Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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Fig. et fam., Donner une entorse à un passage, Le détourner de son vrai sens, de son sens naturel, et lui faire signifier autre chose que ce qu'il signifie.

Fig. et fam., Donner une entorse à la vérité, au bon droit, Dissimuler ou altérer la vérité, méconnaître le bon droit.

ENTORTILLEMENT. s. m. (On mouille les L dans ce mot et dans le suivant.) Action de ce qui s'entortille autour de quelque chose, ou L'état d'une chose entortillée autour d'une autre. L'entortillement d'un serpent. L'entortillement du lierre, de la vigne.

Il se dit, figurément, de L'embarras et de l'obscurité du style. Il y a de l'entortillement dans cette phrase.

ENTORTILLER. v. a. Envelopper dans quelque chose, envelopper tout autour en tortillant. Entortillez cela dans du papier. Le serpent l'avait entortillé de ses replis. On l'emploie aussi avec le pronom personnel. S'entortiller dans son manteau, dans sa couverture.

Il se dit souvent, avec le pronom personnel, Des choses qui s'attachent à d'autres en faisant plusieurs tours. Le serpent s'entortilla autour de sa jambe. La vigne, le lierre s'entortille autour des ormeaux.

ENTORTILLER signifie figurément, Exprimer quelque chose d'une manière embarrassée, obscure, trop recherchée, soit à dessein, soit par défaut de netteté dans les idées. Entortiller son style, ses idées. Il entortille ses phrases de manière qu'on n'y peut rien comprendre.

ENTORTILLÉ, ÉE. participe Période entortillée. Pensée entortillée. Discours entortillé. Style entortillé.

ENTOUR. s. m. Environs, circuit. Il n'est d'usage qu'au pluriel. Il s'est assuré des entours de la place.

Fig., Les entours de quelqu'un, Ceux qui vivent dans sa familiarité, qui forment sa société intime, et qui ont quelque crédit sur lui. Cet homme est gouverné par ses entours.

Fig. et fam., Savoir bien prendre les entours, Savoir mettre dans ses intérêts ceux qui ont du crédit sur l'esprit des personnes dont on a besoin.

À L'ENTOUR Voyez ALENTOUR.

ENTOURAGE. s. m. Ornements qui entourent un bijou. Entourage de perles, de diamants.

Il se dit, figurément et familièrement, Des entours de quelqu'un. Cet homme a un mauvais entourage. Son entourage nuit à sa réputation.

ENTOURER. v. a. Environner, ceindre; ou Être, se tenir autour de. Entourer une ville de murailles. Ils l'entourèrent et le saisirent. Les gardes qui l'entouraient. Le prince était entouré des seigneurs de sa cour.

Il se dit quelquefois figurément. Être entouré de dangers.

Entourer quelqu'un de soins, Lui prodiguer des soins.

ENTOURER signifie particulièrement, Former la société, la compagnie habituelle de quelqu'un. Il fait le malheur de tous ceux qui l'entourent. Les gens qui entourent ce prince le trompent. Il n'est entouré que de flatteurs. Être bien entouré, mal entouré.

Il s'emploie aussi avec le pronom personnel, et se dit principalement D'une personne qui en choisit plusieurs autres pour confidents, pour conseillers, etc. Il voulut s'entourer des hommes les plus habiles, les plus sages.

ENTOURÉ, ÉE. participe Un portrait entouré de diamants.

ENTOURNURE. s. f. T. de Tailleur et de Couturière. Échancrure d'une manche, dans la partie qui touche à l'aisselle.

ENTR'ACCORDER (S'). v. réciproque S'accorder l'un avec l'autre, se mettre de bonne intelligence ensemble.

ENTR'ACCUSER (S'). v. réciproque S'accuser l'un l'autre.

ENTR'ACTE. s. m. Intervalle qui, dans la représentation d'une pièce de théâtre, sépare un acte d'un autre. Dans l'entr'acte. Après l'entr'acte. Faire de longs entr'actes. Il y a plusieurs événements que l'on suppose s'être passés pendant les entr'actes.

Il se dit quelquefois d'Un petit spectacle qui ne fait point partie de la pièce principale, et qui se donne entre les actes. Il y avait des danses pour entr'actes. Le premier entr'acte était une noce de village. Dans ce sens, on dit plus ordinairement, Intermède.

ENTR'AIDER (S'). v. réciproque S'aider mutuellement. Les hommes doivent s'entr'aider.

ENTRAILLES. s. f. pl. Intestins, boyaux. Avoir les entrailles échauffées, les entrailles brûlées. Humecter, rafraîchir les entrailles. Avoir une inflammation d'entrailles. Il a une colique qui lui déchire les entrailles. On a porté son coeur dans telle église, et ses entrailles dans telle autre.

