Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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de bonne maison, Le châtier sévèrement, ne point l'épargner.

ENFANT quand on l'emploie au pluriel, comprend aussi quelquefois Les petits-fils et arrière-petits-fils. Ce père de famille a dîné avec tous ses enfants. Les petits-enfants d'une personne, Ses petits-fils et arrière petits-fils.

Il se dit également quelquefois de Tous ceux qui sont sortis d'une même souche, qui ont la même origine. Nous sommes tous enfants d'Adam. Les Juifs sont appelés les enfants d'Israël.

Il s'emploie aussi figurément. Nous sommes les enfants de Dieu par la grâce. Tous les fidèles sont enfants de Dieu, enfants de l'Église. La patrie vit alors tous ses enfants s'armer pour elle.

Un enfant de Saint-François, un enfant de Saint-Ignace, etc., Un franciscain, un jésuite, etc.

Les enfants de France, Les princes enfants légitimes des rois de France, et ceux qui descendent des aînés. Gouverneur des enfants de France. Gouvernante des enfants de France.

Fig. et fam., Enfant de Paris, enfant de Lyon, enfant d'Orléans, etc., Natif de Paris, de Lyon, d'Orléans, etc.

Fig. et pop., Enfant de la balle, Enfant d'un maître de jeu de paume; et, par extension, Toute personne élevée dans la profession de son père.

En style de l'Écriture, Les enfants de lumière, Ceux qui sont éclairés des lumières de l'Évangile. Les enfants de ténèbres, Les idolâtres. Les enfants des hommes, Les hommes: cela se dit principalement de Ceux qui vivent dans l'iniquité.

Prov. et fig., Les menteurs sont enfants du diable.

Fig. et poétiq., Les enfants de Bellone ou de Mars, les enfants d'Apollon, Les guerriers, les poëtes.

ENFANT est aussi Un terme d'amitié, de familiarité qu'on emploie quelquefois en parlant à quelqu'un de plus jeune que soi ou à un inférieur, soit pour le flatter, pour le consoler, etc., soit pour lui ordonner quelque chose, pour l'y engager, etc. Ma belle enfant, ne craignez rien. Mon enfant, allez avertir mes gens. Venez, mon enfant. Mon cher enfant, écoutez-moi. Enfant que vous êtes, pouvez-vous avoir peur de la colère d'un ami? Allons, enfants, travaillez. Courage, enfants! criait-il à ses soldats.

ENFANT se dit quelquefois figurément, en poésie et dans le style élevé, d'Une chose qui est produite par une autre, qui en naît, qui en résulte. Le bonheur est enfant de la vertu. Les jeux, les ris, enfants de la gaieté.

ENFANTEMENT. s. m. Action d'enfanter. Faciliter l'enfantement. Hâter l'enfantement. Les douleurs de l'enfantement. Le travail de l'enfantement.

Fig. et fam., Lorsqu'il travaille, il est dans les douleurs de l'enfantement, se dit D'un auteur qui compose avec beaucoup de difficulté.

ENFANTER. v. a. Mettre au monde un enfant. Il est dit dans l'Écriture: Une vierge concevra et enfantera un fils. Heureuse la mère qui l'a enfanté! On l'emploie souvent absolument. Enfanter avec douleur. Après qu'une femme a enfanté.

Prov. et fig., La montagne a enfanté une souris, ou C'est la montagne qui enfante une souris, se dit Lorsque de grands projets, de belles promesses ne produisent rien qui réponde à l'espérance qu'on en avait conçue.

ENFANTER se dit figurément en parlant Des productions, des conceptions de l'esprit. Cet auteur enfante tous les ans de gros volumes. Il n'enfante qu'avec peine. Enfanter un projet.

Il se dit aussi, figurément, De ce qui produit, de ce qui détermine un effet, un résultat bon ou mauvais. Les guerres civiles enfantent mille maux. Enfanter des prodiges, des miracles.

ENFANTÉ, ÉE. participe

ENFANTILLAGE. s. m. Discours, manières qui ne conviennent qu'à un enfant. Il ne se dit qu'en parlant Des personnes qui ont passé l'enfance. Pour un homme de votre âge, de votre caractère, voilà bien de l'enfantillage. Faire des enfantillages. Il est familier.

ENFANTIN, INE. adj. Qui a le caractère de l'enfance, qui appartient à l'enfance. Visage enfantin. Voix enfantine.

ENFARINER. v. a. Poudrer de farine. Un bateleur, un bouffon qui s'enfarine le visage. On l'emploie aussi avec le pronom personnel régime direct. Je me suis tout enfariné dans ce moulin.

ENFARINÉ, ÉE. participe Prov. et fig., Venir la gueule enfarinée, Venir inconsidérément et avec une sotte confiance.

