Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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d'une inspiration. Saül, se trouvant parmi
les prophètes, fut saisi du même enthousiasme
qu'eux. La Sibylle, dans son enthousiasme, avait
prédit que...

Il signifie aussi Exaltation de l'âme, des
facultés, qui accompagne quelquefois et surexcite
le travail de l'esprit. Noble, heureux
enthousiasme. Enthousiasme poétique. Quand
l'enthousiasme le prend, le saisit.

Il se dit également de Tout mouvement
extraordinaire de l'âme qui excite à des actes
de courage, de dévouement, etc. L'enthousiasme
guerrier. L'enthousiasme patriotique.
L'enthousiasme religieux.

Il signifie aussi Démonstration d'une grande
joie, d'une vive allégresse. Il fut accueilli
avec enthousiasme.

Prendre une résolution d'enthousiasme, Prendre
une résolution, une décision sous le coup
d'une émotion vive. On dit de même Voter
une motion d'enthousiasme.

Il signifie encore Admiration extrême,
goût très vif, parfois excessif, pour une personne
ou pour une chose. Cet orateur a provoqué
un enthousiasme universel. Son enthousiasme
pour cet auteur, pour cet ouvrage
l'aveugle. Ses enthousiasmes ne durent pas. Des
éloges dictés par l'enthousiasme.

ENTHOUSIASMER. v. tr. Remplir d'enthousiasme.
La lecture de cet ouvrage l'avait
enthousiasmé. Il s'est laissé enthousiasmer par
la voix de cette femme. Cet homme s'enthousiasme
aisément.

ENTHOUSIASTE. n. des deux genres.
Celui, celle qui a une admiration excessive,
une sorte d'engouement pour quelqu'un ou
pour quelque chose et, absolument, Quiconque
est sujet à s'engouer, à s'enthousiasmer. Les
enthousiastes d'un poète, d'une doctrine. C'est
un enthousiaste.
Adjectivement, C'est un
peuple enthousiaste. Une nature enthousiaste.
Démonstrations enthousiastes.

ENTHYMÈME. n. m. T. de Logique. Forme
de raisonnement dans laquelle on réduit le
syllogisme à deux propositions, dont la première
est appelée Antécédent et la seconde
Conséquent. Un enthymème célèbre est celui de
Descartes : " Je pense, donc je suis ". Les orateurs
se servent plus ordinairement de l'enthymème
que du syllogisme.

ENTICHER. v. tr. Prévenir d'une façon
excessive et peu raisonnable en faveur d'une
personne ou d'une chose. Il s'emploie surtout
à la forme passive et à la forme pronominale.
On le soupçonnait d'être entiché d'hérésie.
Il est fort entiché de cette mauvaise pièce
et de son auteur. Il est entiché de sa noblesse.

ENTIER, IÈRE. adj. Qui a toutes ses
parties, ou que l'on considère dans toute son
étendue. Un pain entier. Un jour entier.
Une province entière. L'univers entier.
On y
joint quelquefois le mot tout, pour s'exprimer
avec plus de force. Attendre une heure tout
entière. Lire un livre tout entier.

Il s'emploie aussi comme nom. En son
entier. En leur entier.
Façons de parler qu'on
emploie pour marquer qu'il n'y a rien de
changé, d'altéré dans les choses dont on parle,
qu'elles sont encore au même état qu'auparavant.
Ce passage est rapporté en son entier
dans tel livre. Ce temple est encore en son
entier. Remettre les choses en leur entier.

En entier, En totalité, entièrement. J'ai
lu l'ouvrage en entier. Il faut le refaire en entier.

En termes d'Arithmétique, Unité entière
se dit d'une Unité quelconque par opposition
aux nombres qui indiquent des fractions. Il
s'emploie comme nom dans le même sens.
Un entier. Deux entiers et un cinquième.
Quatre quarts font un entier.
On appelle de
même Nombre entier Tout nombre qui ne
renferme que des unités entières.

