LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798
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plus long que large, qui ne tient que
par un bout aux autres terres, et qui
est environné d'eau de tous les autres
côtés. Il y a sur la côte de Provence
plusieurs langues de terre qui s'avancent
dans la mer. Il se dit aussi Des pièces
de terre longues et étroites qui sont
enclavées dans d'autres terres. Il y a
une langue de terre labourable qui traverse
la prairie.
LANGUÉ, ÉE
LANGUÉ, ÉE. adj. Terme de Blason.
Il se dit Des oiseaux, aigles, etc.
dont la langue sort, et est d'un autre
émail que le corps de l'animal.
LANGUETTE
LANGUETTE. sub. fém. Certaine
petite pièce de métal qui se hausse et
se baisse, et qui bouche un trou aux
instrumens à vent. La languette d'un
hautbois.
On appelle Languette de balon, Un
petit morceau de bois rond percé des
deux côtés, auquel on attache la vessie,
et par lequel on seringue l'air dans
le balon.
On appelle Languettes, Ce qui est
taillé, découpé ou cousu en forme de
petite langue au bord d'une toile ou
d'une étoffe. On ne porte plus de rabats
à languettes. Faire des languettes. Un
double rang de languettes.
On appelle aussi Languette, Cette
petite pièce de fer d'une balance qui
sert à marquer, l'équilibre quand elle
est à plomb, et que d'autres appellent
Aiguille. La languette d'une balance.
On appelle encore Languette, en termes
de maçonnerie, Le mur qui fait
la séparation de deux tuyaux de cheminée.
Il y a trois languettes dans cette
cheminée.
On appelle aussi Languette, en termes
de menuiserie, La partie d'un ais
qui est amenuisée par le rabot pour
entrer dans la rainure d'un autre ais.
Les Orfévres appellent Languette,
Un petit morceau d'argent ou d'or
qu'ils laissent en saillie à chaque pièce
qu'ils fondent, et qui sert à faire l'essai
avant de la marquer du poinçon de
Ville.
LANGUEUR
LANGUEUR. s. fém. Abattement,
état d'une personne qui languit. Grande
langueur. Langueur mortelle. Etre en langueur.
Tomber en langueur. Maladie de
langueur. Il est mort en langueur.
En parlant de l'état où la terre a
accoutumé d'être en hiver, on dit figurément,
que Toute la nature est alors
en langueur. Et on dit, que Des arbres
sont en langueur, Quand ils ne sont pas
en bon état.
Langueur
Langueur, se dit aussi De l'ennui
et des peines de l'esprit, principalement
de celles qui procèdent d'un violent
désir, ou de l'amour. Ainsi l'on
dit, Tenir quelqu'un en langueur, pour
dire, Lui laisser long -- temps espérer
une chose qu'il désire. Et les amans
appellent poétiquement leur passion,
Une amoureuse langueur; et leurs maîtresses,
La cause, le sujet, l'objet de
leur langueur. La langueur des regards.
On dit qu'Il y a de la langueur dans
un ouvrage, pour dire, qu'Il y a des
endroits où il manque de chaleur, de
force, d'intérêt.
LANGUEYER
LANGUEYER. verbe act. Visiter
la langue d'un porc, pour voir s'il est
sain ou ladre. Langueyer un cochon, un
porc.
Langueyé, ée
Langueyé, ée. participe.
LANGUEYEUR
LANGUEYEUR. s. m. Celui qui
est commis pour langueyer les porcs.
Le Langueyeur est obligé de dire si le porc
est ladre, ou non.
LANGUIER
LANGUIER. s. m. On appelle ainsi
la langue et la gorge d'un porc, quand
elles sont fumées. Des languiers du Man.
Des languiers d'Anjou. Une demi--douzaine
de languiers.
LANGUIR
LANGUIR. v. n. Être consumé peu
à peu par quelque maladie qui ôte les
forces. Il est pulmonique, il y a trois ans
qu'il languit. On languit long--temps de
ce mal--là, avant que d'en mourir.
Il signifie aussi, Souffrir un supplice
lent. Languir de faim, de soif. Languir
de misère et de pauvreté. Languir dans
une prison. Languir dans un long exil.
Il se dit aussi figurément De l'ennui
et des autres peines d'esprit. Languir
d'ennui. Languir d'amour. Languir dans
l'attente d'un bien. Donnez--lui promptement
ce que vous lui voulez donner, ne le
faites pas tant languir.
On dit figurément, que Les affaires
languissent, pour dire, qu'Elles traìnent
en longueur, qu'on ne les expédie
point.
On dit figurément, que La nature
languit; que Toutes choses languissent
pendant l'hiver, pour dire, que La nature
est alors sans vigueur et comme
engourdie.
On dit figur. qu'Un discours, qu'un
ouvrage d'esprit languit, pour dire, qu'Il
est sans force et sans chaleur. Cette
pièce commence bien, mais elle languit sur
la fin.
