Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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force morale qui dispose à trop d'indulgence,
ou qui rend facile à troubler, à émouvoir.
Ce père est d'une faiblesse inexcusable. Il a
montré dans cette occasion beaucoup de faiblesse.
Ils traitent son indulgence de faiblesse. Allons,
point de faiblesse. Il a la faiblesse de croire tout
ce qu'on lui dit. Il eut la faiblesse de n'oser
répondre. Surmonter sa faiblesse.
On dit dans
le même sens Faiblesse de caractère. Faiblesse
d'âme. Faiblesse d'esprit. Faiblesse de coeur.

Avoir de la faiblesse pour quelqu'un, Ne pas
pouvoir, ne pas savoir lui résister. Ce maître
a beaucoup trop de faiblesse pour ses élèves. Il
faut excuser la faiblesse d'une mère pour ses
enfants.

Il se dit quelquefois d'un Défaut de raison,
d'empire sur soi-même, et des Fautes qui en
sont la suite. Les faiblesses de l'humanité.
Il y a des faiblesses qui sont bien pardonnables.
Les faiblesses du coeur. La curiosité est une
faiblesse commune à bien des gens.

Il se dit particulièrement en parlant d'une
Femme qui n'a pas résisté à la séduction. Cette
première faiblesse la perdit de réputation. Elle
sut faire oublier ses faiblesses.

Il se dit aussi du Manque ou du peu de
grosseur, d'épaisseur, de force, de solidité de
certaines choses. La faiblesse d'une poutre, d'un
pilier, d'un support.

Il se dit encore figurément, tant au sens
physique qu'au sens moral, en parlant d'une
Chose peu considérable en son genre. Malgré
la faiblesse du nombre, ils voulurent combattre.
La faiblesse de ses ressources, de son revenu. La
faiblesse de cette résistance étonna l'ennemi. La
faiblesse de nos connaissances. La faiblesse d'un
raisonnement, d'un argument, d'une preuve. La
faiblesse de son zèle, de son amitié.

FAIBLIR. v. intr. Devenir faible. Le vent
faiblit. La voix faiblit.
Fig., Son talent faiblit.

Il signifie aussi Ne plus pouvoir résister,
fléchir, céder. Cette poutre faiblit, il faut la
soutenir.
Fig., La première ligne de résistance
faiblit.

FAÏENCE. n. f. Sorte de poterie de terre
vernissée ou émaillée ordinairement à fond
blanc. Un service de faïence. La faïence tire
son nom de Faenza, ville d'Italie, où elle fut
inventée. Faïence bleue.

Chien de faïence. Voyez CHIEN.

FAÏENCERIE. n. f. Lieu où l'on fabrique
de la faïence. Les ouvriers d'une faïencerie.

Il se dit aussi de Ce qui est en faïence.
Acheter de la faïencerie. Un fonds de faïencerie.

FAÏENCIER, IÈRE. n. Celui, celle qui fabrique
ou qui vend de la faïence.

FAILLE. (Dans ce mot et dans les six suivants,
AILLE se prononce AYE.) n. f. Sorte
d'étoffe de soie à gros grain.

FAILLE. n. f. T. de Minéralogie. Solution
de continuité qui, dans un terrain, interrompt
une couche.

FAILLI. n. m. Celui qui a fait faillite. Le
bilan d'un failli. Les créanciers d'un failli.

FAILLIBILITÉ. n. f. Possibilité de faillir,
de se tromper.

FAILLIBLE. adj. des deux genres. Qui est
sujet à faillir, à se tromper ou à commettre
une faute. Tout homme est faillible.

FAILLIR. (Il n'est plus guère usité qu'à
l'infinitif, au passé simple : Je faillis; et aux
temps composés : J'ai, j'avais failli, etc. Faut,
3e personne du singulier du présent de l'indicatif,
se rencontre encore dans quelques vieilles
locutions telles que Tant s'en faut que. Peu
s'en faut que. Il s'en faut de tout.
) v. intr.
Manquer, faire défaut. Le jour commence à
faillir. La mémoire lui a failli. Faillir à une
tâche.

Par extension, il signifie Céder, devenir
faible. Cet édifice a failli par le pied. Ce cheval
commence à faillir par les jambes.

FAILLIR signifie aussi Manquer à exécuter,
à faire une chose. J'irai là sans faillir.

