Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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sens, Quand la fête sera venue, nous la chômerons; ou Il sera assez à temps de chômer la fête quand elle sera venue.

FÊTE se dit aussi Des réjouissances publiques qui se font en certaines occasions extraordinaires; et, dans ce sens, on l'emploie souvent au pluriel. Les fêtes du mariage de ce prince, les fêtes qui eurent lieu à l'occasion de son mariage. Les fêtes données à l'occasion de la paix. On lui fit, on lui donna de très-belles fêtes, à son passage dans telle ville. Une fête brillante. La pompe des fêtes. Les fêtes ont duré trois jours. Une fête de village. Il vint beaucoup de monde à la fête. Un feu d'artifice termina la fête.

Il se dit également Des réjouissances qui se font dans des assemblées particulières. Je suis demain d'une grande fête. Vous serez tous de la fête. On leur donne demain une grande fête. Fête de famille. C'est un homme que l'on se dispute, il n'y a point de bonne fête, il n'y a pas de fête sans lui.

Fig. et fam., Il ne se vit jamais à telle fête, à pareille fête, se dit D'un homme à qui il est arrivé quelque aventure extraordinaire et surprenante.

Les garçons de la fête, se dit, chez le peuple, Des jeunes garçons, parents ou amis des mariés, qui se parent pour danser et faire les honneurs de la fête. Paré comme un des garçons de la fête.

Prov., Il n'y a pas de bonne fête sans lendemain, se dit Lorsque, après s'être diverti un jour, on propose de se divertir encore le jour suivant.

Prov., Il n'est pas tous les jours fête, On ne se réjouit pas tous les jours, on ne fait pas tous les jours bonne chère; on n'a pas tous les jours le même bonheur, le même avantage.

Troubler la fête, Troubler la joie, les plaisirs d'une réunion publique ou particulière. Aucun accident n'a troublé la fête. Ils se sont querellés dans le bal, cela a troublé la fête. On appelle, substantivement et familièrement, Trouble-fête, Un importun, un indiscret qui vient interrompre la joie, les plaisirs d'une réunion publique ou particulière; ou Une chose, un événement qui produit le même effet.

Fam., Faire fête d'une chose à quelqu'un, La lui faire espérer. Se faire une fête de quelque chose, S'en promettre beaucoup d'amusement, de plaisir, de joie. Il se faisait une fête de vous recevoir chez lui.

Fam., Faire fête à quelqu'un, Lui faire un accueil empressé.

Fig. et fam., Se faire de fête, S'entremettre de quelque affaire, et vouloir s'y rendre nécessaire, sans y avoir été appelé. C'est un homme qui s'empresse, qui se fait de fête. Je n'aime pas à me faire de fête.

FÊTER. v. a. Chômer, célébrer une fête. On fête aujourd'hui tel saint.

Fam., Fêter quelqu'un, Célébrer la fête de quelqu'un, ou Lui donner une fête, des fêtes. Demain nous voulons le fêter. On l'a bien fêté dans telle ville. Il signifie, au figuré, Accueillir quelqu'un avec empressement. Quand il se présenta dans cette compagnie, tout le monde le fêta.

Prov. et fig., C'est un saint qu'on ne fête point, C'est un homme qui n'a ni crédit ni autorité. On dit de même, C'est un saint qu'on ne fête plus, en parlant D'un homme qui a perdu sa place et son crédit.

FÊTÉ, ÉE. participe Saint fêté. Fête fêtée.

Il se dit, figurément, D'une personne qui est bien reçue partout, à laquelle on fait beaucoup d'accueil. C'est un homme bien fêté. Elle est fêtée partout.

FETFA. s. m. Terme de Relation, qui signifie, Un mandement du muphti, fort respecté, même du Grand Seigneur.

FÉTICHE. s. m. Nom qu'on donne aux objets du culte superstitieux des nègres. Dans la Nigritie, chaque tribu, chaque famille, chaque personne se choisit un fétiche, c'est-à-dire, une divinité tutélaire, parmi les arbres, les pierres, les animaux, etc. Porter un fétiche au cou. Le culte des fétiches.

Il se dit quelquefois adjectivement. Les dieux fétiches. Les divinités fétiches.

FÉTICHISME. s. m. Culte des fétiches. Ce peuple en est encore aux superstitions du fétichisme.

FÉTIDE. adj. des deux genres Qui a une odeur forte et très-désagréable. Des émanations fétides. Huile fétide. On dit aussi, Odeur fétide.

FÉTIDITÉ. s. f. Qualité de ce qui est fétide, puant. Une fétidité insupportable. La fétidité d'une odeur.

FÉTOYER. v. a. (Il se conjugue comme Employer.) Bien recevoir quelqu'un, le bien traiter, lui faire bonne chère. Fétoyer ses amis. Il est familier.

FÉTOYÉ, ÉE. participe

FÉTU. s. m. Brin de paille. Ramasser un fétu.

