Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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Fig., Prendre le chemin des écoliers. Voyez
CHEMIN.

Fig. et fam., Tour d'écolier, malice d'écolier,
Espièglerie du genre de celles que font
les écoliers.

ÉCONDUIRE. v. tr. Congédier, soit brutalement,
soit, le plus souvent, avec des
formes, quelqu'un qui quémande. Il s'est
fait éconduire honteusement. On m'a poliment
éconduit.

Il signifie, par extension, Refuser à quelqu'un
avec plus ou moins de ménagements
ce qu'il demande. Je lui avais fait une prière,
mais j'ai été éconduit.

ÉCONOMAT. n. m. Charge d'économe. Il
a obtenu l'économat de tel collège, de tel hospice.

Il se dit aussi du Lieu où se tient l'économe,
où il a ses bureaux. Aller à l'économat.

Il se dit aussi d'un Magasin de vente à
l'usage des ouvriers d'une même grande entreprise.

ÉCONOME. n. m. Celui qui tient un économat,
qui est chargé de l'économat, qui a
la charge de ce qui concerne la gestion des
revenus et les achats matériels. L'économe d'un
hôpital, d'un collège.
On dit de même adjectivement,
dans les communautés religieuses,
Le Père économe. La Mère économe.

Il désigne aussi Celui, celle qui a soin de la
conduite d'un ménage, de la dépense d'une
maison particulière. Un sage économe. Un
habile économe. C'est une bonne économe.
Adressez-vous à l'économe, à mon économe.

ÉCONOME. adj. des deux genres. Qui est
ménager, ménagère, qui sait épargner la
dépense. C'est une femme économe.

Fig., Être économe de louanges, de paroles, Ne
pas prodiguer les louanges, parler peu. Il n'est
pas économe de promesses,
Il les prodigue. Être
économe de son temps,
Ne point le perdre.

ÉCONOMIE. n. f. Épargne dans la dépense.
Avoir de l'économie. Vivre avec économie,
avec une grande économie. Vivre d'économie.
Une économie mal entendue. La plus stricte
économie. Il n'y a pas de petites économies.

Il s'emploie quelquefois au pluriel, et alors
on l'applique surtout à la Chose même qui
est épargnée, mise en réserve. Faire des
économies. Le montant de ses petites économies.

Fig., C'est une économie de bouts de chandelles.
Voyez BOUT.

Il se dit aussi, dans un sens plus large, de
l'Ordre, de la règle que l'on apporte dans la
conduite d'un ménage, dans la dépense d'une
maison, dans l'administration d'un bien. On
voit régner chez lui une économie admirable.

L'économie domestique se dit aussi quelquefois
des Usages domestiques en général.
Cela est très souvent employé dans l'économie
domestique.

Économie rurale, Administration des propriétés
rurales. Traité d'économie rurale.

Économie politique, Science qui traite de
la formation, de la distribution et de la
consommation des richesses. Traité d'Économie
politique.

Économie sociale, Science qui traite des
conditions de l'existence, du travail, des droits
civils et politiques des différentes classes de
la société.

Il se dit figurément de l'Harmonie qui
existe entre les différentes parties, les différentes
qualités d'un corps organisé. Cela
trouble toute l'économie du corps humain.
L'économie animale. L'économie végétale.

Il désigne encore figurément la Disposition
des parties d'un dessin, d'un tableau,
la distribution ou le plan d'un ouvrage
d'esprit, et en général Toute coordination
de parties, quel que soit l'ensemble qu'elles
contribuent à former. L'économie d'un tableau,
d'un discours, d'une pièce de théâtre. Cela
détruisait toute l'économie de son système.
C'est renverser toute l'économie d'un État.
L'économie du corps social.

ÉCONOMIQUE. adj. des deux genres. Qui
diminue les frais, la dépense. Un procédé économique.
Chauffage économique.

Il signifie aussi Qui concerne l'économie,
le gouvernement d'un ménage, d'une maison.
Prudence économique. Sagesse économique.

Il signifie également Qui se rapporte à
l'Économie politique. Science économique.
Géographie, histoire économique.

ÉCONOMIQUEMENT. adv. D'une manière
économique. Vivre économiquement.

ÉCONOMISER. v. tr. Dépenser avec ménagement,
avec le souci d'épargner. Il a bien
économisé les revenus de cette terre. Économiser
un faible revenu. Économiser le bois, la
lumière.
Fig., Économiser ses forces, son temps.

On l'emploie aussi absolument dans le sens
de Faire des économies. Économiser sur ses
revenus. Cet homme s'applique à économiser.

ÉCONOMISTE. n. m. Celui qui s'occupe
spécialement d'Économie politique. Un savant
économiste.

ÉCOPE. n. f. T. de Marine. Sorte de pelle
de bois creuse qui sert à vider l'eau qui entre
dans un bateau. On dit aussi ÉPUISETTE et
SASSE.

ÉCOPER. v. tr. Vider un bateau avec
une écope.

On l'emploie aussi intransitivement dans la
langue familière et alors il signifie Éprouver
un dommage, recevoir une forte réprimande,
souvent imméritée. Il a écopé.

ÉCOPERCHE. n. f. T. d'Arts. Perche qui,
dans un échafaudage, soutient des perches
ou planches horizontales.

ÉCORCE. n. f. Enveloppe d'un arbre ou
d'une plante ligneuse. La première, la grosse
écorce. La seconde, la petite écorce. Cet arbre a
l'écorce tendre, l'écorce mince. Ôter l'écorce.
Dépouiller un arbre de son écorce. On fait
des cordes avec des écorces de tilleul. On fait
des étoffes avec l'écorce de certains arbres. La
filasse est l'écorce du chanvre, du lin.

