Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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rangs, les files, Faire mettre sur un rang, sur
une file des soldats qui étaient sur deux rangs,
sur deux files.

Il signifie aussi Faire deux touts d'un seul.
Dédoubler un régiment. Dédoubler une classe,
dans un lycée.

En termes de Chemins de fer, Dédoubler
un train,
Faire partir, presque à la même
heure, à cause de l'affluence des voyageurs,
deux trains au lieu d'un pour la même destination.

En termes d'Arts, Dédoubler une pierre,
La séparer, la partager en deux dans toute sa
longueur.

Il signifie par analogie Dégarnir de sa
doublure. Dédoubler un habit, un manteau.

DÉDUCTIF, IVE. adj. T. de Logique. Qui
procède par déduction. La méthode déductive.
Les théories déductives.

DÉDUCTION. n. f. Action de soustraire
une somme d'une autre. On lui a payé tant
en déduction du principal. La succession, déduction
faite des dettes et legs, monte à cent mille
francs.

Il signifie également, surtout en termes
didactiques, Action de tirer une conséquence,
d'inférer une chose d'une autre. Cette déduction
n'est pas exacte. Une suite de déductions.

Par extension, il se dit, en termes de Logique,
du Procédé par lequel on va de la cause
aux effets, du principe aux conséquences, du
général au particulier. Le syllogisme est la
principale forme de déduction. La déduction
est opposée à l'induction.

DÉDUIRE. v. tr. Soustraire d'une somme
à payer telle ou telle fraction qui n'est pas
à verser. Chaque contribuable, dans sa déclaration
d'impôt sur le revenu, déduit du total de
ses revenus certaines charges, certains frais
d'exploitation. Il en faut déduire ce que vous
avez dépensé, reçu. Il en faut déduire les frais.
Il y a tant à déduire sur cette somme.

Il signifie aussi Énoncer, développer en
détail. Déduire son fait, ses raisons. Déduire
par le menu.

Il signifie encore Tirer comme conséquence,
inférer. Deux propositions qui se déduisent
l'une de l'autre sont équivalentes.

DÉESSE. n. f. Divinité païenne du sexe
féminin. Les dieux et les déesses. La déesse
Junon. La déesse Cérès. Les trois déesses qui
se soumirent au jugement de Pâris.

Elle a le port d'une déesse, se dit d'une
Femme qui est d'une beauté majestueuse.

DÉFÂCHER (SE). v. pron. S'apaiser après
s'être mis en colère. S'il est fâché, qu'il se
défâche. S'il se fâche, il aura la peine de se
défâcher.
Il est familier.

DÉFAILLANCE. n. f. Perte momentanée
des forces physiques accompagnée souvent
d'une perte de connaissance. Tomber en défaillance.
Il lui a pris une défaillance. Avoir de
fréquentes défaillances.

Il se dit figurément de la Perte momentanée
des forces morales. Dans cette vie d'ailleurs
si belle il y eut de tristes défaillances.

Il se disait aussi du Fait de faire défaut.
La défaillance de la ligne masculine fit passer
le trône dans une autre famille.
Spécialement,
Défaillance d'un astre, Éclipse.

DÉFAILLANT, ANTE. adj. Qui fait défaut,
en parlant des Forces physiques ou morales.
Rappeler sa force défaillante. Sa main défaillante
cherchait à presser la mienne. Ligne
défaillante,
Ligne qui n'a plus d'héritiers.

Il signifie particulièrement Qui manque à
comparaître. Témoin défaillant. Parties défaillantes.
On l'emploie dans ce sens comme nom.
Le défaillant a été condamné. À l'appel des
candidats à cet examen, on constata qu'il y avait
beaucoup de défaillants.

DÉFAILLIR. (Il n'est plus guère usité
qu'au pluriel du présent de l'indicatif, Nous
défaillons, etc.; à l'imparfait, Je défaillais; aux
passés, Je défaillis, j'ai défailli; à l'infinitif,
Défaillir; et au participe présent, Défaillant.)
v. intr. Perdre momentanément ses forces
physiques ou morales. Je la vis prête à défaillir.
Je me sentis défaillir. Sa mémoire défaillait
souvent.

