Nicot, Thresor de la langue francoyse

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Page 387

donnent nom de main à un instrument à trois crochets de fer, dont ils harpent le marc du raisin quand ils le veulent applanir et esgaler sur la mer apres une taille pour luy donner une serre. On appelle main aussi cet instrument de fer qui tient à la corde d'un puis qui empoigne l'anse du seau, et empesche que le seau ne s'eschappe. On veut aussi appeler mains les deux pieds de devant d'un cheval, et approprier le nom de pieds à ceux de derriere. Et selon cela le commandeur Chacon Espagnol en son traitté des signes d'un bon cheval, dit: Ninguna mano blanca, C'est à dire nul pied de devant blanc.

Main levée. Faire main levée à l'un des deux contendans d'un benefice par le trespas de l'autre, Manum tollere caduci iure, superstitique sacerdotij controuersiosi possessionem decernere. B.

Demander main levée par le trespas de son competiteur, Postulare vt caducorum iure manus iniectio soluatur, et res a sequestre abeat.

Main mise, f. C'est un seul mot fait de ces deux, main et mettre, et signifie saisie, Manus iniectio. Bud. Car en saisissant on met la main dessus: comme, Le seigneur Feodal exploicte en pure part le fief mouvant de luy, et fait les fruicts pendant la main mise.

Main mise par faute d'homme, droicts, et devoirs non faits, C'est la saisie qu'un seigneur Feodal faict d'un fief mouvant de luy, n'estant clos et relevé par aucun qui se presente à faire les foy et hommage, et payer les droicts pour ce deubs, Manus a patrono in beneficium suum iniecta, quod in causam caduci deuenerat. B.

Main mise feudale, ou Saisie, Manus iniecta iure patrocinij. B.

Mainmorte, f. penac. Est une diction composée de ces deux mots entiers, Main et Morte, qu'on dit aussi par inversion Mortemain, et se prend pour un possesseur de fief, ou autre heritage qui n'est mourant ne confisquant, c'est à dire qui ne fait par mort ne confiscation, ouverture de droicts feodaux ne censiers, ne muance de tenancier, comme sont Chapitres, Abbayes, Eglises, communautez et semblables. Les gens et possesseurs desquelles on appelle pour cette raison Gens de mainmorte, par mots divisez esdits deux entiers. Selon ce on dit un fief, ou heritage estre en main morte, quand il est cheut et entre au domaine de telles maisons, parce qu'il ne change onc de main pour estre devenu de condition inalienable, Manus plane emortua. B. Ce que par aucune similitude on pourroit rendre par Manus orcina. Mais ores que telles gens soient de mainmorte, si ne sont pourtant les fiefs et rotures par eux tenus, admortis de ce seulement qu'ils sont tombez en leurs mains, si le benefice d'admortissement du Prince souverain et consentement du seigneur feodal ou censier immediat n'y survient.

Saisir et mettre en la main du Roy, Manum Regis iniicere. B.

Main souveraine, c'est plus haute puissance, et main hautaine. Ainsi on dit, que estant disputé entre plusieurs seigneurs, chacun d'iceux querellans le fief ouvert mouvoir de luy, le vassal doit estre receu à la foy et hommage par main souveraine, c'est par le seigneur dont ledit fief est tenu en arrierefief, Pro iure maioris imperij, Auspiciis maioribus, summorumque fascium iure. B.

Main tierce, Media manus. B. ex Quintil.

Il en a vuidé ses mains, Possessio auulsa ab eo de manibus et emancipata. B.

Une main de papier, Scapus chartae. B.

Main, id est, Mane. Soir et main, id est. Soir et matin. Inde, Demain, quasi de mane.

mainsné

Mainsné, ou Moinsné, ou Maisné, Car tous trois se lisent, et en signification de puisné, qu'on prononce paisné, Minor natu, et est relatif à Aisné.

maint

Maint, m. Est une diction qui signifie aussi au nombre singulier, multitude de ce qui est signifié par le nom auquel elle est adjoustée. Comme maint cheval, mainte jument, Multi equi, multae equae, magnus equorum, equarumve numerus. Et ne laisse pourtant d'estre usée au pluriel, comme, maints hommes, maintes femmes, multi homines, multae mulieres. Elle est quelquesfois mise seule, comme, Il y a maints qui en seront marris, et maintes s'en guermenteront, Multi multaeque aegre ferent. Mais il est sousentendu hommes.

Mainte, f. penac. voyez Maint.

maintenant

Maintenant, In praesentia, In praesens tempus, In praesenti, Modo, Nunc, Olim a Manum tenendo. Qui enim alicuius manum tenet, vicinus adeo est, vt nulla mora praesto adesse possit. Je seray ci maintenant: perinde ac si dicas, Tam cito hic ero, quam is quem manu tenes, aut qui te manu tenet.

Je me porte maintenant bien, maintenant mal, Varie valeo.

Il dit maintenant d'un, maintenant d'autre, Modo ait, modo negat.

Maintenant le maistre, maintenant les advocats, Qua dominus, qua aduocati.

Maintenant un, tantost plusieurs, ou Une autre fois plusieurs, Modo vnum, tum autem plures.

Dés maintenant je feray ce que tu commanderas, Iam iam faciam vt iusseris.

Jusques à maintenant, Adhuc.

Tout maintenant, Iam nunc, Primulum.

Est-ce de maintenant que tu l'as apperceu? Modone id sensisti.

C'est de maintenant que tu as commencé à mentir, non point de coustume, Mentiri aedepol gnate, atque id nunc facis haud consuetudine.

Edict qui est de maintenant, Edictum translatitium.

