Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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H, s'aspire au commencement des autres mots français qui viennent des mots latins sans H, comme dans ces mots: Hache, haut, hérisson, huit, huppe.

Dans tous les mots qui ne viennent point du latin, H initial s'aspire et se prononce, comme: Hâbler, hanter, hanche, honte, hâter, hâtif, haricot, haïr, haie, hardi, hasard, harangue, happer, hallebarde, hâle, etc.

H initial aspiré empêche l'élision des voyelles, ou la liaison des consonnes avec la voyelle qui le suit. Ainsi, on écrit et on prononce, Le hasard, la haine, etc. Dans Belle harangue, j'aurais honte, quel hasard, les mots Belle, j'aurais, quel, se prononcent comme s'ils terminaient une phrase.

Devant les mots féminins qui commencent par un H aspiré, l'adjectif possessif ne prend jamais la forme du masculin. Ainsi, on dit: Ma haine, ta honte, ta hauteur.

H, placé au milieu d'un mot, entre deux voyelles, est ordinairement aspiré, comme dans ces mots: Aheurter, cohue, cohorte.

Quand H est après un T ou une R, ce qui n'arrive que dans les mots tirés du grec ou de quelque autre langue, cette lettre n'a aucun son particulier. Ainsi, Théologie, Athènes, Démosthène, Bithynie, Thrace, gothique, rhéteur, rhume, rhythme, etc., se prononcent comme s'ils étaient écrits, Téologie, Atènes, Trace, rytme, etc.

Quand H est après un C, dans les mots pris du grec, de l'hébreu ou de l'arabe, C et H ensemble se prononcent ordinairement comme un K. Ainsi, Achéloüs, Achmet, archange, archiépiscopal, catéchumène, Chersonèse, Melchisédech, Chalcédoine, Chaldéen, chaos, eucharistie, chiromancie, chrétien, se prononcent comme s'ils étaient écrits, Akéloüs, arkiépiscopal, arkange, Kersonèse, Melkisédec, kaos, krétien, etc.

L'usage a excepté de cette règle les mots suivants: Achille, Chypre, Achéron, chérif, chérubin, archevêque, chimie, chirurgie, archiduc, architecte, Michel, où CH se prononce à peu près comme le J fortement articulé. Dans Michel-Ange, on prononce Mikel.

Dans tous les mots purement français, ou qui ne viennent que du latin, C et H ensemble se prononcent toujours comme l'articulation forte du J. Exemples: Chose, chercher, choir, chute, cher, chair, charité, chétif, vache, cacher, rocher, cocher, etc.

Quand H se trouve après un P dans les mots d'origine grecque ou hébraïque, ces deux lettres ensemble se prononcent comme un F: Séraphin, Japhet, Joseph, Philippe, Phalaris, physique, philosophie, sphinx, etc.; prononcez Sérafin, Josef, etc.

HA (H s'aspire.) Interjection de surprise, d'étonnement. Ha! vous voilà! Ha! ha! Il se confond quelquefois avec l'interjection Ah!

HABILE. adj. des deux genres Capable, intelligent, adroit, savant. C'est un homme extrêmement habile. C'est un habile homme. C'est une habile femme. Être habile à profiter de ses avantages. Un homme habile dans les affaires, habile dans son métier. Il est habile en toutes choses. J'ai fait choix d'un habile avocat. Les plus habiles médecins furent appelés. Un habile général. Un habile ouvrier. Cet artiste est habile à manier le ciseau. C'est un habile peintre, un habile musicien, un habile horloger. Les plus habiles s'y trompent. On le dit quelquefois en mauvaise part. Être habile à tromper. C'est un habile fripon.

Il se dit populairement pour Diligent, expéditif. Ce copiste est habile, il aura bientôt écrit ce mémoire.

HABILE en termes de Jurisprudence, signifie, Qui est capable ou qui a droit de faire une chose. Être habile à contracter mariage. Être habile à succéder. Être habile à se porter héritier.

Fig. et fam., Être habile à succéder, Être vif et alerte pour ses intérêts.

HABILEMENT adv. D'une manière habile, avec adresse, avec intelligence, avec diligence, avec esprit. Manier habilement le pinceau. Il a fait cela fort habilement. Il s'est tiré habilement d'affaire. Il démêle habilement le vrai du faux. Des négociations habilement conduites.

HABILETÉ s. f. Qualité de celui qui est habile; capacité, intelligence. Cet artiste est d'une grande habileté. Il a beaucoup d'habileté. Il a déployé beaucoup d'habileté dans cette affaire. Avec toute son habileté, il a été pris pour dupe. Cet homme a plus d'adresse que d'habileté.

HABILITÉ s. f. Aptitude. Il n'est guère d'usage qu'en termes de Jurisprudence et dans cette locution, Habilité à succéder.

