ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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ARCHITECTURE ET PARTIES QUI EN DÉPENDENT. |PREMIERE PARTIE. |PLANCHE VI. (Page 18:5:4)

PLANCHE VI.

Des bases.

Les bases n'ont été introduites aux colonnes que lors de la construction du temple de Diane à Ephèse. Les Grecs avoient employé avant cette époque leur ordre dorique sans bases: mais dans la suite ils ne tarderent pas à s'appercevoir combien cet empatement étoit né - cessaire au pié de la colonne. A juger des moulures de la base ïonique de cette Planche, la même que celle de Vignole qui la tient de Vitruve, & celui - ci de l'anti - quité, on doit reconnoître que toutes les parties de l'Architecture ont eu leur enfance, & que les moulures des bases corinthiennes & composites n'ont guere été exécutées avec un plus heureux succès, principalement lorsqu'on les compare avec celle de la base nommée at - tique mise au jour par les Athéniens; base qui a été com - posée si judicieusement, que le plus grand nombre de nos modernes l'ont employée à tous les ordres, à l'ex - ception du toscan. Cette approbation générale de la base attique, nous paroît néanmoins un abus. La base dorique de Vignole a une beauté de convenance qu'il est bon de lui conserver; aussi sa richesse progressive avec la toscane l'a - t - elle fait préférer par plusieurs de nos céle - bres architectes françois: en sorte que nous croyons que la base nommée attique doit être substituée seulement à l'ordre ïonique, & que, lorsqu'on la voudra faire servir aux ordres corinthiens & composites, comme elle seroit trop simple, on lui ajoûtera plusieurs baguettes, sans être obligé d'avoir recours à la multiplicité des scoties qu'on remarque dans les deux bases des ordres dont nous parlons. Autrement ces scoties, accompagnées ordinaire - ment de plusieurs listeaux & baguettes, produiront trop de petites parties, ainsi qu'on le peut observer dans cette Planche, dont l'échelle de la base toscane & celle de la base dorique sont divisées en douze minutes, & celles des ordres ïonique, corinthien & composite en 18.

ARCHITECTURE ET PARTIES QUI EN DÉPENDENT. |PREMIERE PARTIE. |PLANCHE VII. (Page 18:5:4)

PLANCHE VII.

Des cannelures & des chapiteaux.

On a tracé sur cette Planche, ainsi que sur la précé - dente, les cannelures des fûts des colonnes dorique, ïo - nique, corinthienne & composite, l'ordre toscan ne de - vant jamais avoir de cette espece d'enrichissement, parce que la cavité des cannelures ne convient point à la rusti - cité de cet ordre; ensorte que, lorsqu'on en veut orner la tige, on introduit des bossages qui lui ajoutent par leur relief un caractere de fermeté.

Les cannelures de l'ordre dorique sont à vive arrête, & beaucoup plus méplates que celles des autres ordres, dans le dessein d'altérer le moins possible la solidité de sa tige; mais malgré l'opinion de Vignole à cet égard, qui la tient de Vitruve, nous pensons que cette vive ar - rête non - seulement efface à l'oeil la circonférence de la colonne, mais qu'elle lui procure une légéreté apparente qui ne peut aller avec son caractere viril; caractere que le listeau qui se remarque entre chaque cannelure des au - tres ordres, lui restitueroit: aussi le plus grand nombre de nos architectes ont - ils observé ce listeau à l'ordre do - rique. Au reste, les cannelures doivent s'employer avec discrétion dans les colonnes & les pilastres. Cet enrichis - sement semble ne devoir avoir lieu que lorsque les membres principaux de l'ordre sont ornés; & dans ce cas il peut même être chargé de sculpture pour plus de magnificence, & pour procurer à l'ordonnance un plus parfait assortiment, de maniere que la base, le fût & le chapiteau ne fassent qu'un seul & même tout qui donne le ton au piédestal, à l'entablement & aux diffé - rentes parties de l'édifice.

Cette Planche, qui a pour objet d'offrir les chapi - teaux des cinq ordres avec le chapiteau ïonique moder - ne, nous porte à dire un mot en particulier de leurs dif - férentes moulures & ornemens.

Le chapiteau toscan, le plus simple de tous, est com - posé d'un tailloir a, d'une cimaise b, d'un gorgerin c, plus d'un astragal d, mais qui appartient au fût de la colonne.

