Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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faisait des chevaliers, on leur chaussait les éperons. Les éperons dorés étaient une marque de chevalerie.

Gagner ses éperons, Faire ses premières armes avec distinction. Cela se dit, au propre, Des anciens chevaliers; et on le dit au figuré D'un homme qui a bien mérité, qui justifie d'une manière brillante les avantages, les récompenses qu'il obtient.

Fig. et fam., Chausser de près les éperons à quelqu'un, Poursuivre de près quelqu'un qui s'enfuit. Les ennemis se retiraient, notre cavalerie leur chaussa les éperons. Il est vieux.

Fig. et fam., Donner un coup d'éperon jusqu'à un certain endroit, Y courir, y aller en diligence. Sa maison n'est pas loin, donnez un coup d'éperon jusque-là. On dit plus ordinairement dans ce sens, Donner un coup de pied, etc.

Fig., Ce cheval n'a ni bouche ni éperon, Il a la bouche forte, et il n'est point sensible à l'éperon.

Fig. et fam., N'avoir ni bouche ni éperon, Être stupide et insensible, ne s'émouvoir de rien.

Fig. et fam., Cet homme a besoin d'éperon, il lui faut donner un coup d'éperon, Il faut le presser, l'exciter.

Fig. et fam., Il a plus besoin de bride que d'éperon, se dit D'un homme ardent, impétueux, qui a plus besoin d'être retenu que d'être excité.

ÉPERON se dit, par analogie, de L'ergot que certains animaux, tels que les coqs, ont derrière la jambe vers le bas, et que les chiens ont derrière les jambes de devant.

Il signifie aussi, Cette partie de la proue d'un bâtiment qui se termine en pointe et qui a plus ou moins de saillie en avant. L'éperon des galères antiques était armé de fer (voyez ROSTRE). L'éperon supporte la figure qui donne son nom au vaisseau.

Il se dit encore d'Une sorte de fortification en angle saillant, qu'on élève, ou au milieu des courtines, ou au devant des portes, pour les défendre.

Il se dit également de Tout ouvrage en pointe qui sert à rompre le cours de l'eau, devant les piles des ponts, ou sur les bords des rivières.

Il se dit pareillement de Certains ouvrages de maçonnerie terminés en pointe, faits en dehors d'un bâtiment ou d'une muraille, pour les soutenir.

Il se dit, en Botanique, d'Une pointe, d'un prolongement en cornet, que l'on remarque à la base du calice, de la corolle ou des pétales de certaines fleurs. La fleur de la linaire, du pied-d'alouette est terminée en éperon. Le calice de la capucine, les pétales de la violette, ont un éperon.

Il se dit aussi, en termes de Jardinage, Des branches qui sont courtes, droites, regardant l'horizon, et qui sont placées en forme d'éperon. Les ambrettes sont sujettes à porter des éperons.

ÉPERON se dit encore, figurément et familièrement, de Certaines rides qui se forment au coin de l'oeil des personnes qui vieillissent.

ÉPERONNÉ, ÉE. adj. Qui a des éperons au talon. Il est botté et éperonné, tout prêt à monter à cheval.

Il se dit aussi Des coqs et des chiens. Un coq éperonné. On prétend que les chiens éperonnés ne sont pas sujets à la rage.

Il se dit, en Botanique, D'une corolle, d'un calice, d'un pétale qui se termine en éperon. Fleur, corolle éperonnée. Calice, pétale éperonné.

Fig. et fam., Avoir les yeux éperonnés, ou Être éperonné, Avoir des rides au coin de l'oeil.

ÉPERONNIER. s. m. Artisan qui fait ou qui vend des éperons, des mors, des étriers, etc. Éperonnier du roi.

ÉPERONNIER en Histoire naturelle, se dit d'Un bel oiseau de la Chine, dont le mâle porte à chaque pied deux ergots ou éperons.

ÉPERVIER. s. m. Oiseau de proie, dont on se sert dans la fauconnerie. Lâcher l'épervier.

Prov. et fig., C'est un mariage d'épervier, la femelle vaut mieux que le mâle, se dit D'un mariage où la femme est plus habile, plus agissante que le mari.

Prov. et fig., On ne saurait faire d'une buse un épervier, On ne saurait faire d'un sot un habile homme.

ÉPERVIER se dit aussi d'Une sorte de filet à prendre du poisson. Pêcher à l'épervier. Jetez l'épervier. Coup d'épervier.

ÉPERVIÈRE. s. f. T. de Botan. Genre de plantes à fleurs composées, dont il existe un très-grand nombre d'espèces.

ÉPERVIN. s. m. Voyez ÉPARVIN.

