LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798
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devant soi. Mettez cela devant le feu.
>tez--vous de devant mon jour.
Devant
Devant, est aussi préposition d'ordre,
et il est opposé à Après. C'est mon
Ancien, il marche devant moi. Il a le
pas devant moi.
En ce sens il se dit souvent absolument.
Courir devant. Si vous êtes si
pressé, courez devant. Il a le pas devant.
Mettez cela devant ou derrière, devant
ou après.
On dit proverbialement, Les premiers
vont devant, pour dire, que
d'ordinaire Les plus diligens ont l'avantage.
Devant
Devant, signifie encore, En présence.
Il a prêché devant le Roi. Cela
fut dit devant plus de vingt personnes,
devant des témoins. Ne dites rien devant
lui, c'est un homme qui redit tout. Je
vous jure devant Dieu. Nous comparoîtrons
tous devant Dieu. Quand il fut
devant ses Juges.
On dit, qu'Une affaire est devant tels
ou tels Juges, pour dire, qu'Elle a
été portée à leur Tribunal, qu'elle y
est pendante. L'affaire a été portée devant
les Maréchaux de France.
On dit, qu'Un homme est devant
Dieu, pour dire, qu'Il est mort; et
par une espèce de raillerie et de contre--vérité, on dit d'Un méchant homme
qui est mort, que C'est une belle
âme devant Dieu.
On dit adverbialement, Ci--devant,
pour dire, Précédemment. Comme nous
avons dit ci--devant.
Devant
Devant, est aussi substantif; et
alors il signifie, La partie antérieure
d'une chose, d'une personne. Il bâtit
sur le devant de sa maison. Il est logé
sur le devant. Votre cheval est blessé sur
le devant. Le devant d'un carrosse. Le
devant d'un pourpoint. Le devant d'un
manteau, d'une jupe, d'une robe. Un
devant d'Autel. Mettre le devant derrière.
Mettre une chose sens devantderrière.
On dit, Aller, envoyer au devant de
quelqu'un, pour dire, Aller, envoyer
à la rencontre de quelqu'un. On alla,
on envoya au--devant de lui pour le recevoir.
Il vint au--devant de moi.
Aller au--devant
Aller au--devant, se dit figurém,
pour dire, Prévenir. Aller au--devant
du mal. Il va toujours au--devant de tout
ce qu'on peut souhaiter de lui. Je sus que
c'étoit une chose qu'il souhaitoit de moi,
j'allai au--devant. Aller au--devant d'une
objection.
On dit populair. d'Un homme qui
grossit, qu'Il bâtit sur le devant.
On dit, Prendre le devant, gagner le
devant, pour dire, Partir avant quelqu'un; et figurément, Prendre les devants,
pour dire, Prévenir. Quand il
sut que je me voulois plaindre, il prit les
devants. Si vous ne prenez les devants
dans cette affaire, vous êtes perdu.
DEVANTIER
DEVANTIER. sub. m. Tablier que
portent les femmes de basse condition.
Elle portoit des herbes dans sondevantier.
Il est populaire.
DEVANTIÈRE
DEVANTIÈRE. s. f. Sorte de long
tablier ou de jupe fendue par derrière,
que les femmes portent quand elles
montent à cheval jambe de--çà, jambe
de--là.
DÉVASTATEUR, TRICE
DÉVASTATEUR, TRICE. adject.
Qui dévaste. Un torrent dévastateur.
Une armée dévastatrice. Il se dit aussi
substantivement. Les Espagnols ont été
les dévastateurs du Nouveau Monde.
DEVASTATION
DEVASTATION. s. f. Désolation,
ruine d'un Pays. La devastation des
Provinces d'Occident fut causée par l'invasion
des Barbares.
DÉVASTER
DÉVASTER. v. a. Désoler, ruiner
un Pays, le rendre inhabitable pour
long--temps. Les Turcs dévastèrent la
Grèce.
Dévasté, ée
Dévasté, ée. participe.
DÉVELOPPÉE
DÉVELOPPÉE. s. fém. Terme de
Géométrie. On appelle ainsi La courbe
par le développement de laquelle on
peut supposer qu'une autre courbe est
formée.
DÉVELOPPEMENT
DÉVELOPPEMENT. s. m. Action
ou effet de développer. Il s'emploie au
propre et au figuré. Le développement
d'un plan par les faces et les profils. Le
développement d'un système, etc.
DÉVELOPPER
DÉVELOPPER. v. a. _ter l'enveloppe
de quelque chose, ou déployer
une chose enveloppée. Développer
une tapisserie. Développer du drap, des
habits. Développer un paquet de linge.
Il signifie aussi figurément, Débrouiller.
Développer une affaire bien
embrouillée. Développer une difficulté.
On a développé le mystère.
Développé, ée
Développé, ée. participe.
DEVENIR
DEVENIR. v. neut. (Il se conjugue
comme Venir.) Commencer à être ce
qu'on n'étoit pas. Devenir grand. Devenir
maigre. De riche qu'il étoit, il devint
pauvre. Il est devenu tout blanc en
peu de temps. Devenir savant, jaloux,
sage, dévot, etc. Devenir fâcheux.
