Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

RECHERCHE Accueil Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page 1:620

Cela est de bonne guerre, Cela est conforme
aux lois et aux usages de la guerre. On le dit
figurément en parlant de Toutes les actions de
la vie civile où l'on prend ses avantages, sans
recourir à aucun moyen déloyal. Usez hardiment
de ce moyen, il est de bonne guerre. Ce procédé
ne me semble pas de bonne guerre.

Faire la guerre avec quelqu'un, Servir avec
lui en temps de guerre dans les armées de la
même nation, du même parti. Il a fait avec moi
la guerre de Crimée. Nous avons fait la guerre
ensemble.

Nom de guerre, Nom que prenait autrefois
un soldat en s'enrôlant, tel que La Tulipe,
Sans-Quartier, Va-de-bon-coeur,
et que, dans
certains cas, il prend encore aujourd'hui en
s'engageant. Il se dit surtout, maintenant, d'un
Nom supposé que l'on prend en littérature, au
théâtre, etc.

Prov. et fig., La guerre nourrit la guerre, Ce
qu'on prend sur les ennemis sert à entretenir
les armées.

Prov. et fig., À la guerre comme à la guerre,
Il faut s'accommoder au temps, aux circonstances,
quelque fâcheuses qu'elles puissent
être.

Guerre à.... Ellipse pour Faites la guerre,
faisons la guerre à... Guerre aux tyrans! Guerre
à l'envahisseur!
Il se dit, par extension, tant
au propre qu'au figuré, de Toute espèce de
débat, de démêlé, d'attaque, de lutte. Cet
homme est toujours en guerre avec ses voisins.
Déclarer, faire la guerre aux abus, aux préjugés,
aux vices. Une guerre de plume. Guerre
économique. Guerre de tarifs.

Prov. et fig., Qui terre a guerre a, Qui a du
bien est sujet à avoir des procès.

Être en guerre ouverte avec quelqu'un, Être
avec lui sur le pied d'ennemi déclaré.

Fig. et fam., Faire la guerre à quelqu'un, Lui
faire constamment des réprimandes, des observations
sur quelque chose. Faire la guerre à
quelqu'un sur son étourderie, sur son imprudence,
sur le laisser aller de ses manières, sur la négligence
de sa tenue.

Fig. et fam., Faire la guerre aux mots, Critiquer
minutieusement le style et les mots dans
un écrit.

Fig. et fam., Faire la guerre au couteau,
Employer tous les moyens pour triompher de
l'adversaire.

Fig. et fam., Faire quelque chose de guerre
lasse,
Le faire après avoir longtemps résisté.
Je lui ai cédé de guerre lasse. Il s'est longtemps
refusé à cet arrangement; enfin, de guerre lasse,
il y a consenti.

Il se dit aussi en parlant des Bêtes qui en
attaquent d'autres pour en faire leur proie.
Le loup fait la guerre aux brebis. Le renard fait
la guerre aux poules.

GUERRIER, IÈRE. adj. Qui a rapport à la
guerre. Actions guerrières. Travaux guerriers.
Exploits guerriers.

Il signifie aussi Qui est porté, qui est propre
à la guerre. Humeur guerrière. Nation guerrière.
Courage guerrier. Une âme guerrière.

Avoir l'air guerrier, la mine guerrière, Avoir
l'air, le maintien, la contenance d'un homme
de guerre.

Il s'emploie aussi comme nom et signifie
Celui qui fait la guerre et qui s'y plaît. C'est
un grand guerrier. Les plus fameux guerriers.

On l'emploie de même quelquefois au féminin.
Une guerrière.

Il s'est dit, dans le style soutenu, pour Soldat.
Il rassembla autour de lui ses guerriers.

GUERROYER. v. intr. Passer son temps à
faire des opérations de guerre plus nombreuses
que méthodiques et sans grande envergure.
Louis le Gros passa son règne à guerroyer contre
les seigneurs.
Fig., Cet écrivain s'attacha à guerroyer
contre les vices, contre les ridicules. Il se
mit à guerroyer contre tous ses contemporains.

GUET. n. m. Action de guetter. Être au
guet. Avoir l'oeil au guet, l'oreille au guet. Faire

le guet. Ce chien aboie à propos, il est de très bon
guet.

