Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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Répondre de quelqu'un. Désespérer de sa guérison.
Se méfier de quelqu'un. Féliciter quelqu'un
d'un succès. Se repentir d'une faute. Se
plaindre de quelqu'un. Faire justice d'un traître.
Différer d'avis. Justifier de sa qualité. Rendre
compte de sa gestion. Demander réparation
d'une injure. Faire fi de quelque chose. Cela
fait foi de ce que j'ai avancé. Il en sera de cela
comme du reste. Pour ce qui est de lui. C'est
fait de nous. Il y va de ma vie. Ce chapitre traite
de telle matière. La peste soit du maladroit! etc.

Souvent, dans les titres d'ouvrages, de chapitres,
etc., tout ce qui précède la préposition
est sous-entendu; ainsi on dit simplement De
la chasse, Du théâtre, etc.
pour dire Ouvrage,
chapitre, article qui traite, où il est parlé de la
chasse, du théâtre, etc.

Fam., On dirait d'un fou, etc. Voyez DIRE.

Devant le mot Côté désignant un lieu, un
endroit ou une face de quelque objet, De
reçoit plus fréquemment une valeur analogue
à celle de Vers, dans, à, sur. Mettez-vous de
ce côté-ci, vous verrez mieux. Il est allé du
côté d'Orléans. Voulez-vous que nous passions
de l'autre côté? Regardez bien de ce côté. Cette
robe est plus longue de ce côté que de l'autre.

On en rapproche les locutions suivantes : De
côté et d'autre. D'un côté... de l'autre
ou d'un
autre. D'une part... d'autre part. D'une et
d'autre part. De mon côté,
Pour ce qui me
regarde. Se ranger, se mettre du parti de
quelqu'un,
Embrasser son parti.

DE entre aussi dans plusieurs locutions
adverbiales, ou autres, qui indiquent une
Certaine époque ou une certaine durée. Nous
partîmes de nuit, de jour. Je sortis de bonne
heure. De grand matin. De présent
(en termes
de Procédure). Du vivant d'un tel. C'était bien
autre chose de mon temps. De tout temps il en
fut ainsi. Il ne viendra pas d'aujourd'hui. Il
ne m'a pas quitté de tout le jour. Je ne le reverrai
pas de huit jours. De ma vie je n'ai vu pareille
chose. De mémoire d'homme.

DE sert quelquefois à unir le nom commun
d'une chose avec le mot ou l'expression qui la
distingue de toutes les autres choses semblables.
La ville de Paris. Le fleuve du Rhône. Le
mois de septembre. La comédie du " Misanthrope ".
Le mot de gueux est familier. Le cri de Vive
le roi!

Souvent, DE précède un infinitif pour remplacer
un mode personnel au passé. L'action
est exprimée ainsi avec plus de vivacité. C'est
ce qu'on appelle l'infinitif de narration ou
l'infinitif historique. Aussitôt les ennemis de
s'enfuir et de jeter leurs armes. Il s'éloigna tout
honteux, et nous de rire.

Lorsqu'un infinitif est placé après le verbe
dont il est le sujet, il est précédé régulièrement
de la préposition De. On dit Mentir est
honteux
et Il est honteux de mentir. C'est folie,
c'est être fou que d'entreprendre cela. C'était
peu pour lui d'avoir obtenu cet avantage. C'est
à vous qu'il appartient de l'interroger. Il est
juste de le récompenser. Il convient d'agir
promptement. Il importe de le savoir. Il suffira
de vous dire que... Il entre dans ses vues de
leur laisser ignorer cela. À quoi sert-il de dissimuler?

ou simplement Que sert de dissimuler?
L'essentiel, le principal, le plus sûr est d'agir
ainsi, de faire telle chose.

DE, précédant un adjectif, un participe
passif, etc., est explétif et peut ordinairement
se résoudre par un pronom relatif suivi du
verbe Être. Il y eut mille hommes de (qui furent)
tués. Il y a dans ce qu'il dit quelque chose de
(qui est) vrai. Y a-t-il quelqu'un d'assez (qui
soit assez) ignorant pour... Je ne vois rien là de
(qui soit) bien étonnant. A-t-on jamais entendu
rien de
(qui soit) pareil? Sa conduite n'a rien
de
(qui soit) noble. Rien de (qui soit) plus
simple que cela. Je ne vois rien là de
(qui soit)
mieux. Sinon, rien de fait (qui soit fait, arrêté,
conclu).

