Dictionnaire de l'Académie Française, 4ème edition (1762)

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Page 851

On appelle Flambeau de la guerre, Un homme qui est la cause de la guerre.

Aller à la petite guerre, C'est aller en petite troupe butiner dans le pays ennemi.

Faire bonne guerre, C'est garder dans la guerre toute l'humanité & toute l'honnêteté que les loix de la guerre permettent.

On dit aussi figurément, Faire bonne guerre à quelqu'un, pour dire, En user honnêtement & sans supercherie dans les intérêts qu'on a à demêler avec lui, quoiqu'on le poursuive vivement.

On dit, qu'Une chose est de bonne guerre, pour dire, qu'Elle est conforme aux loix & aux usages de la guerre. Et figurément on le dit De toutes les actions de la vie civile, où l'on prend ses avantages, sans blesser aucune des bienséances & des règles que l'honnêteté prescrit.

On dit aussi figurément dans le jeu, dans le commerce, dans les affaires, que Quelque chose n'est pas de bonne guerre, pour dire, qu'Il y a de la surprise, de la mauvaise foi.

Nom de guerre, C'est le nom que chaque soldat prend en s'enrôlant. On le dit aussi d'Un nom supposé que l'on prend pour se déguiser, & s'empêcher d'être connu.

Il se dit aussi figurément Des sobriquets qu'on donne par raillerie.

On dit, que Le fort de la guerre est en quelque endroit, en quelque pays, pour dire, que C'est-là qu'on fait les plus grands efforts contre les ennemis.

On dit proverbialement, que La guerre nourrit la guerre, pour dire, que Ce qu'on prend sur les ennemis sert à entretenir les armées.

On dit proverbialement & par plaisanterie, pour excuser quelque chose dont on n'a pas de bonnes raisons à rendre, que La guerre est cause des troubles.

On dit proverbialement, Guerre & pitié ne s'accordent point ensemble.

On dit aussi proverbialement, Qui terre a, guerre a, pour dire, que Quand on a du bien, on a des affaires, des procès.

On dit proverbialement & figurément, À la guerre comme à la guerre, pour dire, qu'Il faut s'accommoder au temps où l'on est, quelque fâcheux qu'il puisse être.

On dit figurément, Faire la guerre à l'oeil, pour dire, Observer avec soin toutes les démarches de ceux avec qui on a quelque chose à démêler, pour profiter des conjonctures.

On dit encore, Faire la guerre à quelqu'un, pour dire, Le railler de quelque chose qu'il a fait ou dit. Il parle toujours le langage de sa province, faites-lui-en un peu la guerre. Comme j'ai su qu'il alloit dans ce lieu-là, je lui en ai bien fait la guerre.

GUERRE se dit aussi en parlant Des bêtes qui en attaquent d'autres pour en faire leur proie. Le loup fait la guerre aux brebis. Le renard fait la guerre aux poules.

Il se dit encore figurément dans les choses morales, & plus généralement de tout ce qui a quelque air de combat. Il faut faire la guerre à ses passions. Il y a guerre perpétuelle entre l'esprit & la chair, entre les sens & la raison, &c. Les élémens se font la guerre les uns aux autres.

GUERRE Nom d'un jeu qui se joue sur un billard.

GUERRIER, IÈRE. adj. Qui appartient à la guerre. Nations guerrières. Actions guerrières. Travaux guerriers. Exploits guerriers.

Il signifie aussi, Qui est propre à la guerre. Courage guerrier. Humeur guerrière. Nation guerrière.

On dit, qu'Un homme a l'air guerrier, la mine guerrière, pour dire, qu'Il a l'air qu'un homme de guerre doit avoir.

Il est aussi substantif, & signifie, Qui fait la guerre, & qui s'y plaît. C'est un grand guerrier. Les plus fameux guerriers.

On le fait aussi substantif dans le féminin, en parlant d'une Amazone. La vaillante guerrière.

GUERROYER. v.n. Faire la guerre. Il est vieux.

GUERROYEUR. s.m. Qui fait la guerre. Il est vieux.

GUET. s.m. La fonction d'un soldat mis en sentinelle, ou d'une troupe de gens de guerre qui fait la ronde pour empêcher les surprises des ennemis, & pour la sureté d'une Place, d'une Ville. Celui qui faisoit le guet au haut du beffroi. Asseoir le guet. Poser le guet. Être au guet. Guet à pied, à cheval. En cette ville ce sont les bourgeois qui sont le guet. Sa charge l'exemple de guet & garde. Les Archers du guet. Le Chevalier du guet. Le Lieutenant du guet.

On appelle Mot du guet, Le mot qui se donne à ceux qui font le guet, afin que ceux du même parti se puissent reconnoître.

GUET se prend aussi pour Ceux qui font le guet, qui composent le guet. Le guet vient de passer. Le guet a pris cette nuit tant de voleurs. On cria au guet.

On dit figurément d'Un homme qui est dans un lieu d'où il observe ce qui se passe, qu'Il est au guet, qu'il a l'oeil au guet, qu'il a l'oreille au guet; & que Des gens se sont donné le mot du guet, pour dire, qu'Ils sont d'intelligence ensemble.

On appelle Le guet, chez le Roi, Le détachement des Gardes du Corps qui demeurent près de la personne du Roi pour le garder.

On appelle Droit de guet & garde, Le droit qu'ont certains Seigneurs de faire garder leurs Châteaux ou leurs Villes par leurs vassaux.

GUET-APENS. s.m. Embuche dressée pour assassiner quelqu'un; ou pour lui faire quelque grand outrage. Ce n'est point une rencontre ni un duel, c'est un guet-apens. On l'a tué de guet-apens. Il vient de l'ancienne façon de parler, Guet appensé, pour dire, Guet prémédité.

Il se prend aussi figurément pour Tout dessein prémédité de nuire. C'est une affaire qu'il m'a faite de guet-apens. On prit le temps de son absence pour faire juger son procès, c'est un guet-apens, un vrai guet-apens.

GUÊTRE. s.f. Sorte de chaussure qui sert à couvrir la jambe & le dessus du soulier. Guêtre de grosse toile. Guêtre de treillis, &c. Porter des guêtres au lieu de bottes.

On dit figurément & populairement, Tirer ses guêtres, pour dire, S'en aller. Il a tiré ses guêtres. Tirez vos guêtres.

GUÊTRER. v.a. Mettre des guêtres.

GUÊTRÉ, ÉE, participe .

On appelle par ironie Juge guêtré, Un Juge de Village qui porte des guêtres.

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