HABILITER v. a. T. de Jurispr. Rendre quelqu'un capable de faire une chose, lever les obstacles qui l'en empêchaient. Habiliter un mineur à contracter, une femme à ester en justice, etc.

HABILITÉ, ÉE. participe

HABILLAGE s. m. (On mouille les L.) T. de Rôtisseur. Préparation des volailles ou du gibier pour les mettre en broche. J'ai payé tant pour l'habillage de ces perdrix.

HABILLEMENT s. m. (On mouille les L.) Vêtement, habit, tout ce dont on est vêtu. Habillement de goût. Magnifique habillement. Les diverses parties de l'habillement.

Habillement de tête, Casque, armure de tête. Dans ce sens, il est vieux.

HABILLEMENT se dit quelquefois, surtout en termes d'Administration, de L'action d'habiller, de pourvoir d'habits. Fabriquer du drap pour l'habillement des troupes. Capitaine d'habillement. Dépenses d'habillement. L'habillement des élèves d'un collége.

HABILLER v. a. (On mouille les L.) Vêtir quelqu'un, lui mettre des habits. Habiller un enfant. Un valet de chambre qui habille son maître. Il n'est pas encore achevé d'habiller. Cette dernière phrase se dit également D'une personne qui met elle-même ses habits.

Fig. et fam., Habiller quelqu'un de toutes pièces, Lui faire un mauvais parti, le maltraiter; ou En dire beaucoup de mal. Dans cette compagnie, on l'a habillé de toutes pièces.

HABILLER signifie aussi, Donner, faire faire des habits à quelqu'un. Habiller les pauvres. Habiller sa livrée. Habiller des troupes.

Il signifie également, Faire des habits à quelqu'un. C'est tel tailleur qui l'habille. Absolument, Ce tailleur habille bien.

Il se dit, dans un sens analogue, en parlant De la manière dont un peintre ou un sculpteur drape et revêt les figures. Ce peintre, ce sculpteur ne sait pas habiller ses figures. Habiller bien ses figures.

Il signifie figurément, Donner un certain caractère à un personnage; et, dans cette acception, il se dit ordinairement en mauvaise part. Ce poëte habille à la française les héros de l'antiquité. On dit dans un sens analogue, Ce traducteur a habillé Démosthène à la française, à la moderne.

HABILLER se dit encore De l'effet que font les habits lorsqu'on les a sur soi. Cette redingote vous habille bien. Cette robe l'habille à ravir.

Absol., Cette étoffe habille bien, Elle est souple et maniable, et elle prend bien les formes.

HABILLER signifie quelquefois, par extension, Couvrir, envelopper. Il faut habiller de ronces le tronc de cet arbre, pour que les passants ne l'endommagent pas. Ses vers iront chez l'épicier habiller le sucre et la cannelle. Ce sens est ordinairement familier.

Il se dit, figurément, dans un sens analogue. Habiller une pensée en vers, La mettre en vers.

Habiller un conte, Couvrir, par la manière de conter, ce qu'il peut y avoir d'indécent dans le fond. Le sujet de ce conte est un peu libre, mais il est habillé de manière à ne choquer personne.

HABILLER se dit en parlant De certains animaux qu'on écorche et qu'on vide pour les mettre en état de pouvoir être accommodés à la cuisine. Habiller un veau, un mouton, un lapin. On dit de même, Habiller du poisson, de la volaille, etc.

HABILLER avec le pronom personnel, signifie, Mettre des habits, se vêtir. Je le trouvai qui s'habillait. On ne lui donna pas le temps de s'habiller. Le prêtre s'habille pour aller à l'autel.

Il signifie quelquefois, Se pourvoir d'habits. Il s'est habillé tout de neuf. S'habiller à la friperie.

Il se dit aussi en parlant De la manière dont une personne s'habille, du goût qu'elle met dans le choix et l'arrangement de ses habits. Cet homme ne sait pas s'habiller. S'habiller de blanc, de bleu, etc. Elle s'habille toujours avec goût.

HABILLÉ, ÉE. participe Bien habillé, mal habillé. Un homme habillé de noir.

Habit habillé, Habit d'homme que l'on met en grande toilette.

HABIT s. m. Vêtement, ce qui est fait pour couvrir le corps. Il se dit principalement de Ce qui est l'ouvrage du tailleur ou de la couturière, et s'emploie souvent au pluriel en parlant d'Un habillement complet. Habit d'homme. Habit de femme. Habit décent. Habit modeste. Être en habit décent. Habit d'été. Habit d'hiver. Habit léger. Habit du matin. Habit habillé. Habit de campagne. Habit de ville. Habit de chasse. Habit de cheval. Habit complet. Habit neuf. Habit vieux. Vieux habit. Vieil habit. Habit à la mode, à la vieille mode. Habit de deuil.

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