Pour toutes les autres locutions, telles que
D'avance, d'abord, d'ailleurs, du moins, de
suite, du reste, de plus belle, de nouveau, d'ordinaire,
de grâce, de retour, etc.,
voyez les différents
articles des mots qui accompagnent
la préposition.

DÉ. n. m. Petit morceau d'os ou d'ivoire,
de figure cubique, ou à six faces, dont chacune
est marquée d'un différent nombre de points,
depuis un jusqu'à six, et qui sert à jouer. Des
dés bien marqués. Jeu de dés. Jouer aux dés.
Tenir les dés. Piper les dés.
On dit aussi
à jouer
pour le distinguer de Dé à coudre.

Coup de dés, Le nombre de points que l'on
amène en jetant une fois les dés.

Un beau coup de dé, Un heureux hasard.

Fig. et fam., C'est un coup de dés ou de dé,
C'est une affaire où le hasard aura beaucoup
d'influence. Jouer sa fortune sur un coup de
dé,
La risquer dans une entreprise hasardeuse.

Fig. et fam., Tenir le dé dans la conversation,
Se rendre maître de la conversation.

Fig. et fam., Faire quitter le dé à quelqu'un,
rompre le dé,
Obliger quelqu'un à céder, à
renoncer à quelque entreprise.

Fig. et fam., Le dé en est jeté, se dit en parlant
d'un Parti pris, de la résolution où l'on
est de faire une chose, quoi qu'il puisse arriver.

Fig. et fam., À vous le dé, C'est à vous à
parler, à répondre, à agir.

Fig., Les dés sont pipés, Les choses ont été
préparées pour que le jeu ne soit plus loyal;
il y a de la tromperie, de la tricherie.

Par extension, en termes d'Arts, il désigne
Toutes sortes d'objets ou de dispositifs qui
en rappellent la forme, tels que la Partie
cubique d'un piédestal; les Petits cubes qu'on
place sous des poteaux, des colonnes, des
vases, etc., pour les isoler de terre; le Petit
bloc de cuivre ou de fonte qu'on fixe au centre
d'une poulie pour en recevoir l'axe, etc.

DÉ. n. m. Petit instrument de métal ou
d'autre matière solide, en forme de calotte,
dont celui ou celle qui coud se garnit le bout
du médius de la main droite, afin de pousser
l'aiguille plus facilement et sans risquer de se
blesser. Dé d'or, d'argent, d'ivoire etc. Dé ouvert,
par opposition à Dé fermé, est le Dé dont se
servent les tailleurs et qui n'est pas terminé
par une calotte.

On dit aussi Dé à coudre pour le distinguer
du Dé à jouer.

DÉAMBULATION. n. f. Action de déambuler.

DÉAMBULATOIRE. adj. des deux genres.
Qui a rapport à la déambulation.

Pris comme nom masculin, il désigne la Nef
qui entoure le choeur d'une église et où l'on
peut circuler.

DÉAMBULER. v. intr. Se promener selon
sa fantaisie, sans un but précis. Nous déambulons
toute la journée à travers les rues.

DÉBÂCLAGE. n. m. Action de débâcler
un port.

DÉBÂCLE. n. f. Rupture, ordinairement
subite, de la glace qui couvrait un cours d'eau
et qui se partage alors en glaçons dont la
descente est plus ou moins rapide. La rivière
grossit, il faut se préparer à la débâcle. La
débâcle a fait périr bien des bateaux.

Il se dit, figurément et familièrement, de
Tout changement brusque et inattendu qui
amène du désordre, de la confusion. Ce fut
une débâcle générale. Cet accident commença
la débâcle de sa fortune.

Il se dit aussi quelquefois pour Débâclage. Il
y a un temps déterminé pour la débâcle du port.

Il se dit aussi, dans le langage familier,
d'une Décharge subite du ventre.