Il se disait particulièrement de la Surveillance
qu'on exerçait, pendant la nuit, dans une
place de guerre pour prévenir les surprises de
l'ennemi, ou dans une ville quelconque pour
maintenir le bon ordre, etc. Dans cette ville,
ce sont les bourgeois qui font le guet. Être chargé
du guet.

Il se disait aussi de la Troupe chargée de
faire le guet ou la ronde pendant la nuit. Guet
à pied. Guet à cheval. Le guet vient de passer.

GUET-APENS. (On prononce Guétapan au
singulier comme au pluriel.) n. m. Piège tendu
pour y faire tomber quelqu'un qu'on veut tenir
à sa merci. Ce n'est point une rencontre ni un
duel, c'est un guet-apens. On l'a attiré dans un
guet-apens.

Il se dit, figurément, de Tout dessein prémédité
de nuire. On prit le temps de son
absence pour faire juger son procès : c'est un
guet-apens, un vrai guet-apens. Des guets-apens.

GUÊTRE. n. f. Enveloppe de drap, de toile,
de cuir, qui sert à recouvrir le haut de la chaussure
et souvent aussi le bas de la jambe. Guêtre
de chasse. Porter des guêtres. Boutonner ses
guêtres.

GUÊTRER. v. tr. Chausser de guêtres. Il est
bien, il est mal guêtré. Se guêtrer.
Ironiquement,
Vous voilà bien guêtré!

GUETTER. v. tr. Épier, observer à dessein
de surprendre. Les assassins le guettaient. Des
gendarmes le guettent. On sait tous les endroits
où il va, on le guette. On le prit sur le fait, car
on le guettait. Le chat guette la souris.

Il signifie, figurément et familièrement,
Attendre quelqu'un à un endroit où il ne croit
pas qu'on le cherche, ou L'attendre simplement
à un endroit où il doit passer. Guetter
quelqu'un pour lui remettre une lettre. Il guettait
son débiteur pour lui réclamer de l'argent.

Fig., La mort le guette. La maladie le guette.

Guetter l'occasion de faire une chose, Se tenir
prêt à saisir l'occasion de faire une chose. On
dit de même Guetter le moment, l'instant favorable,
etc.

GUETTEUR. n. m. T. de Marine. Celui qui
est placé dans un phare, dans un sémaphore,
pour signaler les bâtiments en vue, pour recevoir
leurs signaux et y répondre.

Il se disait anciennement d'un Homme qui
se tenait dans le beffroi d'une ville, pour
annoncer par le son d'une cloche l'arrivée
d'une troupe ennemie, un incendie, etc.

On le dit aussi dans un sens analogue, en
termes de Guerre, des Soldats chargés de veiller
dans la tranchée ou dans un poste d'écoute.

GUEULARD, ARDE. n. Celui, celle qui
pousse la gourmandise à l'excès.

Il se dit aussi de Celui, de celle qui a l'habitude
de parler beaucoup haut et fort. Il est
populaire dans les deux sens.

Par analogie, GUEULARD se dit, en termes
de Métallurgie, de l'Ouverture d'un haut
fourneau par laquelle on entonne le charbon et
le minerai; en termes de Ponts et Chaussées,
de la Bouche d'un égout et aussi, en termes de
Marine, d'un Porte-voix puissant.

Il s'emploie comme adjectif en termes de
Manège. Cheval gueulard, Qui tient la gueule
ouverte pour ne pas recevoir le mors.

GUEULE. n. f. La bouche chez les animaux
carnassiers, chez certains autres quadrupèdes,
chez certains poissons et certains gros reptiles.
La gueule d'un chien, d'un loup, d'un lion, d'un
crocodile, d'un requin, d'un brochet, etc. Gueule
béante. Le lion emportait sa proie dans sa
gueule. Il avait la gueule ouverte pour l'engloutir.

Fig. et fam., Mettre, laisser quelqu'un à la
gueule du loup,
Exposer, abandonner quelqu'un
à un péril certain. Venir se mettre, se
jeter dans la gueule du loup,
Se livrer soi-même
à l'ennemi, au danger dont on est menacé.