Prov. et fig., Entre l'arbre et l'écorce il ne
faut pas mettre le doigt.
Voyez ARBRE.

Il se dit également de l'Enveloppe de certains
fruits, quand elle est épaisse. Écorce
de citron. Écorce d'orange.

Prov. et fam., Quand on a pressé l'orange
on jette l'écorce.
Voyez ORANGE.

En termes de Géologie, L'écorce du globe
terrestre,
L'espèce d'enveloppe que forment
les couches et les amas de matières minérales
dont le globe terrestre est recouvert extérieurement.

Il signifie au figuré Superficie, apparence.
Vous vous arrêtez à l'écorce, il faut pénétrer
plus avant.

Prov. et fig., Il ne faut pas juger de l'arbre
par l'écorce,
Il ne faut pas juger sur l'apparence.

ÉCORCER. v. tr. Dégarnir de l'écorce.
Écorcer un arbre. On écorce le bois en mai.
Un arbre qui s'écorce. Le bois écorcé s'appelle
Bois pelard.

ÉCORCHEMENT. n. m. Action d'écorcher.
L'écorchement d'un cheval.

ÉCORCHER. v. tr. Dépouiller un animal
de sa peau. Écorcher un cheval, un boeuf,
une anguille.

Écorcher vif se disait d'un Supplice infligé
à certains condamnés.

Prov. et fig., Il faut tondre les brebis, et
non pas les écorcher.
Voyez TONDRE.

Fam., Il crie comme si on l'écorchait, Il
jette de grands cris. Cela se dit aussi d'une
Personne qui se plaint beaucoup pour peu
de chose.

Prov. et fig., Il ressemble aux anguilles de
Melun, il crie avant qu'on l'écorche.
Voyez
ANGUILLE.

Fig. et fam., Écorcher l'anguille par la
queue.
Voyez ANGUILLE.

Il signifie aussi Déchirer, enlever une
partie de la peau d'une personne, d'un animal,
ou de l'écorce d'un arbre. Vous m'avez
écorché la jambe. Je me suis écorché le bras.
Je me suis écorché à la main. La selle a écorché
ce cheval. Les charrettes en passant ont écorché
cet arbre.

Fig. et fam., Écorcher une langue, La
parler mal, en prononcer mal les mots. On
dit de même Écorcher un mot, le nom de
quelqu'un.

Il signifie, par analogie, Être rude au palais,
à la gorge, en parlant d'un Aliment, d'une
boisson. Le pain de son, le pain dur écorche
le gosier. Ce vin est si âpre, qu'il écorche le
palais.

Prov. et fig., Jamais beau parler n'écorcha
la langue,
Il est toujours bon de parler honnêtement.

Fig. et fam., Écorcher l'oreille, les oreilles,
Faire sur l'ouïe une impression désagréable,
en parlant des Sons rudes, aigres ou discordants.
Un jargon barbare qui écorche les
oreilles. Une voix, une musique qui écorche
les oreilles.

En termes de Sculpture, il signifie Ôter
du noyau d'une figure qu'on se propose de
couler en plâtre, en bronze, etc., autant
d'épaisseur qu'on veut en donner au plâtre,
au bronze, etc.

Il signifie figurément et familièrement
Exiger beaucoup plus de quelqu'un qu'il
n'est équitable ou raisonnable pour des droits,
des salaires, des vacations, pour des marchandises,
des fournitures. Cet homme d'affaires
écorchait ses clients. Ce marchand est raisonnable,
il n'écorche pas ses pratiques. C'est un
hôtel où l'on écorche les gens.

Il signifie encore figurément Tenir des
propos malveillants à l'égard de quelqu'un.
Écorcher son prochain.

Le participe passé ÉCORCHÉ, ÉE, se dit
comme nom masculin, en termes de Peinture
et de Sculpture, d'une Figure sans peau,
dont on voit les muscles. L'écorché de Michel-
Ange, de Houdon. Dessiner d'après l'écorché.
Étudier l'écorché.

ÉCORCHERIE. n. f. Lieu où l'on écorche
les bêtes. Envoyer, traîner un cheval, un
chien à l'écorcherie.

ÉCORCHEUR. n. m. Celui qui écorche les
bêtes pour la boucherie. Ce cheval n'est plus
bon que pour l'écorcheur, qu'à envoyer à l'écorcheur.

Fig. et fam., C'est un écorcheur, se dit
d'un Hôtelier, d'un homme d'affaires, d'un
marchand qui fait payer trop cher. On dit
aussi dans ce sens Une écorcheuse.

ÉCORCHURE. n. f. Éraflure de la peau.
Je me suis fait une petite écorchure à la jambe.
Ce cheval a une écorchure.

Il se dit aussi en parlant des Choses. Cette
reliure, ce vernis, cet arbre a reçu une écorchure.

ÉCORNER. v. tr. Dégarnir un animal de
ses cornes. Écorner un taureau. Cette vache
s'est écornée en tombant.
On dit aussi dans ce
sens DÉCORNER.

Prov. et par exagération, Il fait un vent
à écorner les boeufs,
Le vent souffle avec
violence.

Il signifie, par extension, Endommager un
objet en cassant un de ses angles. Écorner
une table. Écorner une pierre. Ces dés sont
écornés. Écorner un livre. Écorner une tasse,
une assiette.

Fig. et fam., Écorner quelque chose, Le
diminuer, en ôter quelque partie. On écorna
leurs privilèges. On a écorné sa terre, son bien,
son traitement, sa pension. Ce fils de famille
a grandement écorné sa fortune.

ÉCORNIFLER. v. tr. Se procurer par ruse
de quoi manger, de quoi se vêtir. Écornifler
un bon dîner. Écornifler quelques francs.

Il signifie aussi Obséder quelqu'un de

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