LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798

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Page 536

quil se soit engendré dedans. Il est demeuré une balle dans sa plaie, il ne sauroit guérir tant que ce corps étranger y sera. Les vers qui s'engendrent dans les abcès, le poil dans l'estomac, le sable dans les reins, les esquilles d'os, sont des corps étrangers. Les plaies se rouvrent quand il est demeuré des corps étrangers.

ÉTRANGER

ÉTRANGER. v. act. Chasser d'un lieu, faire éloigner d'un lieu, désaccoutumer d'y venir. Les rats, les moineaux ont étrangé les pigeons du colombier. Étranger le gibier d'un pays. Il a tant fait la chasse aux loups, qu'il les a étrangés de ce pays--là. Il est vieux.

Il se dit familièrem. Des personnes. Il a étrangé les importuns qui venoient chez lui. Étranger la mauvaise compagnie de sa maison. Il est de peu d'usage.

Il se met aussi quelquefois avec le pronom personnel. Le gibier s'est étrangé de cette plaine.

Étrangé, ée.

Étrangé, ée. participe.

ÉTRANGLEMENT

ÉTRANGLEMENT. s. m. Il se dit en Médecine d'Un resserrement excessif. L'étranglement d'un vaisseau.

Il se dit encore en parlant De certains insectes, tels que l'Araignée, la Guêpe, etc. dont le corps est composé de deux parties unies par un filet très--délié, qui se nomme Étranglement.

ÉTRANGLER

ÉTRANGLER. v. a. Faire perdre la respiration ou la vie en pressant le gosier, ou en le bouchant. On l'a étranglé. Il le tenoit à la gorge, et le vouloit étrangler. L'esquinancie l'a étranglé. Ce morceau l'a étranglé. Il s'est étranglé. Cette femme s'est étranglée à force de crier. Le col de sa chemise l'a étranglé.

Il signifie aussi figurément, Trop resserrer, ne donner pas l'étendue nécessaire. Vous étranglez trop cette chambre.

On dit figurément, Étrangler une affaire, pour dire, La juger à la hâte sans l'avoir assez examinee.

Il se dit aussi figurément De quelques endroits d'un discours où l'on ne s'est pas assez étendu. Voilà un endroit trop étranglé. On dit dans le même sens, Étrangler un ouvrage, étrangler un sujet.

Il est quelquefois neutre. Secourezmoi, j'étrangle.

On dit figurément et familièrement, Étrangler de soif, pour dire, Avoir grand'soif.

Étranglé, ée.

Étranglé, ée. participe.

On dit figurément d'Un habit, d'un pourpoint, qu'Il est étranglé, pour dire, qu'Il est trop étroit, qu'il n'a pas assez de tour.

On le dit aussi De certaines choses qui n'ont pas la largeur qu'elles doivent avoir. Ce corridor est trop étranglé. Une croisée fort étranglée. Ce parterre est fort étranglé.

ÉTRANGUILLON

ÉTRANGUILLON. s. m. Sorte de maladie qui est aux chevaux ce que l'esquinancie est aux hommes.

Il y a Unè espèce de poire fort âpre qu'on nomme Poire d'étranguillon.

ÉTRAPE

ÉTRAPE. s. f. Petite faucille qui sert à couper le chaume.

On dit aussi, Étraper du chaume, pour dire, Le couper avec une étrape.

ÉTRAVE

ÉTRAVE, s. f. ou ÉTABLURE, ou ÉTABLE. Terme de Marine. Nom d'une pièce de bois courbe, qui forme la proue d'un vaisseau. La longueur d'un vaisseau se mesure de l'étrave àl'étambot.

ÉTRE

ÉTRE. Verbe que les Grammairiens appellent Le verbe substantif. Je suis, tu es, il est; nous sommes, vous êtes, ils sont. J'étois. Je fus. J'ai été. Je serai. Sois, soyez. Que je sois, que tu sois, qu'il soit; que nous soyons, que vous soyez, qu'ils soient. Que je fusse. Je serois. Que j'aie été. Que j'eusse été. Étant. Ayant été. Éxister. Dieu dans l'Écriture--Sainte s'appelle Celui qui est. Celui qui est m'a envoyé, disoit Moïse. Tous les hommes qui ont été, qui sont, ou qui seront. Vous n'étiez pas encore au monde.

On dit, Cela est, cela n'est pas, pour dire, Cela est vrai, cela n'est pas vrai. Et, Cela sera, cela ne sera pas, pour dire, Cela arrivera, cela n'arrivera pas.

Étre

Étre, sert à attribuer quelque chose à un sujet, soit quant à ses propriétés, soit quant aux circonstances des lieux, des temps, etc. Cette proposition est vraie, est fausse. Cet homme est sage, est grand, est vertueux, est fou, n'est pas savant. Il est couché. Il est debout. Nous étions en Été, en Hiver. Il est en tel endroit. Cela est bien. S'il est bien, qu'il s'y tienne. Son Médecin dit qu'il est mieux. Je ne veux pas être plus que je ne suis.

