LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798

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Page 490

Un enfant opiniâtre. Un enfant à la mamelle. Un enfant qui tette. Sevrer un enfant. Un enfant mort--né. Un enfant bien né. Un enfant mal né. Pleurer comme un enfant. Badiner comme un enfant. Des jouets, des babioles d'enfans.

On dit proverbialement, Faire l'enfant, pour dire, Badiner comme un enfant, s'amuser à des choses puériles; Se conduire comme un enfant, parler comme un enfant, pour dire, Agir sans réflexion, tenir des discours puérils.

On dit à quelqu'un qui a fait une faute, qu'On le traitera en enfant de bonne maison, pour dire, qu'On le châtiera sans l'épargner. Il est familier.

On appelle Enfans trouvés, Les enfans qu'on trouve exposés, et dont le père et la mère ne se font pas connoître.

On dit proverbialement, quand on veut assurer qu'on n'est point coupable d'une chose dont on est accusé, qu'On en est aussi innocent que l'enfant qui vient de naître, qui est à naître.

Quand il s'agit d'une chose serieuse et importante, on dit, que Ce n'est pas un jeu d'enfant, ce n'est pas jeu d'enfant.

On appelle Enfant de Choeur, Un enfant dont l'emploi est de chanter dans l'Église, et de servir à quelques autres fonctions du Choeur.

On appeloit autrefois Enfans perdus, Les soldats détachés qui commençoient l'attaque un jour de combat. Commander les enfans perdus.

On appeloit Enfans d'honneur, De jeunes gens de qualité qui étoient nourris auprès d'un Prince pendant son bas âge.

Enfant

Enfant, est aussi un terme dont on se sert par flatterie et par familiarité. C'est un bon enfant. Mon enfant.

En ce sens on le fait quelquefois féminin au singulier, en parlant d'Une fort jeune fille. Voila une belle enfant. Vous êtes une jolie enfant. C'est la meilleure enfant du monde. La pauvre enfant.

On dit aussi familièrement, en parlant d'Une jeune femme d'un caractère doux et facile, C'est une bonne enfant, une bien bonne enfant.

On dit proverbialement, quand on voit un enfant qui a de la raison et de l'esprit de bonne heure, qu'Il n'y a plus d'enfans.

On dit d'Un enfant, C'est l'enfant de sa mère, pour dire, qu'Il lui ressemble, qu'il a toutes ses manières.

On s'en sert aussi en parlant à des inférieurs. Allons, enfans. Courage, enfans.

Mon enfant, est aussi un terme dont on se sert lorsqu'on veut parler avec un air de bonté ou d'intérêt, d'affabilité, à des gens extrêmement inférieurs. Mon enfant, dites -- moi, etc. Mon enfant, allez avertir mes gens.

ENFANTEMENT

ENFANTEMENT. sub. m. Action d'enfanter. Faciliter l'enfantement. Hâter l'enfantement. Les douleurs del'enfantement.

On dit figurément d'Un Auteur qui compose avec beaucoup de difficulte, que Lorsqu'il travaille, il est dans les douleurs de l'enfantement.

ENFANTER

ENFANTER. v. a. Accoucher d'un enfant. Il est dit dans l'Écriture--Sainte, une Vierge concevra et enfantera un fils. Heureuse la mère qui l'a enfanté!

Quand quelque projet, quelque dessein, quelque promesse qui a fait beaucoup de bruit et d'éclat dans le monde, ne produit rien qui réponde à l'espérance qu'on en avoit conçue, on dit, que C'est la montagne qui a enfanté une souris, qui enfante une souris.

On se sert d'ordinaire de ce mot Enfanter, absolument et sans régime. Enfanter avec douleur. Après qu'une femme a enfanté.

Il se dit fig. Des productionsd'esprit. Cet Auteur, tous les ans, enfante de gros volumes. Il enfante avec peine.

On dit aussi figurément, Les guerres civiles enfantent mille maux dans un Etat.

Enfanté, ée

Enfanté, ée. participe.

ENFANTILLAGE

ENFANTILLAGE. s. m. Discours, manières qui ne conviennent qu'à un enfant. Il ne se dit que Des personnes qui ont passé l'enfance. Pour un homme de votre âge, de votre caractère, voilà bien de l'enfantillage. Il est familier.

ENFANTIN, INE

ENFANTIN, INE. adject. Qui est d'enfant. Visage enfantin. Voixenfantine.

ENFARINER

ENFARINER. verbe a. Poudrer de farine. Un bateleur, un bouffon qui s'enfarine le visage.

Enfariné, ée

Enfariné, ée. participe.

On dit proverbialem. qu'Un homme est venu, la gueule enfarinée, dire ou faire quelque chose, pour dire, qu'Il est venu inconsidérément et avec une sotte confiance.