Il signifie aussi S'affaiblir, diminuer. Ses
forces défaillent tous les jours, commencent à
défaillir. Il se sent défaillir de jour en jour.

DÉFAIRE. (Il se conjugue comme FAIRE.)
v. tr. Modifier l'état d'une chose de manière
qu'elle ne soit plus ce qu'elle était. Pénélope
défaisait, la nuit, l'ouvrage qu'elle avait fait
le jour. Ce que l'un fait, l'autre le défait.
Alexandre, ne pouvant défaire le noeud gordien,
le coupa. Une couture qui se défait. Défaire
une malle, un paquet,
En ôter les effets qu'on
y avait enfermés. Fig., Défaire un mariage,
un marché.

Par extension, Défaire son gilet, son paletot,
Les ôter.

En termes de Guerre, il signifie Mettre en
déroute. Défaire l'ennemi. Son armée fut complètement
défaite.

Le participe passé DÉFAIT, AITE, s'emploie
comme adjectif avec le sens de Qui est
abattu, amaigri. Je l'ai vu avec un visage
défait. Depuis sa maladie il a l'air défait.
Cette femme est pâle et défaite.

SE DÉFAIRE signifie encore Se délivrer, se
débarrasser d'une personne ou d'une chose.
Défaites-moi de cet importun. On a eu bien de
la peine à s'en défaire. Se défaire d'une mauvaise
habitude, d'un vice, d'une passion. Défaites-
vous de ces manières-là.

Se défaire d'un mauvais employé, Le mettre
dehors, le congédier.

Se défaire d'un assaillant, d'un témoin gênant,
etc.,
Le faire mourir.

Se défaire d'une chose peut signifier aussi
L'aliéner, en transporter le droit et la possession
à un autre. Un marchand qui se
défait avantageusement de sa marchandise. Se
défaire d'un cheval, d'une propriété. Il cherche,
sans y réussir, à se défaire de son domaine.

DÉFAITE. n. f. Déroute d'une armée ou
de quelques troupes. Après la défaite des
ennemis. Défaite entière. Défaite sanglante.

Il signifie aussi Facilité plus ou moins
grande de se défaire de quelque chose. Ces
marchandises-là sont de défaite. Ces laines
sont de mauvaise défaite, de bonne défaite.
Il
vieillit.

Il signifie encore Excuse artificieuse, mauvaise
raison, prétexte. Il a toujours des défaites
prêtes, il s'est tiré d'affaire par une défaite.
Voilà une mauvaise défaite. C'est une défaite.

DÉFALCATION. n. f. Action de défalquer.
Faites, sur les produits de cette terre, la défalcation
des faux frais.

DÉFALQUER. v. tr. Soustraire dans une
supputation telle ou telle fraction d'une
somme ou d'une quantité. Si l'on défalque ses
frais généraux, ce commerçant a fait un bénéfice
net de cent mille francs. Dans toute pesée
de marchandises, on défalque la tare. Je vous
dois trois mille francs, mais il faut en défalquer
ce que j'ai payé pour vous.

DÉFAUSSER. v. tr. T. d'Arts. Redresser
ce qui a été faussé. Défausser une clef.

DÉFAUT. n. m. Imperfection physique.
Les défauts du corps. Cette femme est belle,
mais elle a un défaut dans la taille. C'est un
défaut dans un cheval que d'avoir le ventre
gros.

Il se dit également d'une Imperfection
morale. Avoir un vilain défaut. Chacun a ses
défauts. Connaître, avouer ses défauts. Corriger
ses défauts. Défaut incorrigible.

