Dictionnaire de l'Académie Française, 4ème edition (1762)

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Page 830

fin, le goût sûr, mauvais, méchant le goût exquis, le goût dépravé, le goût usé. Cela plaît au goût, chatouille goût, flatte le goût. Les différens goûts. Tous les goûts ne se rapportent pas. Il ne faut point disputer des goûts. Chacun a son goût.

Il signifie aussi Saveur. Viande de bon goût, de mauvais goût. Cela est d'un goût excellent, d'un goût fin, d'un goût délicat, d'un goût exquis, d'un goût relevé. Ce pain a un goût de noisette. Ce vin a un goût de terroir. Cela donne un bon goût aux sausses.

On dit, qu'Une sausse est de haut goût, pour dire, qu'Elle est salée, épicée. Et, qu'Une sausse n'a point de goût, pour dire, qu'Elle ne sent rien, qu'elle est fade.

GOÛT se prend aussi quelquefois pour Odeur. On sent ici un goût de renfermé. Ce tabac a un goût de pourri.

GOÛT se dit aussi De l'appétence des alimens, du plaisir qu'on trouve à boire & à manger. Ce malade ne trouve goût à rien, ne prend goût à rien. Il a entièrement perdu le goût. Il commence à entrer en goût. Le goût commence à lui revenir.

On dit proverbialement d'Une chose trop chère, que Le coût en fait perdre le goût.

GOÛT signifie figurément Le discernement, la finesse du jugement. Avoir du goût pour les bonnes choses, pour les bons ouvrages. Il a le goût délicat, fin, exquis. C'est avoir le goût fort mauvais de trouver de l'esprit à cela. Ce sont des choses de goût.

Il se dit aussi De l'inclination qu'on a pour certaines personnes, pour certaines choses, de l'empressement avec lequel on les recherche, & du plaisir qu'on y trouve. Il n'a nul goût pour les choses du Ciel. Il n'a pas de goût pour les vers, pour la musique. Il a beaucoup de goût pour cette personne-là.

On le prend aussi pour Le sentiment agréable ou avantageux qu'on a de quelque chose. Cet ouvrage est au goût de tout le monde. Cela n'est pas de mon goût.

Il se dit aussi De la manière dont une chose est faite, du caractère particulier de quelque ouvrage. Cet ouvrage est de bon goût, de grand goût. Ce meuble est de bon goût, de mauvais goût. Cet homme-là travaille dans un fort mauvais goût. Les pointes & les jeux de mots dans des pièces d'éloquence sont d'un méchant goût.

Il se dit pareillement Du caractère d'un Auteur, d'un Peintre, d'un Sculpteur, & même du caractère général d'un siécle. Ces vers-là sont dans le goût de Malherbe. Ce tableau est dans le goût de Michel-Ange, de Raphaël. Je reconnois le goût du Titien. Cette pièce est bien du goût du quinzième siécle. Il a écrit dans le goût de son siècle.

GOÛTER. v.a. Sentir & discerner les faveurs par le goût. Il goûte bien ce qu'il mange. Il faut bien goûter le vin.

Il signifie quelquefois, Ne prendre que tant soit peu de quelque chose qui se boit ou qui se mange, ne faire qu'en tâter. Voulez-vous goûter à notre vin, de notre vin? Ce n'est que pour en goûter, pour y goûter. Goûter une sausse. Goûtez de cette sausse.

Il se dit aussi quelquefois des choses dont on juge par l'odorat. Goûtez de ce tabac, goûtez bien ce tabac.

Il signifie figurément, Essayer, éprouver. Il a goûté du métier, il en est saoul. Il a étudié en Médecine, en Théologie, en Jurisprudence, c'est un homme qui veut goûter de tout.

Il signifie figurément, Approuver, trouver bon. Je goûte bien ce que vous dites. Je ne pus jamais lui faire goûter vos raisons.

On dit, qu'On n'a jamais pu goûter un homme, qu'on n'a jamais pu goûter son esprit, ses manières, pour dire, qu'On n'a jamais pu s'en accommoder, que son esprit & ses manières déplaisent.

GOÛTÉ, ÉE, participe .

GOÛTER. v.n. Faire collation, manger entre le dîner & le souper. Il fait ses quatre repas, il déjeune, il dîne, il goûte, il soupe. Donnez à goûter à ces enfans.

GOÛTER. s.m. Collation, le repas qu'on fait entre le dîner & le souper. On lui a donné des confitures & du fruit pour son goûter. Il ne faut point donner de viande aux enfans pour leur goûter. Il [alt p. 580] n'a guère d'usage qu'en parlant des enfans.

GOUTTE. s.f. Petite partie d'une chose liquide. Petite goutte. Grosse goutte. Goutte d'eau, de vin, de bouillon, d'huile, d'encre, &c. Ce vin se conservera bon jusqu'à la dernière goutte. Il n'y a pas une goutte.

Il se prend quelquefois pour une quantité peu considérable. Prenez une goutte de vin, une goutte de bouillon.

On appelle Mère-goutte, Le vin qu'on tire de la cuve, par opposition au vin de pressurage.

GOUTTE en termes de Fondeur, est Une petite partie tirée d'une fonte d'or ou d'argent qu'on remet à l'Essayeur pour avoir le rapport du titre.

GOUTTE en termes de Pharmacie, est La mesure de certaines liqueurs qui s'emploient à très-petite dose. On évalue la goutte à peu près au poids d'un grain.

Il y a aussi plusieurs remèdes connus sous le nom de Gouttes. Gouttes d'Angleterre. Gouttes du Général Lamotte, &c.

GOUTTE se dit adverbialement dans certaines phrases où il ne s'emploie qu'avec la négative; & c'est dans cette acception qu'on dit, Ne voir goutte, n'entendre goutte, pour dire, Ne voir point, & n'entendre point. Ces phrases ne sont que du style familier, sur-tout, N'entendre goutte.

GOUTTE À GOUTTE. adverbial Goutte après goutte. Il faut verser cette liqueur goutte à goutte.

GOUTTE. s.f. Fluxion âcre & douloureuse qui tombe ordinairement sur les jointures. Goutte chaude. Goutte froide. Cela donne, cause, engendre la goutte. Il a cruellement la goutte. Il a la goutte aux pieds, aux genoux, aux mains, aux bras, &c. La goutte lui est remontée. Il est mort d'une goutte remontée. Être travaillé, être tourmenté de la goutte. Il est perdu de gouttes, mangé de gouttes.

On appelle Goutte-crampe, & simplement Crampe, Une espèce de convulsion soudaine & très-douloureuse du nerf de la jambe, mais qui dure peu. Avoir une goutte-crampe.

On appelle Goutte sciatique, & Sciatique simplement, Une espèce de goutte qui tient

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