Prov. et par exagérat., Je n'en donnerais pas un fétu, cela ne vaut pas un fétu, se dit D'une chose dont on ne fait nul cas.

Fam., Tirer au court fétu, Tirer au sort avec plusieurs fétus, dont il y en a un plus court que les autres. Il restait tant à partager, on a tiré au court fétu à qui l'aurait. Cette phrase a vieilli: on dit aujourd'hui, Tirer à la courte paille.

Fig. et pop., Un cogne-fétu, Un homme qui se fatigue beaucoup à ne rien faire. On dit de même, Il ressemble à Cogne-fétu, il se tue et ne fait rien.

En Hist. nat., Fétu-en-cul, Oiseau de la grosseur d'un pigeon, dont la queue a deux longues plumes étroites. On lui donne plus communément le nom de Paille-en-cul ou en-queue, et celui d'Oiseau des tropiques, parce qu'il ne se trouve qu'entre les deux tropiques. Le fétu-en-cul vole fort loin des terres et très-haut.

FEU. s. m. Fluide impondérable, formé de lumière et de chaleur, qui chauffe, brûle, calcine, amollit, rougit, etc., les corps exposés à son action. Les anciens regardaient le feu comme un des quatre éléments. Le culte du feu. Les adorateurs du feu. La nature, les propriétés du feu. Un feu subtil. Le feu est répandu dans toute la nature. L'action du feu sur un corps. Le feu volatilise l'eau. Faire sortir du feu d'un caillou. Une colonne de feu guidait les Israélites dans le désert, pendant la nuit. Un globe de feu parut dans les airs. Une pluie de feu. Il vit son nom tracé sur la muraille en caractères de feu. Le feu des volcans. Un feu souterrain. On le met quelquefois au pluriel. La montagne vomissait des feux. Des feux souterrains.

Les feux de l'été, Les chaleurs excessives de l'été. On dit de même, Les feux du soleil, les feux de la canicule, etc.

Prov. et fig., C'est le feu et l'eau, se dit De deux choses tout à fait contraires, de deux personnes qui ont de l'aversion l'une pour l'autre, ou qui sont d'opinions, de caractères fort opposés.

Fig. et fam., Faire feu des quatre pieds, Employer tous ses efforts pour réussir en quelque affaire.

Fig., Le feu lui sort par les yeux, Ses yeux sont étincelants de colère.

Fig. et pop., N'y voir que du feu, Être tellement ébloui, qu'on n'y voit rien. Cela signifie aussi, Ne rien comprendre à quelque chose.

FEU se dit particulièrement Du feu considéré comme agent de destruction. Le feu est à tel endroit. On a mis le feu à cette maison. Le feu d'un incendie. Le feu avait couvé durant plusieurs jours. Le feu a pris à ce lambris. Le feu a gagné le plancher, a gagné le toit. La ville était toute en feu. Crier au feu. Courir au feu. Éteindre le feu. Arrêter les progrès du feu. Se rendre maître du feu. Le feu a tout consumé, tout anéanti, tout dévoré. Les ravages du feu. Cette meule de foin prit feu d'elle-même. Le feu se mit à sa robe, dans ses cheveux.

Mettre le feu à un canon, Mettre le feu à l'amorce d'un canon chargé.

Prov., On y court comme au feu, se dit Des spectacles, et, en général, de tout ce qui attire un grand concours de monde.

Prov. et fig., Le feu est à telle marchandise, On la recherche avec empressement. Cette phrase vieillit.

Fig., Mettre un pays à feu et à sang, Exercer, dans ce pays, toutes les cruautés, toutes les inhumanités de la guerre.

Fig. et fam., Il se jetterait dans le feu pour lui, Il ferait tout pour lui prouver son affection, son dévouement.

Fig. et fam., Mettre le feu aux poudres, Exciter la haine, la discorde, la sédition, par ses discours, par ses conseils. Mettre le feu aux étoupes, Déterminer tout à coup un mouvement impétueux, une passion, comme la colère, un amour violent, etc. On dit dans un sens analogue, Le feu prend aux poudres, aux étoupes.

Fig. et fam., Prendre feu, S'émouvoir, s'enflammer, s'irriter. Vous prenez feu bien aisément. C'est un homme qui prend feu tout de suite, qui prend feu sur les moindres choses.

Fig. et fam., Jeter feu et flamme, Se livrer à de grands emportements de colère. Jeter son feu, jeter tout son feu, Faire et dire tout ce qu'inspire la colère, de manière qu'on est plus tôt apaisé.

Jeter son feu, signifie aussi, Faire d'abord preuve de talent, de génie, et ne pas réaliser ensuite les espérances qu'on avait données de soi. On dit dans un sens analogue, Cet auteur a jeté son feu, tout son feu dans le premier acte de sa tragédie, dans le premier volume de son ouvrage.

Prov. et fig., Le feu se met dans ses affaires,

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