Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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ENDURCIR. v. tr. Rendre dur. Le grand
air endurcit certaines pierres. Donner une nouvelle
trempe à du fer pour l'endurcir davantage.
Le corail s'endurcit à l'air. La plante des pieds
s'endurcit.

Il signifie, par extension, Rendre fort,
rendre robuste. Le travail endurcit le corps.

Il signifie au figuré Accoutumer à ce qui
est dur, fâcheux, pénible. Il est bon d'endurcir
de bonne heure les jeunes gens au travail,
aux intempéries de l'air, aux privations.
S'endurcir à la peine. S'endurcir à la douleur,
à la fatigue. S'endurcir aux injures, aux affronts.

S'endurcir dans le vice, dans le crime,
Contracter l'habitude du vice, du crime, au
point de n'en avoir plus de honte, de remords.
On dit aussi S'endurcir au crime.

Il signifie aussi Rendre impitoyable, insensible.
L'avarice lui avait endurci le coeur.
S'endurcir aux misères d'autrui. Un coeur qui
s'est endurci.

Dans le langage de l'Écriture, Dieu endurcit
le coeur des pécheurs,
Il ferme leur coeur aux
bonnes inspirations, il les abandonne à leur
égarement. Dieu avait endurci le coeur de
Pharaon.

Le participe passé ENDURCI, IE, s'emploie
comme nom et se dit de Ceux qui ont perdu
tout sentiment de piété. Ces hommes ne peuvent
goûter les vérités évangéliques : ce sont
des endurcis.

ENDURCISSEMENT. n. m. État d'une
âme qui a perdu tout sentiment de piété, de
vertu, de bonté. Cela marque un grand endurcissement.
Tomber dans l'endurcissement,
l'endurcissement de coeur.

ENDURER. v. tr. Souffrir, supporter avec
fermeté, constance. Endurer du mal. Les
peines, les tourments que j'endure. Endurer le
froid, la faim, la soif. Endurer une injure, un
affront. Endurer le martyre. J'en ai à endurer
avec lui!

Il signifie par extension Permettre. N'endurez
pas qu'on fasse tort à votre famille.
On
dit plus ordinairement Ne souffrez pas.

ÉNERGÉTIQUE. n. f. T. de Physique et de
Mécanique
. Science de l'énergie. Traité d'énergétique.

ÉNERGIE. n. f. Force agissante. L'énergie
musculaire. L'énergie d'un remède.
Dans ce
sens, il s'emploie aussi au pluriel pour désigner
les forces naturelles. L'homme met à
son service les énergies naturelles.

Il se dit particulièrement de la Vigueur
d'âme et de la fermeté dans l'action. C'est
un vieillard encore plein d'énergie. Doué
d'énergie. Une âme, un caractère sans énergie.
Un ministre plein d'énergie. Il se comporte
avec beaucoup d'énergie. Il a déconcerté ce
complot par l'énergie de ses mesures. Montrer,
déployer de l'énergie.

Il s'applique, dans un sens analogue, au
Discours, à la parole. S'exprimer avec énergie.
Il y a dans les prophètes des expressions
d'une grande énergie.

En termes de Physique et de Mécanique,
il se dit de la Capacité de produire du travail,
de la puissance emmagasinée. Énergie électrique,
mécanique. Le principe de la conservation
de l'énergie est un principe de physique
générale.

ÉNERGIQUE. adj. des deux genres. Qui
a de l'énergie. Remède énergique. Âme énergique.
Style énergique. Ce mot est fort énergique.
Une conduite énergique. Des mesures énergiques.

ÉNERGIQUEMENT. adv. D'une manière
énergique. Il lui parla énergiquement. Il agit
énergiquement.

ÉNERGUMÈNE. n. des deux genres. T. de
Théologie
. Celui qui est possédé du diable.
Exorciser un énergumène.

Il se dit figurément de Celui, de celle qui
se livre à des mouvements excessifs d'exaltation,
de colère, qui parle et s'agite avec
violence. Quel ton d'énergumène! Crier, s'agiter
comme un énergumène.