On dit figurément, que Les nouvelles,
que les plaisirs languissent, pour
dire, qu'Il y a peu de nouvelles importantes,
qu'il y a peu de divertissemens.
On dit encore, La conversation languit,
pour dire, que Personne ne soutient
la conversation, qu'on la laisse
tomber.
LANGUISSAMMENT
LANGUISSAMMENT. adv. D'une
manière languissante.
LANGUISSANT, ANTE
LANGUISSANT, ANTE. adj. Qui
languit. Il est languissant dans un lit.
Languissant dans une prison. Languissant
d'ennui. Languissant d'amour. Une
voix languissante. Cet enfant est toutlanguissant.
On dit aussi, Un style languissant,
un discours languissant, pour dire,
Un style, un discours foible, qui n'a
rien de vif.
On dit, Des regards languissans,
pour dire, Des regards qui marquent
beaucoup d'abattement ou beaucoup
d'amour.
LANICE
LANICE. adj. Il n'est d'usage qu'avec
le mot de Bourre. On appelle Bourre
lanice, De la bourre qui provient de
la laine.
LANIER
LANIER. s. m. Nom de la femelle
du Laneret. Oiseau de leurre, espèce
de faucon.
LANIÈRE
LANIÈRE. s. f. Sorte de courroie
longue et étroite. La lanière d'un fouet.
LANIFÈRE
LANIFÈRE. adj. de t. g. Qui porte
de la laine. Il se dit des animaux et des
plantes qui produisent une matière laineuse
et cotonneuse.
LANISTE
LANISTE. sub. masc. Terme d'antiquité.
On donnoit ce nom à celui qui
achetoit, formoit, ou vendoit des Gladiateurs.
LANSQUENET
LANSQUENET. s. m. On appeloit
autrefois ainsi un fantassin Allemand.
Un levée de Lansquenets.
Lansquenet
Lansquenet, est aussi une sorte de
jeu de hasard, que l'on joue avec des
cartes. Jo er au lansquenet.
LANTERNE
LANTERNE. s. f. Sorte d'ustensile
de verr, de corne, de toile, ou d'autre
matière transparente, où l'on enferme
une chandelle ou une bougie, de
peur que le vent ou la pluie ne l'éteigne.
Lanterne ronde. Lanterne carrée. Lanterne
de corne. Lanterne de verre. Lanterne
de toile. Lantern de papier. En hiver il y
a des lanternes à réverbères allumées à
Paris, dans toutes les rues. Les maisons
étoient taxées pour les boues et lanternes.
Abaisser les lanternes. Allumer les lanternes.
Lanterne à réverbère.
On appelle Lanterne sourde, une sorte
de lanterne faite de telle façon, que
celui qui la porte voit sans être vu, et
qu'il en cache entièrement la lumière
quand il veut.
On dit proverbialement d'Un homme
qui veut faire croire des choses impertinentes,
et tout--à--fait éloignées du
sens commun, qu'Il veut faire croire que
des vessies sont des lanternes.
On appelle Lanterne magique, Une
lanterne qui par des verres disposés de
certaine façon, fait voir différens objets
sur une toile, ou sur une muraille
blanche.
Les Essayeurs d'or et d'argent pèsent
les matières dans une Lanterne,
pour éviter l'action de l'air sur le trébuchet.
Lanterne
Lanterne, en Architecture, est
Une forme de tourelle ouverte par les
côtés, et posée sur le comble d'une
Église ou d'un autre bâtiment, et d'ordinaire
au--dessus d'un dôme.
On appelle aussi Lanternes, Certains
petits cabinets placés dans les lieux où
se font des actions publiques, et d'où,
sans être vu, on peut voir et écouter.
Lorsque le Roi tenoit son Lit de Justice,
ou qu'il y avoit quelqu'autre acte
public au Parlement, les Dames alloient
dans les lanternes de la Grand'Chambre.
Lanterne
Lanterne, en termes de Mécanique,
est Une petite roue formée de
plusieurs fuseaux, dans laquelle engrènent
les dents d'une autre roue.
Elles tiennent lieu de ce qu'on appelle
Pignons dans les machines délicates,
telles que les montres.
Lanternes
Lanternes, au pluriel, signifie
figurément et familièrement, Des fadaises,
de sots contes, des choses impertinentes.
Tout ce qu'il nous a dit là,
ce sont des lanternes. Conter deslanternes.
LANTERNER
LANTERNER. v. n. Être irrésolu
en affaires, perdre le temps à des
riens. Ilne fait que lanterner, et n'avance
rien. Il s'est amusé à lanterner. Il est du
style familier.
On dit familièrement, Vous me lanternez
depuis long -- temps, pour dire,
Depuis long -- temps vous me remettez
de jour en jour, en m'amusant par de
vaines paroles.
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