Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

RECHERCHE Accueil Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page 1:605

Prov. et fig., Parlez à votre écot, se dit À une personne qui se mêle de parler à des gens qui ne lui adressent point la parole.

ÉCOT en termes d'Eaux et Forêts, signifie, Un tronc d'arbre où il reste encore des bouts de branches coupées.

ÉCOULEMENT. s. m. Flux, mouvement de ce qui s'écoule. L'écoulement de l'eau, des eaux, etc. Écoulement des humeurs. L'écoulement des corpuscules qui s'exhalent des corps.

Il s'emploie quelquefois au figuré, et se dit surtout de L'exportation, de la vente, du débit des marchandises, des produits de l'agriculture ou des fabriques. Ouvrir un débouché qui favorise l'écoulement des produits, des marchandises.

ÉCOULER (S'). v. pron. Couler hors de quelque endroit. L'eau s'écoule. Le vin s'est écoulé du tonneau. Le torrent s'est écoulé. Avec ellipse du pronom, Faire écouler l'eau, etc.

ÉCOULER se dit, par analogie, D'une foule qui se retire. La foule, la presse s'écoule. Avec ellipse du pronom, Il faut laisser écouler la foule.

Il signifie figurément, Diminuer, passer, se dissiper, et s'applique surtout Aux richesses et au temps. L'argent s'écoule vite. Le temps s'écoule. La vie s'écoule. Les jours s'écoulaient pour lui trop lentement. Les années qui se sont écoulées depuis.

Il se dit encore, figurément, Des marchandises, des produits agricoles, etc., et signifie, Se débiter, se vendre, être exporté. Les produits de ce département s'écoulent par plusieurs débouchés. Avec ellipse du pronom, Faire écouler des marchandises.

ÉCOULÉ, ÉE. participe L'eau est entièrement écoulée.

Fig., Le temps est écoulé, Le temps préfix est expiré.

ÉCOURGEON. s. m. Orge carré qu'on appelle aussi Orge d'automne ou de prime.

ÉCOURTER. v. a. Rogner, couper trop court. Écourter des cheveux. Écourter un manteau, une jupe.

Cet habit est écourté, bien écourté, Il est un peu court, trop court.

Écourter un chien, un cheval, Leur couper la queue et les oreilles.

ÉCOURTER se dit figurément en parlant Des ouvrages d'esprit où l'on ne met pas ou dont on retranche les développements nécessaires. Il fallait abréger cette scène, mais vous l'avez écourtée. Ce cinquième acte est écourté.

ÉCOURTÉ, ÉE. participe

ÉCOUTANT, ANTE. adj. Qui écoute. Il ne s'emploie guère que dans cette locution, Avocat écoutant, Avocat qui ne plaide point; et cela ne se dit que par plaisanterie.

ÉCOUTANTS au pluriel, se dit quelquefois substantivement pour Auditeurs, surtout dans la poésie badine. Ce beau discours ravit les écoutants.

ÉCOUTE. s. f. Lieu où l'on écoute sans être vu. Il s'emploie ordinairement au pluriel. Il y avait en Sorbonne des écoutes où se tenaient les docteurs pour entendre les disputes publiques. La tribune aux écoutes.

Fig. et fam., Être aux écoutes, Être attentif à remarquer, à recueillir ce qui se dit ou ce qui se passe dans une affaire, afin d'en tirer avantage. On parle de telle affaire, il y a bien des gens qui sont aux écoutes.

Soeur écoute, Religieuse qui accompagne au parloir une autre religieuse, ou une pensionnaire.

ÉCOUTE. s. f. T. de Marine. Cordage attaché au coin inférieur d'une voile, pour servir à la déployer et à la tendre de manière qu'elle reçoive l'impulsion du vent. Écoutes de grande voile, ou Grandes écoutes. Écoutes de misaine, de hunier, de perroquet, etc. Border les écoutes. Larguer les écoutes.

ÉCOUTER. v. a. Ouïr avec attention, prêter l'oreille pour ouïr. Ne parlez pas si haut, on nous écoute. Il était à la porte pour écouter ce qu'on disait. Écouter quelqu'un, les paroles de quelqu'un. Nous écoutions le murmure de la cascade, les roulements du tonnerre.

Écoute, écoutez, à l'impératif, s'emploient souvent Pour appeler quelqu'un, ou pour éveiller fortement son attention. Un tel, écoutez, j'ai quelque chose à vous dire.

Un écoute s'il pleut, se dit d'Un moulin qui ne va que par des écluses.

Prov. et fig., C'est un écoute s'il pleut, se dit D'un homme faible qui se laisse arrêter par les moindres obstacles. On le dit aussi D'une promesse illusoire, d'une mauvaise défaite, d'une espérance très-incertaine.

Fig. et fam., N'écouter que d'une oreille, Ne prêter qu'une faible attention aux choses qu'on nous dit. J'ai beau lui faire des remontrances, il ne m'écoute que d'une oreille.

