Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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des renseignements. Je vous en fournirai les
moyens. Cela peut nous fournir quelque lumière.
Fournir un aliment à la curiosité publique.
Fournir matière à des conjectures.
En termes
de Jeu, Si vous avez de l'atout, vous devez en
fournir.

Il signifie particulièrement Produire, exposer,
surtout en termes de Procédure et d'Administration.
Fournir ses défenses, ses griefs. Il
n'a pas fourni toutes ses pièces. J'en fournirai
la preuve quand on le voudra. Il n'a pas encore
fourni ses comptes.

En termes de Manège, Fournir la carrière,
La parcourir tout entière. Ce cheval a bien
fourni la carrière.
Fig., Il a fourni une belle
carrière,
Il a vécu avec honneur et avec estime
jusqu'à la fin.

Il signifie aussi, intransitivement, Subvenir,
contribuer en tout ou en partie. Fournir à la
dépense. Fournir aux frais.

Le participe passé FOURNI, IE, signifie quelquefois,
adjectivement, Qui est épais, touffu.
Un bois bien fourni. Une barbe, une chevelure
bien fournie.

FOURNISSEMENT. n. m. T. de Commerce.
Fonds que chaque associé doit mettre dans
une société. Compte de fournissement.

FOURNISSEUR, EUSE. n. Celui, celle qui
entreprend de faire la fourniture de quelque
marchandise, de quelque denrée ou Celui chez
qui on se la procure. Les fournisseurs de l'armée.
Fournisseur général de l'armée. Il a des dettes
criardes chez tous ses fournisseurs.

FOURNITURE. n. f. Provision fournie ou
à fournir. On le dit aussi de l'Action même
de fournir, d'approvisionner. Fourniture de blé,
de vin, de bois, d'argent, etc. La fourniture de
l'armée. Entreprendre une fourniture. Faire
une fourniture. Il est chargé de cette fourniture.

Il se dit quelquefois, en termes de Commerce,
de Ce qu'on livre, de ce qu'on procure.

Il se dit aussi de Ce que les tailleurs, tapissiers,
et autres semblables artisans ou qui
travaillent à façon, ont coutume de fournir en
employant l'étoffe, la matière principale. Le
tailleur veut tant pour ses fournitures. Le tapissier
a pris tant pour façon et fourniture.

Il désigne encore les Menues herbes dont
on accompagne les salades. La fourniture de
cette salade est excellente.

FOURRAGE. n. m. coll. La paille, le foin
et toute autre espèce d'herbe qu'on donne
pour nourriture aux bestiaux, aux chevaux,
etc., lorsqu'on ne les fait point paître.
Donner du fourrage au bétail. Ils ne nourrissent
leurs vaches que de fourrage. Fourrage
vert. Fourrage sec. Cette plante donne un très
bon fourrage; on la cultive comme fourrage,
pour le fourrage. Ration de fourrage. Un pays
abondant en fourrage. Faire provision de fourrage.
L'armée manquait de fourrage.

FOURRAGE. n. m. Action de fourrer, de
doubler de fourrure, ou Résultat de cette
action. Le fourrage d'un manteau. Il a fait
mettre un fourrage à son pardessus.

FOURRAGER. v. intr. Couper et amasser
du fourrage. Il se disait surtout en termes de
Guerre. Fourrager dans un champ, dans un
village. L'armée a fourragé dans ce pays-là.

Fig. et fam., C'est un homme qui fourrage
dans tous les livres,
se dit d'un Compilateur ou
d'un plagiaire.

Fam., Fourrager dans des papiers, Chercher
dans des papiers en les mettant en désordre.
Fourrager des tiroirs, des armoires, Les mettre
en désordre en y faisant des recherches.

FOURRAGER s'emploie aussi comme verbe
transitif dans le sens de Ravager. Le troupeau
a fourragé cette pièce de blé. Les lapins
ont fourragé mon jardin.

FOURRAGÈRE. adj. f. Qui produit du
fourrage. Les plantes fourragères. Culture fourragère.

