Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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La coupe d'une forêt. Dépeupler une forêt. Dégrader une forêt.

Eaux et forêts, se dit Des forêts, des étangs, des rivières, etc., en tant qu'ils sont l'objet d'une surveillance exercée par le gouvernement. La législation des eaux et forêts. L'administration des eaux et forêts, ou absolument, Les eaux et forêts. En termes d'eaux et forêts. On dit dans un sens analogue: La direction générale des forêts. Conservateur, inspecteur des forêts, des bois et forêts. Etc.

Eaux et forêts, se disait spécialement autrefois d'Une juridiction qui connaissait de la chasse, de la pêche, des bois et des rivières, tant au civil qu'au criminel. Grand maître des eaux et forêts.

Fig. et fam., Vous étiez là dans une forêt, Vous étiez entouré de malhonnêtes gens, de fripons. C'est une forêt, C'est un lieu peu sûr.

Par extension, Une forêt de mâts, de lances, etc., se disent en parlant D'un grand nombre de vaisseaux réunis, d'une troupe nombreuse de soldats armés de lances, etc.

FORET. s. m. T. d'Arts. Instrument de fer ou d'acier dont on se sert pour faire des trous dans le métal, dans le bois, etc. Foret de serrurier, de menuisier. La pointe d'un foret.

Il se dit, particulièrement, Du petit foret avec lequel on perce un tonneau. Mettre le foret dans un tonneau. Tirer du vin au foret.

FORFAIRE. v. n. Faire quelque chose contre le devoir. Il ne se dit guère qu'en termes de Jurisprudence, et en parlant De la prévarication d'un magistrat. Si un juge vient à forfaire.

Forfaire à son honneur, se dit D'une fille ou d'une femme qui se laisse corrompre. Elle a forfait à son honneur.

En Droit féodal, Forfaire un fief, Le rendre confiscable de droit au profit du seigneur féodal, par quelque outrage, quelque trahison, etc. Dans cette phrase, Forfaire est actif.

FORFAIT. s. m. Crime énorme commis avec audace. Il a été puni de ses forfaits. Il a reçu le prix de ses forfaits. Commettre un forfait, un horrible forfait.

FORFAIT. s. m. Traité, marché par lequel une des parties s'oblige à faire ou à fournir quelque chose pour un certain prix, à perte ou à gain. Faire un forfait avec un architecte pour un bâtiment. Prendre à forfait. Traiter à forfait pour des travaux, pour le chauffage, pour l'éclairage d'un établissement public.

Vendre, acheter à forfait, Vendre, acheter plusieurs choses en masse, et sans estimation préalable du prix particulier de chacune.

FORFAITURE. s. f. T. de Jurispr. Prévarication. On ne peut destituer un magistrat que pour forfaiture.

Il s'est dit, en Droit féodal, d'Un délit qui entraînait la confiscation du fief par le seigneur. Saisir, confisquer un fief pour forfaiture.

FORFANTE. s. m. Mot pris de l'italien. Hâbleur, charlatan, fanfaron. C'est un forfante. Il est familier et il a vieilli.

FORFANTERIE. s. f. Hâblerie, charlatanerie. On a dévoilé toutes ses forfanteries.

Il s'emploie plus ordinairement aujourd'hui dans le sens particulier de Fanfaronnade, ou de Fanfaronnerie. C'est un homme bien déplaisant avec ses forfanteries. Quelle ridicule forfanterie!

FORGE. s. f. Lieu où l'on fond le fer quand il est tiré de la mine, et où on le met en barre. Faire aller une forge. Entretenir une forge. Un maître de forges. Le fourneau d'une forge. Les soufflets d'une forge. Grosse forge.

Il se dit aussi Du fourneau où certains artisans chauffent le métal qu'ils emploient, et de l'enclume où ils le battent. La forge d'un maréchal. La forge d'un serrurier. La forge d'un armurier. La forge d'un orfévre. Etc.

Il se dit, particulièrement, de L'atelier d'un maréchal ferrant. Mener un cheval à la forge. Un cheval qui revient de la forge.

Forge de campagne, La forge portative et les outils qui servent aux maréchaux ferrants, dans les armées en marche.

Fig. et fam., Cet ouvrage est encore tout chaud de la forge, Il sort des mains de l'auteur, il a été achevé tout récemment.

FORGEABLE. adj. des deux genres Qui peut se forger, qui peut se travailler à la forge. La fonte n'est pas forgeable.

FORGER. v. a. Donner une forme au fer, ou à quelque autre métal, par le moyen du feu et du marteau. Forger un fer de cheval. Forger une barre de fer. Forger une épée. Forger des armes. Forger une cuirasse. Forger des assiettes d'argent, des cuillers, des fourchettes. On l'emploie quelquefois absolument. Apprendre à forger.

