Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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ÉNONCER. v. a. Exprimer ce qu'on a dans la pensée. Ce n'est pas tout que de bien penser, il faut savoir bien énoncer ce que l'on pense. La manière dont il énonce ses pensées leur donne de la force. On avait énoncé telle chose dans le contrat. Ces choses y étaient clairement énoncées. Un des articles de ce traité était énoncé de telle sorte, que les deux parties pouvaient l'interpréter à leur avantage.

En termes de Procédure, Énoncer faux, Avancer quelque chose contre la vérité.

ÉNONCER s'emploie plus ordinairement avec le pronom personnel, dans le sens de S'exprimer. C'est un homme qui s'énonce en bons termes, qui s'énonce clairement, qui s'énonce bien, qui s'énonce mal. On ne peut pas mieux s'énoncer qu'il fait. Il pense assez bien, mais il ne saurait s'énoncer. Il n'a pas le don de s'énoncer. S'énoncer avec facilité.

ÉNONCÉ, ÉE. participe Il s'emploie quelquefois substantivement, comme dans ces locutions: Un simple énoncé, Une chose avancée sans explication, sans développement; Un faux énoncé, Une chose avancée contre la vérité.

ÉNONCIATIF, IVE. adj. T. de Logique et de Palais. Qui énonce. Terme énonciatif.

ÉNONCIATION. s. f. Action d'énoncer; ou Les termes qu'on emploie pour énoncer quelque chose. L'énonciation de la pensée. L'énonciation d'une condition dans un contrat. Cet écrit contient l'énonciation des faits. Une simple énonciation, dans les titres anciens, est une espèce de preuve.

Il se dit particulièrement, en termes d'ancienne Logique, de L'action de nier ou d'affirmer. Il y a trois opérations de l'entendement: la simple perception, l'énonciation, et le raisonnement.

Il signifie aussi, La manière de s'énoncer, quant à l'expression et quant au ton de la voix. Avoir l'énonciation facile, l'énonciation heureuse.

ENORGUEILLIR. v. a. (Il se prononce comme s'il y avait deux N, la première nasale, la seconde articulée. Quelques-uns prononcent Énorgueillir.) Rendre orgueilleux. Les succès l'enorgueillissent. La fortune l'a bien enorgueilli.

Il s'emploie aussi avec le pronom personnel. S'enorgueillir de son savoir, de ses richesses.

ENORGUEILLI, IE. participe

ÉNORME. adj. des deux genres Démesuré, qui excède de beaucoup la grandeur ou la grosseur accoutumée. Un colosse d'une grandeur énorme. Un énorme bloc de granit.

Il se dit figurément, tant au sens physique qu'au sens moral, et ordinairement en mauvaise part, De tout ce qui est excessif dans son genre. Faire des gains énormes. Une dette énorme. Une perte énorme. Des frais énormes. Crime énorme. Cas énorme. Faute énorme. Trahison énorme. Avarice énorme. Lésion énorme. Ingratitude énorme. Laideur énorme.

ÉNORMÉMENT. adv. Excessivement. Il est énormément grand, énormément gros. Il prétend avoir été énormément lésé.

ÉNORMITÉ. s. f. Excès de grandeur ou de grosseur. L'énormité de sa taille, de sa grosseur.

Il s'emploie plus ordinairement au figuré, surtout en parlant De crimes, de méfaits, et signifie, Gravité, atrocité. L'énormité d'un crime. L'énormité du fait. L'énormité du cas.

ÉNOUER. v. a. T. employé dans les Manufactures de draps. Éplucher les draps, en ôter les noeuds.

ÉNOUÉ, ÉE. participe

ENQUÉRANT, ANTE. adj. Qui s'enquiert avec trop de curiosité. Vous êtes trop enquérant. Il est familier et il a vieilli.

ENQUÉRIR (S'). v. pron. (Je m'enquiers, tu t'enquiers, il s'enquiert, nous nous enquérons, vous vous enquérez, ils s'enquièrent. Je m'enquérais. Je m'enquis. Je m'enquerrai. Je m'enquerrais. Enquiers-toi, qu'il s'enquière. Que je m'enquière. Que je m'enquisse.) S'informer, faire des recherches. Il se dit en parlant Des personnes et des choses. Enquérez-vous soigneusement de cela. Je me suis enquis de cet homme-là partout, et je n'ai pu en avoir de nouvelles. Il faut s'enquérir de la vérité du fait. Enquérez-vous-en à ceux qui le savent. Je me suis enquis d'un tel, ou à un tel, si le bruit qui court est vrai.

ENQUIS, ISE. participe Il ne se dit guère qu'en termes de Pratique, dans le sens d'Interrogé, et seulement en parlant De témoins. Ce témoin, enquis s'il avait vu.... a répondu.... Cette femme, enquise de son âge, de ses qualités, etc., a répondu que....

