Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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Voulez-vous courre votre cheval contre le mien?

COURRE. s. m. T. de Chasse. Endroit où l'on place les lévriers, lorsqu'on chasse le sanglier, le loup ou le renard avec ces chiens.

C'est un beau courre, se dit D'un pays commode pour la chasse.

COURRIER. s. m. Celui qui court la poste pour porter des dépêches. C'est le meilleur courrier, et celui qui fait le plus de diligence. Courrier ordinaire. Courrier extraordinaire. Courrier du cabinet. Courrier de cabinet. Courrier de commerce, du commerce. Recevoir, envoyer, dépêcher, expédier, faire partir un courrier. Il est arrivé un courrier. Courrier de tel prince. Dépêcher quelqu'un en courrier. Répondez-moi courrier par courrier.

Il se dit également d'Un préposé de l'administration des postes qui est chargé de porter les lettres d'une ville à une autre, et qui voyage dans une voiture appelée Malle-poste ou Malle. Courrier de la malle. Le courrier de Lyon, de Lille, etc. Départ, arrivée du courrier.

Fig. et fam., Courrier de malheur, se dit d'Une personne qui vient annoncer quelque mauvaise nouvelle.

COURRIER se dit, par extension, de La voiture même qui porte les dépêches. Voyager par le courrier. Le courrier a versé.

Il se dit figurément, en termes de Commerce, et quelquefois dans le langage ordinaire, de La totalité des lettres qu'on écrit ou qu'on reçoit par un seul ordinaire. Faire son courrier. Lire son courrier.

COURRIER se dit aussi de Tout homme qui court la poste à cheval, quoiqu'il ne porte aucune dépêche. Vous n'êtes guère bon courrier. J'ai rencontré quatre courriers. Toute la route était pleine de courriers. Voyager en courrier.

COURRIÈRE. s. f. Celle qui court. Il ne se dit guère qu'en poésie, en parlant De la lune. L'inégale courrière des nuits.

COURROIE. s. f. Pièce de cuir coupée en long, étroite, qui sert à lier, à attacher quelque chose. Attacher avec des courroies. Mettre, attacher des courroies. Les courroies d'une cuirasse. Nouer, dénouer les courroies. Serrer, lâcher la courroie.

Prov. et fig., Allonger la courroie, Tirer parti d'une somme modique, d'un revenu borné, en mettant une grande économie dans la dépense. Il a de faibles appointements, il faut qu'il allonge bien la courroie pour vivre.

Prov. et fig., Allonger, étendre la courroie, signifie quelquefois, Étendre les profits, les droits d'une charge, d'un emploi, au delà de ce qui est permis. Sa place ne lui vaudrait pas tant, s'il n'allongeait, s'il n'étendait un peu la courroie.

Fig. et fam., Serrer la courroie à quelqu'un, Diminuer ses ressources. Ce jeune homme fait beaucoup trop de dépense, il faut lui serrer la courroie.

Prov. et fam., Faire du cuir d'autrui large courroie, Être libéral du bien d'autrui.

COURROUCER. v. a. Mettre en courroux, irriter. Cette conduite courrouça son père contre lui. Ses crimes ont courroucé le ciel. Le prince est courroucé. Il se dit de même en parlant De certains animaux. Courroucer un lion, un tigre. Il est surtout en usage dans le style soutenu.

Il s'emploie aussi avec le pronom personnel. Dieu se courrouce contre les méchants.

Il se dit figurément en parlant De la mer. Quand la mer se courrouce, est courroucée.

COURROUCÉ, ÉE. participe Un père courroucé. Un lion courroucé. Les flots courroucés.

COURROUX. s. m. Colère. Il s'emploie surtout en poésie et dans le style soutenu. Le courroux d'un prince, d'un père. Juste courroux. Le courroux de Dieu. Le courroux du ciel. Le courroux des enfers. Être en courroux. Entrer, se mettre en courroux. Irriter, provoquer, éviter, apaiser, désarmer, fuir le courroux de quelqu'un. Qui pourrait soutenir son courroux?

Il se dit aussi en parlant De quelques animaux nobles ou féroces. Le courroux du lion, du taureau, de l'éléphant, etc.

Il se dit figurément en parlant Des choses, et surtout de la mer agitée par la tourmente. Le courroux de la mer, des flots. Les flots en courroux. Le courroux des vents mutinés. La montagne en courroux vomissait des torrents de lave.

COURS. s. m. Flux, mouvement de quelque chose de liquide. Il se dit particulièrement De l'eau des rivières et des ruisseaux. Cours rapide. Cours lent. Cours impétueux. Arrêter, empêcher, retarder, détourner, couper, rompre le cours d'un fleuve, d'un ruisseau. S'opposer au cours. Remonter le cours d'un fleuve. Il faut que les eaux aient leur cours. La rivière a pris son cours par là. Son cours est insensible. Donner cours à l'eau. Être troublé dans la possession d'un cours d'eau.

