Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

RECHERCHE Accueil Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page 1:440

Chevalier courtois. Courtois aux dames, envers les dames. Il n'est guère courtois. Il a des façons peu courtoises.

Armes courtoises, s'est dit Des armes dont on se servait dans les tournois, parce que la pointe et le tranchant en étaient émoussés, et qu'elles n'étaient point meurtrières. Les armes de guerre étaient appelées Armes émoulues.

COURTOISEMENT. adv. D'une manière courtoise. Il le reçut très-courtoisement.

COURTOISIE. s. f. Civilité. Il l'a traité avec beaucoup de courtoisie.

Il signifie aussi quelquefois, Bon office. Je vous remercie de votre courtoisie. Il est familier dans les deux sens.

COUSEUSE. s. f. Femme qui coud. Il se dit particulièrement Des femmes qui cousent les livres pour les brocher.

COUSIN, INE. s. Il se dit de Ceux qui sont issus ou qui descendent, soit de deux frères, soit de deux soeurs, soit du frère ou de la soeur. Cousins germains. Cousins issus de germain. Cousins au troisième et au quatrième degré, etc. Bon cousin. Cher cousin. C'est mon cousin, ma cousine. Nous sommes cousins. De quel côté sont-ils cousins?

En France, le roi, dans ses lettres, traite de Cousin, non-seulement les princes de son sang, mais encore plusieurs princes étrangers, les cardinaux, les pairs, les ducs, les maréchaux de France, les grands d'Espagne, et quelques seigneurs du royaume.

Prov., Si telle chose m'arrivait, le roi ne serait pas mon cousin, Je m'estimerais plus heureux que le roi. On dit de même, Quand il a telle chose, quand telle chose lui arrive, le roi n'est pas son cousin.

COUSIN se dit quelquefois, figurément et familièrement, de Ceux qui sont bons amis, qui vivent en bonne intelligence. Ils sont grands cousins. Si vous faites telle chose, nous ne serons pas cousins.

COUSIN. s. m. Sorte de moucheron dont la piqûre et le bourdonnement sont fort importuns. Un cousin vint le piquer à la joue. Les cousins l'ont fort importuné, l'ont tourmenté toute la nuit. Être mangé de cousins. Chasser les cousins.

Fam., et par un mauvais jeu de mots, Être mangé de cousins, avoir toujours des cousins chez soi, Avoir souvent chez soi des parasites qui se disent cousins ou amis.

Chasse-cousin. Voyez cette expression à son rang alphabétique.

COUSINAGE. s. m. La parenté qui existe entre cousins. Ils s'appellent cousins, je ne sais d'où vient ce cousinage. Il est entré dans cette maison sous prétexte de cousinage.

Il se prend aussi pour Toute l'assemblée des parents. Il pria tout le cousinage. Ce mot est familier dans les deux sens.

COUSINER. v. a. Appeler quelqu'un cousin. Il vous cousine: de quel côté est-il votre cousin? On l'emploie aussi avec le pronom personnel, comme verbe réciproque. Je ne sais s'ils sont parents, mais ils se cousinent. Ce sens vieillit.

Il signifie neutralement, dans le langage familier, Faire le parasite chez l'un et chez l'autre, sous prétexte de parenté ou d'amitié. Comment peut-il vivre avec si peu de biens? Il va cousiner chez l'un, chez l'autre. Il s'est accoutumé à cousiner.

Fig. et fam., Ils ne cousinent pas ensemble, se dit De deux personnes dont les caractères ne peuvent s'accorder.

COUSINÉ, ÉE. participe

COUSINIÈRE. s. f. Rideau de gaze dont on entoure un lit, pour se garantir des cousins.

COUSSIN. s. m. Sorte de sac cousu de tous les côtés, et rempli de plume, ou de bourre, ou de crin, etc., pour s'appuyer, pour s'asseoir, ou pour mettre les pieds dessus. Coussin de drap, de velours, etc. Coussin de voiture. Mettre un coussin sur la selle d'un cheval, pour y être assis plus mollement. Mettre un coussin derrière la selle, pour porter quelqu'un en croupe, ou pour y placer une valise.

COUSSINET. s. m. Petit coussin. Il faut mettre un coussinet derrière la selle pour porter la valise. Coussinet qu'on met sous la cuirasse, etc. Coussinet de senteur.

COÛT. s. m. Ce qu'une chose coûte. Il n'est plus guère usité qu'en style de Pratique. Les frais et les loyaux coûts. Le coût d'un exploit, d'un jugement. Le coût d'une assurance. On dit quelquefois, Les menus coûts, Les petites dépenses.

Prov., Le coût fait perdre le goût, La trop grande dépense qu'il faudrait faire pour avoir une chose, en ôte l'envie.

COÛTANT. adj. Il n'est usité que dans cette locution, Prix coûtant, Le prix qu'une chose a coûté. Je vous le donne, je vous le cède au prix coûtant.