ÉPHÉLIDE. s. f. T. de Médec. Il se dit Des taches de rousseur, et de quelques autres, qui viennent sur la peau. Avoir des éphélides aux mains, au visage.

ÉPHÉMÈRE. adj. des deux genres Qui ne dure, qui ne vit qu'un jour. Insecte éphémère. Fleur éphémère. Fièvre éphémère.

Il se dit, par extension, De tout ce qui n'a qu'une très-courte durée. Opinion éphémère. Succès, bonheur éphémère. Puissance éphémère. Ouvrages, productions éphémères.

Il s'emploie comme substantif, au masculin, et se dit, en Entomologie, de Certains insectes névroptères qui ne vivent guère qu'un jour. Les éphémères se montrent quelquefois en si grand nombre, que l'air en est obscurci.

ÉPHÉMÉRIDES. s. f. pl. Tables astronomiques par lesquelles on détermine, pour chaque jour, le lieu de chaque planète dans le zodiaque. Les Éphémérides d'Argolus. Consulter les Éphémérides.

Il se dit aussi de Livres ou de simples notices qui indiquent les événements arrivés, le même jour de l'année, à différentes époques. Mettre des éphémérides en tête d'un journal.

ÉPHOD. s. m. (On prononce le D.) Espèce de ceinture à l'usage des prêtres hébreux. L'éphod se passait derrière le cou comme une étole, et faisait plusieurs tours en se croisant autour du corps.

ÉPHORES. s. m. pl. T. d'Antiq. grecque. Magistrats lacédémoniens établis pour contre-balancer l'autorité des rois et du sénat. Les éphores étaient au nombre de cinq. Le tribunal des éphores.

ÉPI. s. m. Partie du blé, du froment et de plusieurs autres plantes graminées, qui est placée au sommet de la tige, et formée par la réunion des graines. On le dit aussi, surtout en Botanique, de La réunion des fleurs qui doivent donner les graines. Épi long, court, serré. Gros épi. Épi bien garni. Épi maigre. Épi de blé, d'orge, etc. Épi de froment. Quand les blés sont en épi, montent en épi. Les barbes des épis d'orge sont plus longues que celles des épis de seigle.

Prov., Jamais avril ne se passa sans épi.

En Botan., Fleurs en épi, se dit de Fleurs quelconques attachées, rangées le long d'un axe commun, à l'extrémité de la tige. Le bouillon-blanc a ses fleurs en épi, disposées en épi.

Épi d'eau. Nom vulgaire d'une plante qui croît dans les étangs et les marais, et dont les fleurs sont en épi.

En Joaillerie, Épi de diamants, Assemblage de diamants qui a la forme d'un épi de blé.

Épi de cheveux, Mèche de cheveux qui s'écartent de la direction des autres.

ÉPI se dit, en Chirurgie, d'Une sorte de bandage dont les tours représentent en quelque manière un épi d'orge. On le nomme aussi Spica.

Il se dit également, en Architecture, de Différentes choses qui ont plus ou moins de ressemblance avec un épi: tel est l'assemblage des chevrons autour du poinçon d'un comble pyramidal; telle est encore une certaine disposition des briques d'un pavé, posées de champ et diagonalement; etc.

ÉPIALE. adj. T. de Médec. Nom donné par les anciens à une fièvre continue dans laquelle on sent, avec une chaleur répandue par tout le corps, des frissons vagues et irréguliers. Fièvre épiale.

ÉPICE. s. f. Toute drogue aromatique, chaude et piquante, dont on se sert pour assaisonner des viandes, comme sont le clou de girofle, la muscade, le poivre, le gingembre, etc. Il s'emploie surtout au pluriel. Fines, bonnes épices. Épices éventées. C'est de l'Inde que nous viennent presque toutes les épices. Il y a trop d'épices à ce pâté.

Pain d'épice, Sorte de pain qui se fait avec de la farine de seigle, de l'écume de sucre, du miel, des épices, etc. Pain d'épice de Reims.

Prov. et fig., Dans les petits sacs sont les fines, sont les bonnes épices, se dit Des personnes petites, mais spirituelles.

Prov. et fig., C'est chère épice, se dit D'une marchandise qui est plus chère qu'elle ne devrait être.

ÉPICES au pluriel se disait anciennement Des dragées et des confitures. À la fin du repas, on apporta le vin et les épices.

Il se disait figurément, autrefois, de Ce qui était dû aux juges pour le jugement d'un procès par écrit. Ce fut un grand procès, il y eut plus de deux cents écus d'épices. Il fallait payer les épices pour lever l'arrêt. Dans l'origine, les épices étaient volontaires, et se payaient en nature.

ÉPICÈNE. adj. des deux genres T. de Gram. Il se dit Des noms qui désignent

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