Nicot, Thresor de la langue francoyse
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donnent nom de main à un instrument à trois crochets de fer, dont
ils harpent le marc du raisin quand ils le veulent applanir et esgaler sur
la mer apres une taille pour luy donner une serre. On appelle main aussi
cet instrument de fer qui tient à la corde d'un puis qui empoigne l'anse
du seau, et empesche que le seau ne s'eschappe. On veut aussi appeler
mains les deux pieds de devant d'un cheval, et approprier le nom de
pieds à ceux de derriere. Et selon cela le commandeur Chacon Espagnol
en son traitté des signes d'un bon cheval, dit: Ninguna mano blanca,
C'est à dire nul pied de devant blanc.
¶ Main levée. Faire main levée à l'un des deux contendans d'un
benefice
par le trespas de l'autre, Manum tollere caduci iure, superstitique
sacerdotij controuersiosi possessionem decernere. B.
Demander main levée par le trespas de son competiteur, Postulare vt
caducorum
iure manus iniectio soluatur, et res a sequestre
abeat.
Main mise, f. C'est un seul mot fait de ces deux, main et mettre, et
signifie
saisie, Manus iniectio. Bud. Car en saisissant on met la main dessus:
comme, Le seigneur Feodal exploicte en pure part le fief mouvant de luy,
et fait les fruicts pendant la main mise.
Main mise par faute d'homme, droicts, et devoirs non faits, C'est la saisie
qu'un seigneur Feodal faict d'un fief mouvant de luy, n'estant clos et
relevé par aucun qui se presente à faire les foy et hommage, et payer
les droicts pour ce deubs, Manus a patrono in beneficium suum
iniecta, quod in causam caduci deuenerat. B.
Main mise feudale, ou Saisie, Manus iniecta iure patrocinij. B.
Mainmorte, f. penac. Est une diction composée de ces deux
mots entiers,
Main et Morte, qu'on dit aussi par inversion Mortemain, et se
prend pour un possesseur de fief, ou autre heritage qui n'est mourant ne
confisquant, c'est à dire qui ne fait par mort ne confiscation, ouverture
de droicts feodaux ne censiers, ne muance de tenancier, comme sont
Chapitres, Abbayes, Eglises, communautez et semblables. Les gens et
possesseurs desquelles on appelle pour cette raison Gens de mainmorte, par
mots divisez esdits deux entiers. Selon ce on dit un fief, ou heritage estre
en main morte, quand il est cheut et entre au domaine de telles maisons,
parce qu'il ne change onc de main pour estre devenu de condition
inalienable, Manus plane emortua. B. Ce que par aucune similitude
on pourroit rendre par Manus orcina. Mais ores que telles gens
soient de mainmorte, si ne sont pourtant les fiefs et rotures par eux tenus,
admortis de ce seulement qu'ils sont tombez en leurs mains, si le
benefice d'admortissement du Prince souverain et consentement du seigneur
feodal ou censier immediat n'y survient.
Saisir et mettre en la main du Roy, Manum Regis iniicere. B.
Main souveraine, c'est plus haute puissance, et main hautaine. Ainsi on
dit, que estant disputé entre plusieurs seigneurs, chacun d'iceux querellans
le fief ouvert mouvoir de luy, le vassal doit estre receu à la foy et
hommage par main souveraine, c'est par le seigneur dont ledit fief est
tenu en arrierefief, Pro iure maioris imperij, Auspiciis maioribus,
summorumque fascium iure. B.
Main tierce, Media manus. B. ex Quintil.
Il en a vuidé ses mains, Possessio auulsa ab eo de manibus et
emancipata.
B.
¶ Une main de papier, Scapus chartae. B.