COUTEAU. s. m. Instrument composé d'une lame et d'un manche, et qui sert ordinairement à couper, surtout à table. Couteau tranchant. Couteau épointé. Couteau ébréché. Couteau pliant. Couteau à gaîne. Couteau à ressort, à virole. Couteau à lame d'argent, à lame d'or. Couteau de cuisine, de table, de poche. Couteau à bascule. Couteau à manche d'ivoire, de nacre, d'argent. La lame, la pointe, le tranchant, le dos d'un couteau. Couteau de Paris, de Langres, de Châtellerault, etc. Couteau à deux lames, à deux tranchants. Couteau d'argent. Couteau d'or. Émoudre, aiguiser un couteau. Emmancher un couteau. Il lui a donné un coup de couteau. Il lui a donné du couteau dans le ventre. Il tira le couteau sur lui. Il lui mit le couteau à la gorge, sur la gorge.

Prov. et fig., Couteau pendant, se dit d'Un homme qui en accompagne toujours un autre, et qui est prêt à le servir en toute occasion. Un tel est toujours avec lui, c'est son couteau pendant.

Fig., Mettre couteaux sur table, Donner à manger.

Fig., Être sous le couteau, avoir le couteau sur la gorge, Être menacé par un ennemi puissant; être sous l'influence d'une vive crainte qui détermine à faire ce qu'on ne voudrait pas.

Prov. et fig., On vous en donnera de petits couteaux pour les perdre, se dit Aux enfants à qui l'on refuse quelque chose.

En Hist. nat., Manche de couteau, Espèce de coquillage bivalve.

COUTEAU se dit quelquefois, poétiquement, d'Un poignard, et de L'instrument avec lequel on égorgeait les victimes chez les anciens. Il porta, il enfonça le couteau dans le sein qui l'avait nourri. Le couteau sacré. Les couteaux sacrés.

Il se dit également, dans les Arts, de Certains instruments, de formes assez diverses, qui servent en général à couper, à tailler, à racler, etc. Couteau de palette. Couteau de doreur. Les chirurgiens font usage de différentes sortes de couteaux. On se sert d'un couteau de bois ou d'ivoire pour couper les feuillets d'un livre broché. Couteau de tripière, Couteau qui tranche des deux côtés.

Prov. et fig., C'est un couteau de tripière, un couteau à deux tranchants, un couteau qui tranche des deux côtés, se dit De celui qui parle en bien et en mal de la même personne.

COUTEAU signifie encore, Une épée courte qu'on porte au côté. Il ne porte qu'un couteau. Son ennemi avait une épée de longueur, et lui n'avait qu'un couteau. Ce sens vieillit.

Prov. et fig., Aiguiser ses couteaux, Se préparer au combat ou à la dispute.

Prov., Ils sont aux épées et aux couteaux, et plus ordinairement, Ils en sont aux couteaux tirés, à couteaux tirés, Ils sont en grande inimitié, ou en grand procès, en grande querelle.

Pop., Jouer des couteaux, Se battre à l'épée.

Couteau de chasse, Courte épée qui d'ordinaire ne tranche que d'un côté, et dont on se sert pour couper les branches, quand on brosse au travers des bois, ou pour achever le sanglier, le cerf.

COUTELAS. s. m. Sorte d'épée courte et large, qui ne tranche que d'un côté. Coutelas bien tranchant. Coutelas de Damas. Un coup de coutelas. Il lui a fendu la tête de son coutelas, avec son coutelas.

COUTELIER, IÈRE. s. Celui, celle dont le métier est de faire, de vendre des couteaux, ciseaux, rasoirs, lancettes, canifs, etc. Bon coutelier. Maître coutelier. Garçon coutelier. Il est coutelier à Paris. La boutique d'un coutelier.

COUTELIÈRE. s. f. Étui dans lequel on met plusieurs couteaux. Une coutelière pour une demi-douzaine, pour une douzaine de couteaux. Ce n'est pas la coutelière de ces couteaux-là. Il n'est plus guère usité: on dit maintenant, Une boîte à couteaux; et, Une boîte de couteaux, lorsqu'elle est pleine de ses couteaux.

COUTELLERIE. s. f. Métier de coutelier; art de faire des couteaux, des ciseaux, des rasoirs, etc. Il entend bien la coutellerie.

Il se dit aussi d'Un atelier ou l'on fait des couteaux, etc. Établir une coutellerie.

Il se dit en outre, collectivement, Des ouvrages que font ou débitent les couteliers. Il se fait beaucoup de coutellerie à Châtellerault. Il y a un grand commerce de coutellerie dans cette ville.

COÛTER. v. n. Être acheté un certain prix. Coûter cher. Cette chose coûte plus qu'elle ne vaut. Combien vous coûte, que vous coûte cette étoffe, ce vin, ce cheval, cette maison, cette terre, etc.? Le prix que coûte une chose. Cette étoffe coûte vingt francs l'aune. Cela m'a coûté trois cents francs. Je veux avoir cela, quoi qu'il coûte, quoi qu'il en coûte. Cela lui coûte bon, lui coûte bel et bon. Ces biens-là ne lui coûtent guère.

Next page


PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.