Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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l'enthousiasme le prend, le saisit. Entrer en enthousiasme.

Il se dit également de Tout mouvement extraordinaire de l'âme qui excite à des actes de courage, de dévouement, etc. Ce discours les remplit d'enthousiasme. Des cris d'enthousiasme éclatèrent de toutes parts. L'enthousiasme guerrier. L'enthousiasme patriotique. L'enthousiasme religieux.

Il signifie quelquefois, Démonstration d'une grande joie, d'une vive allégresse. Il fut accueilli avec enthousiasme.

Il signifie encore, Admiration outrée, goût excessif pour une personne ou pour une chose. Son enthousiasme pour cet auteur, pour cet ouvrage, l'aveugle. C'est un homme à enthousiasme. Ses enthousiasmes sont ridicules, mais ils ne durent pas. L'enthousiasme de l'amitié. Des éloges dictés par l'enthousiasme.

ENTHOUSIASMER. v. a. Charmer, ravir d'admiration. La lecture de cet ouvrage l'avait enthousiasmé. On le dit souvent en mauvaise part. Il s'est laissé enthousiasmer de cette musique, de la voix de cette femme.

Il s'emploie aussi avec le pronom personnel, et signifie alors, S'engouer de quelqu'un ou de quelque chose. Cet homme s'enthousiasme aisément.

ENTHOUSIASMÉ, ÉE. participe

ENTHOUSIASTE. s. des deux genres Visionnaire, fanatique qui se croit inspiré. En écoutant cet enthousiaste, la multitude crut entendre un prophète.

Il se dit plus communément de Celui ou de celle qui a une admiration excessive, une sorte d'engouement pour quelqu'un ou pour quelque chose; et, absolument, de Quiconque est sujet à s'engouer, à s'enthousiasmer. Les enthousiastes d'un poëte, d'une doctrine. C'est un enthousiaste.

Il s'emploie aussi comme adjectif, dans la même acception. Il est fort enthousiaste de cet ouvrage. C'est un peuple enthousiaste et léger.

ENTHYMÈME. s. m. T. de Logique. Forme de raisonnement dans laquelle on réduit le syllogisme à deux propositions, dont la première est appelée Antécédent, et la seconde Conséquent. Un enthymème célèbre est celui de Descartes: Je pense, donc je suis. Les orateurs se servent plus ordinairement de l'enthymème que du syllogisme.

ENTICHER. v. a. Commencer à gâter, à corrompre. On ne l'emploie guère dans ce sens qu'au participe, et seulement en parlant Des fruits. Des fruits entichés.

Il se dit plus ordinairement au figuré, en parlant De mauvaises opinions, de doctrines dangereuses, etc. Qui vous a entiché de cette opinion? On le soupçonnait d'être entiché d'hérésie.

ENTICHÉ, ÉE. participe

ENTIER, IÈRE. adj. Complet, qui a toutes ses parties, ou que l'on considère dans toute son étendue. Un pain entier. Un jour entier. Une année entière. Une province entière. Le monde entier. L'univers entier. On y joint quelquefois le mot Tout, pour s'exprimer avec plus de force. Attendre une heure tout entière. Lire un livre tout entier.

Il s'applique aussi Aux choses morales. Vivre dans un entier détachement des choses du monde. Avoir une entière confiance en Dieu. Une entière soumission. Conserver sa raison tout entière. Vivre dans un entier délaissement. Laisser une entière liberté à ses amis. Conserver sa réputation entière, sa vertu entière.

La question reste entière, La question n'est point changée, est toujours la même. On dit aussi, surtout au Barreau, Les choses ne sont pas entières, L'état des choses a changé, les circonstances ne sont plus les mêmes.

Fig., Cette affaire, cette fonction, cette science demande un homme tout entier, Il est nécessaire d'y employer tous ses soins, toute son attention et tout son temps. On dit dans un sens analogue, Se donner, se livrer tout entier à un travail, à une étude, etc.

Mourir tout entier, Ne laisser aucun souvenir, aucune renommée après sa mort.

Cheval entier, Cheval qui n'est pas hongre.

En Botan., Feuille entière, Feuille qui n'a aucune découpure sur ses bords. Les feuilles du lilas sont entières. On dit de même, Pétale entier.

Substantiv.: En son entier. En leur entier. Façons de parler qu'on emploie Pour marquer qu'il n'y a rien de changé, de gâté, d'altéré dans les choses dont on parle, qu'elles sont encore au même état qu'auparavant. Ce passage est rapporté en son entier dans tel livre. Cet amphithéâtre, ce temple est encore en son entier. Cette affaire est encore en son entier. La chose est en son entier. Remettre les choses en leur entier.

En entier, En totalité, entièrement. J'ai lu l'ouvrage en entier. Il faut le refaire en entier.

