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On met dans des bailles le breuvage que l'on distribue tous les jours aux gens de l'équipage. Il y a aussi des bailles à tremper les écouvillons dont on se sert pour rafraîchir le canon. Il y a des bailles pour mettre tremper le poisson & la viande salée.
On se sert quelquefois des bailles pour puiser l'eau qui entre dans le rum ou fond de cale. (Z)
Le remede qu'Hippocrate prescrit contre le baillement, est de garder long - tems sa respiration. Il recommande
la même chose contre le hocquet. Voyez
Mais cette explication du bâillement a depuis peu donné lieu à une nouvelle plus méchanique & plus satisfaisante.
Le bâillement est produit par une expansion de la plûpart des muscles du mouvement volontaire, mais sur - tout par ceux de la respiration. Il se forme en inspirant doucement une grande quantité d'air, qu'on retient & qu'on raréfie pendant quelque tems dans les poumons, après quoi on le laisse échapper peu à peu, ce qui remet les muscles dans leur érat naturel.
De - là, l'effet du bâillement est de mouvoir, d'accélérer & de distribuer toutes les humeu>s du corps également dans tous les vaisseaux, & de disposer par conséquent les organes de la sensation & tous les muscles du corps, à s'acquiter chacun de leur côté de leurs fonctions respectives. Voy. Bcerhaave, Inst. mèd. §. 638. (L)
L'élision se pratiquoit même en prose chez les
Romains.
Pour éviter de tenir la bouche ouverte entre deux voyelles, & pour se procurer plus de facilité dans la prononciation, le méchanisme de la parole a introduit dans toutes les langues, outre l'élision, l'usage des lettres euphoniques, & comme dit Cicéron, on a sacrifié les regles de la Grammaire à la facilité de la prononciation: Consuetudini auribus indulgenti libenter obsequor...... Impetratum est > consuetudine ut peccare suavitatis causâ liceret. Cicer. Orator. n. 158. Ainsi nous disons mon ame, mon épée, plûtôt que ma ame, ma épée. Nous mettons un t euphonique dans y a - t - il, dira - t - on; & ceux qui au lieu du tiret ou trait d'union mettent une apostrophe après le t, font une faute: l'apostrophe n'est destinée qu'à marquer la suppression d'une voyelle, or il n'y a point ici de voyelle élidée ou supprimée.
Quand nous disons si l'on au lieu de si on, l' n'est
point alors une lettre euphonique, quoiqu'en dise
M. l'abbé Girard, tom. I. p. 344. On, est un abrégé
de homme; on dit l'on comme on dit l'homme. On m'a
dit, c'est - à - dire, un homme, quelqu'un m'a dit. On,
marque une proposition indéfinie, individuum vagum.
Il est vrai que quoiqu'il soit indifférent pour le sens
de dire on dit ou l'on dit, l'un doit être quelquefois
préferé à l'autre, selon ce qui précede ou ce qui suit,
c'est à l'oreille à le décider; & quand elle préfere
l'on au simple on, c'est souvent par la raison de l'euphonie,
c'est - à - dire par la douceur qui résulte à l'oreille
de la rencontre de certaines syllabes. Au reste
ce mot cuphonic est tout grec,
En grec le v, qui répond à notre n, étoit une lettre
euphonique, sur - tout après l'
Nos voyelles sont quelquefois suivies d'un son nasal, qui fait qu'on les appelle alors voyelles nasales. Ce son nasal est un son qui peut être continué, ce qui est le caractere distinctif de toute voyelle: ce son nasal laisse donc la bouche ouverte; & quoiqu'il soit marqué dans l'écriture par un n, il est une véritable voyelle: & les poëtes doivent éviter de le faire suivre par un mot qui commence par une voyelle, à moins que ce ne soit dans les occasions où l'usage a introduit un n euphonique entre la voyelle nasale & celle du mot qui suit.
Lorsque l'adjectif qui finit par un son nasal est suivi d'un substantif qui commence par une voyelle, alors on met l'n euphonique entre les deux, du moins dans la prononciation; par exemple, un - n - enfant, bon - nhomme, commun - n - accord, mon - n - ami. La particule on est aussi suivie de l'n euphonique, on - n - a. Mais si le substantif précede, il y a ordinairement un baillement; un éeran illuminé, un tyran odieux, un entretien honnête, une citation équivoque, un parfum incommode; on ne dira pas un tyran - n - odieux, un entretien n - honnête, &c. On dit aussi un bassin à barbe, & non un bassin - n - à barbe. Je sai bien que ceux qui déclament des vers où le poëte n'a pas connu ces voyelles nasaies, ajoûtent l'n euphonique, crovant que cette n est la consonne du mot précédent: un peu d'attention les détromperoit: car, prenez - y - garde, quand vous dites il est bon - n - homme, bon - n - ami, vous prononcez bon & ensuite - n - homme, - n - ami. Cette prononciation est encore plus desagréable avec les diphthongues nasales, comme dans ce vers d'un de nos plus beaux opera:
Ah! j'attendrai long - tems, la nuit est loin encore;
où l'acteur pour éviter le bâillement prononce loin - n>
encore, ce qui est une prononciation normande.
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