Il désigne aussi, comme nom en termes
militaires, un Chariot destiné d'abord spécialement
au transport des fourrages pour la cavalerie,
mais subsidiairement à des transports
divers, nécessités par le service de l'artillerie
ou du train des équipages.

Il se dit encore d'une Sorte d'insigne, formé
d'un pendentif de tresse, agrafé à l'épaule,
entourant le bras et se terminant par des
aiguillettes de métal. Cet insigne est accordé,
comme décoration collective, à une unité de
l'armée de terre ou de l'armée de mer. La
fourragère est rouge, verte et jaune, rouge et
verte, selon qu'elle correspond à la décoration
de la Légion d'honneur, de la Médaille militaire
ou de la Croix de guerre.

FOURRAGEUR. n. m. T. militaire. Celui
qui va au fourrage. Les ennemis tombèrent sur
les fourrageurs.

Charge en fourrageurs, Charge en ordre dispersé.

FOURRÉ. n. m. Endroit d'un bois, d'une
forêt, etc., où il y a un assemblage épais
d'arbrisseaux, d'arbustes, de broussailles.
Entrer, pénétrer dans le fourré d'un bois, ou,
absolument, dans le fourré. Se réfugier, se
cacher dans un fourré.

FOURREAU. n. m. Enveloppe de métal,
de cuir ou d'étoffe ajustée à la forme allongée
de l'objet qu'elle renferme et destinée à le
protéger quand on ne s'en sert plus. Fourreau
d'épée. Tirer l'épée hors du fourreau, du
fourreau. Fourreau de pistolet, de revolver. Fourreau
de baïonnette. Fourreau de parapluie.

Faux fourreau, Sorte de fourreau dont on
couvre le véritable fourreau d'une épée, d'un
pistolet, etc., pour le garantir de la poussière
ou de la pluie.

Fig., Tirer l'épée du fourreau, Commencer
les hostilités. Remettre l'épée au fourreau,
Faire la paix.

Prov. et fig., L'épée, la lame use le fourreau.
Une trop grande activité d'esprit nuit
à la santé.

Il a des emplois techniques où il désigne
des Choses rappelant la forme du fourreau.
Il désigne notamment Certaines robes d'enfant
ou de femme, de forme étroite; l'Enveloppe
des épis quand ils commencent à se
former, etc.

FOURRER. v. tr. Introduire, faire entrer,
placer en quelque endroit, mettre parmi
d'autres choses. Fourrer la main dans sa poche.
Fourrer son bras dans un trou. Cette étoffe, cette
tapisserie est toute perdue, il y a des trous à y
fourrer la main. Il s'est fourré une écharde, une
épine dans le doigt. Il aura fourré cela dans un
coin. Où s'est-il donc fourré? Se fourrer sous
un lit.
Il est familier.

Fig. et fam., Où me suis-je fourré? Dans
quel embarras me suis-je mis? Dans quel piège
suis-je tombé? On dit aussi Se fourrer jusqu'au
cou dans une mauvaise affaire.

Fig. et fam., Fourrer son nez où l'on n'a
que faire,
Se mêler indiscrètement de quelque
chose. On dit dans un sens analogue Fourrer
son nez partout.

Fig. et fam., Chercher quelque trou à se
fourrer, où se fourrer,
se dit de Celui qui
cherche quelque emploi, quelque condition,
et qui a peine à en trouver.

Fig. et fam., Ne savoir où se fourrer, Ne
savoir où se cacher, ne savoir comment se
dérober à la confusion qu'on éprouve. Il est
si honteux de ce qu'il vient de dire, qu'il ne
sait où se fourrer.

Fig. et fam., Fourrer quelque chose dans
l'esprit, dans la tête de quelqu'un,
Parvenir
à lui faire comprendre quelque chose. Il est
si sot, qu'on ne saurait lui rien fourrer dans la
tête, dans l'esprit. On eut bien de la peine à lui
fourrer dans la tête qu'il fallait...
Cela signifie
aussi Faire croire une chose à quelqu'un, la
lui persuader. Qui a pu lui fourrer cette absurde
idée dans l'esprit? Vous vous fourrez dans la
tête mille chimères, mille choses qui ne sont pas.
Une idée, une erreur, etc., qui s'est fourrée dans
l'esprit, dans la tête de quelqu'un.