On dit familièrement, qu'Un homme est enfariné de quelque chose, de quelque science, etc. pour dire, qu'Il n'en a qu'une légêre teinture.

On dit de même, qu'Un homme est enfariné d'une opinion, de quelque mauvaise doctrine, pour dire, qu'Il en est un peu prévenu.

ENFER

ENFER. subst. mascul. (On prononce le R.) Lieu destiné pour le supplice des damnés. Les tourmens de l'enfer. La crainte de l'enfer. Menacer de l'enfer. L'enfer est le partage des réprouvés. Jésus--Christ a promis que les portes de l'enfer ne prévaudront point contre son Eglise. Les puissances de l'enfer. Furie d'enfer. Monstre que l'enfer a vomi.

En ce mot le pluriel n'ajoute rien à la signification du singulier. Ainsi, Au fond des enfers, ne veut dire autre chose qu'Au fond de l'enfer.

Il se dit aussi au pluriel, Du lieu où étoient les âmes que Notre--Seigneur délivrá après sa mort. Jésus--Christ est descendu aux enfers.

On dit figurément d'Un lieu où l'on se déplaît, où l'on est extrêmement gêné, tourmenté, où il y a beaucoup de confusion et de désordre, que C'est un enfer, un vrai enfer. C'est un enfer pour moi que cette maison.

On dit encore figurément, Porter son enfer avec soi, pour dire, Porter son supplice avec soi. Les méchans portent leur enfer avec eux.

On appelle figurement et proverbialement, Tison d'enfer, Un méchant homme qui excite et qui porte au mal, ou qui cause de grands maux par ses discours, ou par son exemple.

Enfer

Enfer, signifie aussi figurément, Les Démons, les Puissances de l'enfer. L'enser en gémit. L'enfer se déchaîne contre lui.

Enfer

Enfer, en termes de Chimie, est Un vaisseau propre à calciner le mercure. On l'appelle aussi Enfer de Boyle.

Enfers

Enfers, au pluriel, se prend encore pour Le lieu où les Païens croyoient que les âmes alloient après la mort. Orphée alla chercher Euridice aux enfers. Hercule et Énée descendirent aux enfers.

ENFERMER

ENFERMER. v. a. Fermer un lieu en telle sorte, que les personnes qui y sont ne puissent pas en sortir, ou que les choses qu'on y a mises ne puissent pas être dérobées. Enfermer un homme dans une maison. Enfermer des habits dans un coffre. Enfermer des papiers, des livres dans un cabinet. Ensermer des chevaux dans une écurie. Enfermer à la clef, sous la clef. Enfermer entre quatre murailles.

Enfermer

Enfermer, se dit absolument, pour dire, Mettre un homme dans un Hôpital de fous, dans un lieu de correction, etc. C'est un homme à enfermer. Ses déportemens l'ont fait enfermer.

On dit proverbialement et figurément d'Un Chirurgien qui a laisse fermer une plaie trop tôt, et qui ne l'a guérie que superficiellement, qu'Il a enfermé le loup dans la bergerie.

Il signifie aussi, Environner et clore de toutes parts. Enfermer un parc de murailles. Enfermer de haies. Les ennemis se sont laissé enfermer entre deux rivières, entre deux montagnes.

On dit, S'enfermer dans une Place, pour dire, Demcurer dans une Place qui va être assiégée, pour la défendre.

S'enfermer dans un Cloître, pour dire, Se faire Religieux.

On dit, S'enfermer avec un malade, pour dire, S'enfermer avec quelqu'un qui tombe malade, pour y demeurer jusqu'à la fin de sa maladie. Elle s'est enfermée avec son mari qui a la petite vérole.

On dit encore, S'enfermer, pour dire, Se retirer dans son cabinet, et n'y vouloir voir personne. On ne sauroit le voir, il est enfermé.

Enfermer

Enfermer, signifie fig. Contenir, comprendre. Ce passage enferme beaucoup de vérités. Cet article, cette proposition, en enferment beaucoup d'autres.

Enfermé, ée

Enfermé, ée. participe. Il s'emploie comme substantif dans cette phrase, Sentir l'enfermé; ce qui se dit d'une chose qui sent mauvais, à cause qu'il y a long--temps qu'elle n'a été à l'air. Cette chambre sent l'enfermé. Et dans ce sens on dit aussi et mieux, Renfermé.

ENFERRER

ENFERRER. v. a. Percer avec une épée, une pique, une hallebarde, un épieu. Enferrer son ennemi.

Il s'emploie avec le pronom personnel. Il s'est enferré lui--même.

On dit figurément et familièrement, S'enferrer, pour dire, Se nuire inconsiderément à soi--même par ses paroles, ses raisonnemens, sa conduite. Il nous a conté son affaire, et en nous parlant il s'est enferré lui--même. Laissez--les

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