Il se dit particulièrement de Ce qui n'est
pas conforme aux règles de l'art, de ce qui
choque le goût, le bon sens, dans un ouvrage,
dans une production quelconque. Il y a bien
des défauts dans cet ouvrage, dans ce tableau,
dans cette statue. Relever, critiquer les défauts
d'un poème, d'une tragédie.
On dit par analogie
Un auteur sans défaut. Les défauts d'un écrivain,
d'un artiste, etc.

Il se dit également, surtout en termes d'Arts,
des Parties faibles ou défectueuses dans une
étoffe, dans du bois, dans un ouvrage quelconque.
Il y a un défaut dans cette feuille
d'acajou. Cette pièce de porcelaine a un défaut,
plusieurs défauts.

Il signifie aussi Absence, manque, privation
de quelque chose. Le défaut de blé, le défaut
de vivres a forcé la garnison de se rendre. Un
billet protesté pour défaut de paiement.

AU DÉFAUT, ou À DÉFAUT DE, loc. prép.
En cas de manque, d'absence de. Si, à son
défaut, je puis vous être utile, disposez de moi.
Au défaut, à défaut d'autres armes, il prit une
barre de fer. À défaut de vin, nous boirons de
l'eau.

DÉFAUT se dit particulièrement de l'Absence
de certaines qualités, de certains avantages.
Défaut d'esprit, de jugement, de mémoire,
d'imagination. Défaut de pénétration, de fermeté,
de constance. Défaut d'attention, de prévoyance,
de soin, d'ordre. Défaut de proportion
dans un édifice.

Faire défaut signifie Manquer. La santé
lui a fait défaut. Au moment de prendre la
parole, la voix lui a fait défaut.

Le défaut des côtes, L'endroit où se terminent
les côtes. Il a été blessé au défaut des côtes.

Le défaut de la cuirasse, l'Intervalle qui
est entre la cuirasse et les autres pièces de
l'armure qui s'y joignent; et, figurément et
familièrement, le Faible de quelqu'un, l'endroit
par lequel on peut venir plus aisément
à bout de lui.

En termes de Procédure, il signifie Manquement
à l'assignation donnée. Faire défaut.
Condamner par défaut. Jugement par défaut.

En termes de Chasse, Les chiens sont en
défaut, la bête les a mis en défaut,
Ils ont perdu
les voies de la bête; et Les chiens ont bien
relevé le défaut,
Ils se sont bien remis sur les
voies.

Fig., Être en défaut, Faillir, se tromper,
commettre quelque manquement, quelque
erreur. Trouver, prendre, mettre quelqu'un en
défaut.
Par analogie, on dit Sa mémoire
est souvent en défaut. Son adresse paraissait
en défaut.

DÉFAVEUR. n. f. Cessation de faveur,
disgrâce. Il est tombé dans une cruelle défaveur.
Il est en défaveur.

DÉFAVORABLE. adj. des deux genres. Qui
n'est pas favorable. Cet examinateur m'a été
défavorable. Le jugement lui fut défavorable.
Opinion défavorable. Au milieu des circonstances
les plus défavorables.

DÉFAVORABLEMENT. adv. D'une manière
défavorable.

DÉFÉCATION. n. f. T. de Pharmacie.
Dépuration d'une liqueur, qui se fait en provoquant
la chute des parties qui la rendaient
trouble.

Il signifie aussi, en termes de Médecine,
Action d'expulser les matières fécales.

DÉFECTIF, IVE. adj. T. de Grammaire.
Qui n'a pas tous ses temps et tous ses modes,
en parlant des Verbes. Braire, frire, gésir
sont des verbes défectifs.

Il se dit aussi, en termes de Géométrie,
d'une Courbe qui n'a qu'une asymptote.

DÉFECTION. n. f. Action d'abandonner
un parti auquel on est lié. La défection des
alliés.

DÉFECTUEUSEMENT. adv. D'une manière
défectueuse.

DÉFECTUEUX, EUSE. adj. Où il manque
quelque chose des conditions requises. Un
inventaire défectueux. Une marchandise livrée
dans un état défectueux.

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