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Ce discours achevé, Henri se leva & sortit, ne laissant que M. de Sully dans l'assemblée, pour y communiquer les états, les mémoires & les papiers dont on pouvoit avoir besoin.»
On n'ose proposer cette conduite pour modele, parce qu'il y a des occasions où les princes peuvent avoir moins de déférence, sans toutefois s'écarter des sentimens qui font que le souverain dans la société se regarde comme le pere de famille, & ses sujets comme ses enfans. Le grand Monarque que nous venons de citer, nous fournira encore l'exemple de cette sorte de douceur mêlée de fermeté, si requise dans les occasions, où la raison est si visiblement du côté du souverain, qu'il a droit d'ôter à ses sujets la liberté du choix, & de ne leur laisser que le parti de l'obéissance. L'Edit de Nantes ayant été vérifié, après bien des difficultés du Parlement, du Clergé & de l'Université, Henri IV. dit aux évêques: Vous m'avez exhorté de mon devoir; je vous exhorte du vôtre. Faisons bien à l'envi les uns des autres. Mes prédécesseurs vous ont donné de belles paroles; mais moi avec ma jaquette, je vous donnerai de bons effets: je verrai vos cahiers, & j'y répondrai le plus favorablement qu'il me sera possible. Et il répondit au Parlement qui étoit venu lui faire des remontrances: Vous me voyez en mon cabinet où je viens vous parler, non pas en habit royal, ni avec l'épée & la cappe, comme mes prédécesseurs; mais vêtu comme un pere de famille, en pourpoint, pour parler familierement à ses enfans. Ce que j'ai à >ous dire, est que je vous prie de vérifier l'édit que j'ai accordé à ceux de la religion. Ce que j'en ai fait, est pour le bien de la paix. Je l'ai faite au - dehors; je la veux faire au - dedans de mon royaume. Après leur avoir exposé les raisons qu'il avoit eues de faire l'édit, il ajoûta: Ceux qui empéchent que mon édit ne passe, veulent la guerre; je la déclarerai demain à ceux de la religion; mais je ne la serai pas; je les y enverrai. J'ai fait l'édit; je veux qu'il s'observe. Ma volonté devroit servir de raison; on ne la demande jamais au prince, dans un état obéissant. Je suis roi. Je vous parle en roi. Je veux être obéi. Mém. de Sully, in - 4°. p. 594. tom. I.
Voilà comment il convient à un Monarque de parler à ses sujets, quand il a évidemment la justice de son côté; & pourquoi ne pourroit - il pas ce que peut tout homme qui a l'équité de son côté? Quant aux sujets, la premiere loi que la religion, la raison & la nature leur imposent, est de respecter eux - mêmes les conditions du contrat qu'ils ont fait, de ne jamais perdre de vûe la nature de leur gouvernement; en France de ne point oublier que tant que la famil<cb->
L'autorité n'a de force & n'est de mise, à mon
sens, que dans les faits, dans les matieres de religion,
& dans l'histoire. Ailleurs elle est inutile &
hors d'oeuvre. Qu'importe que d'autres ayent pensé
de même, ou autrement que nous, pourvû que nous
pensions juste, selon les regles du bon sens, & conformément
à la vérité? Il est assez indifférent que votre
opinion soit celle d'Aristote, pourvû qu'elle soit
selon les lois du syllogisme. A quoi bon ces fréquentes
citations, lorsqu'il s'agit de choses qui dépendent
uniquement du témoignage de la raison & des sens?
A quoi bon m'assûrer qu'il est jour, quand j'ai les
yeux ouverts, & que le soleil luit? Les grands noms
ne sont bons qu'à ébloüir le peuple, à tromper les
petits esprits, & à fournir du babil aux demi - savans.
Le peuple qui admire tout ce qu'il n'entend pas,
croit toûjours que celui qui parle le plus & le moins
naturellement est le plus habile. Ceux à qui il manque
assez d'étendue dans l'esprit pour penser eux - mêmes,
se contentent des pensées d'autrui, & comptent
les suffrages. Les demi - savans qui ne sauroient
se taire, & qui prennent le silence & la modestie
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