Main, id est, Mane. Soir et main, id est. Soir et
matin. Inde, Demain,
quasi de mane.
mainsné
Mainsné, ou Moinsné,
ou Maisné, Car tous trois se lisent, et en
signification de puisné, qu'on prononce paisné, Minor natu, et est
relatif
à Aisné.
maint
Maint, m. Est une diction qui signifie aussi
au nombre singulier, multitude
de ce qui est signifié par le nom auquel elle est adjoustée. Comme
maint cheval, mainte jument, Multi equi, multae equae, magnus
equorum, equarumve numerus. Et ne laisse pourtant d'estre usée
au pluriel, comme, maints hommes, maintes femmes, multi homines,
multae mulieres. Elle est quelquesfois mise seule, comme, Il y a maints
qui en seront marris, et maintes s'en guermenteront, Multi multaeque
aegre ferent. Mais il est sousentendu hommes.
Mainte, f. penac. voyez Maint.
maintenant
Maintenant, In praesentia, In praesens
tempus, In praesenti,
Modo, Nunc, Olim a Manum tenendo. Qui enim alicuius
manum tenet, vicinus adeo est, vt nulla mora praesto adesse
possit. Je seray ci maintenant: perinde ac si dicas, Tam cito hic
ero, quam is quem manu tenes, aut qui te manu tenet.
Je me porte maintenant bien, maintenant mal, Varie valeo.
Il dit maintenant d'un, maintenant d'autre, Modo ait, modo negat.
Maintenant le maistre, maintenant les advocats, Qua dominus, qua
aduocati.
Maintenant un, tantost plusieurs, ou Une autre fois plusieurs, Modo
vnum,
tum autem plures.
Dés maintenant je feray ce que tu commanderas, Iam iam faciam vt
iusseris.
Jusques à maintenant, Adhuc.
Tout maintenant, Iam nunc, Primulum.
Est-ce de maintenant que tu l'as apperceu? Modone id sensisti.
C'est de maintenant que tu as commencé à mentir, non point de coustume,
Mentiri aedepol gnate, atque id nunc facis haud consuetudine.
Edict qui est de maintenant, Edictum translatitium.
La chose est maintenant en tel estat, que si, etc. Nunc illud est, quod
si
omnes, etc.
Or va maintenant, I nunc iam.
Maintenant l'un maintenant l'autre, et n'y a arrest, Desultoria
mutatio,
vel alternatio, vel consilium, vel quid simile. B.
maintenance
Maintenance, Sans la maintenance et
gouvernement de Dieu, toutes
choses seroient en un moment reduictes à neant.
maintenir
Maintenir, a Manu tenere. Inde, y tenir la
main.
Maintenir aucun estre de franche condition, Asserere manu aliquem.
Maintenir ceux qu'on a autrefois defendu, Patrocinia tueri.
Garder et maintenir sa dignité, Obtinere dignitatem.
Maintenir justice, Iustitiam retinere.
Maintenir son opinion, et ce qui s'ensuit, Constare sibi.
Maintenir de faux, Tabulas accusare.
Maintenir quelque chose sur certaine peine, Sponsionem de re aliqua
facere.
Cette ville-là se maintient en un estat, à cause des ordonnances de Pompée
qu'elle garde, Institutis Pompeii seruandis stat ea vrbs.
Maintenir vertu, Virtutem retinere.
En quelque maniere qu'il se maintient en cette, etc. Quoque modo se
in ea quaestione praebebat, tamen, etc.
Depuis qu'avons perdu ce qui nous maintenoit en estre, Posteaquam vnum
quo tenebamur, amisimus.
Il se maintenoit de sorte que, etc. Ita se componebat vt, etc. Bud. ex
Tacito.
Maintenir un heritage estre tenu en franc aleu, Liberali causa manu
praedium asserere. B.
Maintenir fausse une piece produicte, Descendere ad authoritatem
prolatam falsi insimulandam. B.
Je ne voudroy pas maintenir ce que j'ay dit, Quod a me dictum est
iracunde, non criminis loco, sed maledicti obiectum est.
Budaeus.