On appelle figurément Les aises et les commodités de la vie, Lebienêtre; et dans cette phrase il s'emploie substantivement.

On dit aussi, Sentir du mal--être, pour dire, Se sentir indisposé.

On dit, Il sera long--temps à cet ouvrage, pour dire, Il y sera occupé long--temps.

On dit, N'étoit que, n'eût été que je su's de vos amis, pour dire, Si je n'étois pas de vos amis. Il est du style familier.

On dit, Si j'étois de vous, si j'étois que de vous, pour dire, Si j'étois à votre--place. Il est du style familier et populaire.

On met souvent le pronom Ce devant ce verbe, pour, Désigner, indiquer: C'est un homme, c'est lui; ou après, pour Interroger: Qui est--ce? qu'est--ce? ou pour Résumer: Aussi est--ce. Si est--ce. Ce dernier est vieux.

Être

Être, se met aussi impersonnellement. Il est nuit. Il est jour. Il est onze heures. Il est à croire, à présumer, pour dire, On peut croire, on peut présumer.

On dit, Il n'est pas en moi de faire telle chose, pour dire, Il n'est pas en mon pouvoir, il n'est pas dans mon caractère.

Il se dit surtout dans le style soutenu, pour, Il y a. Il est des hommes assez méchans. Il en est de bons. Il en est de mauvais.

Étre

Étre, précédé de la préposition En, sert quelquefois à comparer, à marquer la similitude, la conformité des choses. Il en est des Peintres comme des Poëtes, ils ont la liberté de feindre.

Il se dit encore De ce qui pent arriver, de ce qui peut s'ensuivre de quelque chose. On l'a traité outrageusement, et il n'en a rien été. Quand il l'auroit maltraité, qu'en seroit--il? il n'en seroit rien. Il en sera ce qu'il plaira à Dieu. Il sera, il en sera de cette affaire ce qu'il plaira aux Juges.

On dit, Il est du devoir d'un homme, il est d'un honnête homme de faire ela, pour dire, Un honnête homme doit faire cela; Il est de la justice de faire telle chose, pour dire, La justice oblige à faire telle chose, Et l'on dit de même, Cela est de justice, cela est de droit, cela est d'usage, cela est de bon goût, pour dire, Cela est conforme à la justice, au bon droit, à l'usage, au bon goût.

Être

Être, suivi de la préposition , signifie souvent Appartenir. Tout est à Dieu. Cette maison, cette terre est à un tel. Cet enfant est à moi. Je suis à un tel. Cet Officier est au Roi. Ce valet est à vous.

On dit aussi dans le sens d'Appartenir, C'est à vous à parler, c'est au Juge à prononcer.

On dit, Je suis tout à vous, entièrement à vous, pour dire, Je suis dans la disposition de vous servir: ce qui se met quelquefois par formule de compliment à la fin d'une lettre à un inférieur.

On dit, Être bien, être mal avec quelqu'un, pour dire, Etre dans ses bonnes grâces, ou être brouillé avec lui.

Il sert à marquer l'origine d'une chose, le lieu d'où elle vient, l'auteur qui l'a faite, de quelle profession il est, la patrie de quelqu'un. Ce vin est de Bourgogne. Ce tableau est du Poussin, du Tïtien. Ces vers sont d'Homère, de Virgile. Il est d'Église. Il est d'Epée. Il est de Robe. Il est de Paris.

On dit, Cela est bien de son caractère, cela est bien de lui, pour dire, Cela est conforme à son caractère, à son génie.

Il signifie aussi, Faire partie d'une chose, d'un nombre. Cet effet est de la succession. Cela est de mon partage. Cela n'est. pas du compte. Il n'est pas des complices. Il sera de mes Juges. Il est du Parlement. Il est de notre parti. Voulezvous être de la partie?

Il signifie aussi, Entrer en part, en sociéte, s'intéresser. Il y a un grand marché à faire, en voulez--vous être? Je serai de moitiè. Il n'est jamais de rien. Cet homme est de tout.

On dit, qu'On est pour un dixième dans une affaire, pour dire, qu'On y est intéressé pour un dixième.

On dit figurément et familièrement, quand une personne fait ou dit quelque chose qui ne se devoit pas faire ou dire, et à quoi on ne s'attendoit pas: Cela n'en est pas. Celui--là n'en est pas.

Il se dit aussi Du point, de l'état où est une affaire. Où en sommes--nous à cette heure? Voilà où nous en sommes. Où en êtes--vous de votre procès? J'en suis à faire nommer un Rapporteur.

On dit à quelqu'un, En étes--vous là? pour, Croyez--vous cela? ou bien, êtes--vous donc dans cette résolution, dans cette erreur?

On dit, qu'Un homme en est, qu'il en a été pour son argent, pour dire, qu'Il lui en a coûté son argent sans aucun

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