ÉNERVANT, ANTE. adj. Qui est propre
à énerver. Une chaleur énervante. Des habitudes
énervantes.

ÉNERVEMENT. n. m. État d'une personne
énervée, surexcitée, incapable de maîtriser
ses nerfs. D'où vient l'énervement où je vous
vois?
Fig., L'énervement des esprits.

ÉNERVER. v. tr. Affaiblir en endommageant
le système nerveux. La chaleur excessive
énerve et accable.

Il signifie au figuré Amollir, efféminer.
Les voluptés énervent; elles énervent l'âme.
Un long repos avait énervé son courage. Le
courage s'énerve au milieu des voluptés.

Énerver le style, énerver le langage, Rendre
le style, rendre le langage faible et lâche.
Le trop d'ornement énerve le style. Une délicatesse
excessive énerverait la langue. Leur
langage s'énervait en se polissant.

Énerver l'autorité, la religion, les lois, Leur
ôter leur force.

Il signifiait autrefois Priver de l'usage des
nerfs en brûlant ou en coupant les tendons
des muscles des jarrets. Les énervés de Jumièges.
Dans cette acception, il se dit encore
en termes d'Art vétérinaire. Énerver un cheval,
Lui enlever les tendons des muscles de la
lèvre supérieure.

ÉNERVER signifie aussi Agacer en produisant
une irritation nerveuse. Vous m'énervez
avec votre phonographe. Ce raisonnement
m'énerve.

Dans cette acception, S'ÉNERVER signifie
Être dans une agitation nerveuse qui va en
s'augmentant. Il s'est énervé à ce travail sans
résultat. Il ne peut rien faire sans s'énerver.

ENFAÎTEAU. n. m. T. de Construction.
Tuile qui s'adapte au faîte d'une maison.

ENFAÎTEMENT. n. m. T. de Construction.
Plomb qui se met sur le faîte des maisons couvertes
d'ardoises. Des crochets de fer arrêtent
et soutiennent les enfaîtements.

ENFAÎTER. v. tr. T. de Construction.
Couvrir le faîte d'une maison avec du plomb.

ENFANCE. n. f. La première partie de la
vie de l'homme, précédant l'adolescence.
Dès mon enfance. Dans mon enfance. Dans
la plus tendre enfance. Sortir de l'enfance. Les
souvenirs de l'enfance. Un ami d'enfance. Les
grâces de l'enfance. Les jeux de l'enfance. L'enfance
abandonnée. Corrupteurs de l'enfance.

Être en enfance, tomber en enfance, se dit
d'une Personne âgée qui n'a plus l'usage de
la raison.

ENFANCE se dit, au figuré, pour Commencement.
À cette époque la peinture était encore
dans l'enfance. L'enfance du monde. L'enfance
de Rome.

C'est l'enfance de l'art se dit à propos de
Tout ce qui est élémentaire, facile.

ENFANÇON. n. m. Il s'est dit d'un Enfant
en bas âge. On disait dans le même sens
ENFANTELET.

ENFANT. n. m. Garçon ou fille qui est en
bas âge. Un bel enfant. Tenir un enfant sur
les fonts baptismaux. Un enfant à la mamelle.
Un enfant mort-né. Pleurer comme un enfant.
S'amuser, rire comme un enfant. Des jouets
d'enfants. Laissez venir à moi les petits enfants.

Fam., Ce n'est pas un jeu d'enfant, ce
n'est pas jeu d'enfant,
se dit d'une Affaire
grave et sérieuse, ou d'un engagement dont
on ne peut se dédire.

Fig., Il est aussi innocent que l'enfant qui
vient de naître,
se dit pour mieux affirmer
l'innocence de quelqu'un.

Fig., Faire l'enfant, Badiner comme un
enfant, s'amuser à des choses puériles. On
dit de même Être enfant. Est-elle enfant!
Que vous êtes enfant!