Il se dit aussi de L'étendue que parcourt en longueur un fleuve, un ruisseau, etc. Cette rivière est navigable dans la plus grande partie de son cours. Le cours de ce fleuve est long de plus de quatre cents lieues.

Fig., Donner un libre cours à ses larmes, Les laisser couler, ne plus faire d'effort pour les retenir. Donner un libre cours à ses transports, à sa fureur, à sa douleur, etc., S'y abandonner, ne plus les contenir.

COURS se dit également en parlant Des mauvaises humeurs qui circulent dans le corps de l'homme et des animaux. Il faut que cette humeur ait son cours. Il faut lui donner cours.

Le cours du sang, Le mouvement du sang dans les vaisseaux qui le renferment.

Cours de ventre, Dévoiement, ou flux de ventre.

COURS se dit encore Du mouvement réel ou apparent du soleil et des autres astres. Le cours du soleil, de la lune. Le cours des astres est réglé. L'astronomie traite du cours des astres. Le cours apparent du soleil est d'orient en occident.

COURS se dit figurément de La direction, de la marche que prennent certaines choses, ou qu'on leur donne. Nous verrons quel cours prendra cette affaire. Arrêter, retarder le cours d'une affaire, d'un procès. Suspendre le cours de la justice. Ses idées prirent un nouveau cours. Tout a repris son cours habituel. Suivant le cours de la nature. Le cours naturel des choses. Nos travaux ont un cours réglé. Le cours des saisons. Le cours des événements. Suivre le cours de l'opinion. Le cours du mal. Le mal a pris son cours. Il faut que la maladie ait son cours. Arrêter le cours d'une doctrine pernicieuse. Couper cours à l'erreur. Je coupai cours à la discussion, en leur disant...

Il signifie également, Durée. Pendant le cours des dix années qui viennent de s'écouler. Pendant le cours de la journée. Finir, achever le cours de sa vie. Le cours de notre existence. La mort interrompit le cours d'une si belle vie. Le cours de ses années. Pendant tout le cours de son règne. Dans le cours de sa maladie.

En termes de Marine, Voyage de long cours, Voyage par mer, dont le terme est fort éloigné. Capitaine au long cours, Capitaine marchand qui fait des voyages de long cours.

COURS signifie encore, Suite, enchaînement. La mort interrompit le cours de ses victoires. Poursuivre le cours de ses triomphes. Le cours de nos prospérités, de nos infortunes. Terminer le cours de ses études. Être en cours de visite.

En Archit., Cours d'assise, Rang continu de pierres de même hauteur, posées de niveau dans toute la longueur d'un mur.

COURS se dit particulièrement d'Une suite de leçons sur une matière quelconque. Cours de chimie, de physique, d'anatomie, de chirurgie. Cours de philosophie, d'histoire, etc. Cours de droit. Cours de procédure. Cours de langue grecque, de langue anglaise, etc. Cours de musique. Faire un cours. Ouvrir un cours. Cours public. Cours gratuit. L'ouverture d'un cours. Suivre le cours de tel professeur. Suivre les cours du collége de France. Suivre des cours à la faculté des lettres. La durée, la fin d'un cours.

Il se dit également Des traités qui renferment une suite de leçons sur quelque science. Ce professeur a publié un cours de philosophie. Il a fait imprimer son cours. Cours complet. Cours abrégé.

Il se dit pareillement Des études que l'on fait en quelque science, et principalement de Celles qui exigent qu'on suive un ou plusieurs cours. Faire son cours de droit, de médecine. Le cours de droit dure trois ans. Ce jeune homme a fini ses cours.

COURS se dit encore pour Vogue, crédit. Ces étoffes n'ont plus de cours. Cette chanson, ce bruit eut cours pendant quelque temps. Donner cours à un bruit. Donner cours à une opinion, à un préjugé, à une maxime.

Il se dit, dans un sens analogue, en parlant De la monnaie. Monnaie de cours. Cette monnaie a cours, n'a plus de cours. La somme a été payée en pièces d'or et d'argent, le tout bon et ayant cours. Donner cours à la monnaie étrangère.

Fig., Cette locution, ce mot, etc., n'a cours que parmi le peuple, que dans la province, Ils ne sont d'usage que parmi le peuple, que dans la province.

COURS en termes de Commerce, se dit Du prix actuel des marchandises, du taux auquel est le change, la rente, etc. Acheter des marchandises, des effets au cours de la place, au cours de la bourse. Le cours du marché. Le cours du change, de la rente, des effets publics.

Fig. et fam., Le cours du marché, de la

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