On dit communément, Je ne sais ce
que tout ceci deviendra, pour marquer
L'incertitude où l'on est de ce qui doit
arriver, de la chose dont on parle. Et
on dit à peu près dans le même sens:
Que deviendrai--je? Que deviendra tout
le bien qu'il a amassé? Que deviendront
vos promesses, si vous m'abandonnez?
Que sont devenus vos sermens? Que deviendroient
tant de belles espérances, s'il
venoit à mourir? On dit aussi, Que devenez--vous? pour dire, Où allez--vous?
que voulez--vous faire? Ou dit, Que
voulez--vous devenir? pour dire, Quel
parti voulez--vous prendre? quelle profession
voulez -- vous embrasser? On
dit, qu'Une chose devient à rien, pour
dire, qu'Elle se réduit à rien, qu'elle
s'évapore.
Devenu, ue
Devenu, ue. participe.
DÉVERGONDÉ, ÉE
DÉVERGONDÉ, ÉE. adject. Qui
mène publiquement une vie licencieuse,
qui ne met aucune pudeur dans
son libertinage. Il est du style familier.
Un jeune homme dévergondé. Cette
fille est bien dévergondée. On dit substantivement,
C'est une dévergondée, une
grande dévergondée.
DEVERS
DEVERS. Préposition de lieu. Du
côté de. Il est allé quelque part devers
Lyon. Il est de devers Toulouse. Il demeure
en Languedoc devers Montpellier.
Devers
Devers a vieilli; aujourd'hui on
emploie Vers. Il est vers Lyon. Il demeure
vers Toulouse.
Devers
Devers, se joint quelquefois avec
la préposition Par; et alors il n'est
guère d'usage qu'avec les pronoms personnels,
et sert à marquer possession.
Retenir des papiers pardevers soi. Tenir
le bon bout pardevers soi.
On dit en termes de Pratique, Se
pourvoir pardevers le Juge, pour dire,
Se pourvoir à son Tribunal.
DÉVERS, ERSE
DÉVERS, ERSE, adj. Se dit en
termes d'Arts, De tout corps qui n'est
pas d'aplomb. Ce mur est dévers.
Dévers
Dévers, est aussi substantif. Il faut
marquer ce bois suivant son dévers, c'est--à--dire, suivant sa pente ou son gauchissement.
DÉVERSER
DÉVERSER. v. n. Pencher, incliner.
Un mur qui déverse.
Déverser
Déverser, est aussi actif. Déverser
une pièce de bois, La pencher, l'incliner.
Déversé, ée
Déversé, ée. participe. Du bois déversé,
est Du bois qui est gauche.
DÉVERSOIR
DÉVERSOIR. subst. masc. L'endroit
de la conduite de l'eau d'un
moulin, où l'eau se perd quand il y
en a trop.
DÉVÊTIR
DÉVÊTIR. v. act. (Il se conjugue
comme Vêtir.) Il n'est guère d'usage
qu'avec le pronom personnel. Se dégarnir
d'habits. Il est dangereux de se
dévêtir sitôt.
Se dévêtir
Se dévêtir, se dit figurément, en
style de Pratique, pour, Se dessaisir
d'un bien, l'abandonner au donataire
ou à l'acquéreur.
Dévêtu, ue
Dévêtu, ue. participe.
DÉVÊTISSEMENT
DÉVÊTISSEMENT. s. m. Terme
de Jurisprudence. Démission. Le dévêtissement
de ses biens en faveur de ses
enfans.
DÉVIATION
DÉVIATION. s. f. Détour, action
par laquelle un corps se détourne de
son chemin. J'ai descendu la rivière sans
aucune déviation. Il se dit figurément
dans le même sens. Il a suivi sans déviation,
dans toute sa conduite, les principes
qu'il s'est faits.
DÉVIDER
DÉVIDER. v. a. Mettre en écheveau le fil qui est sur le fuseau. Dévider
le fil que l'on a filé.
Il signifie aussi, Mettre en peloton
le fil qui est en écheveau. Elle a dévidé
trois écheveaux dont elle n'a fait qu'un
peloton.
Dévidé, ée
Dévidé, ée. participe.
DÉVIDEUR, EUSE
DÉVIDEUR, EUSE. adj. et subst.
Ouvrier, ouvrière qui dévide des fils,
des laines, des soies, ou en pelotons,
ou en écheveaux.
DÉVIDOIR
DÉVIDOIR. s. m. Instrument dont
on se sert pour dévider. Mettre un écheveau sur le dévidoir.
DÉVIER
DÉVIER. v. n. Se détourner, être
détourné de la route qu'on a prise. Il
se dit figurément. Il n'a jamais dévié
des principes de la justice.
Il s'emploie quelquefois dans le
même sens avec le pronom personnel.
Se dévier de la bonne route.
DEVIN
DEVIN. sub. m. Celui qui se donne
pour prédire les choses à venir, et découvrir
les choses cachées. Consulter
les Devins. Aller au Devin. Les Devins
sont des imposteurs. On dit proverbialement
d'Une chose qui est assez connue,
qu'Il ne faut pas aller au Devin
pour en être instruit. On excommunioit
autrefois au Prône les Devins et lesDevineresses.
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