Le chapiteau dorique est composé des mêmes mem - bres, mais il est plus orné de moulures; la proportion de son ordre étant moins rustique qu'au précédent, il paroît convenable que la division de ses parties soient en plus grand nombre.

Le chapiteau ïonique, couronnement de l'ordre moyen, non - seulement est aussi composé d'une plus grande quantité de moulures, mais il est enrichi d'orne - mens & de volutes qui, selon l'opinion de plusieurs his - toriens, ont été appliqués à cet ordre, d'après l'idée de la coeffure des dames de la Grece, à qui cet ordre féminin doit sa proportion, comme l'ordre dorique masculin doit la sienne à la proportion d'un homme robuste. Ce chapiteau nommé antique, differe de celui qu'on appelle moderne, en ce que ses deux parties latérales sont dissem - blables; disparité qui a fait imaginer à Scammozzy le se - cond chapiteau ïonique qui se remarque dans cette Plan - che, appellé communément le chapiteau ïonique mo - derne, & dont le plan du tailloir concave dans ses qua - tre faces autorise huit volutes angulaires; au lieu que les quatre faces rectilignes du chapiteau antique n'en peut recevoir que quatre, sçavoir, deux sur chaque face principale, & deux coussinets dans ses deux faces latéra - les, ainsi que Philibert Delorme l'a exécuté au palais des Tuileries du côté des jardins.

Le chapiteau corinthien est regardé comme le chef - d'oeuvre de Callimaque, sculpteur grec; chapiteau qui a été imité par tous nos modernes, & qui n'a guere souf - fert d'altération que par la négligence de quelques - uns de nos artistes; chapiteau enfin qui a donné naissance à l'ordre qui porte son nom, & qui est appellé par Scam - mozzy, en faveur de son élégance, ordre virginal. Ce cha - piteau est composé de huit volutes a, de deux rangs de feuilles b, & de huit caulicules c; ses feuilles s'imitent de l'Olivier ou de l'Acante, selon leur application à l'Architecture. Les chapiteaux corinthiens de l'intérieur de l'église du Val - de - grace passent pour les plus esti - més de ceux qui se voyent à Paris.

Le chapiteau composite, ouvrage des Romains, n'est autre chose que l'assemblage des feuilles du chapiteau corinthien, & des volutes du chapiteau ïonique moder - ne. Ces feuilles se font ordinairement à l'imitation du persil, & quelquefois se symbolisent, à raison de la dé - dicace du monument où on les met en oeuvre.

Il se fait encore d'autres chapiteaux qu'on appelle composés, parce qu'ils contiennent divers attributs re - latifs à la guerre, aux beaux arts, à la marine, &c. mais ces sortes de productions appartenant plûtôt à la Sculp - ture qu'à l'Architecture, ne doivent jamais faire chan - ger de nom à l'ordre, comme l'ont prétendu plusieurs de nos artistes, qui, en faveur de quelque altération qu'ils ont faite à leur chapiteau, ont donné à leurs co - lonnes ou pilastres le nom d'ordre françois, d'ordre es - pagnol, &c. comme si les ornemens constituoient l'or - dre, & non le rapport de leur tige comparé avec leur diametre inférieur.

ARCHITECTURE ET PARTIES QUI EN DÉPENDENT. |PREMIERE PARTIE. |PLANCHE VIII. (Page 18:5:4)

PLANCHE VIII.

Des entablemens.

Les entablemens sont les couronnemens des ordres; chacun d'eux doit par sa solidité, sa légéreté, sa simpli - cité ou la division de ses membres, porter le caractere de l'ordre auquel il appartient. Les cinq entablemens, tracés sur cette Planche d'après Vignole, offrent ce que nous exigeons ici. La corniche toscane est composée de trois membres principaux, sçavoir, a, b, c; la dori - que de quatre, a, b, c, d; l'ïonique, de cinq, a, b, c, d, e; la corinthienne de six, a, b, c, d, e, f; la com - posite, comme membre qui appartient à un ordre moins délicat par ses ornemens que le corinthien, n'en a que cinq, comme l'ïonique, sçavoir, a, b, c, d, e.

