marquer & étalonner les poids & mesures. L'ordonnance de la ville de Paris nomme les jurés - mesureurs de sel, étalonneurs de mesures de bois. Diction. de Comm. de Trév. & de Chamb.

ETAMBOT (Page 6:13)

ETAMBOT, s. m. (Marine.) L'étambot est une piece de bois droite qui termine la partie de l'arriere des vaisseaux; on le place presque verticalement sur l'extrémité de la quille, à cet endroit qu'on nomme talon. Voyez Marine, Planche IV. fig. 1. n°. 4. la situation de l'étambot. Quelques - uns disent étambod.

Cette piece doit être solidement assujet ie, puisqu'elle soûtient le gouvernail, & que c'est sur elle que viennent aboutir les bordages qui couvrent les façons de l'arriere; c'est pour recevoir ces bordages qu'on fait à l'étambot, comme à l'étrave, une rablure. Voyez Marine, Planche V I. fig. 74. l'étambot détaché; a b est la queste ou la saillie de l'étambot; a c, sa hauteur; b e, sa largeur par le bas; f e, sa largeur par le haut; g b, la longueur du faux étambot: c'est une piece de bois appliquée sur l'étambot pour le renforcer; h, la rablure ou cannelure pour recevoir les bouts des bordages; b d, l'extrémité de la quille, sa queste, & son épaisseur. o e, contre - étambot: c'est une piece courbe qui lie l'étambot sur la quille; k, tenon qui entre dans une mortaise, afin que la partie extérieure de l'étambot s'entretienne mieux avec l'extrémité de la quille, laquelle est aussi jointe à sa partie intérieure par des chevilles de fer & de bois.

On divise la hauteur de l'étambot comme on a fait celle de l'étrave, par piés, pour connoître commodément le tirant d'eau de l'arriere.

La largeur de l'étambot est égale à celle de la quille; on augmente son épaisseur par empas de 5 lignes par pouce de l'épaisseur de la quille, & à son bout d'en - haut on le diminue d'un quart de cette épaisseur; on peut même faire le bas de l'étambot de toute l'épaisseur que la piece peut porter.

Suivant plusieurs constructeurs, l'étambot doit avoir de hauteur mesurée perpendiculairement à la quille, [omission: formula; to see, consult fac-similé version] & [omission: formula; to see, consult fac-similé version] de la longueur totale du vaisseau. Suivant cette regle, un vaisseau qui auroit 168 piés de longueur, auroit, en prenant le dixieme & le douzieme, 30 piés 9 pouces 7 lignes. D'autres donnent une quarantieme partie de moins de hauteur à l'étambot, qu'à l'étrave. Mais puisque l'étambot détermine la longueur du vaisseau à l'arriere, comme l'étrave détermine la longueur du vaisseau en - avant, il vaut mieux additionner la hauteur du creux au milieu, la différence du tirant d'eau & le relevement du premier pont en - arriere, l'épaisseur du bordage du 1er pont, & la distance du premier au second pont en - arriere sous le bau, y compris son bouge, moins l'épaisseur de la barre du gouvernail: l'addition de toutes ces sommes indiquera la hauteur de l'étambot. Exemple,

Un vaisseau de 110 canons & de 168 piés de longueur ayant de creux au maître couple, . . . 23 piés 9 pouc.

De relevement au premier pont en - arriere, y compris la différence du tirant d'eau, . . . . . . 2 . . 7. . . 5 lig.

L'épaisseur du bordage du premier pont, . . . . . . 4. . . 6

La distance du premier au second pont en - arriere, sous le bau, . . . . .3 . . 8

La hauteur de l'étambot sera de . . . . . . . .32 pies 4 pou. 11 lig.

Cet exemple est suffisant pour les vaisseaux de toutes grandeurs, on remar quera seulement que pour les frégates qui n'ont qu'un pont, il faut prendre le creux au maître couple, le relevement du pont à l'arriêre, épaisseur du bordage du pont, & ajoûter deux piés six ou neuf pouces; & pour les frégates & corvettes deux piés trois pouces, aux tommes ci - dessus mentionnées.

Quelques - uns pour avoir la hauteur de l'étambot additionnent le creux à l'arriere, l'epaisseur des bordages du premier pont, le seuillet & la hauteur des sabords de la premiere batter e ou de la sainre - barbe, & l'épaisseur de la barre d'a casse, qui est de treize pouces aux vaisseaux à trois ponts, de douze à ceux de soixante - quatorze canons, de neuf à dix à ceux de cinquante à soixante - quatre.

A l'égard de la queste ou saillie de l'étambot, quelques charpentiers lui donnent un pié par chaque six piés qu'il a de hauteur: ainsi notre étambot cité ci - dessus de 32 piés de haut, auroit cinq piés au moins de queste. M. Duhamel, dans son traite de construction pratique, d'où j'ai tiré presque tout cet article, remarque qu'on ne voit aucune raison de lui donner de la queste; au lieu qu'en la supprimant le gouvernail en doit être plus solidement établi, & par sa situation perpendiculaire, résister mieux au fluide que s'il étoit oblique: d'ailleurs la queste de l'étambot fait que tous les poids de la poupe tendent à délier le vaisseau en cette partie, ou a ouvrir l'angle que l'étambot fait avec la quille. (Z)

ETAMBRAIES, ETAMBAIES, ETAMBRAIS (Page 6:13)

ETAMBRAIES, ETAMBAIES, ETAMBRAIS, ETAMBRES, SERRES DE MATS, s. f. (Marine.) ce sont deux grosses pieces de bois qui accolent un trou rond qui est dans le tillac, par où passe le mât, afin de renforcer le tillac en cet endroit, & tenir le mât plus ferme. Voyez Marine, Planche VI. fig. 21, la forme particuliere de l'étambrai du grand mât.

Dans un vaisseau de 60 canons & de 140 piés de longueur, l'étambrai du grand mât doit avoir 5 piés de long sur 4 de large, & 6 pouces d'épais.

On met un étambrai à tous les mâts sur chaque pont du vaisseau. Voyez Marine, Planche IV. fig. 1, l'étambraie du grand mât au premier pont, n°. 205; l'étambraie du grand mât au second pont, n°. 206; l'étambraie du mât de misaine au premier pont, n°. 207; l'étambraie du mât de misaine au second pont, n°. 208; l'étambraie du mât de misaine au château d'avant, n°. 209; l'étambraie du mât de beaupré, n°. 210; l'étambraie du mât d'artimon, n°. 211.

On appelle aussi étambraie, le lieu où porte le pié du mât dans le fond du vaisseau.

Etambraies du cabestan, ce sont les ouvertures par où passent les cabestans. Voyez Cabestan.

On donne aussi le nom d'étambraie à une toile poissée qui se met autour des mâts sur le tillac, de peur que l'eau ne les pourrisse. Voyez Braies. (Z)

ETAMER (Page 6:13)

ETAMER, v. (Chimie, Arts & Métiers.) Etamer n'est autre chose qu'appliquer une lame légere d'étain sur un autre métal; ce qui est la même chose que souder. Voyez l'article Soudure. Les Chauderonniers se servent d'un alliage compoté de deux parties d'étain & d'une partie de plomb, pour étamer les ustensiles de cuisine qui sont de cuivre. Pour cet effet, on avive la piece qu'on veut étamer, c'est - à dire qu'on la racle avec un racloir ou instrument de fer tranchant, arrondi par le bout & arrêté dans un manche de bois assez long; on fait chauffer la piece après qu'elle a été avivée; on y jette de la poix - résine, &

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.