ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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teurs en un volume, & les mit en ordre; ce qui a été
appellé depuis edictum perpetuum, & jus honorarium.
Le préteur avoit coutume d'exprimer toute l'étendue
de sa jurisdiction par ces trois mots: do, dico &
abdico. Le premier signifioit qu'il avoit le pouvoir de
donner des juges, de donner la possession des biens,
d'accorder la revendication, &c. Le second, qu'il
avoit droit de prononcer souverainement sur toutes
les affaires des particuliers. Le troisieme, de faire exécuter
tous ses jugemens.
Il donnoit audience aux parties, soit assis sur son
tribunal, soit debout, de plano. Il jugeoit tantôt per
decretum, & tantôt per libellum dans les affaires peu
importantes. Au reste, il ne donnoit audience que
dans les jours appellés fasti (à fando), parce qu'il
n'y avoit que ces jours - là que le préteur pouvoit prononcer
les trois mots que j'ai marqués ci - dessus.
Voilà les usages qu'on suivit tant que la république
fut libre. Mais sous les derniers empereurs, les préteurs se virent dépouillés de toutes leurs anciennes
fonctions, & réduits à l'intendance des spectacles; ce
qui fait que Boece, parlant des préteurs de son tems,
appelle la préture un vain nom, & une charge inutile.
En effet, les préfets du prétoire, qui étoient des
officiers de l'empereur, avoient usurpé toutes les
fonctions des préteurs de ville, parce que le pouvoir
du peuple étoit passé entierement aux empereurs.
Le nom de préteur vient du latin proetendere, c'est - à - dire marcher devant, à cause de la supériorité de
sa jurisdiction. On peut consulter sur cette charge,
Sigonius, Juste - Liple, Gravina, & Perizonius, dans
sa dissertation de proetorio. Voyez aussi Préture. (Le
Chevalier de Jaucourt.)
Préteur
Préteur, droit du, (Jurisp. rom.) jus proetorium,
c'est une partie considérable du Droit romain, laquelle
tire son origine des édits annuels que publioit
chaque préteur, ou magistrat revêtu d'une jurisdiction
civile, pour une année seulement. Ces édits par lesquels
le préteur expliquoit, corrigeoit ou suppléoit
ce qu'il trouvoit obscur & défectueux dans le Droit
écrit, où les coûtumes reçues ne pouvoient que varier
beaucoup; & ils n'eurent force de loi que par
l'usage, jusqu'à ce que Salvius Julianus en composa,
par ordre de l'empereur Adrien, un édit perpétuel,
qui depuis eut la même autorité que les autres parties
du Droit romain, dont il demeura néanmoins
distingué, & par ses effets, & par le nom de droit du
préteur, opposé au Droit civil: on entendoit par droit
civil, 1°. les lois proprement ainsi nommées, qui
avoient été établies sur la proposition de quelques
magistrats du corps du sénat; 2°. les plébiscites ou
ordonnances du peuple, faites sur la proposition
des magistrats, qu'il choisissoit lui - même de son ordre;
3°. les senatus - consultes ou arrêts du sénat seul;
4°. les décisions des jurisconsultes, autorisées par la
coûtume, qui par elle - même avoit aussi force de loi;
5°. enfin les constitutions des empereurs. On peut
voir sur le droit du préteur Mrs Noodt, Sculting, &
Averani. (D. J.)
PRÊTEUR
PRÊTEUR, s. m. celui qui prête son argent, ses marchandises. Les prêteurs sur gages sont regardés comme
des usuriers.
PRÉTEXTE
PRÉTEXTE, s. m. PRÉTEXTER, (Gramm.)
faux motif dont on couvre une raison qu'il est honteux
ou dangereux d'avouer. On dit le prétexte de la
guerre; le prétexte de sa haine; le prétexte de ses injures.
Il n'attend qu'un prétexte pour me perdre: c'est
un voyage prétexté: il a prétexté une maladie.