ÉCOUTER signifie aussi, Donner audience à quelqu'un. Parlez, je vous écoute. On les renvoya sans les écouter. On dit dans un sens analogue, Écouter la défense, les raisons, etc., de quelqu'un. On dit aussi, Écouter la prière, les voeux, etc., de quelqu'un, Les exaucer. Le ciel écouta nos voeux.

ÉCOUTER signifie encore, Donner quelque croyance ou quelque consentement à ce qu'une personne propose, ou prendre plaisir à l'entendre. Ce prince écoute les flatteurs. Cette jeune personne écoute trop les amants. On ne voulait pas écouter la proposition de paix qu'il faisait. S'il me propose cela, je l'écouterai volontiers. Il parla d'accommodement, mais il ne fut pas écouté. Écoutez la voix, les inspirations de Dieu.

Il signifie quelquefois, Obtempérer, obéir à quelqu'un, suivre ses avis, s'y conformer. Cet enfant ne veut écouter personne. On dit de même, Écouter les conseils, les avis, etc., de quelqu'un.

Il s'emploie figurément, dans ce dernier sens, en parlant De choses morales, comme la raison, les sentiments, les passions, l'intérêt. Écouter la raison. Écouter la voix de la nature. N'écouter que sa passion, sa colère, son désespoir.

N'écoutez que vous-même, Ne consultez que vos propres inspirations.

ÉCOUTER s'emploie avec le pronom personnel dans les phrases familières qui suivent:

Il s'écoute parler, ou absolument, Il s'écoute, se dit D'un homme qui parle lentement, et qui croit bien dire.

Il s'écoute trop, Il s'inquiète trop de sa santé. On dit dans le même sens, Il écoute trop son mal.

ÉCOUTÉ, ÉE. participe En termes de Manége, Des mouvements écoutés, Des mouvements faits avec justesse et précision.

ÉCOUTEUR. s. m. Celui qui a l'habitude d'écouter, par une curiosité indiscrète, ce qu'on ne veut pas lui faire connaître. Il ne s'emploie guère que dans cette phrase familière, C'est un écouteur aux portes.

ÉCOUTEUX. adj. T. de Manége. Il se dit D'un cheval distrait par les objets qui le frappent.

ÉCOUTILLE. s. f. T. de Marine. Sorte de trappe, ouverture carrée pratiquée au pont d'un bâtiment, pour descendre dans l'intérieur. La grande écoutille. L'écoutille d'avant. L'écoutille d'arrière. Fermer les écoutilles.

ÉCOUVILLON. s. m. Vieux linge attaché à un long bâton, avec lequel on nettoie le four, lorsqu'on veut enfourner le pain.

Il se dit aussi d'Un instrument à peu près semblable, avec lequel on nettoie le canon lorsqu'il a tiré, et qu'on veut le recharger ou le rafraîchir. L'écouvillon dont on se sert dans l'artillerie se fait maintenant d'une peau de mouton. Le manche d'un écouvillon.

ÉCOUVILLONNER. v. a. Nettoyer avec l'écouvillon. Écouvillonner le four, une pièce de canon.

ÉCOUVILLONNÉ, ÉE. participe

ÉCRAN. s. m. Sorte de meuble dont on se sert pour se garantir de l'ardeur du feu. Écran monté sur un pied. Écran qui se hausse et se baisse. Écran qu'on tient à la main. Mettez cela devant la cheminée en guise d'écran. Il se mit devant moi pour me servir d'écran.

ÉCRASER. v. a. Aplatir, briser quelque chose par un grand poids, par une forte compression, par un coup violent. La poutre tomba et lui écrasa la tête. Il fut écrasé par la chute d'une muraille. Écraser une araignée, un insecte avec le pied. Écraser des groseilles, du verjus. Écraser des raisins dans un pressoir. On l'emploie aussi avec le pronom personnel. Un fruit qui s'écrase en tombant.

Il signifie, par exagération, Fatiguer excessivement. Cet homme est écrasé sous le poids de ce fardeau. Ce travail m'écrase.

Il s'emploie au figuré dans le sens d'Importuner extrêmement. Je suis écrasé de demandes. On l'écrase de visites.

Écraser d'impôts, Surcharger d'impôts.

ÉCRASER signifie encore figurément, Perdre quelqu'un, détruire entièrement ses moyens de fortune, de considération, etc. Ne vous jouez pas à un homme si puissant, il vous écraserait. Je l'écraserai comme un ver. Des pertes multipliées ont écrasé ce négociant.

Écraser quelqu'un dans une discussion, dans un débat, etc., Avoir un grand avantage sur lui.

ÉCRASER se dit aussi figurément pour Détruire, anéantir, réduire à rien. La puissance romaine écrasa toutes les autres.

ÉCRASÉ, ÉE. participe Il signifie figurément, Trop aplati, trop bas, trop court. Il a le nez écrasé. Le comble de cette maison n'a point de grâce, il est trop écrasé.

Next page


PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.