En termes de Botanique, Feuille entière
Feuille qui n'a aucune découpure sur ses bords.
Les feuilles de lilas sont entières. On dit de
même Pétale entier.

Il signifie figurément Qui n'a subi aucune
altération. Vivre dans un entier détachement
des choses du monde. Avoir une entière confiance
en Dieu. Une entière soumission. Conserver sa
raison tout entière. Laisser une entière liberté
à ses amis. Conserver sa réputation entière, sa
vertu entière. La confiance entière qu'on avait
en cette banque a causé la ruine de bien des
gens.

La question reste entière, La question reste
intacte, est toujours la même. On dit aussi,
surtout dans le langage des affaires, Les
choses ne sont pas entières,
L'état des choses
a changé, les circonstances ne sont plus les
mêmes.

Fig., Cette affaire, cette fonction, cette science
prend l'homme tout entier,
Il est nécessaire
d'y employer tous ses soins, toute son attention
et tout son temps. On dit dans un sens
analogue Se donner, se livrer tout entier à
un travail, à une étude, etc.

Mourir tout entier, Ne laisser aucun souvenir,
aucune renommée après sa mort.

Cheval entier, Qui n'a pas été châtré.

Il signifie en outre, figurément, Qui ne
supporte aucune atténuation dans ses opinions,
dans ses convictions, qui ne se laisse
point entamer par la discussion. C'est un
homme entier, bien entier, fort entier dans ses
opinions. C'est un esprit très entier.

ENTIÈREMENT. adv. D'une manière entière.
Entièrement ruiné. Abandonner entièrement.
Se livrer entièrement à l'étude, au jeu,
aux plaisirs, etc.

ENTITÉ. n. f. T. de Philosophie. Ce qui
constitue l'être ou l'essence d'une chose.

ENTOILAGE. n. m. Action d'entoiler ou
Résultat de cette action. Cet entoilage est
mal fait.

Il se dit aussi de la Toile dont on s'est
servi pour entoiler. Entoilage de mousseline.

ENTOILER. v. tr. Fixer sur une toile.
Entoiler une cravate, des manchettes, un col de
fourrure. Entoiler une estampe, une carte de
géographie.

Il signifie aussi Relier en toile. Un in-12
simplement entoilé.

ENTOMOLOGIE. n. f. Partie de l'histoire
naturelle des animaux qui traite des insectes.
Cours, traité d'entomologie.

ENTOMOLOGIQUE. adj. des deux genres.
Qui a rapport à l'entomologie.

ENTOMOLOGISTE. n. m. Celui qui s'occupe
d'entomologie.

ENTONNER. v. tr. Verser un liquide dans
un tonneau. Entonner du vin, du cidre, du
vinaigre, etc. Il faut prendre garde que les
futailles soient bonnes avant que d'y entonner
le vin.

Fig., Le vent s'entonne dans cette cheminée,
Il y pénètre, il s'y engouffre avec impétuosité.

ENTONNER. v. tr. Mettre un air sur le
ton. Entonner les notes. Entonner un air.
Absolument, Bien entonner. Mal entonner.

Il signifie aussi Chanter le commencement,
les premières paroles d'une hymne,
d'un psaume, d'une antienne, d'un air, etc.
Entonner le Te Deum, le Magnificat. Entonner
des cantiques. Il entonna une chanson grivoise.

Absolument, Il a entonné si haut que
le choeur n'a pas pu le suivre.

Fig., Entonner les louanges de quelqu'un,
Se mettre à célébrer quelqu'un.

ENTONNOIR. n. m. Instrument qui sert à
entonner un liquide. Entonnoir de bois. Entonnoir
de fer-blanc. Entonnoir de verre.