ENQUERRE. v. a. Vieux mot, synonyme de S'enquérir, examiner, rechercher, et qui n'est plus usité que dans la locution, À enquerre, dont on se sert quelquefois Pour marquer, pour avertir qu'un mot, un fait, etc., a besoin d'être vérifié. On dit aussi, en termes de Blason, Armes à enquerre, Armes qui ne sont pas selon les règles ordinaires du blason, et qui offrent métal sur métal, ou couleur sur couleur.

ENQUÊTE. s. f. T. de Procéd. civile. Recherche, preuve qui se fait en justice par audition de témoins. Les parties étant contraires en faits, on ordonna une enquête. Enquête verbale ou sommaire. Enquête par écrit. Procéder à une enquête. L'ouverture, la confection, la clôture d'une enquête. L'enquête a été faite devant tel juge, par-devant tel juge. Procès-verbal d'enquête. L'enquête fut déclarée nulle. Recommencer une enquête.

Convertir les informations en enquête, signifiait autrefois, Civiliser un procès criminel. Voyez INFORMATION.

Les chambres des enquêtes, ou simplement, Les enquêtes, se disait, dans les parlements, Des chambres où l'on jugeait les appellations des sentences rendues sur procès par écrit. Son procès était à la première, à la seconde des enquêtes. Président aux enquêtes, des enquêtes.

ENQUÊTE se dit aussi de Certaines recherches en matière de commerce, d'industrie, de haute administration, faites par ordre de l'autorité. Ordonner une enquête sur les fers, sur les douanes, etc. Nommer une commission d'enquête. Soigneuse enquête. Enquête sévère. Le résultat d'une enquête.

ENQUÊTER (S'). v. pron. S'enquérir. Je m'en suis enquêté partout. Je vous prie, enquêtez-vous de cela.

Ne s'enquêter de rien, Ne se soucier, ne se mettre en peine de rien.

Ce mot est familier et il a vieilli.

ENQUÊTEUR. adj. m. Il se disait autrefois d'Un juge ou officier commis pour faire des enquêtes. Commissaires examinateurs et enquêteurs.

ENRACINER (S'). v. pron. Prendre racine. Les arbres ne peuvent s'enraciner dans ce mauvais terrain. Son plus grand usage est au figuré. Si cette opinion vient une fois à s'enraciner dans les esprits. Il ne faut pas laisser enraciner les maux, les abus, les mauvaises habitudes, les préjugés. Dans cette dernière phrase, il y a ellipse du pronom.

ENRACINÉ, ÉE. participe Un arbre bien enraciné. Un mal enraciné. Des préjugés enracinés.

ENRAGEANT, ANTE. adj. Qui cause beaucoup de peine, un chagrin violent. Cela est enrageant. Il est familier.

ENRAGER. v. n. Être saisi de la rage. Si l'on ne donne à boire à ce chien, il enragera. Cet homme a été mordu d'un chien, et il court risque d'enrager s'il ne fait des remèdes. Ce sens est vieux.

Prov. et fig., Il ferait enrager la bête et le marchand, se dit D'un homme qui ne fait que tracasser, et qu'on ne saurait satisfaire sur rien.

ENRAGER se dit figurément De celui qui souffre une douleur excessive. Il enrage des dents, du mal de dents. Enrager de douleur. Ce sens et les suivants sont familiers.

Il se dit aussi en parlant D'un besoin vif et pressant, accompagné de douleur: Il enrage de faim; ou D'un désir ardent et violent: Il enrage de jouer, de parler.

Il se dit également en parlant D'un dépit, d'un déplaisir sensible. Il enrage de voir son ennemi dans ce poste. Il enrage de dépit. Il enrage tout vif. Il enrage de bon coeur. I enrage dans sa peau. Il prend patience en enrageant. Dût-il enrager. Il a une méchante femme qui le fait enrager.

Être enragé contre quelqu'un, Être dans une grande colère contre lui.

Il n'enrage pas pour mentir, Il est dans l'habitude de mentir.

ENRAGÉ, ÉE. participe Un animal enragé, Un animal qui a la rage. Ce chien est enragé. Une louve enragée.

Prov. et fig., Manger de la vache enragée, Éprouver beaucoup de privations et de fatigues. Ce jeune homme aime trop ses aises, il faudra qu'il mange de la vache enragée.

Fig. et fam., Il faut être enragé pour faire cela, pour se conduire ainsi, se dit D'un homme qui se laisse emporter à faire quelque chose hors de raison. Il faut que vous soyez enragé, si vous prenez cette résolution.

Fam., Un mal enragé, une douleur enragée, Un mal violent, une extrême douleur. On dit dans un sens analogue: Une faim enragée. Une passion enragée. Etc.

ENRAGÉ s'emploie aussi substantivement,

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