N'empescher que quelqu'un soit maintenu et gardé en ses possessions et
saisines, Possessione iusta alicui decedere. B.
Estre maintenu au moyen de l'ordre, sans lequel on periroit, Ordine
stare.
maintenuë
La maintenuë, La pleine maintenuë, Iusta possessio.
B.
maintesfois
Maintesfois, Quasi multis vicibus.
Il m'a dit maintesfois, Saepius mihi dixit, Saepenumero, Frequenter.
maintien
Maintien, Gestus, huius gestus, Status,
Habitus.
Pareil maintien et façon de toutes choses, AEquitas.
Bon maintien, ou bon geste, Lepos in gestu. B.
Mauvais maintien, Folle contenance, Peruersitas. B.
majorité
Majorité, f. penac. Est l'aage surpassant
vingt cinq ans, ou bien l'estat
de celuy qui a franchi cet aage-là, AEtas maior viginti quinque annis.
On l'appelle aussi plein aage, comme est contenu en la coustume
d'Angleterre. Et à cette cause on le peut rendre par Iusta ac legitima
aetas contractibus vltro citroque obeundis. Et est un terme François
purement civil et legal, ores que le temps prefini à la majorité ne
soit pas un mesme, toutes parts, ne en toutes qualitez de personnes.
Car comme recite M. Jan du Tillet en son livre de la majorité du Roy
de France, en Champagne, Beauvaisis, et quelques autres provinces,
l'homme estoit majeur à quinze ans, excepté pour appeler ou estre appelé
au combat. Car pour ce regard il n'estoit majeur plustost qu'à vingt
un an, et les Rois de France sont censez majeurs à quinze ans.
Majorité de Roy, pour estre mis hors de regence, Regis iuuentus regni
potens. Ex Liu. lib. 23.
majorque
MAJORQUE, et Minorque, Nunc vulgo
Maiorica et Minorica, a
dispari magnitudine: olim Baleares insulae, Gymnesiae. Aucuns
prononcent Malorque et Minorque.
maire
Maire, m. penac. Selon ce qu'en escrit Beccan,
au deuxieme de sa Gigantomachie
vient de ce mot Alemand Maier, qui signifie le souverain
officier et magistrat d'une ville ou communauté en plusieurs villes de
France, comme à la Rochelle et ailleurs, on appelle Maire un tel magistrat
de ville. Il n'est pas inconvenient que l'Alemand ait tiré son Maier
de Maior Latin, disant le Picard Maieur pour ce mesme officier, quoy
que soit, l'ancien office de la couronne de France, qu'on trouve nommé
aux histoires Maire du palais, c'estoit le souverain officier de la couronne
sous le Roy, lequel ledit Beccan equipolle au Connestable.
Maire lainé, est la haute toison des bestes à laine, laquelle quand elles
se
trouvent, sont tonduës et despoüillées, Vellus. Elle peut estre ainsi
appelée
pour la raison du mot Maire, qui signifie majour. Comme si vous
disiez laine majeur, à la difference de la laine appelée plis, voyez Plis.
Car
pour autre raison dit-on mere goutte, de celle qui chet du raisin encuvé
sans fouleure, Voyez Mere goutte.
maire monstier
MAIRE MONSTIER, Abbaie pres de
Tours, Maius monasterium.
mairerie
Mairerie, f. p. Est ores l'office du Maire, comme
si on disoit Maioratus. Et
ores le ressort et estenduë de la justice de tel office, tout ainsi qu'on dit,
la
Prevosté et Vicomté de Paris s'estend à tel et tel lieu, et Bailliage de
Melun, Districtus. Qua longe lateque iurisdictio Maioris protenditur.
Ainsi dit-on, la Mairerie de tel lieu est vacant, et la Mairerie
d'iceluy lieu s'estend jusques à tel lieu, et en cette signification
adjoustoit-on
ce mot Justice, disant: la Mairerie et Justice de Gatins ou du
Chesnoy.
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