LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798

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Page 502

gens que l'odeur des roses entête. Ce vin est fumeux, il entête. Le tabac entête ceux qui n'ont pas coutume d'en prendre. Ce parfum est trop fort, il m'entête.

On dit figurément et familièrement, que Les louanges entêtent, pour dire, qu'Elles donnent de la vanité, de l'orgueil.

Il signifie encore figurément, Préoccuper, prévenir en faveur d'une personne, ou d'une opinion. Qui est--ce qui vous a entêté de cet homme--là, de ce système?

Il s'emploie dans le même sens avec le pronom personnel, et se prend toujours en mauvaise part. Il s'est entêté de cette femme, de cet Auteur, de ce Roman, d'un certain système de Philosophie, des nouvelles opinions. Les ignocans s'entêtent facilement.

Il s'emploie absolument pour dire, Se préoccuper, se laisser prévenir. C'est un homme, c'est un Juge dangereux, il est trop sujet à s'entêter.

Entêté, ée

Entêté, ée. partic. Il n'est guère d'usage que pour signifier, Opiniàtre, trop prévenu, fortement préoccupé. Un enf nt, un vieillard entêté.

Il est aussi substantif; et alors il signifie Un homme qui s'attache opiniâtrément aux choses dont il a eté une fois préoccupé. C'est un entêté.

ENTHOUSIASME

ENTHOUSIASME. s. m. Émotion extraordinaire de l'âme, causée par une inspiration qui est ou qui paroît divine. Saül se trouvant parmi les Prophètes, fut saisi du même enthousiasme qu'eux. Il se dit plus ordinairement Des Sibylles, de la Pythie, et de ceux qui prononçoient les Oracles du Paganisme. La Sibylle dans son enthousiasme avoit prédit que ...

Il signifie aussi Un mouvement extraordinaire de l'âme, qu'un Poëte, un Orateur, un homme qui travaille de génie, éprouve dans le moment de la composition, et qui l'élève en quelque sorte au--dessus de lui--même. Heureux, noble enthousiasme. Enthousiasme poétique. Quand l'enthousiasme le prend. Il ne parle que par enthousiasme Entrer en enthousiasme.

Il signifie aussi, Admiration outrée, goût excessif pour une personne ou pour une chose. Son enthousiasme pour cet Auteur, pour cet ouvrage, l'aveugle. C'est un homme à enthousiasme. Ses enthousiasmes sont ridicules, mais ils ne durent pas.

ENTHOUSIASMER

ENTHOUSIASMER. v. act. Charmer, ravir en admiration. La lecture de cet ouvrage l'avoit enthousiasmé. Il s'est laissé enthousiasmer de cette musique, de la voix de cette femme.

Il s'emploie aussi avec le pronom personnel. Cet homme s'enthousiasmeaisément. Il se prend plus souvent en mauvaise part.

Enthousiasmé, ée

Enthousiasmé, ée. participe.

ENTHOUSIASTE

ENTHOUSIASTE. sub. des 2 gen. Visionnaire, fanatique. C'est unenthousiaste. On appeloit ainsi Certains Hérétiques qui se croyoient inspirés.

Il signifie aussi Admirateur outré. Il est enthousiaste de cet ouvrage.

ENTHYMÈME

ENTHYMÈME. sub. m. Terme de Logique. Argument qui ne consiste que dans deux propositions, dont l'une est la conséquence de l'autre. La raillerie fait des ennemis, donc il faut l'éviter, est un enthymème. Les Orateurs se servent plus ordinairement de l'enthymème que du syllogisme.

ENTICHER

ENTICHER. verb. a. Commencer à gâter, a corrompre. Son plus grand usage est au participe. Ces fruits sont un peu entichés.

Il se dit figurément et familièrement, en parlant De mauvaises opinions en fait de doctrine et de religion. Qui vous a entiché de cette opinion? On le soupçonne d'être un peu entiché deJansénisme. Il est du style familier.

Entiché, ée

Entiché, ée. participe.

ENTIER, IÈRE

ENTIER, IÈRE. adject. Complet, qui a toutes ses parties, ou que l'on considère dans toute son étendue. Un pain entier. Un jour entier. Une année entière. Une Province entière. Le monde entier. L'univers entier.

On y joint quelquefois le nom de Tout, pour appuyer davantage. Attendre une heure toute entière. Lire un livre tout entier.

Il s'applique aussi aux choses morales. Vivre dans un entier détachement des choses du monde. Avoir une entière confiance en Dieu. Conserver sa raison toute entière. Vivre dans un entier abandonnement, un entier délaissement. Laisser une entière liberté à ses amis. Conserver sa réputation entière, sa vertu entière.

On dit, en style de Barreau surtout, en parlant d'Un état de choses dont les circonstances ne sont plus les mêmes, Les choses ne sont pas entières.