DÉBÂCLEMENT. n. m. Le fait de la débâcle.
Beaucoup de bateaux ont péri par le
débâclement de la rivière.
Il est très peu usité.

DÉBÂCLER. v. tr. Débarrasser un port
des navires, des bateaux vides, afin d'en
rendre l'accès libre à ceux qui arrivent chargés.

Il est aussi intransitif et se dit d'une
Rivière quand les glaces viennent à se rompre
et à suivre le cours de l'eau. La Seine a
débâclé cette nuit.

DÉBÂCLEUR. n. m. Celui qui préside au
débâclage d'un port.

DÉBAGOULER. v. intr. Vomir. Il est trivial.

Il se dit surtout au figuré et signifie transitivement
Dire sans retenue toutes les injures
qui viennent à la bouche. Il débagoula un
torrent d'injures.
Il est très familier.

DÉBALLAGE. n. m. Action de déballer.
On vient de faire le déballage de ces marchandises.

Il désigne aussi un Ensemble de marchandises
déballées et exposées pour être vendues.

DÉBALLER. v. tr. Extraire d'une balle,
d'un paquet, d'une caisse, etc., ce qu'ils contiennent.
Déballer des marchandises. On n'a
pas encore déballé mes livres.

DÉBANDADE. n. f. Action de se débander.
Il y eut une débandade générale.

À LA DÉBANDADE, loc. adv. Confusément et
sans ordre. L'armée, les troupes s'en allèrent
à la débandade.

Fig. et fam., Mettre tout à la débandade,
Porter dans un lieu, dans une affaire le
désordre et la confusion. Laisser tout aller à la
débandade,
Abandonner au hasard le soin de
son bien, de ses affaires ou de celles dont on
est chargé, comme si on en désespérait. On
dit de même Vivre à la débandade, Ne mettre
aucune suite, aucune règle dans ses moeurs
et dans sa conduite.

DÉBANDEMENT. n. m. Action de se débander,
en parlant de Troupes.

DÉBANDER. v. tr. Détendre. Débander un
arc. Son arc s'est débandé.

Par extension, il signifie Débarrasser d'une
bande, d'un bandeau. Débander une plaie.
On lui débanda les jambes.

DÉBANDER (SE). v. pron. Se disperser en
quittant les rangs, soit pour piller, soit pour
fuir. Ce régiment se débanda.

DÉBANQUER. v. tr. T. de Marine. Dégarnir
de ses bancs un bateau.

Il s'emploie aussi, comme verbe intransitif,
pour signifier Quitter un banc de pêche.

DÉBAPTISER. v. tr. Il ne s'emploie qu'au
figuré et familièrement et signifie Priver
quelqu'un de son nom de baptême ou même
de son nom de famille. Par analogie, Débaptiser
une rue.

DÉBARBOUILLER. v. tr. Nettoyer en
ôtant ce qui salit, ce qui barbouille, spécialement
en parlant du Visage. Débarbouiller un
enfant. Allez vous débarbouiller.

Fig. et fam., Laisser quelqu'un se débarbouiller,
Le laisser se tirer seul d'une affaire
embarrassante.

DÉBARCADÈRE. n. m. T. de Marine.
Espèce de cale, de jetée qui, du rivage,
s'avance un peu dans la mer et qu'on nomme
également EMBARCADÈRE, parce qu'elle est
destinée à servir à l'embarquement comme
au débarquement.

En termes de Chemin de fer, il signifie
Lieu d'arrivée et de départ, qu'on nomme
aussi EMBARCADÈRE.

DÉBARDAGE. n. m. Action de débarder.

DÉBARDER. v. tr. Tirer du bois de dessus
les bateaux, ou de la rivière, et le porter sur le
bord. Débarder des cotrets. Débarder un train
de bois flotté.

En termes d'Eaux et Forêts, il signifie
Transporter hors du taillis où ils ont été
coupés des bois sur les voitures pour que
celles-ci n'endommagent pas les nouvelles
pousses en pénétrant dans ce taillis.

DÉBARDEUR. n. m. Celui qui débarde.
Débardeur de bois. Vous trouverez assez de
débardeurs sur le port.

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