Il se prend quelquefois, dans un sens plus général, pour Tous les viscères, toutes les parties enfermées dans le corps de l'homme ou des animaux. On l'a ouvert, et on lui a trouvé toutes les entrailles fort saines. Les anciens consultaient les entrailles des animaux, des victimes.

Fig., S'armer contre ses propres entrailles, S'armer contre sa famille, contre ses enfants.

ENTRAILLES signifie figurément, Tendre affection. Entrailles paternelles. Des entrailles de père. Cette femme a des entrailles de mère pour cet enfant.

Avoir des entrailles, Avoir un coeur très-tendre et très-sensible pour ses amis, pour ceux qui souffrent. Cet homme n'a pas d'entrailles.

Fig., Cet acteur a des entrailles, Il rend avec chaleur et vérité les rôles pathétiques, les traits de sensibilité.

En termes de Dévotion, Les entrailles de la miséricorde de Dieu, La tendresse et la bonté que Dieu a pour les hommes.

ENTRAILLES se dit encore, figurément, Des lieux les plus profonds de la terre. On fouille dans les entrailles de la terre pour en tirer les métaux.

ENTR'AIMER (S'). v. réciproque S'aimer l'un l'autre. Ils s'entr'aiment depuis longtemps.

ENTRAÎNANT, ANTE. adj. Qui entraîne. Il ne s'emploie qu'au figuré. Un style entraînant. Une éloquence entraînante. Le jeu de cet acteur est entraînant.

ENTRAÎNEMENT. s. m. Action d'entraîner, ou L'état de ce qui est entraîné. Il ne se dit guère qu'au figuré. L'entraînement des passions, de l'habitude, de l'exemple. Cette tragédie a produit le plus grand effet, l'entraînement a été général.

ENTRAÎNER. v. a. Traîner avec soi, après soi. Les torrents entraînent ce qui s'oppose à leur passage. Le dégel est venu tout à coup, et la débâcle a entraîné les bateaux.

Il signifie particulièrement, Emmener, conduire avec une sorte de violence. Je le pris par le bras et l'entraînai hors de la chambre. On l'entraîna dans une maison de jeu.

Il se dit, figurément, De tout ce qui nous porte à quelque chose avec force, et comme malgré nous. Il a dit de si fortes raisons, qu'il a entraîné tout le monde dans son sentiment. Cet orateur entraîne tous les esprits. Entraîner les coeurs. La passion l'a entraîné. L'exemple m'entraîna. Le penchant nous entraîne. L'occasion nous entraîne souvent malgré nous.

Le temps nous entraîne, Les années s'écoulent rapidement, sans que nous puissions en ralentir le cours.

Fig., Entraîner avec soi, après soi, ou simplement, Entraîner, Avoir pour effet, pour résultat, pour conséquence nécessaire, inévitable. Cela se dit surtout en parlant Des choses fâcheuses. La guerre entraîne avec elle, après elle bien des maux. Les suites fâcheuses que cette affaire peut entraîner après elle. Cela peut entraîner de longs retards. En matière criminelle, Cette peine entraîne ordinairement telle autre peine.

ENTRAÎNÉ, ÉE. participe

ENTRAIT. s. m. T. de Charpenterie. Pièce principale ou poutre qui porte, dans une ferme de comble, les arbalétriers et le poinçon.

ENTRANT, ANTE. adj. Insinuant, engageant. C'est un homme dont le caractère a je ne sais quoi d'entrant. Des manières entrantes. Il est familier et peu usité.

ENTRANT s'emploie aussi comme substantif, dans cette locution, Les entrants et les sortants, Les personnes qui entrent dans un lieu et celles qui en sortent.

ENTR'APPELER (S'). v. réciproque S'appeler l'un l'autre. Dans ce désordre et dans l'obscurité, ils s'entr'appelaient.

ENTRAVER. v. a. Mettre des entraves. Entraver un cheval.

Il signifie figurément, Arrêter le mouvement, embarrasser la marche de quelque chose. Des formes trop minutieuses entravent les affaires. Il cherchait par des chicanes à entraver la négociation, la marche du procès.

ENTRAVÉ, ÉE. participe

ENTR'AVERTIR (S'). v. réciproque S'avertir mutuellement. Ils firent des feux sur les montagnes pour s'entr'avertir.

ENTRAVES. s. f. pl. Ce qui sert à lier les jambes d'un cheval, soit pour l'empêcher de s'éloigner trop du lieu où on veut qu'il paisse, soit pour le dresser à l'amble, etc. Mettre des entraves à un cheval.

Il signifie figurément, Obstacles, empêchements, tout ce qui tient dans une espèce de gêne, de contrainte. Cet homme s'est

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