Nous avons déjà dit que les entablemens étoient com - posés de trois parties principales, sçavoir, l'architrave A, la frise B, l'entablement C. Les frises sont ordinai - rement des membres lisses, à l'exception de celles de l'ordre dorique, & quelquefois de la corinthienne & de la composite, où l'on introduit des bas - reliefs de scul - [p. 5:5] ture, des guirlandes, &c. Les architraves au contraire sont ornées de moulures, mais avec cette différence qu'elles sont méplates & seulement couronnées d'une ci - maise. Les plates - bandes des architraves suivent la pro - gression des membres des corniches. Par exemple, l'ar - chitrave toscan n'est composée que d'une plate - bande & d'un listeau; la dorique, de deux & d'un listeau; l'ïoni - que, de trois & d'une cimaise; la corinthienne est aussi de trois plates - bandes & d'une cimaise, mais séparées chacune d'une moulure; la composite, de deux, couron - nées d'une cimaise.

De tous ces entablemens de Vignole, le toscan, le dorique, & le corinthien méritent la préférence. Nous desirerions des modillons dans la corniche ïonique, ainsi que le propose Palladio, & moins de pesanteur & de pauvreté dans la corniche & l'architrave composites.

On appercevra par les cottes de ces entablemens le rapport que Vignole a cherché à donner à chacun d'eux; il nous suffira seulement de faire remarquer ici que l'ar - chitrave toscan est de douze minutes de hauteur, la frise, de quatorze, sa corniche, de seize, enfin la saillie, de dix - huit; progression arithmétique qui rend son procé - dé facile, & qui produit le plus grand effet, ainsi qu'on le peut voir dans la plûpart de nos édifices françois, où leurs ordonnateurs ont suivi Vignole, de préférence à tous les autres commentateurs de Vitruve; sçavoir, Har - douin Mansard, au toscan de l'orangerie de Versailles; François Mansard, au dorique du château de Maisons; Philibert Delorme, à l'ïonique du palais des Tuileries; Perrault, au corinthien du péristyle du Louvre; Le Veau, au composite du château du Rinci; autant d'apologies pour Vignole, & d'autorités pour nos jeunes architec - tes. Cependant il faut convenir que le plus grand nom - bre, lorsqu'ils ont employé l'ïonique & le composite, ont préféré les entablemens de Palladio; exemple, l'ïo - nique de la façade de Versailles, du côté des jardins, le composite du palais des Tuileries, &c.

Lorsqu'on ne peut employer les trois membres de cet entablement, quelquefois on supprime la frise, pour ne composer alors qu'une corniche architravée; mais cette licence n'est bonne à mettre en oeuvre que dans la déco - ration d'un appartement, & jamais dans les dehors, malgré l'usage inconsidéré de plusieurs de nos artistes à cet égard, un entablement mutilé ne pouvant raisonna - blement servir de couronnement à un ordre régulier, ainsi qu'on le peut remarquer dans les façades extérieures du château de Saint - Cloud, de celui de Montmorency, & ailleurs.

ARCHITECTURE ET PARTIES QUI EN DÉPENDENT. |PREMIERE PARTIE. |PLANCHE IX. (Page 18:5:5)

PLANCHE IX.

Des balustrades.

Les ordres d'Architecture, dont nous venons de par - ler, ayant donné les proportions aux piédestaux & aux entablemens, il est naturel de penser que tous les autres membres qui appartiennent à l'Architecture, doivent aussi tenir leurs proportions & leurs mesures de ces mê - mes ordres, & qu'il doit y avoir autant de chaque espece de membres qu'il y a d'especes d'ordres.

Les balustres & les balustrades, qui ordinairement se placent aux pieds des colonnes, ou qui leur servent de couronnement, doivent donc non - seulement tenir leur expression des ordres, mais être de cinq especes, pour satis faire au caractere particulier de chacun d'eux consi - déré séparément. Donnons les dimensions de leurs prin - cipaux membres, d'après les mesures de celles qui nous ont paru exécutées dans nos bâtimens avec le plus de succès, & sans avoir égard à ce que nous en avons déjà dit ailleurs.