Suivi d'un infinitif, il signifie N'être pas
loin de faire quelque chose, y manquer de
peu. J'ai failli mourir. J'ai failli attendre.
Il faillit être assassiné. Il faillit être ministre.
J'ai failli l'oublier. L'accident qui faillit nous
arriver. Il a failli nous arriver un grand
malheur.

Figurément, il signifie Se tromper, se méprendre
sur quelque chose. Faillir lourdement.
Les plus doctes sont sujets à faillir.

FAILLITE. n. f. T. de Commerce. Banqueroute
forcée d'un négociant, obligation pour
lui de suspendre ses paiements. Cette société a
fait faillite. Être en faillite, en état de faillite.
L'ouverture d'une faillite. Le passif, l'actif
d'une faillite.

Il se dit figurément de l'Échec d'une entreprise,
d'une idée ou d'un système. La faillite
de cette théorie. La faillite d'un parti. Ses espérances
ont fait faillite.

FAIM. n. f. Besoin de manger. Avoir faim.
Avoir grand-faim. Faim insupportable. Faim
dévorante. Souffrir, endurer la faim. Cela fait
passer la faim. Tromper la faim. Apaiser sa
faim. On le trouva mort de faim. La faim a
contraint les assiégés de se rendre.

Faim de loup, Très gros appétit. On dit
encore, dans le même sens, Faim canine.

Fig. et fam., Crier la faim, Être pressé du
besoin de manger.

Mourir de faim signifie, figurément, Avoir
extrêmement faim. Je n'ai pas mangé depuis
ce matin, je meurs de faim.
Il signifie aussi
Manquer des choses nécessaires à la vie. Il a
fait de grandes pertes d'argent, et maintenant
il meurt de faim.
On l'emploie comme nom
dans le même sens et par dénigrement, C'est
un meurt-de-faim,
C'est un homme qui n'a
pas de quoi vivre.

Fig., C'est la faim qui épouse la soif, se dit
de Deux personnes qui n'ont point de fortune
et qui se marient l'une avec l'autre. On dit
aussi de Deux époux sans fortune : C'est la
faim et la soif.

Prov. et fig., La faim chasse le loup hors du
bois, fait sortir le loup du bois,
se dit de Quelqu'un
que la nécessité réduit à user de moyens de vivre
contraires à ses goûts ou à son caractère.

FAINE. n. f. Fruit du hêtre.

FAINÉANT, ANTE. n. Celui, celle qui ne
veut rien faire. Un grand fainéant. Une incorrigible
fainéante. Dans ce pays, on ne souffre
point de fainéants.
Adjectivement, Enfant fainéant.
Ouvrière fainéante.

Rois fainéants, dans l'Histoire de France,
Certains rois de la première race, qui abandonnaient
l'exercice du pouvoir aux maires
du palais.

FAINÉANTER. v. intr. Ne rien faire, ne
vouloir rien faire. Demeurer à fainéanter. Il
n'a rien fait tout le jour que fainéanter.

FAINÉANTISE. n. f. Action de fainéanter.
Vivre, demeurer dans la fainéantise.

FAIRE. (Je fais, tu fais, il fait; nous faisons,
vous faites, ils font. Je fis. Je ferai. Fais.
Que je fasse. Que je fisse. Faisant. Fait.
) v. tr.
Créer, produire. Dieu a fait le ciel et la terre.
Dieu a fait l'homme à son image. La nature
est admirable dans tout ce qu'elle fait.

Fam., Tous les jours que Dieu fait, Chaque
jour.

Cet enfant fait ses dents, Les dents lui
viennent.

Il signifie aussi Fabriquer, composer, en
parlant de Toute oeuvre matérielle de l'art,
de l'industrie humaine, ou de l'instinct des
animaux. Faire du pain. Faire de la pâte.
Faire du vin, de l'huile. Faire du feu pour se
chauffer. Faire de la glace par des procédés
chimiques. Faire du sucre. Faire des bas,
des chapeaux. Faire un habit. Ce magasin
vend des vêtements tout faits. Faire de la tapisserie.

Un oiseau qui fait son nid. Une araignée
qui fait sa toile. Des castors qui font une digue.
Les abeilles font leur miel.

