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Les végétaux comme les animaux sont sujet à des maladies. Le pécher en a sur - tout une qui lui est particuliere. Il est souvent endommagé par les vents roux, qui occasionnent une nielle, un brouis, que l'on nomme la cloque. Les feuilles s'épaississent & se recoquillent en devenant rougeâtres & galeuses. Cet état désagréable est encore plus nuisible à l'arbre & au fruit. On détruit ce mal en coupant tous les bouts des branches, & toutes les feuilles qui en sont infectées. La gomme est une autre maladie qu'il faut bien se garder de négliger. Dès qu'on s'en apperçoit, nul autre remede que de couper la branche au - dessous de l'écoulement. Mais si le mal empire & s'étend jusqu'à un certain point, le plus court est d'arracher l'arbre. Il en est de même lorsqu'il vient à être atteint d'une espece de glu noirâtre qui couvre tout le pêcher: ce mal est occasionné par une seve corrompue qui s'extravase & qui est si contagieuse, qu'il faut faire enlever promptement l'arbre qui en est infecté. Enfin, il arrive quelquefois que dans les mois de Juin & de Juillet il tombe sur les pêchers une nielle blanche & contagieuse qui endommage l'arbre & le fruit; le remede est de raccourcir les branches à mesure qu elles en sont atteintes.
Le pêcher, à plusieurs égards, est de quelque usage
en médecine. Ses seuilles, & ses fleurs sur - tout, sont
purgatives; on s'en sert en infusion: on en fait encore
un syrop fort usité, qui est aussi vermifuge, ainsi
que l'huile tirée par expression des amandes du fruit.
Voyez le mot
On distingue le fruit du pêcher en pêches, pavies, & brugnons. Les pêches sont les plus estimées, parce qu'elles ont la chair tendre, molle, succulente, d'un goût relevé, & qui quitte le noyau. Les pavies au contraire, ayant la chair dure & séche, qui tient au noyau, & ne meurissant que rarement dans ce climat; on n'en fait cas que dans les pays chauds, où elles réussissent beaucoup mieux que les pêches. Il en est de même des brugnons. Les curieux ne font cas que de quinze ou vingt sortes de pêches, qu'on peut rassembler jusqu'au nombre de quarante, en donnant dans la médiocrité, pour avoir une plus grande variété. On connoît de quarante sortes de pavies pour le moins, dont il n'y en a qu'une ou deux qui réussissent dans ce climat. Il y a aussi de huit ou dix sortes de brugnons; ce fruit est lisse, & la chair tient au noyau, mais il n'y en a qu'une espece dont on fasse quelque cas aux environs de Paris. La nature de cet ouvrage ne permet pas d'entrer dans le détail de toutes les especes de pêches que l'on cultive; on se contentera de rapprocher ici quelques variétés du pêcher qui se font remarquer par leur agrément ou leur singularité.
1°. Le pêcher blanc est ainsi nommé à cause de ses fleurs qui sont blanches, ainsi que la peau & la chair du fruit.
2°. Le pêcher à fleurs doubles mérite d'être cultivé pour l'agrément, ses fleurs étant grandes, tres doubles, & d'une vive couleur de rose, sont de la plus belle apparance; mais son fruit est tardif & d'une bien médiocre qualité.
3°. La pêche - amande. Le fruit de cet arbre tient de la pêche & de l'amande, mais beaucoup plus de cette derniere que de la premiere. Sa feuille est lisse, la fleur précoce, le noyau sans sillons par - dessus, & l'amande est douce: toute l'analogie que ce fruit peut avoir avec la pêche ne consiste qu'en ce que la pulpe ayant plus d'épaisseur que celle des amandes ordinaires, devient succulente en murissant; mais elle conserve une amertume qui est désagréable.
4°. La pêche - noix. Ce fruit n'a d'autre mérite que la singularité. L'arbre qui le produit s'éleve moins que le pêcher; sa feuille est plus grande; sa fleur est d'un rouge vif & foncé; son fruit, qui est lisse, conserve toujours la couleur verte de la noix, même dans sa maturité, qui n'arrive qu'à la fin d'Octobre; mais il est d'assez mauvaise qualité.
5°. Le pêcher nain. C'est en effet un très - petit arbrisseau, qui ne s'éleve guere qu'à un pié & demi; ensorte qu'on peut très - bien le tenir dans un pot moyen: c'est ce qui en fait tout le mérite. Son fruit ne prend point de couleur, il murit tard, il est petit & d'un goût tres - médiocre.
6°. Le pêcher nain à fleur double. Comme cet arbre est stérile, les Botanistes ne sont nullement d'accord sur le genre d'arbre auquel on doit le réunir. Les uns le rangent avec les pêchers, d'autres avec les amandiers, d'autres enfin avec les pruniers. Quoi qu'il en soit, cet arbrisseau s'éleve à trois ou quatre piés; il se charge au mois d'Avril d'une grande quantité de fleurs assez larges & très - doubles; elles sont d'un rouge pâle en - dessus, & blanches en - dessous. Le grand soleil les décolore & les fait passer trop vîte: cela doit engager à mettre cet arbrisseau à l'exposition du nord, où les fleurs auront plus de vivacité, & se soutiendront pendant un mois. Il est robuste; on peut le tailler en palissade, & le multiplier par la greffe sur les mêmes sujets que le pêcher ordinaire, il vient difficilement de branches couchées.
On pourra consulter sur les bonnes especes de pêches
le catalogue des RR. PP. Chartreux de Paris, &
l'essai sur l'agriculture de M. l'abbé Nolin; & pour
la culture du pêcher, le traité de M. de Combe, &
un mémoire de M. l'abbé Roger, qui a été inseré dans
le journal économique du mois de Février 1755. Article de M. d'
Le fruit que tout le monde connoît sous le nom de
pêche, est un des plus salutaires, comme des plus délicieux
de tous ceux que mangent les hommes. Il se
trouve cependant parmi les anciens médecins, des
auteurs d'un grand nom, tels que Galien & Paul d'Egine, qui en ont condamné l'usage; mais leur autorité
est rendue à peu - près nulle par les autorités contraires;
par celle de Dioscoride & de Pline par exemple;
& l'observation constante décide en faveur du
sentiment que nous avons embrassé. Les pêches les
plus fondantes, ou pêches proprement dites, & celles
qui portent le nom de brugnons, qui sont les unes &
les autres de l'espece dont la chair n'adhere point au
noyau, & qui sont les plus parfumées, sont encore
plus salutaires, se digerent plus aisément, plaisent davantage
à l'estomac que celles qu'on appelle communément
pavies, dont le parenchyme est toujours plus
serré, & qui sont ordinairement moins parfumées &
d'un goût moins relevé. La meilleure façon de man<pb->
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