En Arithm., Unité entière, se dit d'Une unité quelconque, par opposition Aux nombres qui indiquent des fractions. On dit substantivement dans le même sens, Un entier. Deux unités entières, deux entiers et un cinquième. Quatre quarts font un entier. Extraire les entiers qui sont dans une expression fractionnaire. On appelle de même Nombre entier, Tout nombre qui ne renferme que des unités entières.

ENTIER signifie en outre figurément, Obstiné, entêté, opiniâtre. C'est un homme entier, bien entier, fort entier dans ses opinions. C'est un esprit très-entier. Cette femme est fort entière.

ENTIÈREMENT. adv. Totalement, tout à fait, complétement. Entièrement ruiné. Abandonner entièrement. Se livrer entièrement à l'étude, au jeu, aux plaisirs, etc. Ils sont entièrement différents.

ENTITÉ. s. f. T. de Philosophie scolastique. Ce qui constitue l'être ou l'essence de quelque chose.

ENTOILAGE. s. m. Action d'entoiler, ou Le résultat de cette action. Cet entoilage est mal fait.

Il se dit aussi de La toile, etc., dont on s'est servi pour entoiler. Entoilage de mousseline.

ENTOILER. v. a. Fixer, coudre un ajustement de dentelle, ou de quelque autre tissu délicat, sur de la toile, sur de la dentelle moins fine, etc. Entoiler une cravate, des manchettes, un tour de gorge.

Entoiler une estampe, une carte de géographie, etc., Les coller sur de la toile. Il a fait entoiler toutes ses cartes.

ENTOILÉ, ÉE. participe

ENTOMOLOGIE. s. f. Partie de l'histoire naturelle des animaux qui traite des insectes. Cours, traité d'entomologie.

ENTOMOLOGIQUE. adj. des deux genres Qui appartient, qui a rapport à l'entomologie.

ENTOMOLOGISTE. s. m. Celui qui s'occupe d'entomologie, de l'étude des insectes. Un savant, un habile entomologiste.

ENTONNER. v. a. Verser une liqueur dans un tonneau. Entonner du vin, du cidre, du vinaigre, etc. Il faut prendre garde que les futailles soient bonnes, avant que d'y entonner le vin.

Fig. et pop., Il entonne bien, se dit D'un homme qui boit beaucoup.

ENTONNER avec le pronom personnel, se dit Du vent lorsqu'il entre avec impétuosité dans un lieu étroit. Le vent s'entonne dans cette cheminée.

ENTONNÉ, ÉE. participe

ENTONNER. v. a. Mettre un air sur le ton. Entonner les notes. Entonner un air.

Il signifie aussi, Chanter le commencement, les premières paroles d'une hymne, d'un psaume, d'une antienne, d'un air, etc. Entonner le Te Deum, le Magnificat.

Il s'emploie souvent absolument, dans l'un et dans l'autre sens. Ce chantre entonne bien, entonne juste. Il a mal entonné. Il a entonné si haut, que le choeur ne peut le suivre.

Il signifie quelquefois simplement, Chanter. Entonner des cantiques. Il se mit à entonner une chanson grivoise.

Fig., Entonner les louanges de quelqu'un, Célébrer ses louanges.

ENTONNÉ, ÉE. participe

ENTONNOIR. s. m. Instrument à l'aide duquel on verse une liqueur dans un tonneau, dans un vase quelconque. Entonnoir de bois. Entonnoir de fer-blanc. Entonnoir de verre.

En Botan., Fleurs en entonnoir, Fleurs qui ont la forme d'un entonnoir, c'est-à-dire, qui sont évasées par en haut et qui vont en se rétrécissant par en bas.

ENTONNOIR se dit aussi, en Chirurgie, d'Instruments faits en entonnoir, qui servent à diriger des vapeurs, à conduire des cautères actuels vers certaines parties malades, etc.

Il se dit également, en Botanique, de Certains champignons qui ont la forme d'un entonnoir. Entonnoir de Provence. Entonnoir vénéneux. Etc.

Il se dit pareillement, en termes d'Anatomie, d'Une cavité ou fossette qu'on trouve entre la base du pilier antérieur de la voûte du cerveau et la partie antérieure du point de réunion des nerfs optiques.

ENTORSE. s. f. Extension violente des ligaments, et en général des parties molles qui entourent une articulation. Se donner une entorse. Il s'est donné une forte entorse au poignet, au pied.

Fig. et fam., On lui a donné une entorse, se dit en parlant D'un homme en place, en faveur, dont on a diminué par quelque moyen l'autorité ou le crédit. Cet homme se croyait bien établi dans son poste, mais on lui a donné une rude, une terrible entorse. On dit dans le même sens, Sa fortune, son crédit a souffert une rude entorse.

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