Dans la langue technique, il se dit souvent
de Choses qui en rappellent la forme, telles
que, en termes de Botanique, Certaines fleurs,
certains champignons. Entonnoir de Provence.
Entonnoir vénéneux. Etc.
Certaines cavités,
par exemple, en termes d'Anatomie, la Sorte
de fossette qu'on trouve entre la base du pilier
antérieur de la voûte du cerveau et la partie
antérieure du point de réunion des nerfs
optiques; en termes de Géologie, l'Ouverture
circulaire d'un volcan éteint; en termes
militaires, l'Espèce de cratère qui résulte de
l'explosion d'une mine, d'un obus.

ENTORSE. n. f. Distension violente et
douloureuse des ligaments, et en général des
parties molles qui entourent une articulation.
Se donner une entorse au poignet, au pied.

Fig. et fam., On lui a donné une entorse,
se dit en parlant de Quelqu'un en place, en
faveur, dont on a diminué par quelque moyen
l'autorité ou le crédit. On dit dans le même
sens, Sa fortune, son crédit a souffert une rude
entorse.

Fig. et fam., Donner une entorse à un
passage,
Le détourner de son vrai sens, de
son sens naturel.

Fig. et fam., Donner une entorse à la vérité,
au droit, à la loi,
Altérer, fausser la vérité,
le droit, la loi.

ENTORTILLAGE. (ILL se prononce IYA
dans ce mot et IYE dans les deux suivants.) n.
m.
Ce qui, dans des paroles ou dans un écrit,
est entortillé, obscur, prétentieux. Il y a dans
ce style bien de l'entortillage.

ENTORTILLEMENT. n. m. Action de ce
qui s'entortille autour de quelque chose, ou
État d'une chose entortillée autour d'une
autre. L'entortillement du lierre, de la vigne,
des fils télégraphiques.

ENTORTILLER. v. tr. Envelopper un
objet dans quelque chose que l'on tortille ou
Tortiller quelque chose autour d'un objet.
Entortillez cela dans du papier. Entortiller une
ficelle autour d'un paquet. S'entortiller dans
son manteau, dans sa couverture.

S'ENTORTILLER se dit souvent des Choses
qui s'attachent à d'autres en faisant plusieurs
tours. La vigne, le lierre s'entortille autour
des ormeaux.

Fig., Entortiller quelqu'un, Le circonvenir,
l'envelopper de ruses, de séductions. J'étais
décidé à refuser, mais il m'a entortillé.

ENTORTILLER signifie encore au figuré
Exprimer quelque chose d'une manière embarrassée,
obscure, trop recherchée, soit à
dessein, soit par défaut de netteté dans les
idées. Entortiller son style, ses idées. Il entortille
ses phrases de manière qu'on n'y peut rien
comprendre. Pensée entortillée. Style entortillé.

ENTOUR. n. m. Il est inusité au singulier,
sauf dans la locution À l'entour. Voyez ALENTOUR.

ENTOURS. n. m. pl. Environs. Il s'est assuré
des entours de la place.

Fig., Les entours de quelqu'un, Ceux qui
vivent dans sa familiarité, qui forment sa
société intime et qui ont quelque influence
sur lui. Cet homme est gouverné par ses entours.

Fig. et fam., Savoir bien prendre les entours,
Savoir mettre dans ses intérêts ceux
qui ont du crédit sur l'esprit des personnes
dont on a besoin.

Fig., Les entours d'une question. Il a bien
étudié les entours de son sujet,
Tout ce qui
concerne ce sujet, cette question.

ENTOURAGE. n. m. Ce qui entoure un
objet, en guise d'ornement. Entourage de
fleurs, de perles.

Il se dit figurément de Ceux qui entourent
ordinairement quelqu'un, qui vivent dans sa
familiarité. Cet homme a un mauvais entourage.
Son entourage nuit à sa réputation.

ENTOURER. v. tr. Mettre, disposer autour,
ou Être, se tenir autour de. Entourer une
ville de murailles. Ils l'entourèrent et le saisirent.
Les gardes qui l'entouraient.
Fig., Être

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