Se comporter, se conduire, agir comme un
enfant, parler comme un enfant,
Agir sans
réflexion, tenir des discours puérils. On dit
de même Propos d'enfant. Conduite d'enfant, etc.

Fig. et fam., Il n'y a plus d'enfants, se
dit à propos d'un Enfant qui parle de choses
qu'il devrait encore ignorer.

Fig. et fam., Il est bon enfant, bien bon
enfant de croire cela, de se prêter à cela,
Il
est bien simple de croire cela, etc.

Être bon enfant signifie aussi Être de bon
caractère, commode à vivre, toujours de
bonne humeur. C'est une bonne enfant, une
bien bonne enfant.

Enfant trouvé, Enfant abandonné et dont le
père et la mère ne se font pas connaître.
L'hospice des enfants trouvés, ou, simplement,
Les Enfants trouvés. Aller aux Enfants trouvés.

Enfant de troupe, Fils de militaire élevé
aux frais de l'État.

Enfant de choeur. Voyez CHOEUR.

Fig., Enfants perdus, s'est dit des Soldats
que l'on porte en avant un jour de combat
et que l'on considère comme perdus.

ENFANT s'emploie aussi comme nom des
deux genres en termes d'amitié et de familiarité.
Ma belle enfant. Venez, mon enfant.
Ma chère enfant, écoutez-moi. Enfant que vous
êtes! Courage, enfants, criait-il à ses soldats.

ENFANT est quelquefois féminin quand il
sert à désigner précisément qu'il s'agit d'une
Fille et non d'un garçon. Voilà une belle
enfant! Vous êtes une aimable enfant. La
pauvre enfant. Que cette enfant est laide! Oh!
la vilaine enfant.

Il se dit aussi d'un Fils ou d'une Fille,
quel que soit leur âge, par relation au père
et à la mère, ou à l'un des deux seulement.
Avoir des enfants. Être chargé d'enfants. Il
laisse une veuve et quatre enfants en bas âge.
Dans son extrême vieillesse, il resta entouré de
ses enfants. Cette mère est faible, elle gâte ses
enfants. Enfant mâle. Enfant légitime. Enfant
naturel. Enfant adoptif. Enfant d'adoption.
Enfant du premier lit, du second lit.

ENFANTS, au pluriel, se dit aussi des Petits-
fils et arrière-petits-fils. Ce père de famille a
dîné avec tous ses enfants. Les petits-enfants
d'une personne,
Ses petits-fils et arrière-
petits-fils. Ses petites-filles et arrière-petites-
filles. On dit aussi Enfants pour exprimer
Toutes les générations.

Il se dit également quelquefois de Tous
ceux qui sont sortis d'une même souche, qui
ont la même origine. Nous sommes tous
enfants d'Adam. Les Juifs sont appelés les
enfants d'Israël.
Fig., Nous sommes les enfants
de Dieu par la grâce. Tous les fidèles
sont enfants de Dieu, enfants de l'Église. La
patrie vit alors tous ses enfants s'armer pour elle.

Les enfants de France, Les princes enfants
légitimes des rois de France, et ceux qui
descendent des aînés. Gouverneur des enfants
de France. Gouvernante des enfants de France.

Fig., Enfant de Paris, Natif de Paris, qui
a l'esprit parisien.

Fig., Enfant de la balle, Enfant d'un maître
de jeu de paume; et, populairement par extension,
Toute personne élevée dans la profession
de son père. Il se dit spécialement
quand la profession du père touche au théâtre.

En style de l'Écriture, Les enfants de lumière,
Ceux qui sont éclairés des lumières
de l'Évangile. Les enfants de ténèbres, Les
idolâtres. Les enfants des hommes, Les hommes.
Cela se dit principalement par opposition
à l'expression Les enfants de Dieu.

Enfant de l'amour, Enfant naturel.

Il s'est dit autrefois, figurément, d'une
Chose qui est produite par une autre, qui en
naît, qui en résulte. Le remords est enfant du
crime.

ENFANTELET. n. m. Voyez ENFANÇON.

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