Il signifie, par extension, Donner avec
excès et sans réflexion. Elle gâte cet enfant,
elle lui fourre des sucreries à le rendre malade.

Fig. et fam., S'en fourrer jusque-là, se dit
de Quelqu'un qui prend, avec avidité et excès,
de la nourriture, du plaisir, etc.

Il signifie aussi figurément et familièrement
Insérer hors de propos. Fourrer un tas de
digressions dans un récit. Il a fait un livre où
il a fourré tout ce qu'il savait.

Il signifie en outre Garnir, doubler de peau
avec le poil. Fourrer une robe de martre.
Fourrer d'hermine. Fourrer de petit-gris. Gants
fourrés. Manteau fourré.

Chat fourré se dit par plaisanterie des
Magistrats revêtus de leur hermine.

Le participe passé s'emploie comme adjectif
dans les locutions suivantes :

Langues fourrées, Langues de boeuf, de
porc, de mouton, recouvertes d'une autre
peau que la leur, et avec laquelle on les
fait cuire.

Pain fourré, bonbon fourré, Pain, bonbon
garni intérieurement de quelque autre comestible.

Médaille, pièce de monnaie fourrée, Médaille,
pièce de monnaie dont le dessus est
d'or ou d'argent, et le dedans d'un métal
inférieur. Cette pièce d'or, d'argent est fourrée.

Botte de paille, botte de foin fourrée, Botte
dans laquelle, parmi de bonne paille ou de
bon foin, on a mêlé de la paille ou du foin
de moindre qualité.

En termes d'Escrime, Coup fourré. Voyez
COUP.

Fig. et fam., Paix fourrée, Fausse paix,
faite de mauvaise foi par les deux parties,
chacune ayant intention de la rompre, lorsqu'elle
le croira utile à ses intérêts.

Pays fourré, Pays rempli de bois, de
haies, etc. L'armée se trouvait dans un pays
fourré.

Bois fourré, Bois qui est fort garni de
broussailles et d'épines. Voyez FOURRÉ, nom.

FOURREUR, EUSE. n. Celui, celle qui fabrique,
qui vend des fourrures.

FOURRIER. n. m. T. militaire. Celui qui est
principalement chargé de pourvoir au logement
des soldats quand ils passent dans
quelque ville, et de répartir entre les escouades
les vivres, les effets d'équipement, etc. Le
fourrier de la compagnie. La fonction de fourrier.

Par apposition, Caporal fourrier.

Poétiquement, il désigne un Messager, un
avant-coureur. Les fourriers de l'été.

FOURRIÈRE. n. f. Lieu de dépôt où la
police a le droit de faire conduire les animaux
errants, les voitures délaissées sur la voie publique,
etc. Mettre un chien à la fourrière.

FOURRURE. n. f. Peau de certains animaux,
précieuse par la couleur, la longueur,
l'épaisseur du poil, et dont on se sert pour
doubler, garnir ou orner les robes, etc. : on
en fait aussi des manchons, des bonnets, des
manteaux, des paletots, etc. Une belle fourrure.
Une fourrure de grand prix. Fourrure
de martre zibeline, de petit-gris, d'hermine, etc.
Un manteau, un paletot, un bonnet, un col de
fourrure. Prendre, oublier sa fourrure,
Sa cravate,
son écharpe de fourrure.

Il désigne aussi, en termes de Blason, l'hermine
et le vair. La fourrure d'un président.

FOURVOIEMENT. n. m. Erreur de celui
qui s'égare de son chemin. Au point du jour
ils s'aperçurent de leur fourvoiement.
Fig., Il
est rare que l'on revienne d'un long fourvoiement.

Il est peu usité.

FOURVOYER. ( Il se conjugue comme
BROYER.) v. tr. Égarer, détourner du chemin.

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