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* Cet arbre est désigné dans les Botanistes par arbor saponaria Americana. Il croît à la Jamaïque & dans d'autres contrées des Indes occidentales. Son fruit est mûr en Octobre: lorsqu'il est sec, il est sphérique, d'une couleur rougeâtre, plus petit qu'une noix de galle, amer au goût, mais sans odeur.
On le recommande dans les pâles couleurs. Le fruit passe pour un spécifique contre cette maladie; il la guérit infailliblement, sur - tout quand on a fait usage des eaux ferrugineuses. On en croit la teinture, l'extrait & l'esprit plus énergiques encore.
On apporta cet arbre de Canada en France au roi François I. Ses feuilles sont résolutives, dessicatives, carminatives, sudorifiques; son bois est détersif, sudorisique, propre pour résister aux venins, aux maux des yeux ou des oreilles, étant pris en poudre ou en infusion.
Il est ainsi nommé, parce qu'il est toûjours verd, & qu'il rend une odeur douce & agréable. On l'appelle encore cedre amérieain ou arbre toûjours verd. Il est chaud & apéritif; il provoque les regles, guérit les pâles couleurs, dissout les tumeurs; son huile appliquée sur la goutte la soulage. Son action est analogue a celle du feu; elle irrite & elle dissout; elle purge les lits de puces & de poux. Boerh. Inst. (N)
De tous ces passages on peut inférer en faveur du sentiment qui n'admet qu'un arbre dont Dieu ait défendu l'usage à Adam. 1°. Qu'il n'est pas nécessaire d'en reconnoître deux; le même fruit qui devoit conférer la vie à Adam, pouvant aussi donner la science. 2°. Le texte de Moyse peut fort bien s'entendre d'un seul arbre: Dieu planta l'arbre de la vie, ou l'arbre de la science. Souvent dans l'Hébreu la conjonction & est équivalente à la disjonctive ou; & de la même maniere, de peur qu'il ne prenne aussi du fruit de vie, & ne vive éternellement, se peut expliquer en ce sens: de peur que, comme il en a pris, croyant y trouver la science, il n'y retourne aussi pour y trouver la vie. 3°. Enfin le démon attribue véritablement au même arbre le fruit de la vie & le fruit de la science: vous ne mourrez point; mais Dieu sait qu'aussi - tôt que vous aurez mangé de ce fruit, vous saurez le bien & le mal. Il les rassûre contre la peur de la mort, & leur promet la science en leur offrant le fruit défendu.
Mais l'opinion contraire paroît mieux fondée dans la lettre du texte. Moyse distingue manifestement ces deux arbres, l'arbre de la vie, & l'arbre de la science: pourquoi les vouloir confondre sans nécessité? la vie & la science sont deux effets tous différens: pourquoi vouloir qu'ils soient produits par le même fruit? Estce trop que de défendre à Adam l'usage de deux arbres? Le discours que Dieu tient à Adam après son péché, paroît bien exprès pour distinguer ici deux arbres: de peur qu'il ne prenne aussi du fruit de vie, & ne vive éternellement, comme s'il disoit, il a déjà goûté du fruit de la science, il faut l'éloigner du fruit de vie, de peur qu'il n'en prenne aussi. Le démon à la vérite rassûre Eve & Adam contre la crainte de la mort: mais il ne leur offre que le fruit de la science, en leur disant que dès qu'ils en auront goûté, ils seront aussi éclairés que les dieux; d'ou vient qu'après leur péché, il est dit que leurs yeux furent ouverts. Ces raisons nous font préférer ce dernier sentiment au premier. Voyez S. Augustin, lib. VI. de l'ouvrage imparfait contre Julien, cap. xxx. p. 1359. & suiv.
On demande quelle étoit la nature du fruit défendu. Quelques - uns ont cru que c'étoit le froment; d'autres que c'étoit la vigne; d'autres le figuier, d'autres le cerisier; d'autres le pommier: ce dernier sentiment a prévalu, quoiqu'il ne soit guere mieux fondé que les autres. On cite pour le prouver le passage du Cantique des cantiques: je vous ai éveillée sous un pommier, c'est là que votre mere a perdu son innocence; comme si Salomon avoit voulu parler en cet endroit de la chûte de la premiere femme. Rabb. in Sanhedrin, fol. 70. Theodos. apud Theodoret. quoest. xxviij. in Gent. Indor. Pelus. liv, I. épitr. ij. canticor. viij. 5.
Plusieurs Anciens ont pris tout le récit de Moyse dans un sens figuré, & ont cru qu'on ne pouvoit expliquer ce récit que comme une allégorie.
S. Augustin a cru que la vertu de l'arbre de vie, & de
l'arbre de la science du bien & du mal, étoit surnaturelle
& miraculeuse: d'autres croyent que cette vertu lui
étoit naturelle. Selon Philon l'arbre de vie marquoit
la piété, & l'arbre de la science la prudence. Dieu est
auteur de ces vertus. Les Rabbins racontent des choses
incroyables & ridicules de l'arbre de vie. Il étoit
d'une grandeur prodigieuse; toutes les eaux de la
terre sortoient de son pié; quand on auroit marché
cinq cens ans, on en auroit à peine fait le tour. Peut - être que tout cela n'est qu'une allégorie: mais la chose
ne mérite pas qu'on se fatigue à en chercher le sens
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