Il se dit, populairement et pur mépris, en
parlant des Personnes, Il a une vilaine gueule,
une gueule d'apache. Il en a menti par la gueule,
par sa gueule.

On dit quelquefois GUEULE au lieu BOUCHE
dans l'expression Venir la bouche enfarinée.

Pop., Donner sur la gueule à quelqu'un, Lui
donner un soufflet, lui donner un coup de
poing sur le visage. Casser la gueule, Tuer. Se
faire casser la gueule,
Se faire tuer.

Pop., Être fort en gueule, Parler beaucoup et
en langage trivial.

Fig. et pop., Il a la gueule ferrée, c'est une
gueule ferrée,
se dit de Quelqu'un qui a souvent
l'injure à la bouche. On le dit aussi de Celui qui
mange avidement des mets très chauds. Dans
ce dernier sens, on dit également Avoir la
gueule pavée.

Fig. et fam., Gueule fraîche se dit d'une
Personne de bon appétit et toujours prête à
manger.

Fig. et bassement, Mots de gueule, Paroles
brutales, vertes, populacières.

Fig. et bassement, Avoir la gueule de bois,
Avoir la bouche sèche, à la suite d'un excès de
boisson.

Fine gueule se dit d'un Gourmet.

GUEULE se dit encore, par analogie, de
l'Ouverture de certains objets. La gueule d'un
four. La gueule d'une cruche. La gueule d'un
sac. Charger un canon jusqu'à la gueule.

En termes de Botanique, Fleur, corolle en
gueule,
se dit quelquefois d'une Fleur, d'une
corolle labiée. Gueule-de-loup, Un des noms
vulgaires d'un genre de plantes de la famille
des Personnées appelé Muflier.

GUEULÉE. n. f. Grosse bouchée. Voyez
GOULÉE.

GUEULER. v. intr. Parler fort haut, en
criant, très haut et très fort, avec trivialité.
Qu'avez-vous à gueuler toujours pour rien? On
l'entend gueuler après tout le monde.
Il est très
familier.

Il se dit transitivement, en termes de Chasse,
d'un Lévrier qui saisit bien le lièvre avec sa
gueule. Ce chien gueule très bien son lièvre.

GUEULES. n. m. T. de Blason. La couleur
rouge. Dans la gravure, le gueules se marque
par une suite de lignes parallèles et verticales. Il
porte de gueules à la bande d'or.

GUEULETON. n. m. Repas intime, gai et
copieux, partie de table. Il est familier.

GUEUSAILLE. n. f. Troupe de gueux. Voilà
bien de la gueusaille. Chassez cette gueusaille.
Ce n'est que de la gueusaille.
Il est populaire.

GUEUSE. n. f. T. d'Arts. Bloc de fer fondu
qu'on coule dans le sable au sortir du four.

Il se dit aussi d'un Moule pratiqué dans le
sable pour recevoir le bloc en fusion.

En termes de Marine, il se dit d'un Morceau
de fonte de fer destiné à lester un navire.

Il se dit aussi d'une Masse de fer qu'on soulève
pour éprouver sa force musculaire.

GUEUSER. v. intr. Faire métier de gueux.
Il s'est mis à gueuser.

Il est quelquefois transitif et signifie Mendier
quelque chose. Gueuser son pain. Fig.,
Gueuser une pension, une place, des louanges.
Il est très familier.

GUEUSERIE. n. f. Métier de gueux, action
de coquin. Il y a beaucoup de gueuserie dans ce
pays, il a fait là une gueuserie.

GUEUX, EUSE. n. Indigent, nécessiteux, qui
mendie de façon à s'attirer le mépris. On a
beau leur venir en aide, ces gens-là sont toujours
gueux. Mener une vie de gueux. Un gueux de
profession.

Par extension, il signifie Coquin, fripon. Ne
vous fiez pas à lui, c'est un gueux fieffé.

Dans cet emploi, GUEUSE se dit d'une Femme
de mauvaise vie. Courir la gueuse.

GUEUX s'emploie aussi comme adjectif et
signifie Qui est indigent, nécessiteux. C'est une
famille fort gueuse.

Next page


PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.