La balustre, espece de petite colonne, a donné le nom à la balustrade, appui dont la hauteur est ordinairement réglée entre deux piés & demi, & trois piés un quart. Il n'est est pas de même des balustrades qui servent de cou - ronnement aux ordres d'Architecture; elles doivent en apparence avoir le quart de la hauteur de la colonne, & en réalité un demi - module de plus. C'est sur ces der - nieres mesures que sont dessinées les balustrades de cette Planche, ensorte que si ces balustrades de couronnement devoient servir d'appui, on supprimeroit la hauteur du socle en - dedans, comme on le voit en A: car il faut ob - server que dans tous les cas des balustrades, le balustre qui occupe la hauteur du dez B, soit égal au diametre de l'ordre, & que la tablette C soit de la hauteur du quart du balustre; ensorte que l'inégalité qu'on sera obli - gé de donner aux différentes hauteurs des balustrades, sera portée sur celle du socle D, sans jamais rien chan - ger ni aux balustres ni à sa tablette. Supposons donc ici une balustrade de couronnement, & assignons un moyen de parvenir facilement à la division de ses parties, moyen qui servira également aux balustrades d'appui, excepté pour ce qui regarde la hauteur des socles sur lesquels sera rejettée la différence qu'on est obligé de donner aux ba - lustrades, à raison de leur application dans l'art de bâtir.

Soit donnée la hauteur d'une balustrade a, b, réduite au quart de l'ordre, plus un demi - module; divisez cette hauteur a, b en neuf parties; donnez - en quatre au socle D, quatre au dez B, & une à la tablette C.

Pour trouver les dimensions du balustre, divisez c, d en cinq, & faites la hauteur du piédouche e d'une de ces parties; ensuite divisez f, g en cinq, donnez une de ces parties à la hauteur du chapiteau h; enfin divisez la hau - teur i, k, entre le piédouche & le chapiteau, encore en cinq, & donnez trois de ces divisions au col l, & deux à la hauteur de la panse m.

La largeur du col aura la moitié de la largeur de la panse, & celle - ci le tiers de la hauteur du balustre pour l'ordre corinthien, & les deux cinquiemes pour la panse du balustre toscan, les autres par une moyenne arith - métique.

A l'égard des moulures qui diviseront les principaux membres des balustres & des balustrades, elles doivent être prises dans celles des ordres auxquels appartiendra chaque balustrade. Les contours du galbe, du col & de la panse doivent aussi dépendre de l'expression plus ou moins délicate de l'ordre; autrement on parviendroit peut - être à faire un bon balustre, mais qui n'étant pas relatif à l'ordonnance dont il feroit partie, offriroit un balustre ou une balustrade toscane sur une ordonnance corinthienne, ainsi qu'on le remarque au palais des Tui - leries, ou une balustrade corinthienne sur un ordre do - rique, comme on le voit au Luxembourg.

ARCHITECTURE ET PARTIES QUI EN DÉPENDENT. |PREMIERE PARTIE. |PLANCHE X. (Page 18:5:5)

PLANCHE X.

Des portes.

La proportion des portes, c'est - à - dire le rapport de leur hauteur avec leur largeur, doit dépendre de l'ex - pression de l'ordonnance dont elles feront partie. Les anciens & la plus grande partie des architectes du der - nier siecle, d'après le sentiment de Vitruve & de Vignole, ont donné à toutes les hauteurs de leurs ouvertures le double de leur largeur. Nos modernes ont pensé que cette hauteur commune à toutes les ouvertures, ne pou - voit aller aux cinq ordres, qui chacun ont des propor - tions différentes; en conséquence ils ont conservé la hauteur du double de l'ouverture, pour les portes tos - canes, ce double & un sixieme aux portes doriques; ce double & un quart, aux ïoniques; & ce double & demi, aux corinthiennes & composites.

La forme des ouvertures est encore une chose essen - tielle à observer. Il s'en fait de quatre manieres, sçavoir, de surabaissées, comme la porte rustique; de plein ceintre, comme la porte toscane & corintmenne; de bombées, comme la porte dorique; à plates - bandes, comme la porte ïonique & la composite. Mais il faut sçavoir que de ces quatre formes d'ouvertures, le plein ceintre & la plate - bande sont les plus approuvées.

Après la proportion & la forme des portes, vient l'application de leurs ornemens. Ceux des portes rusti - ques ne doivent être que des bossages a; ceux des portes toscanes, des refends a; les portes doriques peuvent avoir des chambranles a, & être couronnées d'attique b; les portes corinthiennes peuvent avoir des amortis - semens a, & être enfermées dans une tour creuse, tel qu'on le remarque à la porte de l'hôtel de Conty, dont ce dessein est une copie; les portes corinthiennes peu - vent avoir pour enrichissement des piédroits a, des ale - tes b, des impostes c, des archivoltes d, des claveaux e,

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