Prétexte
Prétexte, f. f. (Littérat.) proetexta ou proetexta
toga, espece de tunique ou de robe blanche des Romains, qui avoit tout - autour un petit bordé de pourpre,
selon la remarque de Varron, qui la distingue
ainsi des autres robes; proetexta toga, est alba purpureo
limbo. Les enfans de qualité prenoient la prétexte à
un certain âge, & c'étoit alors une grande fête dans
la famille, parce que cette robe ouvroit la porte des
assemblées publiques, des délibérations, & même
du sénat.
C'étoit encore un habit de dignité, que les magistrats,
les augures, les prêtres, les préteurs, les sénateurs
portoient certains jours de solemnité; mais le
préteur la quittoit quand il s'agissoit de prononcer
un jugement de condamnation contre quelqu'un.
Voyez Baïfius & autres auteurs, de re vestiaria Romanorum. (D. J.)
PRETINTAILLES
PRETINTAILLES, s. f. (Modes.) les falbalas, les
franges, les agrémens que l'on met aux jupons des
femmes & à leurs robes.
PRÉTOIRE
PRÉTOIRE, s. m. (Hist. anc.) étoit chez les
Romains le lieu, le palais où demeuroit le préteur
de la province, & où les magistrats rendoient la justice
au peuple. Voyez Préteur.
Il y avoit un prétoire dans toutes les villes de l'empire
romain. L'Ecriture fait mention de celui de Jérusalem sous le nom de salle de jugement: on voit les
restes d'un prétoire à Nîmes en Languedoc.
Prétoire étoit aussi la tente ou le pavillon du général
de l'armée romaine, où se tenoit le conseil de
guerre. Voyez Tente & Pavillon.
Du tems d'Auguste, la tente de l'empereur dans
le camp s'appelloit pretorium augustale. Prétoire étoit
aussi une place à Rome où les gardes prétoriennes
étoient logées. On croit que le prétoire étoit proprement
le tribunal du préfet du prétoire, ou une salle
d'audience destinée à rendre la justice dans le palais
des empereurs. Voyez Préfet.
On appuie cette opinion sur l'épître de S. Paul
aux Philippiens, & on croit que le lieu appellé prétoire, a donné le nom aux gardes prétoriennes, parce
qu'elles s'y assembloient pour la sureté & la garde
des empereurs. D'autres croient que le prétoire n'étoit
ni un tribunal, ni une salle de justice, mais seulement
la maison de la garde impériale.
Perizonius a fait une dissertation, pour prouver
que le prétoire n'étoit pas une cour de justice au tems
de saint Paul, mais seulement le camp ou la place
où les soldats étoient logés; & il ajoute que le nom
de prétoire n'a été donné aux lieux où la justice se
rendoit que long - tems après, quand l'office de préfet
du prétoire fut changé en charge civile.
PRÉTORIENNE, cohorte
PRÉTORIENNE, cohorte, (Art militaire des
Romains.) c'étoit une cohorte attachée à la personne
du général de l'armée, & qui portoit toujours ce
nom, quand même c'étoit un dictateur ou un consul
qui commandoit. Scipion l'Africain fut le premier
qui institua cette cohorte, & qui en forma une
de l'élite de ses troupes, pour se tenir toujours auprès
de sa personne durant la guerre. Cette cohorte
étoit dispensée de bien des fonctions militaires, &
avoit la paie beaucoup plus forte que les autres;
son nom de prétorienne venoit de ce que c'étoit anciennement
un préteur qui avoit le commandement
de l'armée, & de ce que la tente du général s'appelloit
proetorium. (D. J.)
PRÊTRES
PRÊTRES, s. m. pl. (Religion & Politique.) on
désigne sous ce nom tous ceux qui remplissent les
fonctions des cultes religieux établis chez les différens
peuples de la terre.
Le culte extérieur suppose des cérémonies, dont
le but est de frapper les sens des hommes, & de leur
imprimer de la vénération pour la divinité à qui ils
rendent leurs hommages. Voyez Culte. La superstition
ayant multiplié les cérémonies des différens
cultes, les personnes destinées à les remplir ne tarderent
point à former un ordre séparé, qui fut uniquement
destiné au service des autels; on crut que
ceux qui étoient chargés de soins si importans se devoient
tout entiers à la divinité; dès - lors ils parta<pb->
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