Fig. et fam., Être enfariné d'une opinion, d'une doctrine, Être un peu prévenu en faveur d'une opinion, d'une doctrine. Être enfariné d'une science, En avoir quelque teinture.

ENFER. s. m. (On prononce l'R.) Lieu destiné au supplice des damnés. Il est opposé à Ciel et à Paradis. Les tourments de l'enfer. Le feu de l'enfer. La crainte de l'enfer. L'enfer est le partage des réprouvés. JÉSUS-CHRIST a promis que les portes de l'enfer ne prévaudront point contre son Église. Les puissances de l'enfer. Le pluriel n'ajoute rien à ce sens: Dans le fond des enfers, ne signifie autre chose qu'Au fond de l'enfer.

ENFERS se dit au pluriel, dans un sens particulier, Du lieu où étaient les âmes que Notre-Seigneur délivra après sa mort. JÉSUS-CHRIST est descendu aux enfers. La descente de Notre-Seigneur aux enfers.

Fig. et fam., C'est un enfer, un véritable enfer, se dit D'un lieu où l'on se déplaît, où l'on est extrêmement gêné, tourmenté, où il y a beaucoup de confusion et de désordre. C'est un enfer pour moi que cette maison.

Fig., Porter son enfer avec soi, Porter son supplice avec soi. Les méchants portent leur enfer avec eux.

Fig., Avoir l'enfer dans le coeur, se dit D'une personne tourmentée de remords, ou qui roule dans son esprit des pensées atroces.

Prov. et fig., Tison d'enfer, se dit, par exagération, d'Un méchant homme, d'une méchante femme qui excite au mal, ou qui cause de grands maux par ses actions, par ses discours, par son exemple. On dit à peu près de même, C'est une furie d'enfer, un monstre échappé de l'enfer, etc.

ENFER signifie aussi figurément, Les démons, les puissances de l'enfer. L'enfer en gémit. L'enfer se déchaîne contre lui.

ENFERS au pluriel, se prend encore pour Les lieux souterrains où les païens croyaient que les âmes allaient après la mort. Les enfers contenaient les champs Élysées et le Tartare. Orphée alla chercher Eurydice aux enfers. Hercule, Énée descendit aux enfers.

En termes de Chimie ancienne, Enfer de Boyle, Vaisseau dans lequel on faisait bouillir le mercure jusqu'à ce qu'il fût entièrement oxydé.

Fig. et fam., Un feu d'enfer, Un feu très-grand, très-violent. Il y a toujours un feu d'enfer dans cette verrerie. En termes de Cuisine, Faire griller quelque chose au feu d'enfer, le mettre au feu d'enfer, Le faire griller à un feu de charbons très-ardent.

À l'armée, Faire un feu d'enfer, Tirer rapidement un grand nombre de coups de canon, de fusil. Les ennemis faisaient un feu d'enfer.

Fig. et fam., Jouer un jeu d'enfer, Jouer très-gros jeu. Aller un train d'enfer, Aller fort vite.

ENFERMER. v. a. Mettre dans un lieu d'où il soit impossible ou très-difficile de sortir. Il se dit en parlant Des personnes et des animaux. Enfermer un homme dans une prison. Enfermer des chevaux dans une écurie. Enfermer entre quatre murailles. Enfermer dans une cage.

Il signifie, dans une acception particulière, Mettre quelqu'un dans un hôpital de fous, dans un lieu de correction, etc. C'est un homme à enfermer. Ses déportements l'ont fait enfermer.

Prov. et fig., Enfermer le loup dans la bergerie, Mettre, laisser quelqu'un dans un endroit, dans un poste où il peut faire aisément beaucoup de mal. Cela signifie aussi, Fermer une plaie avant qu'il en soit temps, ou Faire rentrer un mal qu'il fallait attirer au dehors.

ENFERMER signifie aussi, Serrer, mettre une chose dans un lieu, dans un meuble, que l'on ferme, pour la mieux conserver, pour la soustraire aux regards, pour la garder plus sûrement, etc. Enfermer des habits dans une armoire. Enfermer des papiers dans un secrétaire, des livres dans un cabinet. Enfermer à clef, sous la clef, sous clef.

Fig., Enfermer son chagrin, sa douleur, sa honte, etc., Habiter, se tenir dans un lieu où l'on peut se livrer à son chagrin, à sa douleur, où l'on peut cacher sa honte. Pendant dix ans, il enferma sa douleur dans un lieu retiré. Qu'il aille enfermer sa honte quelque part où il soit inconnu.

ENFERMER signifie aussi, Environner de toutes parts. Enfermer un parc de murailles. Enfermer de haies. Les ennemis se sont laissé enfermer entre deux rivières, entre deux montagnes.

Il signifie également, Contenir, comprendre. Son coeur n'enferme point une méchanceté si noire. Ce passage enferme beaucoup

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