Faire le dîner, faire le déjeuner, Préparer
le déjeuner, le dîner.

FAIRE se dit, dans le même sens, en parlant
des OEuvres de l'intelligence et de l'imagination.
Faire un traité sur une matière.
Faire un livre, des vers, une pièce de théâtre,
une symphonie, une statue. Un ouvrage fait
à la main. Un dessin fait à la plume. Faire
un calcul. Faire un récit, une description,
des vers, de la prose, de l'histoire, de la musique,
du théâtre, de la peinture. Cet auteur a trouvé
sa besogne toute faite, dans tel ouvrage. Un écolier
qui fait ses devoirs, sa version, son thème.

C'est un conte fait à plaisir, C'est une nouvelle
fausse, une histoire controuvée.

Il se dit, dans un sens beaucoup plus
général, en parlant de Tout ce qu'un sujet
opère, effectue, exécute, accomplit, soit dans
l'ordre physique, soit dans l'ordre moral. Le
ciel fit un miracle en sa faveur. Faire une
opération chirurgicale. Faire une cure. Faire
une expérience. Faire du mal à quelqu'un. Faire
un mouvement, un saut, un salut, un signal.
Faire place. Faire attention. Faire silence. Faire
du bruit. Faire un bon repas. Faire une fête,
des réjouissances. Faire des affaires. Faire bien
ses affaires. Faire banqueroute. Faire naufrage.
Faire la guerre. Faire des prisonniers. Faire
la paix, une trêve. Faire alliance. Faire un
traité, un marché. Faire une promesse, un serment.
Faire un mariage. Faire un achat. Faire
achat. Faire un envoi. Faire une perte. Faire des
dettes. Faire la moisson, la vendange, les foins.
Faire la quête. Faire une prière, sa prière.
Faire des voeux. Faire mention de quelqu'un,
de quelque chose. Faire usage d'une chose.
Faire la lecture à quelqu'un. Faire une bonne,
une mauvaise action. Faire une bonne oeuvre.
Faire le bien. Faire le mal. Faire la charité,
l'aumône. Faire un acte de courage. Faire des
bassesses. Faire une injustice. Faire injustice.
Faire justice. Faire une faute de langue.
Faire un barbarisme, un solécisme. Faire une
niche. J'ai fait ce que j'ai cru devoir faire. Faire
une incartade, une folie, un coup de tête.
Faites-moi ce plaisir. Que vous ai-je donc fait?
Faire des civilités, des excuses. Faire des difficultés,
des façons. Faire des caresses, des amitiés.
Faire accueil. Faire honneur. Faire grâce. Faire
quartier. Faire don, donation. Faire défense.
Faire des plaintes, des remontrances. Faire
résistance. Faire bonne contenance. Faire mine
de vouloir s'en aller.
On le dit également des
Choses. Le bruit que fait le tonnerre. La mine
fit explosion. Un volcan qui fait éruption. La
grêle a fait du dégât. Cet ouvrage fait autorité.
Cet événement fera époque dans notre histoire.
Faire face, faire pendant, faire semblant.

Voyez FACE, PENDANT, SEMBLANT.

En termes de jeux de Cartes, Faire les cartes,
Les mêler et les donner. Faire une levée.
À divers jeux, Faire tant de points, Gagner tant
de points. Faire le jeu, Mettre les enjeux.

Dans cette acception, il se dit absolument
en parlant des Jeux de cartes où chacun donne
les cartes à son tour et de Certains autres jeux
où chacun tour à tour est obligé de faire quelque
chose. À qui est-ce à faire? C'est à vous à faire.
Je viens de faire.

Fam., Faire des siennes. Faire sa main.
Voyez SIEN, MAIN.

Faire quelque chose pour quelqu'un, Lui
accorder ou lui faire obtenir quelque chose.
Que n'ai-je pas fait pour te contenter.

N'en rien faire, Se garder de faire la chose
dont il s'agit, ne pas la faire. On voudrait qu'il
partît, il est bien déterminé à n'en rien faire,
Vous avez beau dire, je n'en ferai rien.

Elliptiq., Se laisser faire, se dit d'une personne
qui ne se défend pas, qui n'oppose point
de résistance. On se jeta sur lui pour le battre,
et il se laissa faire. Son tuteur l'a mariée, elle
s'est laissé faire.

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