Forger à froid, Travailler un métal avec le marteau, sur une enclume, sur un tas, etc., sans le faire chauffer. On dit par opposition, Forger à chaud, lorsqu'on veut parler de la manière ordinaire de forger.

En termes de Manége, Ce cheval forge, se dit D'un cheval qui, en marchant, touche les fers des pieds de devant avec les fers des pieds de derrière.

FORGER signifie figurément et familièrement, Inventer, controuver. Il a forgé cela dans sa tête. Forger un mensonge. Forger une calomnie, une malice. Forger une histoire. Forger des mots. Forger des nouvelles. Il a forgé une fable qu'il voulait nous donner comme une vérité.

Se forger des chimères, S'imaginer des choses sans fondement. Se forger des monstres pour les combattre, Se former des difficultés, soit de bonne foi et par crainte ou par faiblesse d'esprit, soit à dessein et pour faire paraître son esprit en les surmontant.

FORGÉ, ÉE. participe Un mot forgé, Un mot inventé, nouvellement fabriqué. Il se prend ordinairement en mauvaise part.

FORGERON. s. m. Ouvrier qui travaille le fer au marteau, après l'avoir fait chauffer à la forge. Il se dit principalement de Ceux qui font les gros ouvrages de fer, comme barres, ancres, chaînes, instruments aratoires, etc. Un bon forgeron.

Prov. et fig., En forgeant on devient forgeron, À force de s'exercer à quelque chose, on y devient habile.

FORGEUR. s. m. Il se dit, dans plusieurs Arts, de Celui qui est employé aux travaux de la forge. Forgeur d'épées, de couteaux, de ciseaux, de lancettes, etc.

Il se dit, figurément et familièrement, de Celui qui invente, qui controuve quelque fausseté. C'est un forgeur de contes, un forgeur de nouvelles, un forgeur de calomnies.

FORHUIR. v. n. Terme de Chasse, qui s'emploie dans ces phrases, Forhuir du cor, du cornet, du huchet, Sonner du cor, etc., pour rappeler les chiens.

FORJETER. v. n. T. d'Archit. Se jeter en dehors, sortir de l'alignement ou de l'aplomb. Ce mur forjette.

FORLANCER. v. a. T. de Chasse. Faire sortir une bête de son gîte.

FORLANCÉ, ÉE. participe

FORLIGNER. v. n. Dégénérer de la vertu de ses ancêtres, faire quelque action indigne de la vertu de ses aïeux. Il n'a pas suivi les traces de ses pères, il a forligné. Il est vieux.

Il se dit, familièrement et par plaisanterie, D'une fille qui forfait à son honneur. Elle a forligné.

FORLONGER. v. n. T. de Chasse. Il se dit proprement Des bêtes qui, étant chassées, s'éloignent du pays où elles font leur séjour ordinaire.

Il se dit également Du cerf, quand il a bien de l'avance sur les chiens. Ce cerf forlonge.

Il s'emploie aussi avec le pronom personnel. Le cerf s'était forlongé.

FORMALISER (SE). v. pron. S'offenser, se piquer, trouver à redire. Il se formalise de tout. Je lui ai parlé franchement, il ne s'en est point formalisé. Elle s'est formalisée de la liberté qu'il a prise.

FORMALISTE. adj. des deux genres Qui s'attache scrupuleusement aux formes, aux formalités. Ce juge est très-formaliste. Les Romains étaient extrêmement formalistes.

Il signifie aussi, Façonnier, vétilleux dans les moindres choses qui regardent les devoirs de la vie civile. On ne peut vivre avec lui, il est trop formaliste.

Il s'emploie également comme substantif, surtout dans le premier sens. Un formaliste sévère. C'est un formaliste, un grand formaliste.

FORMALITÉ. s. f. Formule prescrite on consacrée; manière formelle, expresse, ordinaire de procéder, de faire certains actes civils, judiciaires, administratifs, religieux. Les formalités nécessaires à la validité d'un contrat, d'un testament, d'un mariage. Il y manque une formalité. Les formalités qu'on observe pour la réception d'un chevalier. Cette formalité est requise, elle est de rigueur. Formalité qu'on doit remplir à peine de nullité. Manquer, s'attacher aux formalités.

Il se dit quelquefois pour Cérémonie, acte d'une civilité recherchée. Il attachait une grande importance aux moindres formalités de l'étiquette. Il entra, et s'assit, sans autre formalité, sans plus de formalités. Que signifient toutes ces formalités? Ce sens est ordinairement familier.

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