La chose est maintenant en tel estat, que si, etc. Nunc illud est, quod si omnes, etc.

Or va maintenant, I nunc iam.

Maintenant l'un maintenant l'autre, et n'y a arrest, Desultoria mutatio, vel alternatio, vel consilium, vel quid simile. B.

maintenance

Maintenance, Sans la maintenance et gouvernement de Dieu, toutes choses seroient en un moment reduictes à neant.

maintenir

Maintenir, a Manu tenere. Inde, y tenir la main.

Maintenir aucun estre de franche condition, Asserere manu aliquem.

Maintenir ceux qu'on a autrefois defendu, Patrocinia tueri.

Garder et maintenir sa dignité, Obtinere dignitatem.

Maintenir justice, Iustitiam retinere.

Maintenir son opinion, et ce qui s'ensuit, Constare sibi.

Maintenir de faux, Tabulas accusare.

Maintenir quelque chose sur certaine peine, Sponsionem de re aliqua facere.

Cette ville-là se maintient en un estat, à cause des ordonnances de Pompée qu'elle garde, Institutis Pompeii seruandis stat ea vrbs.

Maintenir vertu, Virtutem retinere.

En quelque maniere qu'il se maintient en cette, etc. Quoque modo se in ea quaestione praebebat, tamen, etc.

Depuis qu'avons perdu ce qui nous maintenoit en estre, Posteaquam vnum quo tenebamur, amisimus.

Il se maintenoit de sorte que, etc. Ita se componebat vt, etc. Bud. ex Tacito.

Maintenir un heritage estre tenu en franc aleu, Liberali causa manu praedium asserere. B.

Maintenir fausse une piece produicte, Descendere ad authoritatem prolatam falsi insimulandam. B.

Je ne voudroy pas maintenir ce que j'ay dit, Quod a me dictum est iracunde, non criminis loco, sed maledicti obiectum est. Budaeus.

N'empescher que quelqu'un soit maintenu et gardé en ses possessions et saisines, Possessione iusta alicui decedere. B.

Estre maintenu au moyen de l'ordre, sans lequel on periroit, Ordine stare.

maintenuë

La maintenuë, La pleine maintenuë, Iusta possessio. B.

maintesfois

Maintesfois, Quasi multis vicibus.

Il m'a dit maintesfois, Saepius mihi dixit, Saepenumero, Frequenter.

maintien

Maintien, Gestus, huius gestus, Status, Habitus.

Pareil maintien et façon de toutes choses, AEquitas.

Bon maintien, ou bon geste, Lepos in gestu. B.

Mauvais maintien, Folle contenance, Peruersitas. B.

majorité

Majorité, f. penac. Est l'aage surpassant vingt cinq ans, ou bien l'estat de celuy qui a franchi cet aage-là, AEtas maior viginti quinque annis. On l'appelle aussi plein aage, comme est contenu en la coustume d'Angleterre. Et à cette cause on le peut rendre par Iusta ac legitima aetas contractibus vltro citroque obeundis. Et est un terme François purement civil et legal, ores que le temps prefini à la majorité ne soit pas un mesme, toutes parts, ne en toutes qualitez de personnes. Car comme recite M. Jan du Tillet en son livre de la majorité du Roy de France, en Champagne, Beauvaisis, et quelques autres provinces, l'homme estoit majeur à quinze ans, excepté pour appeler ou estre appelé au combat. Car pour ce regard il n'estoit majeur plustost qu'à vingt un an, et les Rois de France sont censez majeurs à quinze ans.

Majorité de Roy, pour estre mis hors de regence, Regis iuuentus regni potens. Ex Liu. lib. 23.

majorque

MAJORQUE, et Minorque, Nunc vulgo Maiorica et Minorica, a dispari magnitudine: olim Baleares insulae, Gymnesiae. Aucuns prononcent Malorque et Minorque.

maire

Maire, m. penac. Selon ce qu'en escrit Beccan, au deuxieme de sa Gigantomachie vient de ce mot Alemand Maier, qui signifie le souverain officier et magistrat d'une ville ou communauté en plusieurs villes de France, comme à la Rochelle et ailleurs, on appelle Maire un tel magistrat de ville. Il n'est pas inconvenient que l'Alemand ait tiré son Maier de Maior Latin, disant le Picard Maieur pour ce mesme officier, quoy que soit, l'ancien office de la couronne de France, qu'on trouve nommé aux histoires Maire du palais, c'estoit le souverain officier de la couronne sous le Roy, lequel ledit Beccan equipolle au Connestable.

Maire lainé, est la haute toison des bestes à laine, laquelle quand elles se trouvent, sont tonduës et despoüillées, Vellus. Elle peut estre ainsi appelée pour la raison du mot Maire, qui signifie majour. Comme si vous disiez laine majeur, à la difference de la laine appelée plis, voyez Plis. Car pour autre raison dit-on mere goutte, de celle qui chet du raisin encuvé sans fouleure, Voyez Mere goutte.

maire monstier

MAIRE MONSTIER, Abbaie pres de Tours, Maius monasterium.

mairerie

Mairerie, f. p. Est ores l'office du Maire, comme si on disoit Maioratus. Et ores le ressort et estenduë de la justice de tel office, tout ainsi qu'on dit, la Prevosté et Vicomté de Paris s'estend à tel et tel lieu, et Bailliage de Melun, Districtus. Qua longe lateque iurisdictio Maioris protenditur. Ainsi dit-on, la Mairerie de tel lieu est vacant, et la Mairerie d'iceluy lieu s'estend jusques à tel lieu, et en cette signification adjoustoit-on ce mot Justice, disant: la Mairerie et Justice de Gatins ou du Chesnoy.

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