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Les nymphes des eaux étoient encore divisées en plusieurs classes; les nymphes marines appellées océanides, néréides, & mélies. Les nymphes des fontaines, ou naïades, crénées, pégées: les nymphes des fleuves & des rivieres, ou les potamides: les nymphes des lacs, étangs, ou lymnades.
Les nymphes de la terre étoient aussi de plusieurs classes; les nymphes des montagnes qu'on appelloit oréades, orestiades ou orodemniades: les nymphes des vallées, des bocages, ou les napées: les nymphes des prés ou limoniades: les nymphes des forêts, ou les dryades, & hamadryades. Tous ces noms marquoient le heu de leur habitation.
Elles ont encore eu plusieurs autres noms: comme ionides, isménides, lysiades, thémistiades, & cent autres qu'elles tiroient du lieu de leur naissance, ou plutôt des lieux où elles étoient adorées, comme Pausanias & Strabon les interpretent.
On n'accordoit pas tout à fait l'immortalité aux nymphes; mais Hésiode les fait vivre quelques milliers d'années. On leur offroit en sacrifice du lait, de l'huile, & du miel, & on leur immoloit quelquefois des chevres.
Il n'est pas aisé de découvrir l'origine de l'existence des nymphes, & des fables qu'on a débitées sur leur compte. Cette idée des nymphes est peut - être venue de l'opinion où l'on étoit anciennement, que les ames des morts erroient auprès des tombeaux, ou dans les jardins & les bois délicieux qu'elles avoient fréquentés pendant leur vie. On avoit même pour ces lieux un respect religieux; on y invoquoit les ombres de ceux qu'on croyoit y habiter; on tâchoit de se les rendre favorables par des voeux & des sacrifices, afin de les engager à veiller sur les troupeaux & sur les maisons. Meursius remarque que le mot grec nymphé, n'est autre que le mot phénicien néphas, qui veut dire ame; & il ajoute que cette opinion, ainsi que plusieurs autres de ce temslà, tiroient leur origine des Phéniciens.
Cette conjecture sur l'origine des nymphes peut encore être appuyée par l'idée que l'on avoit que les astres étoient animés; ce qu'on étendit ensuite jusqu'aux fleuves, aux fontaines, aux montagnes & aux vallées, auxquelles on assigna des dieux tutélaires.
Dans la suite on a pris pour des nymphes des dames illustres par quelques aventures; c'est pour cela sans doute qu'Homere appelle nymphes, Phaëtuse & Lampetie, qui gardoient en Sicile les troupeaux du soleil.
On a même été jusqu'à honorer de simples bergeres du nom de nymphe, & tous les poëtes anciens & modernesont embelli leurs poésies de cette nouvelle idée. Mais comme Diodore rapporte que les femmes des Atlantides étoient communément appellées nymphes, il semble que c'est dans ce pays - là, que prit naissance l'opinion de l'existence de ces déesses; parce
Quant aux métamorphoses de tant de personnes changées en nymphes, en naïades, en orèades, en néréïdes, en dryades, en hamadryades, &c on peut penser que lorsque quelques dames illustres étoient enlevées à la chasse, qu'elles périssoient dans la mer, dans les bois; la ressource ordinaire étoit de dire que Diane ou quelqu'autre divinité les avoit changées en nymphes. Tel étoit la prétendue Egérie, cette célebre nymphe que Numa Pompilius alloit souvent consulter dans la forêt d'Aricie. Après la mort de ce prince, les Romains ne trouvant plus cette nymphe merveilleuse, mais seulement une fontaine, ils imaginerent la métamorphose de la nymphe en fontaine.
Nous ne dirons rien ici de la belle description que fait Homere de l'antre des nymphes, ni de ces vers où Horace nous représente Bacchas instru sant ces déesses: vidi Bacchum docentem nymphas. On ne seroit sûrement pas content des allégories que quelques auteurs y ont trouvées, & encore moins des obscénités qu'un philosophe stoïcien, homme grave & sérieux, a débitées sur ce sujèt dans son hexaméron rustique.
Mais nous pouvons bien dire un mot de la fureur qu'éprouvoient ceux qui par hasard avoient vû quelque nymphe dans le bain. Ovide lui même craignoit cet evénement, comme il nous l'apprend au IV. liv. des Fastes, quand il dit,
Nec Dryadas, nec nos videamus labra Dianoe,
Nec faunum medio dùm premit aura die.
C'est à quoi Properce, liv. III. élég. xij. fait allusion, lorsque décrivant la félicité des premiers siecles il dit:
Nec fuerat nudas poena videre deas.
Ceux qui étoient épris de cette fureur des nymphes, s'appelloient en grec
Plutarque dans la vie d'Aristide, dit:
Grata ferunt nymphae pro salvis dona maritis.
C'est une chose assez commune dans les auteurs, d'appeller nymphes, les épousées & les nouvelles mariées. Elles portent le nom de nymphes, dit Phornutus, parce qu'alors elles paroissent en public pour la premiere fois, ayant été auparavant cachées, pour ainsi dire, dans leurs maisons. (D. J.)
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