On dit figurément, qu'Une affaire, qu'une fonction, qu'une charge, qu'une science demande un homme tout entier, pour dire, qu'Il est nécessaire qu'il y emploie tous ses soins, toute son attention, et tout son temps.

On dit dans le même sens, Cette occupation m'intéresse, je m'y suis livré tout entier, elle prend mon temps tout entier, mon attention toute entière.

On dit aussi, Mourir tout entier, pour dire, Ne laisser aucun souvenir, aucune renommée après sa mort.

En son entier. En leur entier. Façons de parler qu'on emploie substantivement, pour marquer qu'Il n'y a rien de changé, de gâté, d'altéré dans les choses dont on parle, qu'elles sont encore au même état qu'auparavant. Cette pièce est rapportée en son entier dans un tel livre. Cet amphithéâtre, ce Temple est encore en son entier. Cette affaire est encore en son entier. La chose est en son entier. Remettre les choses en leur entier.

Entier

Entier, s'emploie aussi substantivement, en termes d'Arithmétique, pour, Un nombre composé de toutes ses parties. Quatre quarts font un entier.

Entier

Entier, signifie aussi, Opiniâtre, attaché à ses sentimens. C'est un homme entier, bien entier, fort entier en ses opinions. C'est un esprit fort entier. Cette femme est fort opiniâtre, fort entière.

On dit, Un cheval entier, pour dire, Un cheval qui n'est pas hongre.

ENTIÈREMENT

ENTIÈREMENT. adverb. Totalement, tout--à--fait. Entièrement ruiné. Abandonner entièrement. Se livrer entièrement à l'étude, au jeu, aux plaisirs, etc.

ENTITÉ

ENTITÉ. s. f. Terme didactique de l'ancienne École. Ce qui coustitue l'être ou l'essence de quelque chose. Ainsi les Scolastiques disoient, l'Entité de Pierre, pour désigner, La qualité qui le constitue Être.

ENTOILAGE

ENTOILAGE. subs. mas. Toile ou réseau imitant la dentelle, auquel on coud une dentelle. Entoilage de mousseline. Entoilage de toile de Frise.

ENTOILER

ENTOILER. v. a. Remettre de la toile à la dentelle d'une cravate, d'un mouchoir de cou, etc. Entoiler un mouchoir, une cravate.

On dit, Entoiler une estampe, une carte de Géographie, pour dire, Les coller sur une toile. Il a fait entoiler toutes ses estampes.

Entoilé, ée

Entoilé, ée. participe.

ENTONNER

ENTONNER. verb. a. Verser une liqueur dans un tonneau. Entonner du vin, du cidre, du vinaigre, etc. Il faut prendre garde que les futailles soient bonnes avant que d'y entonner le vin.

On dit familièrement d'Un homme qui boit beaucoup, qu'Il entonne bien.

Entonner

Entonner, avec le pronom personnel, se dit Du vent lorsqu'il entre avec impétuosité dans un lieu étroit. En ce sens il est réciproque. Le vent s'entonne dans cette cheminée.

ENTONNER

ENTONNER. v. a. Mettre un air sur le ton. Entonner les notes. Entonner l'Antienne. Entonner un air.

Il se dit aussi absolument. Ce Chantre entonne bien, entonne juste. Il a mal entonné.

Il signifie aussi, Chanter le commencement, les premières paroles d'une Hymne, d'un Psaume, d'une Antienne, d'un air, etc. Entonner le Te Deum. Entonner le Magnificat. Entonner le Salve Regina.

Entonné, ée

Entonné, ée. participe.

ENTONNOIR

ENTONNOIR. subst. mas. Instrument avec lequel on entonne une liqueur. Entonnoir de bois. Entonnoir de fer -- blanc. Il y a de petits entonnoirs d'or ou d'argent pour remplir de petits flacons.

Entonnoir

Entonnoir, en Anatomie, c'est une cavité ou fossette qu'on trouve entre la base du pilier antérieur de la voûte du cerveau, et la partie antérieure du point de réunion des nerfs optiques.

C'est aussi un instrument de Chirurgie, dont on se sert pour conduire le cautère actuel sur l'os Unguis dans l'opération de la fistule lacrymale.

On appelle en Botanique, Fleurs en entonnoir, Des fleurs qui ont la forme d'un entonnoir.

ENTORSE

ENTORSE. s. f. Il a la même signification que Détorse. Se donner une entorse. Il s'est donné une furieuse entorse au poignet, au pied.

On dit figurément et familièrement d'Un homme en place, en charge, en faveur, dont on a diminué par quelque moyen l'autorité ou le crédit, qu'On lui a donné une entorse. Cet homme se croyoit bien établi dans le poste où il étoit, mais on lui a donné une rude, une terrible entorse.

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